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Analyse du "CANDIDE" de VOLTAIRE

Publié le 25/07/2010

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Analyse: Les personnages sont présentés successivement selon l'ordre d'entrée en scène.  Tout d'abord, Candide est un élément important du premier paragraphe. Le narrateur établit une relation entre sa physionomie et son caractère: « esprit simple « (ligne 3), « sa physionomie annonçant son âme « (ligne 3). Il décrit ses origines généalogiques: c'est un enfant naturel. Candide est un personnage naïf. Toutefois, il est ingénu mais pas sot: « il avait le jugement assez droit « (ligne 3). Cela laisse une perspective d'évolution, et montre qu'il est capable d'éducation et de progrès. Candide est en porte-à-faux au château, car il est discrédité et il n'appartient pas à la caste représentée par le fils du baron. C'est un personnage central plus que principal. La présentation du baron se fait par petites étapes; des phrases brèves font le tour de tous ses biens. Son pouvoir est mis en relief: « un des plus puissants « (ligne 9) avec des signes extérieurs de richesse: « tapisserie « (ligne 10), « grand aumônier « (ligne 12) : cette apparence de richesse fait de lui un personnage important. La baronne est évoquée en premier lieu par sa masse; elle apparaît comme l'image traditionnelle d'une maîtresse de maison et digne de respect dont elle profite.  Puis Cunégonde est décrite par trois adjectifs: « fraîche, grasse, appétissante « (ligne 17): elle représente la sensualité. Le fils du baron est décrit très brièvement: « en tout digne de son père « (ligne 17); il n'a pas de caractère.  Dès le titre, la cible va être Leibniz; un philosophe à peu près contemporain de Voltaire et dont la thèse est: "Tout est bien dans le meilleur des mondes". Ici, il est illustré par le personnage Pangloss qui enseigne 3 sciences stupides "Métaphysiquo-cosmologo-nigologie" (=tout en langue)(ligne 20). En ce sens, cela ridiculise l'optimisme. Le ton est administratif, il est assimilé à un "oracle" (ligne 18); « admirablement « (ligne 21) présentation dans le discours de Pangloss. un philosophe à Dieu a crée le monde le plus harmonieusement possible (mais ce monde n'est pas parfait) " Pangloss " du grec : parle sur tout ou tout le temps, détourne les propos de Leibniz :   * abuse du jargon scientifique dans ses discours : "il est démontré", "aussi", "et", "si", "donc", "car", "par conséquent".   * sort de leur contexte les paroles de Leibniz, aboutissant à une démonstration incohérente qu'est la "métaphysico-théologo-cosmonigologie" (nigaud) blâme l'enseignement de Pangloss :   * rapport maître/élève basé sur l'admiration : "admirablement", "innocemment", "attentivement", "le plus grand philosophe"   * influence sur l'esprit de l'élève, d'où la fréquence de connecteur dans les réflexions de Candide (ainsi que Cunégonde) qui raisonne à la manière de Pangloss. Pangloss fait de Candide un esprit naïf, étroit et crédule condamne surtout le dogmatisme (fanatisme philosophique) tout comme il condamne le fanatisme religieux   L'évocation de ce contexte s'apparente donc beaucoup à celle du conte.   La description du lieu en fait un microcosme, un endroit merveilleux et coupé du monde et de la réalité. On retrouve la formule traditionnelle: « il y avait « (ligne 1), les personnages sont mis en scène dans un lieu imprécis: « en Westphalie « (ligne 1), qui est un pays peu connu et qui a la réputation d'être arriéré, le nom de château: « Thunder-ten-tronckh « (ligne 1-2) a des sonorités abruptes relevant de l'imagination; de même, l'époque est intemporelle. On se situe donc dans un monde qui semble lointain, voire imaginaire: le monde d'un conte. On retrouve également les personnages et le milieu traditionnels: le contexte aristocratique, « le château « (ligne 1), ainsi que le pouvoir, les richesses, et un monde fixé dans des codifications sociales rigides. Tout est sous le signe de la richesse et de la beauté, les termes employés sont valorisants et élogieux: tout va bien. Ainsi on trouve beaucoup de superlatifs: « le plus beau « (ligne 22).       Le lecteur est donc entraîné dans un univers merveilleux où tout va pour le mieux; mais quelques éléments inattendus le mettent sur la voie d'une distorsion dans l'harmonie générale.   Les effets de décalage et de distorsion sont des indices pour le lecteur, montrant qu'il s'agit ici d'une satire. Ainsi, on note de nombreux rapprochements faussement logiques, comme la relation entre la puissance du baron et la présence de « portes « et de « fenêtres « (ligne 10) à son château; de même le rapport entre la masse de la Comtesse et le respect dont elle jouit. Le pouvoir et la considération des personnages relèvent donc de l'illusion, et non d'une réalité.       Il y'a une confusion et une distorsion dans la description, et le narrateur souligne implicitement que chez le baron tout est faux ; ex: « chiens de basse-cour « complètent « la meute « (ligne 11), "palefreniers" sont ici « piqueurs « (ligne 11-12), le « vicaire du village « est le « grand aumônier « (ligne 12). Il y'a donc une confusion entre la réalité et l'apparence; on a dans un premier temps l'impression d'un noble qui mène grand train, alors qu'il ne s'agit que d'un petit seigneur de province.       De même, le raisonnement de Pangloss est totalement décalé (Pangloss=« tout en langue «); pour le montrer, le narrateur lui donne la parole au discours direct. Les exemples qu'il prend reposent sur une démonstration soi-disant logique: « donc «, « par conséquent «; mais en réalité elle ne comporte aucune logique: la conclusion qu'il formule est donc totalement inacceptable. En résumé le chapitre 1 de cette œuvre est la métaphore en tout point que la Genèse de la Bible dans un aspect toutefois comique et satirique. Candide et Cunégonde sont associés à Adam et Eve. Le Baron se rapporte à Dieu, Pangloss symbolise le serpent. Son soi-disant "cours de physique expérimentale" est la pomme que Cunégonde propose à Candide, causant ainsi son départ forcé du Paradis. 2/ La caricature de l'optimisme et de Leibniz : Dans Candide ou l'optimiste, de Voltaire, on retrouve l'esprit critique du siècle des Lumières. Critique de l'optimiste métaphysique de Lebniz, débat des idées de bonheur, malheur, providence, critique avec une accumulation des faits qui lui apporte un démenti. Le mal vient des hommes, ils sont cruels, intolérants… Le mal set dans la nature (séisme, maladie), le mal est dans les institutions, surtout religieuses. Critique de la religion, satire des prêtres : le libertinage de frère Giroflée, le jésuite, l'abbé Périgourdin. Voltaire dénonce la complicité entre le pouvoir politique et l'Eglise. Critique de toutes les formes d'injustices et d'arbitraire, de la violence, de l'esclavage, de la violence à l'égard des femmes, du libertinage, de l'immoralité. Critique de la classe aristocratique, critique des médecins. Cela reflète l'esprit des Lumières. II- Les procédés qu'emprunte la critique, le choix du conte philosophique Parodie du roman, le roman d'aventure des voyages extraordinaires. Fin heureuse, des résurrections, des retrouvailles incroyables. Voltaire parodie le merveilleux (El Dorado), parodie du roman sentimental, Cunégonde est devenue laide. Voltaire utilise l'ironie (dire le contraire de ce que l'on veut faire comprendre). Fausse logique des discours de Pangloss. III- Candide, une œuvre constructive Enseignement en matière de religion. Le vieillard du monde de l'Eldorado : pas d'église entre l'homme et dieu. Il y a aussi le derviche qui dit que personne ne possède la vérité dans le domaine de religieux. Dans le domaine politique, on a un monarque éclairé qui favorise les sciences et les arts, il est donc un adepte du progrès. Il est très proche de ses sujets. Voltaire condamne toutes formes d'arbitraire. Le travail est une forme de libération pour l'homme. Voltaire veut nous montrer qu'il faut savoir prendre en main son destin, sa vie. C'est le vieux Turc qui est le modèle de cette philosophie.   Candide a été publié en 1759. C'est une période pénible pour Voltaire (guerre de 7 ans entre la France et la Prusse très meurtrière). Il y également eu un tremblement de terre très dévastateur à Lisbonne en 1755 qui l'a beaucoup marqué. Candide est une réflexion sur le mystère du mal et sur comment concilier l'existence du mal sur terre avec l'existence de Dieu. Candide est publié simultanément à Genève, en Angleterre et en France. Candide est présenté comme un ouvrage traduit de l'Allemand par le Dr Ralph. Les romans, à l'époque, ne sont pas signés. Les romans sont superficiels, contrairement au théâtre considéré comme bien supérieur.     Ce conte philosophique est basé, comme le signale son nom, sur le personnage principal qui se nomme Candide. Ici, le lecteur est le spectateur de l'évolution du caractère et de la réflexion de Candide.   Tout au long de ce roman, qui est en réalitéun conte philosophique, Voltaire critique implicitement l'optimisme et la Religion et ses représentants. En effet, le lecteur attentif remarque que Voltaire créé un certain affrontement entre l'Optimisme, qui est personnifié par Pangloss, et le Pessimisme, qui est personnifié par Martin. L'un ne pouvant pas prévaloir l'autre. Candide

  " Sa physionomie annonçait son âme. ". Voltaire nous décrit Candide comme un personnage peu crédible et très crédule. Il croit aveuglément à la philosophie de Pangloss, le précepteur du château. Il ne pense jamais par lui-même, cherche toujours conseil auprès de quelqu'un d'autre que lui et est très dépendant de Pangloss. C'est vers la fin du conte que Candide pourra pour la première fois, faire taire Pangloss et lui exposer sa pensée sans redouter quelque moquerie de sa part. Naïf et insouciant, le jeune Candide aime éperdument la belle Cunégonde mais seulement pour ses attraits, je cite, " fraîche, grasse et appétissante ". C'est d'ailleurs à cause d'elle que Candide se fait renvoyer du beau château de Thunder-ten-tronckh comme Adam se fit renvoyer du Jardin d'Eden lorsqu'il goûta au fruit défendu, Cunégonde étant ici le fruit défendu.

Cunégonde

  C'est la fille du baron de Thunder-ten-tronckh. En intégrant le personnage de Cunégonde à ce conte quelque peu épique, Voltaire cherche à démontrer que les femmes ne sont que des sources d'ennuis. Le renvoi de Candide du château en est un très bel exemple. Rappelons que Voltaire se sert beaucoup de sources Antiques et qu'une femme d'une très grande beauté nommée Hélène était la cause de la Guerre de Troie et de sa décadence. C'est une fois encore, un argument assez dépréciatif contre les femmes.

Pangloss

  " Le précepteur Pangloss était l'oracle de la maison. " Rien qu'avec ces quelques mots, Voltaire nous présente le personnage le plus amusant et le plus ridicule de tout le conte. Pangloss est un disserte en tout point, il avance des théories sur l'Optimisme inspirées de Leibniz qui finissent par devenir de plus en plus pathétiques vers la fin du récit.. Voltaire, qui n'aime pas ce genre de personnage, nous met en garde contre de pareilles gens. Voltaire veut que le lecteur tire une le il;on de Candide : il vaut mieux cultiver son jardin et trouver sa propre harmonie plutôt que de s'occuper de celle du monde et de philosopher sur celle-ci. Suite à ses ennuis avec le Clergé, Voltaire achète sa propriété de Ferney (frontière Franco-Suisse) où il écrit à l'abri le Conte Philosophique Candide ou l'Optimisme. Bien que l'œuvre soit parue sous le pseudonyme du Docteur Ralph, tout le monde avait reconnu à l'époque la subtile écriture du philosophe. Ainsi, près d'un quart de siècle après Le Mondain et âgé de 65 ans, Voltaire prend (pour citer Savignac) « sa plume pour épée « et expose une nouvelle fois sa critique de la Société. Elle est perceptible dès l'incipit intitulé « Comment Candide fut élevé dans un beau château, et comment il fut chassé d'icelui «, titre sommatif puisque l'on sait déjà ce que deviendra notre personnage éponyme. Plus que de nous exposer comment il sera élevé puis chassé du meilleur des mondes, cet incipit nous présente tout le décor métaphorique et philosophique de l'œuvre. Derrière la naïveté Candide, la sagesse Voltairienne => 2e pt de vue + effets rhétorique (art «Finesse«, Encyclopédie) => décalages : pas riche (« meute «, « porc «...), « puissant « (or Vestphalie = pauvre) Réponse à Leibniz et sa théorie (Théodicée) : « le Tout est bien « Leibnizien est réd à l'hyberb risible «Tout est pour le mieux« à Wolf, principal disciple de Leibniz (réf néologisme de Wolf 'cosmologie' mélange 'cosmogonie' + -nigo) A Pope (Essay on man) avec son « whatever is, is right « à la Duchesse de Saxe-Gotha qui voulait convertir Voltaire à la philo A Rousseau et sa Lettre à Voltaire, Pangloss = image du sophiste bavard et inauthentique (pesée des bonheurs) Néologisme Voltairien du Latin optimum avec suffisme : «la doctrine du meilleur«, ne pouvait y croire car Déiste => opposition résolue aux logorrhées théologiques : mise face aux faits   L'article "Genève" de L'Encyclopédie, que Voltaire inspire à d'Alembert suscite la tempête chez les pasteurs : les antiphilosophes veulent l'expulser de la propriété des délices, qu'il avait acquis en 1755. En 1758, il achète la propriété de Ferney, située à cheval sur la frontière franco-suisse, pour se mettre à l'abri. C'est cette année là que Voltaire rédige Candide, conte philosophique qui contredit la théorie de l'optimisme selon laquelle tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, mais sans la détruire tout à fait puisque la plupart des personnages finissent par cultiver sagement leur jardin en renonçant à la métaphysique. Il sera publié en 1759, sous couvert de l'anonymat, puis du pseudonyme en 1761.                     - - - Présenter le passage - - - I- Un paradis de pacotille

1. Le lieu : l'Allemagne     C'est le pays de Leibniz, principal philosophe théoricien de l'Optimisme que combat Voltaire : celui de Frédéric II de Prusse, que l'auteur admirait comme le modèle du souverain éclairé et avec lequel un séjour à Berlin vient de le brouiller. La Westphalie en est aussi la province la plus pauvre: en la choisissant comme Éden fondateur du conte, et en faisant croire à tous les personnages que le baron, avec son château qui avait une porte et des fenêtres - (1.14), est un puissant seigneur, Voltaire souligne la médiocrité de cet idéal et l'aveuglement de ses héros: il donne une leçon de relativité entre la réalité et l'idée que les hommes s'en font. Satire de la lourdeur allemande, également, l'emphase du nom Thunder-ten-tronckh, l'embonpoint de la baronne (1 50 kg) et de sa fille (grasse -, 1. 24).     La grande économie de détails sur le décor et les paysages est habituelle dans les romans et contes à l'époque. Mais chez Voltaire, c'est aussi un procédé systématique. La parcimonie des descriptions charge chaque détail d'un sens et d'une fonction philosophiques ou satiriques très forts. Ici, l'Allemagne se réduit à deux ou trois clichés, épaisseur des corps, philosophie épaisse, d'ailleurs toujours valables de nos temps car les préjugés ont la peau dure... Les personnages font l'objet d'un traitement identique. Une galerie de portraits stéréotypés Evocation de Candide encadre celle des autres personnages, cette composition situe d'emblée le jeune garçon comme le héros, mais insiste aussi sur sa marginalité sociale de bâtard: il est ensuite réintégré à sa place normale, qui est la dernière. Les comparses, en effet, se présentent dans un ordre familial et social hiérarchique : le baron, son épouse, leurs enfants, le précepteur, enfin l'enfant naturel. La fille vient avant le fils, ce qui annonce le rôle majeur de Cunégonde.     De même, seuls Candide et Cunégonde ont un prénom; on ignore si Pangloss est un nom ou un prénom. Tous les trois font l'objet de précisions succinctes, et l'on a même l'honneur d'entendre la voix du professeur pour un fragment édifiant de cours de philosophie. Mais cette économie de description n'est rien au regard du sort réservé au baron, à sa femme et à son fils, anonymes et expédiés en deux traits d'esquisse caricaturale. Le premier n'est pas méchant au fond mais prétentieux et un peu ridicule même pour ses serviteurs. Son épouse placide ne se distingue que par son poids et une bonne éducation limitée à une politesse formelle (faire - les honneurs de la maison - avec - dignité -, 1. 22), ce qui veut dire qu'elle est laide et bête; quant au fils, on se contente de noter qu'il - paraissait en tout digne de son père «, ce qui vu le portrait du père retourne le compliment en charge féroce, qui sera confirmée dans la suite du conte où il se montrera imbu de ses titres jusqu'à en être borné. Un sort particulier est donc réservé à Candide. On devine, aux rumeurs des serviteurs, que son statut d'enfant non reconnu, mais assimilé à Cunégonde et à son frère (il suit comme eux les leçons de Pangloss), cache un secret de famille : la sœur du baron a fauté avec un voisin. Né d'un père « bon et honnête « (1. 8), il a un physique agréable, qui expliquera l'attachement sensuel de Cunégonde. Ses qualités d'intelligence et de morale le prédisposent à une évolution vers l'esprit critique et emportent l'adhésion émue du lecteur. On sent déjà qu'il pourra exprimer les idées de l'auteur, et jouer le rôle de héros de roman d'apprentissage : intelligent, certes (« jugement assez droit «, 1. 4), mais aussi jeune et malléable, naïf (- l'esprit le plus simple -, 1. 5), il a, dirait-on aujourd'hui, un fort potentiel. 1. Noter l'allitération en - t - et le sens du mot thunder (tonnerre) ; voir au chapitre 2 le nom de ville Valdberghoff-trarbk-dikdoff, signifiant forêtmontagnecour-gageure dérisoire-épais village... 2. Aucun des nombreux peuples visités dans Candide n'échappe à ce procédé du cliché :     Aucun des nombreux peuples visités dans Candide n'échappe à ce procédé du cliché : Les Français sont bavards, médisants et volages (chap. 22), les Espagnols et Portugais orgueilleux et intolérants (inquisition du chap. 6, gouverneur du chap. 13), les Turcs totalitaires et cruels (chap. 20), etc. II- La satire de la société féodale

    Voltaire oppose la prétention de richesse (- grande salle -, - meute -, - piqueurs ., - grand aumônier -, termes ou titres nobles, 1. 15 à 18) et la basse réalité (simples ornements de - tapisserie -, « chiens de basse-cour -, - palefreniers -, - vicaire -). Les serviteurs même, tout en affublant le baron du titre pompeux de monseigneur - sans gêne ni malice - rient de ses contes - (1. 19) leur respect a des limites, tout se déroule dans une ambiance à la fois guindée et familiale. La satire sociale atteint son point culminant avec l'exigence des quartiers de noblesse, qui annonce que derrière la bonhomie des nantis se cachent des exigences et des préjugés très âpres et absurdes : un honnête homme est refusé comme époux, parce qu'il ne peut prouver que 71 quartiers (nombre d'ancêtres nobles) au lieu de 72, pedigree du baron, différence infinitésimale et dérisoire. Dans ce détail se niche toute l'audace de la critique par les philosophes puis les révolutionnaires du 18e siècle de la raideur improductive et méprisante des castes qui prévalaient dans l'Ancien Régime. On trouve ici, déjà, l'ironie cinglante qui sera celle du Figaro de Beaumarchais. III- Un philosophe dogmatique et grotesque

    Le nom même de Pangloss est parodique (. toute langue - en grec, ce qui peut signifier - qui ne fait que parler - et suggère un vain bavardage). Dès cette première apparition il se distingue par deux traits: - oracle de la maison - (1. 26), dogmatique, il n'a aucun contradicteur; et ses discours sont ridicules. Pour le prouver, Voltaire devance le jugement du lecteur en annonçant que Pangloss enseigne la - métaphysico-théologo-cosmolonigologie - (1. 29) : la pétarade intellectuelle jargonnante s'achève burlesquement par l'ex- pression - nigologie - (la science, logos en grec, des nigauds « nigo «. Dans la phrase suivante, l'allusion aux - effets sans cause - signale au lecteur averti que la philosophie, si l'on ose dire, en cause ici, est celle de Leibniz et Wolf (voir p. 45), qui ont inventé le principe de la raison suffisante et des causes finales. Les théories de l'optimisme apparaissent aussi dans la dernière phrase avec une surenchère en allusion à Pope, autre philosophe de cette mouvance, qui avait écrit dans son ouvrage Essai sur l'Homme (1 733). - Tout ce qui est, est bien. - Entre ces deux assertions vient un échantillon de raisonnement particulièrement défectueux de Pangloss sur les mêmes causes finales (la fin pour laquelle une chose est faite) : il va de soi, et l'on ne peut que s'étonner de la naïveté de Candide face à de telles inepties, (que les nez ne furent pas inventés pour les lunettes, mais les lunettes pour les yeux faibles, que ce sont les chaussures qui ont été conçues pour protéger les jambes, et non l'inverse, que les pierres n'étaient pas destinées à être taillées. L'accumulation de tels exemples, avec des phrases construites sur un schéma identique, crée un effet comique, qui culmine dans les deux dernières. Le château du baron dont on a vu la médiocrité (il ne se distingue des chaumières environnantes que par des portes et des fenêtres) est utilisé pour le discours Philosophique, la mention des porcs faits pour être mangés en toute période et par tout le monde ne peut que susciter le rire le lecteur sait bien que le porc est une denrée interdite dans certaines religions.

 

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