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ANALYSE DE L'OEUVRE DE JACQUES CAZOTTE

Publié le 17/05/2011

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En 1743, Cazotte fut nommé écrivain ordinaire de la Marine — fonction qui tenait à la fois de ta comptabilité et de la surveillance des travaux — et envoyé successivement au Havre, à Brest et à Rochefort. Promu contrôleur de la Marine aux îles du Vent il s'embarqua pour la Martinique en 1747. Son séjour dans cette lie fut surtout marqué par des déboires : difficultés financières, conflit avec le corps des militaires, enfin soucis de santé : Cazotte avait contracté des fièvres et, devant l'aggravation de son mal, il sollicita et obtint un congé pour venir se rétablir en France. Arrivé à Paris au milieu de l'année 1752, il ne devait repartir pour la Martinique qu'au début de 1754. Il mit à profit ce séjour pour rétablir sa santé, mais aussi pour participer à une controverse artistique qui faisait alors grand bruit dans la société parisienne, la Querelle des Bouffons. Cazotte n'hésita pas à intervenir dans cette querelle qui opposait des personnalités littéraires célèbres ; il défendit la musique française dans deux brochures d'inégal intérêt : La Guerre de l'Opéra et Observations sur la Lettre de J.-J. Rousseau au sujet de la musique française. La première fait un historique objectif de la querelle ; la seconde est surtout une polémique très vive contre les idées et la personnalité de Rousseau.

« Pierry A quarante ans Cazotte est un homme amer qui évoque sa « triste et longue expérience » et déplore d'avoir perdula santé sans avoir pu se rendre utile.

Une autre épreuve l'attendait à son retour en France : la Compagnie de Jésusrefusa de reconnaître les dettes du père La Valette — dont la mission était en faillite.

Cet événement aurait pu avoirde très graves conséquences financières pour l'écrivain sans l'héritage qu'il fit en 1760 d'un vaste domaine, situé àPierry, petit village tout proche d'Epernay.

Désormais c'est là qu'il devait passer le reste de sa vie, après sonmariage, en 1760, avec la fille d'un conseiller du roi à la Martinique.

Cette existence tranquille de propriétaire fonciern'empêche pas Cazotte de garder des contacts avec de nombreux artistes et écrivains (en particulier Antoine Bret,Jean-François Rameau, Restif de la Bretonne, Sedaine et Piron).

Il faisait de nombreux voyages à Paris, etentretenait chez lui un salon apprécié et brillant.Peu après son installation à Pierry, Cazotte reprit ses activités littéraires et publia en 1763, sous le titre d'Olivier, unpoème épique en 12 chants, inspiré par le Roland furieux de l'Arioste.

Cet ouvrage, qui appartient au genretroubadour hérité du moyen âge, présente quatre séries d'aventures, entrecroisées de manière à tenir en haleine lacuriosité du lecteur.

On y voit les exploits d'Olivier en butte à mille obstacles pour l'amour d'Agnès, et triomphant deson fourbe rival.

Inare, avec l'aide de son compagnon d'armes, Enguerrand, et de Fleur-de-Myrte, confidente d'Agnès.L'auteur ne cache pas qu'il écrit pour son amusement et qu'Il souhaite que son livre soit lu « aussi gayement qu'il aété composé ».

De fait, le récit passe aisément du romanesque à la parodie, du pathétique au burlesque, duréalisme à la fantaisie surnaturelle.

Cet humour et cette variété de ton sont séduisants, il faut bien le dire.

C'est euxqui assurèrent à Olivier un grand succès au XVIIIe siècle et qui lui donnent, aujourd'hui encore, beaucoup d'intérêt.Pourtant le livre comporte bien des longueurs : épisodes inutiles, descriptions pesantes, discours interminables.

Ondevine un auteur encore à la recherche de sa voie et qui s'essaie dans plusieurs directions, non sans tomber parfoisdans l'erreur.

Cazotte n'a pas résisté à la tentation de brosser une vaste fresque ; par là il s'est trop souventéloigné du badinage et de la fantaisie qui lui réussissent si bien, et il a trop alourdi son récit.A Olivier fait suite La Nouvelle Raméide (1766) , poème humoristique et bouffon dans lequel Cazotte reprend, sous lenom de Jean-François Rameau et avec son accord, une oeuvre de son ami qui n'avait pas obtenu de succès.

LeLord impromptu, publié en 1767, est un conte romanesque remarquable par la satire des moeurs et de la vie socialeaussi bien en France qu'en Angleterre.

L'influence de Rousseau y apparaît nettement : l'âme sensible du héros estexposée aux duretés impitoyables de l'existence son émotion s'exprime longuement par des pleurs et des réflexionspathétiques.

Cazotte attaque en particulier la corruption de son siècle, le luxe et surtout les théories desphilosophes. Le Diable amoureux C'est dans ce conte, publié en 1772, que Cazotte donne véritablement sa mesure : il y présente !'histoire d'un jeuneofficier espagnol, Alvare, qui, passionné de surnaturel, se fait initier aux pratiques magiques.

Le diable lui apparaitsous la forme d'une ravissante jeune fille, Biondetta, qui cherche à le séduire de mille manières.

Alvare sait bien, aufond de lui-même, que cette créature est un démon, mais il n'a pas le courage de se séparer d'elle et toute l'oeuvreconsiste à analyser la manière dont s'affirme progressivement son amour, en dépit de ses nombreuses résolutions derupture.

Finalement il n'échappe que de peu à son emprise et, après une nouvelle apparition démoniaque, Biondettadisparait comme dans un rêve.A la différence des ouvrages antérieurs de Cazotte, ce conte, présenté dans un style alerte et agréable, baignédans une atmosphère trouble et sensuelle, est plus qu'une fantaisie légère ou burlesque ; son intérêt consiste en unmélange continuel et très habile de logique et de fantastique.

Le récit s'ouvre sur une évocation diabolique etcomporte des allusions nombreuses aux forces occultes et aux procédés magiques ; mais une fois Biondettaapparue, le fantastique ne règle plus le déroulement de l'action la tentation d'Alvare se déroule sur un plan humain :il s'agit de savoir comment Biondetta, qui est le meneur de jeu.

va peu à peu l'amener à s'attacher à elle de sonplein gré.

L'action est psychologique et tout intérieure, un peu comme dans une tragédie classique, car Alvare estun être libre, qui peut à chaque instant faire usage de sa volonté pour repousser le démon et choisir sa propre voie.Le Diable amoureux — dont Cazotte déclare lui-même qu'il s'agit d'une allégorie — a un sens moral : il illustre lafaiblesse de la volonté en face de la tentation.

Mais il a aussi valeur symbolique : Alvare représente la conditionhumaine, l'humanité souffrante qui doit choisir librement entre l'appel du ciel et les pièges du démon ; et ce n'estpas un hasard si, dans chaque épisode du récit, se trouvent des événements qui, bien qu'explicables par la logiqueet le hasard apparaissent aussi comme inspirés par les forces du bien et du mal.Le lecteur est ainsi plongé dans une atmosphère bizarre, due au mélange d'allégorie, de réalité, de surnaturel et defantaisie.

C'est ce mélange qui fait l'intérêt de l'oeuvre.

Cazotte n'a pas écrit un conte totalement fantastiquecomme le feront plus tard Hoffmann et Poë, mais il a créé une sorte d'atmosphère trouble, une sorte de fantastiqueà la française dans lequel la clarté et la logique sont au coeur des circonstances les plus mystérieuses. Martinisme et littérature. »

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