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ANALYSE DE L'ÉMILE DE ROUSSEAU

Publié le 29/05/2011

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   Historique. — Michelet écrit dans son Histoire de France : « Montesquieu, Voltaire, Buffon, Diderot ont produit toute leur vie. La production est chez eux le cours même de la nature. Rousseau est une éruption. La Julie, le Contrat, l'Émile lui échappent en une fois. On recule d'étonnement «. C'est, en effet, à l'Ermitage et à Monlouis, de 1756 à 1761, que Rousseau compose les grands ouvrages, grâce auxquels il veut régénérer l'espèce humaine par le sentiment, l'éducation, la politique. Il est alors en pleine crise physique et morale ; et l'on demeure stupéfait d'une telle fécondité.  Parmi ces trois ouvrages, l'Émile était celui auquel Jean-Jacques tenait le plus ; car dans ce traité pédagogique il s'agissait de montrer comment on pouvait former en vue du nouvel idéal l'homme et le citoyen de l'avenir. Prévoyant bien les critiques qu'allait soulever auprès des censeurs ce livre hardi, et craignant qu'on exigeât des modifications ou des coupures, il songea un instant à le faire éditer en Hollande. Mais Mme de Luxembourg obtint de M. de Malesherbes, directeur de la librairie, que l'Émile fût imprimé à Paris : on devait seulement, par prudence, inscrire sur la première page le nom d'un éditeur de la Haye. Grâce à ces concessions, Rousseau put surveiller de très près l'impression de son ouvrage,, sans avoir de démêlés avec la censure. C'était trop beau, et le temps des épreuves allait presque aussitôt commencer pour lui.

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« conversation adroitement conduite sous la direction du précepteur, il apprendra ce que c'est que la propriété et,sans sortir du jardin, il connaîtra les vertus ou les vices qu'il faut pratiquer ou éviter.

Il ne deviendra point un de cespetits « prodiges » dont Rousseau nous trace le portrait fort piquant, car il n'y a rien de plus mauvais que desurchauffer trop tôt l'intelligence.

On ne cultivera point sa mémoire, car c'est une faculté secondaire qui ne donneque « des mots, encore des mots, toujours des mots », et, d'ailleurs, les enfants n'ont pas de « véritable mémoire ».On ne lui enseignera pas plus les langues vivantes que les langues mortes, pas plus l'histoire elle-même que lagéographie ou la chronologie.

Enfin on ne lui mettra entre les mains aucun livre, pas même les « charmantes » fablesde La Fontaine ; car pas un enfant ne comprend les apologues du Bonhomme, et s'il arrivait que l'un d'eux pût lescomprendre ce serait fâcheux : a la morale en est tellement mêlée et si disproportionnée à son âge qu'elle leporterait plus au vice qu'à la vertu ».Après s'être glorifié d'avoir supprimé pour le jeune âge « les instruments de sa plus grande misère, à savoir les livres», et après avoir proclamé que la lecture est « le fléau de l'enfance », notre philosophe consent toutefois qu'Emile «sache parfaitement lire et écrire avant l'âge de dix ans » bien qu'il 'importe peu à son précepteur « qu'il le sacheavant quinze ».

Le point essentiel, alors, c'est que l'adolescent développe la souplesse et la force de son corps pardes exercices et des jeux bien appropriés ; qu'on fasse l'éducation sérieuse - différents sens par une méthodenaturelle ; qu'on le rende « sain » et « robuste ».

Il sera ainsi le premier de tous les enfants, soit à la campagne,soit dans les villes. Livre III.

— De dix ans à quinze ans : l'éducation « positive ».

— Vers dix ou onze ans doit commencer l'éducation «positive » d'Émile.

Par une habile transition, on le dirigera vers les connaissances que « l'instinct nous porte àchercher » ; on le rendra curieux en attirant et en retenant son attention sur les phénomènes naturels; on l'instruirapar le spectacle de la Nature.

ras de livres encore ! Pas de discours ! qu'il ne reçoive jamais la vérité formulée !Mettez-le en face de la difficulté:-obligez-le à réfléchir, et il résoudra tout par un effort personnel, mais approprié àses forces.

De la sorte vous ne lui remplirez point l'esprit de connaissances indigestes, mais vous lui inculquerez «des idées justes et claires » et vous le doterez d'une méthode qui, plus tard, lui permettra de s'instruire pluscomplètement. Mais, puisqu'Émile est trop jeune encore pour recevoir un enseignement moral et que toute excitation morale seraitsans valeur auprès de lui, comment l'intéresser à ces « leçons de choses » En lui prouvant qu'elles sont nécessairesà son bonheur, tandis que l'ignorance lui est préjudiciable.

« A quoi cela est-il bon ? » Tel est le refrain d'Emile, et ille répétait encore hier quand vous lui parliez du cours du soleil et de la façon de s'orienter.

Eh bien ! feignez de vouségarer avec lui dans la forêt, un peu avant l'heure du dîner ; et quand il sera bien affamé, bien désespéré, faites-luiretrouver le bon chemin grâce à la position du soleil dans le ciel et à l'ombre projetée par les arbres sur le sol.

Ils'écriera que « l'astronomie est bonne à quelque chose » ; et, en définitive, le grand principe de l'éducation, c'estl'Utilité.Pour appuyer ces leçons de choses on n'autorisera que la lecture d'un seul livre : les Aventures de Robinson Crusoé; car Émile verra ce que peut l'activité d'un homme abandonné à ses propres forces.

Puis on lui fera apprécier lestravaux des hommes « par leur rapport sensible avec son utilité, sa sûreté, sa conservation, son bien-être ».

Enfinon profitera de ce qu'il a compris la nécessité et la beauté du travail pour lui enseigner un métier manuel, celui demenuisier par exemple, qui lui sera peut-être utile quelque jour et qui lui permettra, en tout cas, de rendre à sessemblables les services qu'il en a reçus.Après l'éducation des sens, l'éducation du jugement s'est accomplie.

Émile sait peu de choses, mais il les sait bien eton l'a pourvu d'une excellente méthode.

« Il a, dit Jean-Jacques, un esprit universel, non par les lumières, mais parla faculté d'en acquérir; un esprit ouvert, intelligent, prêt à tout, et, comme dit Montaigne, sinon instruit, du moinsinstruisable !...

Encore une fois, mon objet n'est pas de lui donner la science, mais de lui apprendre à l'acquérir aubesoin, de la lui faire estimer exactement ce qu'elle vaut, et de lui faire aimer la vérité par-dessus tout.

» Livres IV et V.

- Après quinze ans : l'éducation morale et le mariage avec Sophie.

— Le corps et l'intelligence, c'estbien ! Mais le coeur ? mais la conscience ? Jusqu'à cette époque le précepteur ne s'en est jamais préoccupé.

Unbeau jour, il se souvient qu'Émile vient d'atteindre sa quinzième année et il constate le développement de lasensibilité chez son élève.

Cette sensibilité, il importe de la diriger vers le bien.

On inspirera tout d'abord à Émile lapitié et elle engendrera la bonté, l'idée de justice, tous les sentiments vertueux.

Alors il faudra mettre à contributionl'histoire qu'il est devenu capable de comprendre ; il faudra, par le spectacle de la vie des grands hommes etnotamment par la lecture de Plutarque, l'inciter aux nobles passions et le détourner des autres; il faudra, endéfinitive, lui enseigner la morale par des actes et pie les choses, non par des discours et par des mots.Est-ce le terme d'une éducation complète ? Oui ! peut-être pour un Helvétius, un d'Holbach, un Diderot.

Mais Jean-Jacques n'oublie point qu'Émile ignore, même à quinze ans, l'existence de la Divinité ; car il a voulu éviter qu'il ne sefît de Dieu une idée fausse ou puérile.

Le moment est venu de lui révéler l'Etre Suprême et d'aborder les grandsproblèmes de la Destinée humaine.

Ici se place le fameux épisode que l'on appelle la Profession de foi du vicairesavoyard, et qui valut à Jean-Jacques tant de violentes attaques des côtés les plus différents.

Le vicaire, en facede la belle Nature, démontra l'existence d'un Créateur et d'une Providence ; il établit qu'il y a chez l'homme le librearbitre, qui est la source du Mal, mais qui peut devenir la source du Bien, s'il est dirigé par la Conscience ; il affirmesa croyance en une autre vie où Dieu jugera les mortels d'après la manière dont ils vécurent ici-bas.

Et tout celaaurait semblé parfait aux évêques et aux pasteurs, si Rousseau — bien qu'il s'incline avec respect devant lechristianisme — ne s'était arrêté à la porte du sanctuaire, n'eût critiqué également catholicisme et protestantismeet ne se fût contenté de la Religion naturelle qui permet d'adorer Dieu, non dans une église ou dans un temple, mais. »

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