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allemande, littérature.

Publié le 06/05/2013

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allemande, littérature. 1 PRÉSENTATION allemande, littérature, littérature écrite en langue allemande, du VIIIe siècle jusqu'à nos jours, et comprenant notamment les oeuvres d'auteurs allemands, autrichiens et suisses. On divise généralement l'histoire de cette littérature en différentes périodes, qui correspondent aux phases successives du développement de la langue allemande. À ce critère linguistique se substitue, à partir du XVIIIe siècle, celui, politique, de l'unification de la nation allemande. Voir aussi littérature autrichienne ; littérature suisse. 2 PÉRIODE DE L'ANCIEN HAUT ALLEMAND 2.1 Tradition païenne L'oeuvre littéraire la plus ancienne d'Allemagne est le poème épique intitulé Chant de Hildebrand, qui date des premières années du IXe siècle et dont on ne possède que quelques fragments. Cette oeuvre en vers en forme d'allitérations, écrite dans un mélange de bas et de haut allemand, raconte la confrontation entre le héros légendaire Hildebrand et son fils. D'autres textes de la même époque décrivent des personnages héroïques comme Théodoric le Grand, roi des Ostrogoths, Attila, roi des Huns, et Siegfried (voir Chanson des Nibelungen), que certains spécialistes ont identifié comme le chef germain de la tribu des Chérusques, Arminius, qui, en l'an 9 apr. J.-C., vainquit les Romains au Teutoburgerwald, en Basse-Saxe. 2.2 Écrits chrétiens À côté de cette tradition païenne, on trouve celle des écrits apologétiques, conformes aux dogmes de l'Église catholique. Ainsi, dès 381, Ulfilas, évêque des Goths, traduit la Bible en langue vernaculaire, tandis qu'un prêtre anonyme écrit Muspilli (v. 900), un poème avec allitérations en dialecte bavarois décrivant la destruction du monde par le feu, le jour du Jugement dernier. Une autre oeuvre importante, écrite dans un dialecte de l'ancien bas allemand (langue des Saxons) vers 830, est un poème biblique de six mille vers allitérés, intitulé Heliand. Parmi les nombreuses abbayes fondées sous le règne du souverain franc Charles Martel et de ses successeurs figurent celles, célèbres, de Saint-Gall (aujourd'hui en Suisse) et de Fulda en Allemagne. Dans ces abbayes, les moines conservent les textes anciens mais rédigent aussi l'histoire du présent. 2.3 Veine épique et veine populaire À l'époque, la plupart des oeuvres littéraires sont écrites en latin, l'allemand étant essentiellement utilisé pour la traduction des langues anciennes. Le Waltharius (v. 930), poème épique écrit en latin par Ekkehard Ier l'Ancien, de Saint-Gall, raconte l'histoire du héros Walther, fils du roi d'Aquitaine, qui s'échappe avec sa femme Hildegund de la cour d'Attila. Mêlant des thèmes d'inspirations antique, chrétienne et spécifiquement germanique (y compris des personnages de la Chanson des Nibelungen), cette oeuvre connaît un vif succès ; la légende qu'elle relate s'est d'ailleurs maintenue en Allemagne jusqu'au des IXe et Xe siècles. Elle consiste surtout en contes et en ballades, qui ne sont consignés qu'au XIVe XIIIe siècle. Outre ces poèmes épiques écrits pour les cours royales, une littérature orale et populaire se développe tout au long siècle. 3 PÉRIODE DU MOYEN HAUT ALLEMAND 3.1 Épanouissement de la littérature féodale 3.1.1 Poésie séculière Alors que, pendant toute la période du moyen haut allemand, la prose et le théâtre sont réservés à des oeuvres religieuses didactiques, la poésie se développe comme moyen d'expression séculier, et les formes épique, lyrique et satirique apparaissent, exaltant les vertus de la chevalerie et de l'amour courtois. Les Spielleute, ou ménestrels errants, divertissent leur audience avec des récits d'aventures parfois inspirés par les épreuves qu'affrontent les hommes de guerre au retour des croisades. La notion d'empire occupe une place dominante dans le Rolandslied d'un certain Konrad, adaptation fort libre de l'ancienne épopée héroïque française, la Chanson de Roland. Parmi les poèmes épiques de l'époque, le Roi Rother (v. 1150-1160), qui a pour arrière-plan le monde des croisades, représente une des oeuvres les plus importantes. 3.1.2 Essor de l'épopée sous l'influence française Les années 1170-1270, correspondant aux règnes de Frédéric Ier Barberousse et de son petit-fils Frédéric II (de la maison de Hohenstaufen), marquent un premier sommet de la littérature allemande grâce, entre autres, à des influences venues de France. Les caractéristiques de la production littéraire de cette époque sont le recul des oeuvres religieuses, la vogue de l'épopée et de la poésie lyrique, l'importance accordée aux questions formelles et l'unification de la langue poétique à partir des parlers de l'Allemagne du Sud, où se concentre alors la vie culturelle. Cette mutation correspond à l'épanouissement d'un idéal, celui de la chevalerie. Le récit courtois atteint son apogée avec les oeuvres de Hartmann von Aue, le premier des grands classiques du genre, qui introduit dans son pays les romans de la Table ronde et du roi Arthur (voir cycle arthurien), ainsi que dans les oeuvres de Gottfried de Strasbourg, de Wolfram von Eschenbach et de Heinrich von Veldeke. Bien que les ouvrages d'écrivains français comme Chrétien de Troyes, entre autres, aient servi de modèle aux poèmes épiques d'Allemagne, les écrivains de ce pays expriment leurs propres idéaux, créent leur forme et leur style propres, ajoutant très souvent à leurs récits une certaine profondeur. Les deux principaux monuments de l'épopée héroïque allemande sont la Chanson des Nibelungen et Kudrun, composés au début du XIIIe siècle par un auteur inconnu. Il existe également une variante de l'épopée chevaleresque : le poème épique dont le personnage central est un animal. Reineke Fuchs (v. 1180), de l'Alsacien Heinrich der Glichezaere, inspiré du Roman de Renart, en est le plus bel exemple ; il servira à son tour de modèle au Reineke Fuchs (1794) de Goethe. 3.1.3 Poésie lyrique et didactique La poésie lyrique et didactique se développe sous la forme du minnesang, poème d'amour courtois que composent les poètes lyriques appelés minnesänger. Le grand maître de ce type de poésie est Walther von der Vogelweide. Ses oeuvres, qui comprennent des chants d'amour, des poèmes religieux lyriques et des épigrammes, expriment un idéalisme individuel et politique, et revendiquent une certaine indépendance face à l'autorité papale. Dans ses Mädchenlieder, on décèle par ailleurs l'influence des « Vagants «, ces jeunes chanteurs itinérants qui célèbrent volontiers les « trois W « : Wein (le vin), Weib (la femme) et Würfel (les dés, par métonymie le jeu). En témoigne notamment le recueil Carmina Burana qui, en 1937, sert de référence au compositeur Carl Orff pour son oratorio éponyme. 3.2 Renouveau thématique et formel Dans la seconde moitié du XIIIe siècle, la littérature chevaleresque s'efface progressivement devant la littérature bourgeoise des maîtres chanteurs (voir meistersinger), et la nature du poème épique commence à changer, avec l'introduction de personnages issus de la « classe moyenne « et de la paysannerie. Les paysans, jadis objets de dérision, deviennent de plus en plus présents dans la littérature, figurant au premier plan, par exemple, dans Meier Helmbrecht de Wernher der Gartenaere, un conte du Le XIIIe XIIIe siècle retraçant la vie paysanne. siècle est également une époque charnière dans la mesure où l'on commence alors à écrire en prose. Cette nouveauté touche d'abord les textes de droit et d'histoire puis se répand grâce à la littérature ecclésiastique et au développement de la prédication, discipline dont le plus célèbre représentant est Berthold von Regensburg (v. 1210-1272). Dans le genre poétique enfin, il faut citer Oswald von Wolkenstein (1377-1445) dont l'oeuvre extrêmement variée a été récemment redécouverte par l'écrivain Dieter Kühn (né en 1935). 4 LA RÉFORME 4.1 XVIe siècle Le XVIe siècle est une période clé de la littérature allemande. Si les traditions médiévales parviennent d'abord à se maintenir, l'humanisme se développe bientôt (fondation de la première université de langue allemande, à Prague, en 1348), avant d'être lui-même dépassé par l'esprit de la Réforme, qui marque profondément la société et la vie intellectuelle allemandes. La langue, enfin, connaît à cette époque une importante évolution. 4.1.1 Une plus large diffusion du savoir La dénonciation, par les humanistes, des travers de la société et des institutions de l'époque va mener à un mouvement national complexe d'ordre religieux, moral et politique, dont l'influence se fait naturellement sentir dans le domaine littéraire. Les idées nouvelles se diffusent en effet largement, grâce aux progrès de l'imprimerie (première utilisation de caractères mobiles, par Johannes Gutenberg, vers 1450 ; voir Bible de Gutenberg). Diffusée grâce à cette technique, la nouvelle traduction de la Bible (1522) réalisée par Martin Luther à partir des textes originaux grecs et hébreux assure le triomphe de la langue allemande sur le latin et établit le haut allemand moderne comme langue littéraire, ce qui a pour effet de rendre le savoir accessible à un public plus large qu'auparavant. La Réforme a également pour conséquence d'unifier les différents parlers germaniques et de faire pénétrer les idées nouvelles dans des genres aussi variés que la poésie lyrique, le cantique ou la fable. 4.1.2 Si le XVIe Persistance des genres médiévaux et populaires siècle voit naître l'humanisme, ce mouvement ne fait pas pour autant disparaître la littérature courtoise et la poésie chantée (meistergesang) qu'enseignent au XVe siècle les maîtres chanteurs (ou meistersinger) dans leurs écoles de chant corporatives (la dénonciation ironique de cette pratique par Richard Wagner marque la fin du romantisme). Parmi les oeuvres populaires, on trouve également des poèmes lyriques de facture assez simple, qui ont reçu depuis l'appellation collective de Volkslied (« chanson populaire «), ainsi que les Volksbücher (« littérature populaire «), qui reprennent des récits épiques du haut Moyen Âge, des chansons de geste mais aussi des nouvelles courtoises françaises, des légendes romaines et des mythes antiques. Le Schwank (« farce «), texte burlesque constitué d'anecdotes comiques, inaugure le genre populaire des récits malicieux, comme Till Eulenspiegel (v. 1480). Dans le prolongement des traditions médiévales se situe également la Nef des fous (1494), dans laquelle le poète humaniste Sebastian Brandt fait oeuvre de patriote et de prédicateur ; désireux d'amender les moeurs, il y prodigue en effet des critiques (visant en particulier Martin Luther) et des conseils de sagesse (il faut connaître sa propre « folie « avant de critiquer celle des autres). 4.1.3 Si le XVIe Naissance du récit « bourgeois « siècle est riche en littératures « populaires «, il est également marqué par la naissance du roman bourgeois. Johann Fischart, poète satirique et écrivain polémique favorable à la cause protestante, est l'auteur de pamphlets anticatholiques où il fustige le vice comme l'erreur de jugement dans une langue colorée. Mais il connaît le succès en reprenant à sa manière les aventures de Gargantua, personnage créé par François Rabelais, ce qui lui vaut le surnom de « Rabelais allemand «. Fischart illustre bien le conflit entre l'humanisme, pour qui la nature humaine est bonne, et la Réforme, qui tient l'être humain pour un pécheur. À la même période, le personnage légendaire de Faust fait son apparition en littérature (1587). La destinée du docteur Faust, telle qu'elle est fixée à ce moment, reflète bien les préoccupations d'un siècle inquiet de ses propres hardiesses et rongé par ses contradictions, engagé dans l'avenir mais encore tributaire du passé. 4.1.4 Théâtre Le théâtre allemand, limité jusqu'à la fin du XVe siècle aux représentations de la Passion et autres spectacles religieux (voir Miracle, mystère et moralité), commence à revêtir des formes profanes, tandis que des éléments profanes sont progressivement intégrés aux pièces religieuses jouées à Noël et à Pâques. Les dramaturges importants de la période de la Réforme sont Burkard Waldis (1490-1556), qui écrit également des fables satiriques, Nikodemus Frischlin (1547-1590) et surtout Hans Sachs, poète et dramaturge à qui l'on doit de nombreuses Farces de carnaval (1517-1563), pièces comiques allégoriques jouées pendant la saison du carnaval. Sur le plan politique, le XVIe siècle est à l'origine du partage confessionnel et idéologique entre une Allemagne méridionale d'une part, (émergence de l'Autriche catholique sous le frère de Charles Quint, l'empereur Ferdinand I er de Habsbourg, à partir de 1556) et les États allemands du Nord d'autre part, dominés par la maison princière et luthérienne de Hohenzollern, qui jettent les bases de ce qui deviendra la Prusse. 4.2 XVIIe siècle 4.2.1 Courant baroque Le courant baroque fait son apparition au XVIIe siècle, marqué par l'ambition de donner à l'Allemagne une grande littérature en langue nationale. En s'appuyant sur une forte tradition néolatine, dont les orientations stylistiques se sont peu à peu éloignées des canons classiques, la littérature baroque allemande se détermine par rapport aux modèles des pays voisins qui ont déjà adopté l'héritage antique et progressé sur les voies de la modernité. C'est dans cet esprit que le critique Martin Opitz définit le programme et les moyens de la renaissance nationale. Dans son oeuvre principale, le Livre de la poésie allemande (1624), il suggère aux écrivains allemands d'imiter les modèles français de l'époque, dans le style, la métrique et la forme. Ce faisant, il ouvre la voie à la grande génération baroque, représentée par Simon Dach (1605-1059), Paul Fleming (1609-1640), Johann Scheffler (connu sous le pseudonyme d'Angelus Silesius), et le baron Friedrich von Logau (1604-1655). À la même époque, plusieurs académies littéraires voient le jour, qui s'emploient à « la défense et illustration « de la langue allemande, par opposition notamment au modèle français. Dans le genre poétique, la veine protestante du 4.2.2 Le XVIIe XVIIe siècle atteint son apogée avec les hymnes de Paul Gerhardt (1607-1676). Veine picaresque siècle est également celui de la guerre de Trente Ans (1618-1648), dont les causes religieuses s'effacent vite devant des enjeux géopolitiques de dimension européenne. Les effets du conflit se ressentent dans le roman de Grimmelshausen, les Aventures de Simplicius Simplicissimus (1669-1672), qui narre les tribulations d'un fils de paysans pauvres. Cet ouvrage, considéré comme le premier grand roman réaliste de langue allemande, s'inscrit aussi dans la tradition européenne, alors récente, du roman picaresque (représenté par Don Quichotte, Gil Blas, Moll Flanders). 4.2.3 Théâtre La littérature dramatique se partage essentiellement entre la production néolatine des jésuites d'une part, et l'oeuvre de Gryphius d'autre part. Ce dernier est, en Allemagne, le créateur de la comédie littéraire et de la grande tragédie, illustrant avec vigueur l'inconstance de la fortune et la fragilité du pouvoir afin d'exalter par contraste la constance stoïcienne et la force d'âme souveraine du martyr chrétien. Sa comédie connue sous le titre Peter Squentz (1658) s'inspire ouvertement du Songe d'une nuit d'été de Shakespeare, tout en décrivant la désillusion et le désenchantement qui furent la conséquence de la guerre de Trente Ans. Gryphius est également le premier auteur dramatique qui ose transgresser la règle selon laquelle le genre sérieux est réservé à la noblesse : ainsi, les héros de Cardenio et Célinde (1657) sont issus de la bourgeoisie, ce qui en fait les prédécesseurs des personnages de Gotthold Ephraim Lessing. Pour bien apprécier la place de cette littérature dans l'évolution de la langue allemande, il ne faut pas oublier qu'il s'agit avant tout d'un phénomène protestant, car dans les pays de la Contre-Réforme la production littéraire, tout entière au service de l'Église, continue à utiliser le latin, notamment dans les genres savants. 5 RAISON ET SENTIMENT 5.1 Renouveau et influences étrangères Au début du XVIIIe siècle, la vie culturelle allemande s'ouvre plus largement aux idées sur l'art et plus généralement à des modes de pensée nouveaux. Des changements profonds s'observent dans la littérature après 1725. Dans le domaine du récit, l'adoption de critères nouveaux, tels que l'obéissance aux exigences de la raison et à des règles strictes, cause le déclin de la narration héroïque en faveur de récits d'un plus grand réalisme. Un critique renommé de l'époque, Johann Christoph Gottsched, établit dans son Essai d'un art poétique critique (1730) des principes littéraires directement inspirés du classicisme français. Gottsched essaie également de réformer le théâtre, notamment en traduisant des pièces françaises, grecques et latines. Ses traductions sont publiées dans plusieurs recueils sous le titre générique Deutsche Schaubühne (1740-1745), qui devient vite synonyme de répertoire courant. L'influence de Gottsched est cependant remise en cause par d'autres écrivains (parmi lesquels figurent Lessing et Johann Jakob Bodmer) désireux d'affranchir la littérature allemande des modèles étrangers. C'est au moment où Frédéric II le Grand parvient à asseoir définitivement la suprématie de l'Allemagne du Nord (prussienne et protestante) sur l'Autriche catholique de l'impératrice Marie-Thérèse que s'ouvre la plus grande période littéraire de l'histoire de l'Allemagne. Cette période se divise en phases successives : la période préclassique (1748-1788), le mouvement du Sturm und Drang (qui débute vers 1765), et les périodes classique (1788-1798) et romantique (1798-1832). 5.2 Période préclassique 5.2.1 Précurseurs Christian Fürchtegott Gellert (1715-1769), un des premiers écrivains de la période préclassique, ouvre la voie à la littérature sentimentale en Allemagne et au roman bourgeois moderne, tandis que le poète et dramaturge Friedrich Gottlieb Klopstock restitue à la poésie les ambitions qu'elle semblait avoir oubliées. Avec son poème épique religieux la Messiade (1751-1773) et avec ses collections d'Odes (composées à partir de 1747), il insuffle en effet dans la poésie allemande un lyrisme intime et puissant. Sa conception du métier d'écrivain comme mission sacrée influence profondément les écrivains ultérieurs. Christoph Martin Wieland, l'interprète de ce que l'on nomme la « philosophie des grâces «, est l'initiateur spirituel du classicisme de Weimar. Il entreprend, entre 1762 et 1766, la première traduction en langue allemande (et en prose) de vingt-deux pièces de Shakespeare, oeuvre qui marque l'origine du Sturm und Drang. Son Histoire d'Agathon (1766-1767) est considérée comme le premier roman psychologique de la littérature allemande. Il est également l'auteur de l'épopée Obéron (1780), dont le héros éponyme a fait une première apparition sous les traits d'un magicien dans une chanson de geste française, Huon de Bordeaux (v. 1260), avant d'être mis en scène par Shakespeare dans le Songe d'une nuit d'été puis par Carl Maria von Weber dans son opéra Oberon (1826). Les pièces de Gotthold Ephraim Lessing, remarquables par leur style passionné et la puissance de leurs personnages, sont fondatrices du théâtre allemand moderne. Avec Miss Sara Sampson (1755), il crée le premier vrai drame bourgeois en prose. Son poème dramatique Nathan le Sage (1779) exprime son hostilité à toute forme d'intolérance, à tout préjugé de classe, de nationalité ou de religion. Avec Minna von Barnhelm (1767), il réalise une vraie comédie bourgeoise qui, par l'actualité de son sujet, la complexité et la vérité des caractères, dépasse définitivement la comédie sentimentale. Lessing introduit aussi en Allemagne l'esprit du siècle des Lumières avec son traité critique Laocoon (1766), qui établit une distinction fondamentale entre l'art figuratif (peinture, sculpture, etc.) et l'art poétique, et qui a des répercussions jusqu'à nos jours sur la création dans ce pays. Georg Christoph Lichtenberg (1742-1799), quant à lui, sait brillamment mêler science et littérature. Dans ses Aphorismes (1801), il fustige aussi bien le culte du génie que celui de la sensibilité, qu'il considère comme des aberrations symptomatiques d'une époque de grands bouleversements marquée par le goût de l'exagération. 5.2.2 Sturm und Drang 5.2.2.1 Traits généraux Le philosophe et écrivain Johann Gottfried Herder est la figure dominante du Sturm und Drang, mouvement qui emprunte son nom à la pièce Sturm und Drang (1776) de Friedrich Maximilian von Klinger. Les membres du groupe, parmi lesquels figure en premier lieu Jakob Michael Reinhold Lenz, auteur de la comédie grotesque le Précepteur (1774) et du drame les Soldats (1776), abandonnent le rationalisme et le souci de la forme empruntés au classicisme français, et notamment à son théâtre. Ils rejettent également l'imitation des classiques grecs et latins, et les thèmes empruntés à la mythologie, en faveur d'une inspiration populaire, plus susceptible selon eux de nourrir une poésie originale. Influencés par les études de Herder sur les peuples primitifs et sur la culture populaire, ils cherchent alors leur inspiration dans la culture du petit peuple allemand et en particulier dans le Volkslied. Herder tire lui-même les conséquences des principes qu'il a exposés dans ses Fragments sur la littérature allemande moderne (1767), pour défendre la cause du sensualisme esthétique et démontrer que la poésie doit nécessairement rendre compte de l'époque, du milieu et de la société dans lesquels vit l'artiste. Le Sturm und Drang est donc synonyme d'exaltation de la personnalité et de sensualisme. Le désir d'émancipation de ses représentants se manifeste dans des poèmes et des pièces de théâtre construits autour de personnages individualistes, possédés par des émotions incontrôlables et engagés dans des conflits qui les dépassent. 5.2.2.2 Le Sturm und Drang de Goethe et de Schiller De nombreux éléments du Sturm und Drang se retrouvent dans les premières pièces de deux des plus grands auteurs allemands, Johann Wolfgang von Goethe et Friedrich von Schiller. L'un des premiers drames de Goethe, Götz von Berlichingen (1773), profondément influencé par les pièces de Shakespeare, est tout entier axé sur la personnalité d'un chevalier de la première moitié du XVIe siècle, qui s'est opposé à l'aristocratie et à l'Église, pour faire reconnaître les droits du peuple. La mélancolie introspective, autre trait caractéristique du Sturm und Drang, est très présente dans le roman de Goethe les Souffrances du jeune Werther (1774). La nouveauté du style et le suicide de l'amant infortuné font sensation jusqu'au-delà des frontières allemandes et déchaînent en Europe la « fièvre werthérienne «. Mais l'oeuvre principale de Goethe est l'inclassable poème dramatique Faust (1808-1832), paru en deux volumes et dont la première version, intitulée Urfaust, est composée avant 1775. Faust, entre Méphistophélès et Dieu, apparaît ici comme le symbole de la condition humaine et de son écartèlement permanent entre le Bien et le Mal. Dans son second Faust (dont l'idée naît après 1825 et qui reste inachevé), Goethe aborde des problèmes fondamentaux de morale et de métaphysique en adoptant, sur le plan formel, la versification classique et la poétique grecque. Les deux parties de Faust ont souvent été considérées comme représentatives des tendances dominantes de la littérature allemande de l'époque : ainsi, la première partie annonce le romantisme, tandis que la seconde opère une sorte de retour aux sources du classicisme. Schiller, quant à lui, insiste beaucoup sur les aspects politiques du Sturm und Drang. Ainsi, dans les Brigands (1781), drame qui le rend célèbre dans sa jeunesse, et dans Intrigue et Amour (1784), il s'attaque à la tyrannie politique et à la corruption sociale. 5.3 Période classique 5.3.1 OEuvres classiques de Goethe et de Schiller Les oeuvres de Goethe et de Schiller, après leurs premières pièces de théâtre, représentent incontestablement le sommet de la période dite « classique « en Allemagne, période caractérisée sur le plan artistique par une volonté de maîtriser les émotions, par la maturité et la clarté de la pensée, et par la rigueur de l'expression. Goethe et Schiller sont marqués tous deux, mais de façon différente, par l'activité philosophique intense de leur époque, qui culmine avec l'idéalisme du philosophe Emmanuel Kant et de son disciple Johann Gottlieb Fichte. Malgré la divergence de leur position philosophique, les deux écrivains deviennent des amis intimes et échangent avec un profit mutuel leurs idées sur la poésie. Cet échange donne lieu à un essai, Sur la poésie épique et dramatique (1797), publié sous leurs deux noms, mais surtout à une correspondance abondante et à juste titre célèbre, au centre de laquelle se trouve en permanence posée la question de l'influence de l'Antiquité. Schiller adhère à des idéaux éthiques absolus, qui régissent les principaux textes de son oeuvre dramatique, tels la trilogie Wallenstein (1794-1799), Marie Stuart (1800), la Pucelle d'Orléans (1801) et Guillaume Tell (1804). En revanche, Goethe érige son éthique à partir, non de concepts absolus, mais de son expérience. Poète lyrique, chansonnier, dramaturge, romancier, essayiste, scientifique et homme politique, il veut par-dessus tout, comme Faust, pénétrer les lois et les secrets de la nature. Ses écrits montrent clairement son évolution, qui le mène de la rébellion juvénile à la recherche d'une perfection placée sous le signe de l'objectivité, de la maîtrise et de la raison. 5.3.2 Entre classicisme et lyrisme romantique Des éléments classiques se retrouvent également dans l'oeuvre du poète lyrique Friedrich Hölderlin, dont l'admiration pour le classicisme est néanmoins altérée, selon Goethe, par sa religiosité visionnaire. Dans son roman épistolaire Hypérion ou l'Ermite de la Grèce (1797-1799), Hölderlin explore le conflit déchirant entre les idéaux absolus et les problèmes prosaïques de l'existence. En rupture avec le côté concerté, programmatique de ses contemporains, « hérauts de Weimar «, Heinrich von Kleist fait le portrait de personnages héroïques en conflit avec leur destin. Lui-même se croit irrémédiablement voué à être incompris (en dépit des conseils prodigués par Goethe, sa comédie la Cruche cassée est un échec en 1803) et il finit par se suicider. Le sentiment de la fatalité domine l'intrigue dans ses drames Penthésilée (1808), la Petite Catherine de Heilbronn (1810) et le Prince de Hombourg (1810), mais également dans sa nouvelle Michael Kohlhaas, écrite entre 1804 et 1810. Dans le domaine de la prose, Johann Paul Richter, dit Jean-Paul, se présente comme l'héritier d'une tradition inaugurée par l'Anglais Laurence Sterne (Vie et Opinions de Tristram Shandy, 1759-1767 ; le Voyage sentimental, 1768) et poursuivie en France par Denis Diderot (Jacques le Fataliste, posthume 1796). Ses contes fantaisistes et grotesques annoncent la troisième génération des romantiques allemands (notamment E. T. A. Hoffmann et Adelbert von Chamisso de Boncourt) ; son oeuvre est en revanche rejetée à la fois par Goethe et par Heinrich Heine. 5.4 Période romantique 5.4.1 Fondements théoriques La tendance croissante de la littérature allemande à l'exaltation « romantique « de toutes les composantes du Moi sensible et spirituel devient dominante en 1798, au moment de la parution du premier numéro de la revue Das Athenäum, éditée par trois amis, l'écrivain Ludwig Tieck ainsi que les critiques August Wilhelm von Schlegel et son frère cadet Friedrich von Schlegel. Sous l'influence de Fichte, le jeune Schlegel élabore une théorie de la création artistique qui voit dans l'ironie le gage de la liberté d'esprit du poète. Le romantisme allemand, comme celui des autres pays, affirme la valeur du sentiment au détriment du rationalisme et célèbre les capacités créatrices du rêve et de l'imaginaire. En préconisant l'expression lyrique des émotions, il fait du sujet le centre de la représentation littéraire ou artistique. À la même époque, les guerres napoléoniennes contribuent à réveiller le sentiment national chez certains écrivains allemands ; les tendances nationalistes du romantisme sont encore accentuées par l'influence du philosophe et théologien Friedrich Schleiermacher, qui expose une mystique supranaturaliste et insiste sur les vertus de l'indépendance nationale, influençant des poètes comme Ernst Moritz Arndt, dont le lyrisme et l'ardeur ( Poésies, 1813) contribuent à l'exaltation du sentiment patriotique. L'oeuvre du philosophe Friedrich Wilhelm Joseph von Schelling donne au mouvement romantique une base philosophique par sa conception de l'identité absolue entre l'esprit et la nature ( Idées pour une philosophie de la nature, 1797). 5.4.2 Diversité des oeuvres Les contes populaires et les mythes, deux substrats du romantisme allemand, sont recueillis par deux philologues et écrivains, les frères Grimm. Une collection remarquable de chants populaires allemands, le Cor enchanté de l'enfant (3 volumes, 1806-1808), est rassemblée par le poète et romancier Clemens Brentano et par son beau-frère Achim von Arnim. Les thèmes romantiques (l'Âme, la Nature, l'Amour) caractérisent l'oeuvre de Novalis, nom de plume du baron Friedrich von Hardenberg, qui est notamment l'auteur d'une oeuvre poétique mystérieuse et profondément religieuse intitulée Hymnes à la nuit (1800) et du roman Henri d'Ofterdingen (posthume, 1802). Ludwig Tieck, poète, auteur dramatique et romancier, ne possède pas le profond sentiment religieux de Novalis mais, dans ses contes inspirés de thèmes médiévaux, dans ses romans et dans ses deux tragédies légendaires (citons Vie et Mort de sainte Geneviève, 1800), il fait montre d'un lyrisme musical et d'une grande virtuosité à manier l'ironie. Avec la Révolte des Cévennes (1826) et Vittoria Accorombona (1840), il ouvre la voie au roman historique et à l'art réaliste. Joseph von Eichendorff fait l'éloge de la beauté de la nature dans ses poèmes et, dans son oeuvre principale en prose, Scènes de la vie d'un propre à rien (1826), celui des vertus de l'oisiveté. La sentimentalité des chants populaires est sensible dans les poèmes d'Adelbert von Chamisso, mais, dans un grand nombre d'entre eux, cet aspect est tempéré par la présence d'éléments tragiques ; ce sens de la fatalité se retrouve dans l'oeuvre en prose du poète, la Merveilleuse Histoire de Peter Schlemihl (1814), où l'« inquiétante étrangeté « caractéristique du fantastique naît de l'oscillation entre un apparent réalisme et la description de phénomènes inexplicables. Un des grands poètes de cette génération fut Ludwig Uhland, philologue et auteur de Ballades et de chansons populaires (Volkslieder, 1844-1845), mais il faut citer aussi Eduard Mörike, qui se distingue comme un des grands maîtres de la poésie et de la prose. La sérénité qui transparaît dans ses écrits contraste avec la mélancolie de la poésie de Nikolaus Lenau, à qui l'on doit aussi un drame, Don Juan (1844). Doué d'une imagination qu'il juge lui-même « excentrique «, l'écrivain E. T. A. Hoffmann se consacre à une intense activité artistique, tant musicale que littéraire. Parmi ses récits, il faut citer les Élixirs du diable (1815-1816), les Frères de Saint-Sérapion (1819-1822) et la Princesse Brambilla (1821). Il rédige aussi des critiques musicales, consacrant en particulier de remarquables articles à Beethoven. 6 RÉVOLUTION ET RÉACTION 6.1 Courants philosophiques et politiques Pendant les années 1830, les écrivains de la jeune génération se détournent des fantaisies « romantiques « de leurs aînés pour s'impliquer davantage dans les bouleversements politiques d'une Allemagne secouée par des manifestations nationalistes. Formant un mouvement connu sous le nom de Jeune-Allemagne, ils soutiennent les courants libéraux qui font alors leur apparition en différents endroits de l'Allemagne. Le principal philosophe de cette période est Hegel, dont l'idéalisme rationaliste a une forte influence, notamment, sur le poète et critique Heinrich Heine. Ce dernier, qui devient une figure dominante parmi les nouveaux écrivains, commence sa carrière en composant des poèmes sur des thèmes romantiques mais de tonalité ironique. Il devient célèbre grâce à la publication de son Livre des chants (1827). Après la défaite de la révolution de 1830, Heine, lui-même patriote et libéral, part pour Paris, où il écrit la plus grande partie de sa poésie et où il produit de nombreux articles critiques sur l'art et la politique de l'époque. Observateur perspicace, il est le précurseur de nombreuses techniques du journalisme moderne. Médiateur entre les cultures allemande et française, il complète et rectifie l'ouvrage de Mme de Staël, De l'Allemagne (1813), et affirme l'importance pour l'Europe de la pensée de Hegel. Sa poésie prend le ton de la satire politique et sociale, mais il revient plus tard à son lyrisme premier. Ludwig Börne, également exilé politique, tente de réveiller l'activité politique allemande dans son ouvrage Lettres de Paris (1832-1834). 6.2 Théâtre 6.2.1 Vers un réalisme psychologique Les idées politiques dominent la production théâtrale allemande de tout le XIXe siècle. Hormis Heinrich von Kleist, Christian Dietrich Grabbe et d'autres écrivains publient des pièces d'une grande portée. Mais c'est l'oeuvre du dramaturge, romancier et révolutionnaire Georg Büchner qui s'impose. Dans ses pièces, qui continuent d'être très souvent représentées, il est en effet le pionnier du réalisme psychologique. La Mort de Danton (1835) explore par exemple le sentiment de futilité et d'apathie qui affecte le révolutionnaire français Georges Danton à la fin de sa vie. Dans Woyzeck (1836), mis en musique par le compositeur autrichien Alban Berg (première représentation de l'opéra Wozzeck en 1925), Büchner dépeint la destruction progressive et tragique d'un soldat, victime des injustices de la société et de la cruauté de la science. Le thème, le style et la grande perspicacité psychologique qui caractérisent cette pièce marquent profondément les débuts du théâtre moderne allemand. Le réalisme psychologique et la conception tragique de l'existence caractérisent également les tragédies historiques du poète et dramaturge Friedrich Hebbel et les drames poétiques de l'Autrichien Franz Grillparzer, qui témoigne de l'hypocrisie régissant les rapports humains dans son pays à l'époque dite du Biedermeier. Des satires divertissantes, d'inspiration populaire, sont composées par l'acteur et dramaturge autrichien Johann Nepomuk Nestroy (1801-1862), tandis que son compatriote Ludwig Anzengruber (1839-1889) écrit des pièces sur des thèmes d'actualité, où il exprime une morale populaire, et où, par son intérêt à l'égard des problèmes sociaux, il anticipe le mouvement littéraire naturaliste. 6.2.2 OEuvre de Wagner Le théâtre allemand du XIXe siècle est profondément marqué par l'oeuvre du compositeur Richard Wagner. Après avoir participé à la révolution infructueuse de 1848, Wagner produit de nombreux écrits théoriques où il souligne l'importance du théâtre dans le développement de la civilisation et où il appelle à une unification des arts sous la forme de pièces musicales totales. Également poète, il écrit lui-même les textes de ses opéras, célébrant les grandes traditions de la littérature allemande dans des oeuvres comme les Maîtres chanteurs de Nuremberg (1867) ou Parsifal (1882). Wagner est à son tour influencé par la philosophie d'Arthur Schopenhauer, dont la pensée athéiste et profondément pessimiste reflète l'atmosphère défaitiste succédant à la répression politique de 1848. Schopenhauer, dans son oeuvre principale le Monde comme volonté et représentation (1819), détermine un principe actif fondamental : la volonté, qui agit comme une force motrice dans toutes les formes de l'existence, et qui, chez les êtres humains, provoque insatisfactions et souffrances quand elle n'est pas contrebalancée par un fatalisme religieux. Cette conception d'une force primitive gouvernant le comportement humain aura une influence considérable sur la littérature et la philosophie allemandes ultérieures. 6.3 Écrits en prose 6.3.1 Récit Parmi les conteurs populaires du milieu du XIXe siècle se trouve la poétesse Annette von Droste-Hülshoff, connue surtout pour sa nouvelle le Hêtre aux Juifs (1842), une oeuvre originale contenant de nombreuses et minutieuses descriptions de la nature. La même forme de naturalisme caractérise les romans de l'écrivain autrichien Adalbert Stifter, dont l'Été de la Saint-Martin (1857) et Witiko (1865-1867) sont les oeuvres les plus connues. L'oeuvre du poète et romancier suisse Gottfried Keller marque la transition entre le romantisme et le réalisme « poétique « ; c'est le cas surtout avec son roman autobiographique Henri le Vert (1854-1855). La vie rurale et les difficultés rencontrées par les individus dans une société en voie d'industrialisation sont représentées par le romancier Albert Bitzius, plus connu sous le pseudonyme de Jeremias Gotthelf (1797-1854). C'est également à la vie des gens simples que Wilhelm Raabe (1831-1910) emprunte les thèmes de ses récits, où il exprime une soif inextinguible d'idéal et d'absolu qui n'est pas sans rapport avec la pensée de Schopenhauer. Conrad Ferdinand Meyer fait intervenir des personnages médiévaux dans un grand nombre de ses ballades et de ses récits. L'appartenance des êtres humains au monde naturel, l'unité de l'Homme et du monde de la nature, sont des thèmes récurrents dans la poésie et les nouvelles de Theodor Storm, auteur de sensibilité romantique qui devient l'un des principaux représentants du réalisme poétique en Allemagne. Immensee (1851), un de ses récits les plus connus, est un conte lyrique et nostalgique traitant de l'enfance. Il adopte par la suite un style plus sombre, caractéristique de son chef-d'oeuvre l'Homme au cheval blanc (1888), une nouvelle pleine de finesse dans l'étude psychologique, qui illustre l'influence de la mer sur la vie des hommes et souligne ainsi la grandeur et les limites de l'être humain confronté à la nature. Theodor Fontane, auteur de ballades et de romans, est connu pour les critiques perspicaces qu'il fait de la société allemande de la fin du XIXe siècle. Naturaliste dans sa manière de dépeindre les milieux sociaux, il est en outre, par ses qualités d'observateur, un précurseur du roman psychologique moderne. C'est d'ailleurs en s'inspirant des écrits que Fontane consacre à la première unification politique de l'Allemagne que Günter Grass a analysé au vitriol la façon dont la réunification de ce pays a été conduite au début des années 1990 (Un vaste champ, 1994). 6.3.2 Philosophie et histoire L'idéalisme, qui domine jusqu'alors la philosophie allemande, est rejeté par le philosophe Ludwig Feuerbach au profit d'un naturalisme matérialiste. L'humanisme athée de Feuerbach est généralement interprété à la lumière des analyses et des critiques qu'en font Karl Marx et Friedrich Engels. Parmi les nombreux érudits qui favorisent le développement de la science de l'histoire pendant cette période, on trouve Leopold von Ranke, considéré comme l'un des fondateurs de l'écriture objective de l'histoire, Theodor Mommsen, un expert en études romaines, et Jakob Burckhardt, remarqué pour son ouvrage la Civilisation de la Renaissance en Italie (1860). Le développement de l'Allemagne en tant que nation est étudié par Wilhelm Häring, qui utilise le pseudonyme de Willibald Alexis (1798-1871), et par le nationaliste acharné Heinrich von Treitschke. 7 NAISSANCE DE LA MODERNITÉ 7.1 Courants de pensée de la modernité 7.1.1 Nouvelle vision de l'Homme Après l'unification des États allemands en 1871, les nombreux écrivains adeptes des idées révolutionnaires entrent de plus en plus souvent en conflit avec le militarisme et le matérialisme économique de la classe moyenne allemande. Partisan du matérialisme économique, l'homme d'État prussien et premier chancelier de l'Empire allemand, le prince Otto von Bismarck, exprime les points de vue dominants de la société de son époque dans ses mémoires intitulés Pensées et Souvenirs (1898). Une critique radicale des valeurs bourgeoises est cependant présentée par le poète et philosophe Friedrich Wilhelm Nietzsche. Dans des oeuvres comme Par-delà le bien et le mal (1886) et dans le Gai Savoir, Nietzsche rejette non seulement les valeurs religieuses et traditionnelles de la morale bourgeoise, mais aussi l'idéalisme qui domine jusqu'alors la philosophie allemande. Sa vision poétique d'un nouveau type d'être humain, principal représentant d'une société radicalement transformée, est présentée dans son oeuvre capitale, Ainsi parlait Zarathoustra (1883) : il y dote cet homme nouveau, le « surhomme «, des meilleures qualités de l'individu actif, et en fait l'expression suprême de la « volonté de puissance «, qui est pouvoir sur les autres, mais plus encore pouvoir sur soi, affirmation de soi et puissance créatrice. La pensée de Nietzsche influence profondément le cours de la pensée du XXe siècle. Dans le domaine de la psychologie, Sigmund Freud et le psychiatre suisse Carl Gustav Jung sont grandement redevables à Nietzsche pour l'élaboration de leurs théories respectives. À partir de l'idée de Nietzsche sur la récurrence cyclique des événements (l'éternel retour), le philosophe et historien Oswald Spengler formule ses principes du déterminisme historique. Dans le domaine littéraire, Nietzsche superpose l'image du surhomme à celle de l'artiste, auquel il confie la mission d'être un critique radical de la société ; cette conception explique la force de son influence sur les principaux mouvements littéraires de la fin du XXe XIXe siècle et du début du siècle. 7.1.2 Naturalisme 7.1.2.1 Théories Le mouvement naturaliste en littérature fait son apparition après la montée du réalisme. Le réalisme, dogme prépondérant tout au long de la seconde moitié du XIXe siècle, privilégie la représentation exacte, non idéalisée, de la nature et des hommes. Visant à reproduire la réalité avec une objectivité parfaite et dans tous ses aspects, le naturalisme est une forme de déterminisme artistique puisqu'il décrit un monde dans lequel l'individu est soumis aux forces insurmontables de l'hérédité et du milieu. Les grands thèmes emblématiques privilégiés par les écrivains naturalistes sont la maladie, la folie, la sénilité et l'hypocrisie dans la religion, dans la politique et dans les relations familiales, mais aussi les forces aliénantes de l'économie, de l'hérédité, de la classe et de l'environnement. Les principes artistiques du mouvement naturaliste sont décrits par le critique et écrivain Arno Holz (1863-1929) dans son traité l'Art, son essence et ses lois (1891). Holz est également le coauteur, avec Johannes Schlaf, de trois histoires dramatiques naturalistes sous le titre collectif de Papa Hamlet (1889). 7.1.2.2 OEuvres naturalistes Certains éléments du naturalisme, particulièrement ceux qui ont trait à la sexualité, apparaissent dans les pièces du dramaturge autrichien Arthur Schnitzler. Le principal représentant du mouvement naturaliste, cependant, est Gerhart Hauptmann qui, dans sa pièce Avant le lever du soleil (1889), présente les êtres humains comme des victimes de l'hérédité et de l'environnement, condamnés à de vaines luttes contre des forces incontrôlables. Une de ses pièces tardives, les Tisserands (1892), introduit tout un groupe social (les ouvriers de Silésie) comme héros du drame. Interdite pour incitation à la révolte, cette pièce vaut à son auteur le prix Nobel de littérature en 1912. Les derniers ouvrages de Hauptmann forment une transition entre le naturalisme et l'impressionnisme, dans lequel la description précise et « objective « des faits, des êtres ou des objets est remplacée par une description des impressions laissées par ces faits, ces êtres ou ces objets dans la conscience individuelle de l'artiste. Les autres grands mouvements de la littérature allemande du début du 7.1.3 Expressionnisme XXe siècle sont le néoclassicisme, le néoromantisme, le symbolisme, le surréalisme et Dada ; le plus important de ces courants est pourtant l'expressionnisme. 7.1.3.1 Définition et réalisations L'expressionnisme, lié à une vision pessimiste et critique de la société et à une vision nouvelle de l'Homme (en rapport avec les théories psychanalytiques), se manifeste d'abord dans le domaine pictural et commence à influencer la littérature allemande vers 1910. Qu'il soit peintre, poète ou romancier, le créateur expressionniste fait de son art une manifestation de son être, de sa psyché, et des émotions souvent violentes qui l'assaillent. La littérature expressionniste se présente comme un langage émotionnel, placé sous le signe de la brutalité et de l'exagération ; la description de figures réalistes y laisse la place à celle de figures abstraites, appartenant non à la réalité objective mais au monde intérieur de l'écrivain. L'auteur dramatique allemand Frank Wedekind, un des premiers auteurs expressionnistes, manifeste dans ses oeuvres un sens de l'humour grotesque, tout en s'élevant contre les conventions sociales dictées par la bourgeoisie, et en revendiquant une nouvelle morale sexuelle. Des thèmes forts, comme la rébellion adolescente et la liberté sexuelle, sont présentés dans ses pièces l'Éveil du printemps (1891) et la Boîte de Pandore (1904). Cette dernière inspire un film (1928) et un opéra, Lulu, composé par Alban Berg et resté inachevé. 7.1.3.2 Pacifisme des expressionnistes Le conflit des générations est, pour certains écrivains du mouvement, une des manifestations de la remise en cause des valeurs traditionnelles (le Fils, 1914, de Walter Hasenclever). Après la Première Guerre mondiale, les thèmes pacifistes font leur apparition dans les pièces d'auteurs tels que Ernst Toller, Fritz von Unruh et Erich Maria Remarque. Ce dernier, tout particulièrement, est l'auteur d'un célèbre roman pacifiste, À l'ouest rien de nouveau (1929, film de Lewis Milestone en 1930), où il fait l'éloge de la fraternité. Le dramaturge Georg Kaiser, dont la production est impressionnante, s'inspire quant à lui d'une actualité sans cesse renouvelée ; son théâtre est par ailleurs caractérisé par un permanent « jeu d'idées « (Denkspiele) qui correspond bien à la nature abstraite et symbolique de ses personnages. Carl Zuckmayer (1896-1977), écrivain suisse d'origine allemande, est sans doute l'auteur dramatique le plus populaire de sa génération ; s'il évolue de l'expressionnisme à un réalisme souriant et souvent ironique, il reste fidèle à ses idées pacifistes et s'exile pendant la période nazie. Parmi ses oeuvres les plus connues, il faut noter la pièce le Capitaine de Köpenick (1931), mais on lui doit aussi le scénario de l'Ange bleu (1930, d'après Professeur Unrat de Heinrich Mann, écrit en 1905), un film réalisé en 1930 par le cinéaste américain Josef von Sternberg avec, dans le rôle principal, Marlène Dietrich. 7.1.3.3 Poésie expressionniste Le mouvement expressionniste produit plusieurs poètes remarquables par l'originalité de leur oeuvre. Elke Lasker-Schüler (1876-1946) et Gottfried Benn sont parmi les premiers à s'inscrire dans ce mouvement. Quant au poète autrichien Georg Trakl, il a laissé une oeuvre qui, en dépit de sa minceur, le met au nombre des plus grands poètes lyriques de langue allemande. Georg Heym (1887-1912) exprime dans ses poèmes le désespoir de la misère et la souffrance occasionnée par la solitude inhérente à la vie urbaine. L'Autrichien Franz Werfel évolue, en poésie, d'un lyrisme flamboyant à une expression plus retenue. Son théâtre, d'abord expressionniste (l'Homme-miroir, 1920), prend par la suite une forme plus traditionnelle ; l'ensemble de son oeuvre, poétique, théâtrale et romanesque, véhicule ses idéaux humaniste et religieux. 7.2 OEuvres de la modernité 7.2.1 Brecht et le théâtre épique Dans les premières années de l'entre-deux-guerres, le théâtre expressionniste politiquement engagé est un genre particulièrement prisé. C'est à cet aspect de l'expressionnisme que se rallie l'auteur dramatique Bertolt Brecht avec, entre autres pièces, son Opéra de quat'sous (1928), un « drame avec musique « écrit en collaboration avec le compositeur Kurt Weill. Brecht invente par la suite de nouvelles formules théâtrales, concevant des drames intellectuels et visuels, introduisant au sein de ses pièces des genres autres, comme des ballades, ayant recours à des techniques documentaires, et à de multiples autres innovations, dont l'une des plus importantes est l'effet de distanciation obtenu par l'introduction d'un commentaire critique sur l'action dramatique au sein même de la pièce. Pour Brecht, le théâtre n'est pas un lieu de divertissement ; la scène a au contraire pour mission de délivrer un message politique et moral et de développer le sens critique du public, en particulier dans ces domaines. Dans ses nombreuses pièces, telles que Mère Courage et ses enfants (1941), la Bonne Âme de Se-Tchouan (1943), ou le Cercle de craie caucasien (1948), il crée des paraboles dramatiques pour amener son public à réfléchir sur le monde politique dans lequel il vit. L'influence de Brecht s'étend dans le monde entier, et de nombreux jeunes écrivains, parmi lesquels Heiner Müller, adoptent les techniques dramatiques qu'il a développées. 7.2.2 Roman 7.2.2.1 Innovations techniques La vigueur du mouvement expressionniste en Allemagne a marqué profondément et largement le monde de la création dans ce pays, et même les cercles artistiques et intellectuels éloignés du mouvement subissent son influence. L'audace formelle de l'expressionnisme a pour effet de libérer les auteurs des contraintes formelles traditionnelles. Les romanciers allemands s'engagent donc résolument dans une remise en cause du récit réaliste, linéaire et mimétique, pour expérimenter des techniques nouvelles et souvent audacieuses. Si, dans ses tout premiers récits, le dramaturge Gerhart Hauptmann reste d'abord fidèle à ses choix naturalistes (le Garde-barrière Thiel, 1892), il évolue quelque peu vers une forme de réalisme mêlée de figures allégoriques porteuses d'un sens spirituel (Emmanuel Quint, le fou en Jésus-Christ, 1910). Plus modernes d'un point de vue formel, les récits d'Arthur Schnitzler délaissent l'action à proprement parler, pour mettre davantage l'accent sur l'évocation de ces événements intérieurs que sont les changements d'états d'âme des personnages. Il a recours, pour ce faire, à la technique du monologue intérieur. Dans des récits, écrits dans une langue sobre, élégante et classique, comme le Lieutenant Gustl (1901) ou Mademoiselle Else (1924), il dépeint l'apparente sérénité de la bourgeoisie viennoise pour mieux souligner, par contraste, le désarroi intime de ses personnages. L'écrivain autrichien Robert Musil, partant du constat scientifique de l'instabilité du monde et de l'impossibilité, pour l'homme, d'en avoir une perception et une compréhension claires, entières et définitives, remet en cause, sur le plan romanesque, la représentation d'une vérité univoque et stable. Dans son récit monumental et inachevé, l'Homme sans qualités (3 volumes, 1930-1952), qui se présente comme le reflet intellectuel et psychologique d'un monde déliquescent, il cherche à dévoiler « l'arrière-plan de l'existence « dans toute son instabilité. Hermann Broch, dans sa trilogie les Somnambules (1929-1932), donne lui aussi un tableau de la décadence des valeurs bourgeoises, qui se manifeste selon lui par la passivité des individus devant les changements politiques les plus inquiétants. Dans les ouvrages de Ricarda Huch (1864-1947), ce sont en revanche les événements historiques et les grands personnages de l'histoire qui se trouvent représentés en des fresques monumentales. L'autrichien Franz Werfel, s'il est aussi poète et dramaturge, rencontre le succès grâce à ses romans, tels que les Quarante Jours du Musa Dagh (1933) ou le Chant de Bernadette (1942), où il affirme son humanisme et sa foi. Expressionniste à ses débuts, le romancier Alfred Döblin utilise les techniques cinématographiques de multiplication des points de vue dans son roman Berlin Alexanderplatz (1929) ; grâce au procédé du monologue intérieur, il montre en particulier l'aliénation de son personnage principal, qui perçoit le monde comme une suite discontinue d'images et de discours. Le cinéaste Rainer Werner Fassbinder a adapté ce roman pour la télévision en 1980. 7.2.2.2 Mann, Hesse et Kafka Parmi les romanciers allemands modernes les plus connus, il faut citer Thomas Mann, Hermann Hesse et Franz Kafka. Thomas Mann érige ses architectures savantes, où thèmes et leitmotive s'enchevêtrent et se répondent dans une réflexion sur l'histoire du temps ou sur le sens de la vie. Dans son premier roman, une ample chronique familiale intitulée les Buddenbrook (1901), Mann aborde, sur fond de décadence, un thème qui va devenir récurrent dans son oeuvre : le conflit entre les représentants prospères et suffisants de la bourgeoisie aisée et l'artiste perspicace, souvent maladif, qui tente d'imposer la valeur de son individualité. Dans la Montagne magique (1924), il propose une allégorie de la vie intellectuelle occidentale à la veille de la Première Guerre mondiale. Farouche opposant au nazisme, Mann décide de quitter l'Allemagne en 1933, et plusieurs volumes du cycle romanesque Joseph et ses frères (1933-1943) seront terminés en exil. Son désespoir quant au destin de l'Allemagne et son intérêt pour la figure de l'artiste créateur sont encore représentés de façon éloquente dans Docteur Faustus (1947), une étude sur la vie culturelle allemande pendant la montée du nazisme ; le monde y est vu à travers les yeux du compositeur Adrian Leverkühn, derrière lequel on reconnaît sans peine Arnold Schoenberg. Heinrich Mann, frère aîné de Thomas, est un farouche partisan d'un humanisme social militant ; avant son frère et avec autant de force, il dénonce la montée du nazisme. Il est surtout connu pour une satire politique intitulée le Sujet (1914), qui se présente comme une critique des intellectuels et des dirigeants de l'Allemagne sous Guillaume II, et pour son autobiographie Une époque passée en revue (1944). Les ouvrages de Hermann Hesse reflètent les conflits intimes qu'il doit affronter au cours de son existence d'exilé, en particulier son sentiment de solitude spirituelle, souvent tempéré par la sagesse et le mysticisme de la philosophie orientale. Dans son roman Demian (1919), influencé par les travaux de Carl Jung, il cherche à transposer, sous la forme symbolique du double, son attirance contradictoire pour la morale et le confort bourgeois d'une part, et pour des choix individualistes et anticonformistes d'autre part. Cette même dualité se retrouve dans le Loup des steppes (1927), dont le héros est à la fois homme et loup. Dans le Jeu des perles de verre (1943), il appelle de ses voeux l'émergence d'une nouvelle aristocratie ethnique et intellectuelle. Hesse, qui n'avait alors que peu de lecteurs hors d'Allemagne, bénéficie d'un regain d'intérêt considérable durant les années 1960, particulièrement auprès des étudiants américains qui voient en lui un représentant du mysticisme oriental. Aucun écrivain moderne allemand n'a exercé une influence plus considérable sur la narration contemporaine que l'écrivain tchèque d'expression allemande Franz Kafka. La Métamorphose (1915), le Procès (posthume, 1925), le Château (posthume, 1926), Amérique (posthume, 1927) et ses nombreux autres récits offrent la vision pessimiste, fascinante et déroutante d'un monde incohérent et impénétrable, hanté par la disparition de la foi et l'absence de repères, où les individus sont soumis de façon arbitraire à l'ordre des choses sans avoir la moindre possibilité de lutter contre leur destinée. 7.2.3 Poésie L'ère moderne de la poésie allemande débute avec Friedrich Wilhelm Nietzsche, auteur de poèmes lyriques assez proches des tendances impressionnistes et expressionnistes. Son influence se retrouve dans les poèmes lyriques et dans les écrits en prose de Gottfried Benn qui évolue d'une écriture expressionniste (Fils, 1913) à un style classique et harmonieux, jusqu'à devenir un adepte de l'esthétisme, de « l'art pour l'art « et un représentant de la Nouvelle Objectivité (Poèmes statiques, 1948). Un fort sentiment d'injustice sociale caractérise les poèmes de Richard Dehmel (1863-1920). Les dons poétiques de Hugo von Hofmannsthal se manifestent non seulement dans ses poèmes lyriques, mais aussi dans les livrets d'opéra qu'il écrit pour le compositeur allemand Richard Strauss (le Chevalier à la rose, 1911 ; Ariane à Naxos, 1912). Le principal représentant du mouvement symboliste en poésie est Stefan George, adepte de « l'art pour l'art «, qui s'oppose au courant réaliste dans la littérature et propose une poésie sophistiquée, presque hermétique, dominée par un souci formel. Par la suite, il tente, comme Nietzsche, d'assigner au poète un rôle de guide et de critique pour ses lecteurs et se prononce contre les valeurs bourgeoises et le matérialisme. Une tentative similaire est entreprise par Rainer Maria Rilke, un des poètes d'expression allemande les plus renommés. Dans le cycle poétique intitulé les Sonnets à Orphée (1922), Rilke cherche à communiquer sa perception de la beauté et de l'harmonie universelles ; son style atteint là une parfaite maîtrise des ressources phoniques, rythmiques, syntaxiques et métaphoriques de la langue. Outre ses oeuvres poétiques, Rilke laisse de nombreux ouvrages en prose (parmi lesquels les Cahiers de Malte Laurids Brigge, 1910), ainsi qu'une monographie sur Auguste Rodin (1902) et une abondante correspondance, notamment les célèbres Lettres à un jeune poète (posthumes, 1929). Parmi les poètes de langue allemande de la seconde moitié du XXe siècle, seul Paul Celan peut être comparé à Rilke quant à l'importance de son oeuvre dans l'histoire de la poésie et de la pensée allemandes ; il a forgé une langue poétique nouvelle, adaptée à l'expression d'une réalité nouvelle, celle de l'après- Auschwitz. 8 CONFLIT ET RENOUVEAU DEPUIS 1945 8.1 Production littéraire sous le régime nazi Le conflit qui existe entre l'artiste, tel que Nietzsche le conçoit, et une société matérialiste de plus en plus militariste atteint son point culminant au cours des années 1930. Les nazis imposent à la littérature un réalisme social associé à un nationalisme fanatique. La plupart des écrivains importants de l'époque quittent l'Allemagne ; beaucoup meurent en exil, souvent se suicidant. Parmi ceux-là se trouve Stefan Zweig, nouvelliste et essayiste autrichien, dont les nouvelles ont connu un succès extraordinaire avant l'avènement d'Hitler. Zweig quitte l'Allemagne en 1935, profondément marqué par la progression et les victoires du nazisme, et se donne la mort au Brésil en 1942. Quelques écrivains hostiles au régime parviennent à rester dans leur pays sans pour autant soutenir le régime nazi : ce phénomène est nommé plus tard « l'émigration intérieure «. Le plus notable des écrivains de ce groupe est Ernst Jünger qui, après avoir été un homme de droite extrêmement conservateur et militariste, se détourne avec dégoût du régime nazi : son roman Sur les falaises de marbre, publié en 1939, est en effet une dénonciation allégorique à peine voilée du régime hitlérien. Pendant cette période, en raison de la censure sévère opérée par le régime et des dangers encourus par les opposants politiques, la seule littérature allemande de quelque importance est produite par des écrivains en exil. Parmi eux figure la poétesse Nelly Sachs qui doit se réfugier en Suède à partir de 1940 ; elle continue d'écrire en allemand, notamment sur la tragédie du peuple juif, et reçoit en 1966 le prix Nobel de littérature. « Ô les cheminées «, son poème le plus célèbre, est un témoignage émouvant de l'horreur de l'extermination des Juifs par les nazis. Marginale et irréductible à toute tendance dans les lettres allemandes du XXe siècle, l'oeuvre de l'écrivain d'origine bulgare et de langue allemande Elias Canetti, lauréat du prix Nobel de littérature en 1981, recouvre des genres variés : roman ( Auto-da- fé, 1936), autobiographie (la Langue sauvée, histoire d'une jeunesse, 1977 ; le Flambeau dans l'oreille, histoire d'une vie, 1980 ; Jeux de regard, histoire d'une vie, 1985) et critique (Masse et Puissance, 1960), mais elle trouve son unité dans sa thématique, qui tourne essentiellement autour des relations entre l'individu, la société et la dérive politique. 8.2 Production littéraire de l'après-guerre Après la chute du régime hitlérien, un renouveau considérable se manifeste dans la littérature d'Allemagne de l'Ouest et, malgré la censure appliquée par le régime, également dans la production littéraire d'Allemagne de l'Est. Le vide relatif laissé par la ruine matérielle du pays et par la liquidation de l'héritage moral et linguistique du nazisme est dans un premier temps comblé par les zones périphériques, la Suisse ( voir littérature suisse) et surtout l'Autriche (voir littérature autrichienne), dont la place ne cesse d'ailleurs de grandir. 8.2.1 Allemagne de l'Ouest Expressionnistes par leurs situations et leurs personnages, les comédies amères et pessimistes de l'écrivain suisse Friedrich Dürrenmatt développent une satire de l'époque contemporaine en empruntant souvent l'aspect de la fable symbolique, de la parabole ou de la moralité (la Visite de la vieille dame, 1955). Son compatriote Max Frisch, admirateur de Bertolt Brecht, témoigne, dans ses pièces, d'une indifférence presque totale à la psychologie, à l'atmosphère, à l'étude des moeurs ; ses pièces sont des farces ou des satires du monde moderne et de ses mécanismes. Dürrenmatt et Frisch tentent tous deux d'illustrer les phénomènes de masse dans un théâtre qui reprend intentionnellement la parabole brechtienne, mais en la privant de toute conclusion idéologique. L'influence autrichienne s'étend encore dans les années 1970, grâce notamment aux récits et aux poèmes d'Ingeborg Bachmann ; avec des tonalités romantiques qui peuvent sembler légèrement désuètes, ces oeuvres traitent de sujets contemporains, notamment la condition de la femme dans une société conçue par les hommes et pour les hommes (Malina, 1971 ; Simultan, 1972). Des récits traitant de la guerre et de ses conséquences foisonnent en Allemagne au sortir de la Seconde Guerre mondiale, que ce soit sous la forme autobiographique et plaintive adoptée par Wolfgang Borchert (1921-1947) dans sa pièce Devant la porte (1947), qui relate son expérience de soldat et sa difficulté à trouver sa place dans l'Allemagne d'après-guerre, ou sous la forme classique de la fiction, à la manière de Hans Erich Nossack (1901-1977) ou d'Alfred Andersch, qui célèbre la désertion, le refus de s'engager, comme une forme de liberté. Arno Schmidt (1914-1979) contribue au renouvellement des formes de la prose, avec des textes où se mêlent volontiers les codes et les genres, comme Scènes de la vie d'un faune (1953), Coeur de pierre (1956) ou encore dans la somme inclassable intitulée le Rêve de Monsieur fiche (1970). La pièce radiophonique (« Hörspiel «) devient après la guerre une nouvelle et prometteuse forme d'art. De nombreuses oeuvres, consacrées à l'analyse de la vie moderne, sont ainsi écrites par des auteurs également connus comme poètes et nouvellistes, comme Günther Eich (1907-1972), Wolfgang Weyrauch (1907-1980), Ilse Aichinger (née en 1921) et Siegfried Lenz, ce dernier étant principalement connu pour son roman la Leçon d'allemand (1968). Au sein de la jeune génération de romanciers allemands, le renouvellement s'effectue dans les années 1950 grâce à des écrivains comme Heinrich Böll, qui reçoit en 1972 le prix Nobel de littérature, Uwe Johnson, Günter Grass, Wolfgang Koeppen (1906-1996), Martin Walser, Wolfgang Hildesheimer (1916-1991) et Hans Magnus Enzensberger. Membres du Groupe 47, ces auteurs représentent le « réalisme critique «, qui prétend appréhender la réalité en analysant les survivances idéologiques du passé. La description sociologique s'allie alors aux recherches formelles, qui remettent en cause le principe même de la narration subjective. Ainsi, le roman Billard à neuf heures et demie (1959) de Heinrich Böll sonde l'histoire allemande à travers le destin d'une famille au cours de la dernière moitié du siècle. Une tétralogie semi-autobiographique de Uwe Johnson, Jours anniversaires (1970-1983), traite parallèlement des problèmes moraux et politiques qui se posent dans les États-Unis des années 1960, et dans l'Allemagne des années 1930. Renouant avec une veine baroque, Günter Grass compose, avec le Tambour (1959), une satire de l'Allemagne nazie dont Volker Schlöndorff tirera un film en 1979. Dans Une longue histoire (1995), il s'interroge sur les effets négatifs et sur le sens de la réunification allemande, soulevant une grande polémique dans son pays, d'autant plus violente que Grass est considéré comme le plus important des écrivains vivants de langue allemande, voire comme la « conscience morale « de l'Allemagne d'après-guerre. Parmi les auteurs contemporains issus de la génération qui a grandi dans l'immédiat après-guerre, on peut citer Rolf Dieter Brinkmann, Hubert Fichte et Peter Härtling. Des réflexions inédites sur la langue et sur ses techniques apparaissent dans les écrits de Helmut Heissenbüttel et de Peter Weiss, dont l'Esthétique de la résistance (1975-1981) a contribué à relancer à la fois le débat sur les liens entre littérature et politique et sur les liens entre les différentes formes d'expression esthétique. Disciple de Brecht, Peter Weiss influence également le théâtre allemand par son élaboration d'un théâtre-documentaire, qui consiste en un montage démonstratif et didactique d'éléments réels ( Marat-Sade, 1964 ; l'Instruction, 1965). Les pièces de Rolf Hochhuth (né en 1931) et de Heinar Kipphardt (1922-1982) relèvent de la même conception du théâtre, selon laquelle les événements historiques jouent un rôle de premier plan dans le drame. C'est sous le signe du scandale que se sont érigées les oeuvres de deux auteurs qui comptent parmi les plus importants de la littérature contemporaine de langue allemande, Peter Handke, qui est tout à la fois romancier, dramaturge, scénariste et cinéaste, et Thomas Bernhard qui, dans ses récits et dans ses pièces hantées par le suicide, n'a cessé de vilipender les travers et les hypocrisies de son pays d'origine, l'Autriche. 8.2.2 Allemagne de l'Est La littérature de l'ex-Allemagne de l'Est s'est développée dans les conditions particulières de l'inféodation à l'URSS et dans le contexte de la guerre froide. Pourtant, dès 1945, la littérature écrite dans la zone d'occupation soviétique se situe délibérément dans la double tradition de l'humanisme classique et de l'antifascisme. Les écrivains exilés reviennent, pour un grand nombre d'entre eux, en Allemagne de l'Est. De la période de l'immédiat après-guerre émergent en particulier les oeuvres de Johannes Robert Becher (1891-1958), ancien poète expressionniste devenu ministre de la Culture de la RDA, celles de Bertolt Brecht, déjà cité, et celles d'Anna Seghers, connue pour ses romans la Septième Croix (1942) et les Morts restent jeunes (1949). Par ailleurs, il faut citer Johannes Bobrowski (1917-1965), qui est à la fois poète (le Temps sarmate, 1961) et romancier (le Moulin à Lévine, 1964), ainsi que des romanciers comme Stefan Heym et Stephan Hermlin. Invités à s'inscrire dans les institutions pour militer en faveur de l'État et du parti et pour construire ce qui fut appelé « le socialisme réellement existant «, les écrivains de l'ex-RDA, comme Christa Wolf, auteur de Christa T. (1968) et de Trames d'enfance (1976), Günter Kunert (né en 1929), Volker Braun (né en 1939) et Christoph Hein (né en 1944), pour ne citer qu'eux, cherchent à démontrer, au cours des années 1960, que l'engagement politique, s'il constitue par force la principale raison d'être de l'écrivain, existe nécessairement au détriment de la vie intérieure. Dans les années 1970, le régime répond à la critique croissante venue des milieux littéraires par une vague de censure qui force certains écrivains à quitter la RDA, tandis que d'autres en sont expulsés. C'est le cas pour le poète et chanteur Wolf Biermann (né en 1936), qui connaît une certaine renommée en RFA après son expulsion d'Allemagne de l'Est en 1976. 8.2.3 Production actuelle Il est extrêmement difficile d'avoir une vision synthétique et ordonnée de la situation actuelle des littératures de langue allemande, tant elles sont vivantes, donc tributaires de changements qui affectent l'environnement individuel et collectif de façon de plus en plus déconcertante et rapide (multimédia, mondialisation de la culture et des informations, etc.). Parmi les auteurs qui écrivent et publient actuellement en langue allemande, citons néanmoins H. C. Artmann, Peter Bichsel, Thomas Brasch, Hermann Burger, Martin R. Dean, Max Goldt, Eckard Henscheid, Thomas Hürlimann, Elfriede Jelinek, Gert Jonke, Gerhard Köpf, Angela Krauss, Dieter Kühn, Jürg Laederach, Anna Langhoff, Monika Maron, Friederike Mayröcker, Bodo Morshäuser, Herta Müller, Paul Nizon, Hanns-Josef Ortheil, Oskar Pastior, Christoph Ransmayr, Lutz Rathenow, Gerhard Rühm, Gerold Späth, Botho Strauss, Patrick Süskind, Günter Wallraff, Urs Widmer. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

« Cette mutation correspond à l’épanouissement d’un idéal, celui de la chevalerie.

Le récit courtois atteint son apogée avec les œuvres de Hartmann von Aue, le premier des grands classiques du genre, qui introduit dans son pays les romans de la Table ronde et du roi Arthur ( voir cycle arthurien), ainsi que dans les œuvres de Gottfried de Strasbourg, de Wolfram von Eschenbach et de Heinrich von Veldeke.

Bien que les ouvrages d’écrivains français comme Chrétien de Troyes, entre autres, aient servi de modèle aux poèmes épiques d’Allemagne, les écrivains de ce pays expriment leurs propres idéaux, créent leur forme et leur style propres, ajoutant très souvent à leurs récits une certaine profondeur.

Les deux principaux monuments de l’épopée héroïque allemande sont la Chanson des Nibelungen et Kudrun, composés au début du XIIIe siècle par un auteur inconnu. Il existe également une variante de l’épopée chevaleresque : le poème épique dont le personnage central est un animal.

Reineke Fuchs (v.

1180), de l’Alsacien Heinrich der Glichezaere, inspiré du Roman de Renart, en est le plus bel exemple ; il servira à son tour de modèle au Reineke Fuchs (1794) de Goethe. 3.1. 3 Poésie lyrique et didactique La poésie lyrique et didactique se développe sous la forme du minnesang, poème d’amour courtois que composent les poètes lyriques appelés minnesänger. Le grand maître de ce type de poésie est Walther von der Vogelweide.

Ses œuvres, qui comprennent des chants d’amour, des poèmes religieux lyriques et des épigrammes, expriment un idéalisme individuel et politique, et revendiquent une certaine indépendance face à l’autorité papale.

Dans ses Mädchenlieder, on décèle par ailleurs l’influence des « Vagants », ces jeunes chanteurs itinérants qui célèbrent volontiers les « trois W » : Wein (le vin), Weib (la femme) et Würfel (les dés, par métonymie le jeu).

En témoigne notamment le recueil Carmina Burana qui, en 1937, sert de référence au compositeur Carl Orff pour son oratorio éponyme. 3. 2 Renouveau thématique et formel Dans la seconde moitié du XIIIe siècle, la littérature chevaleresque s’efface progressivement devant la littérature bourgeoise des maîtres chanteurs ( voir meistersinger), et la nature du poème épique commence à changer, avec l’introduction de personnages issus de la « classe moyenne » et de la paysannerie.

Les paysans, jadis objets de dérision, deviennent de plus en plus présents dans la littérature, figurant au premier plan, par exemple, dans Meier Helmbrecht de Wernher der Gartenaere, un conte du XIIIe siècle retraçant la vie paysanne. Le XIIIe siècle est également une époque charnière dans la mesure où l’on commence alors à écrire en prose.

Cette nouveauté touche d’abord les textes de droit et d’histoire puis se répand grâce à la littérature ecclésiastique et au développement de la prédication, discipline dont le plus célèbre représentant est Berthold von Regensburg (v.

1210-1272). Dans le genre poétique enfin, il faut citer Oswald von Wolkenstein (1377-1445) dont l’œuvre extrêmement variée a été récemment redécouverte par l’écrivain Dieter Kühn (né en 1935). 4 LA RÉFORME 4. 1 XVI e siècle Le XVIe siècle est une période clé de la littérature allemande.

Si les traditions médiévales parviennent d’abord à se maintenir, l’humanisme se développe bientôt (fondation de la première université de langue allemande, à Prague, en 1348), avant d’être lui-même dépassé par l’esprit de la Réforme, qui marque profondément la société et la vie intellectuelle allemandes.

La langue, enfin, connaît à cette époque une importante évolution. 4.1. 1 Une plus large diffusion du savoir La dénonciation, par les humanistes, des travers de la société et des institutions de l’époque va mener à un mouvement national complexe d’ordre religieux, moral et politique, dont l’influence se fait naturellement sentir dans le domaine littéraire.

Les idées nouvelles se diffusent en effet largement, grâce aux progrès de l’imprimerie (première utilisation de caractères mobiles, par Johannes Gutenberg, vers 1450 ; voir Bible de Gutenberg).

Diffusée grâce à cette technique, la nouvelle traduction de la Bible (1522) réalisée par Martin Luther à partir des textes originaux grecs et hébreux assure le triomphe de la langue allemande sur le latin et établit le haut allemand moderne comme langue littéraire, ce qui a pour effet de rendre le savoir accessible à un public plus large qu’auparavant. La Réforme a également pour conséquence d’unifier les différents parlers germaniques et de faire pénétrer les idées nouvelles dans des genres aussi variés que la poésie lyrique, le cantique ou la fable. 4.1. 2 Persistance des genres médiévaux et populaires Si le XVIe siècle voit naître l’humanisme, ce mouvement ne fait pas pour autant disparaître la littérature courtoise et la poésie chantée (meistergesang) qu’enseignent au XVe siècle les maîtres chanteurs (ou meistersinger ) dans leurs écoles de chant corporatives (la dénonciation ironique de cette pratique par Richard Wagner marque la fin du romantisme). Parmi les œuvres populaires, on trouve également des poèmes lyriques de facture assez simple, qui ont reçu depuis l’appellation collective de Volkslied (« chanson populaire »), ainsi que les Volksbücher (« littérature populaire »), qui reprennent des récits épiques du haut Moyen Âge, des chansons de geste mais aussi des nouvelles courtoises françaises, des légendes romaines et des mythes antiques. Le Schwank (« farce »), texte burlesque constitué d’anecdotes comiques, inaugure le genre populaire des récits malicieux, comme Till Eulenspiegel (v.

1480).

Dans le prolongement des traditions médiévales se situe également la Nef des fous (1494), dans laquelle le poète humaniste Sebastian Brandt fait œuvre de patriote et de prédicateur ; désireux d’amender les mœurs, il y prodigue en effet des critiques (visant en particulier Martin Luther) et des conseils de sagesse (il faut connaître sa propre « folie » avant de critiquer celle des autres).. »

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