Devoir de Philosophie

Analyse: Scènes 4 à 7 de Tartuffe de Molière

Publié le 15/06/2011

Extrait du document

...

« amis tombent dans les bras l'un de l'autre, se donnent du « mon frère », et, chose stupéfiante en comédie, Orgonlaisse éclater autant sa fureur que son désespoir amoureux quand il « court tout en larmes à la porte par où il achassé son fils », se reprochant de ne l'avoir pas « assommé sur place «.

Tartuffe joue la comédie du départ (v.1153-1154, 1163).

Orgon l'adjure de demeurer : « il y va de ma vie » (v.

1165).

La scène s'achève sur uneréconciliation amoureuse : pour Orgon, une nouvelle vie commence, auprès de la personne qu'il aime : « Un bon etfranc ami, que pour gendre je prends, / M'est bien plus cher que fils, que femme et que parents «.

Bien que tout leressort de l'action soit dans la passion qu'éprouve Orgon pour Tartuffe, cette scène d'intimité entre les deuxhommes est la seule de la pièce : elle est donc particulièrement importante pour nous révéler le caractère d'Orgon. ÉCRITURE Scène 4 8.

Cette scène présente un accident qui ne dépend pas de la volonté des protagonistes (une péripétie n'est pas undilemme), cet accident constitue une surprise pour Elmire, Tartuffe et Orgon.

Il change radicalement la situationrelative de tous les acteurs.

Enfin les effets de cet accident sont réversibles, comme dans une vraie péripétie.

Maisil lui manque un des traits constitutifs de la véritable péripétie : cette surprise loin de changer le moins du monde lesvolontés, les renforce.

Les passions s'intensifient, et demeurent identiques à elles-mêmes.

Il s'agit donc d'une «surprise » plus que d'une « péripétie ».

À ce titre, c'est un pur effet de comédie d'intrigue, dont les effets immédiatssont pourtant plus tragiques (la malédiction) que comiques (Orgon dans les bras de Tartuffe). Scènes 4 et 5 9.

Tartuffe se tait à l'apparition de Damis » il est évidemment surpris.

Mais il connaît le tempérament impétueux dujeune premier, son ennemi déclaré, et il a bien d'autres raisons de se taire.

Se sentant débusqué, le fourbe, enhomme dont c'est le métier, examine la fourberie dont il vient d'être victime.

Il observe et calcule.

Avant tout, ilcherche à savoir si Elmire était de connivence avec son beau-fils : c'est à cette fin que Molière l'a placé ainsi enretrait.

Avec ce personnage muet, l'auteur modifie la situation, obligeant Elmire à équivoquer devant deux publics,Damis et l'hypocrite.

Habilement conduit, ce double jeu sert à apaiser les doutes de Tartuffe, son regard silencieuxpermet de rendre vraisemblable la seconde entrevue.

Et quel beau contraste dramaturgique : Damis donnant de lavoix, Tartuffe aux abois et silencieux I Molière y voit un autre intérêt.

Son jeu se trouvant compliqué par laprésence de deux interlocuteurs, puis de trois, avec le mari, « l'admirable » Elmire peut ici dévoiler un peu plus soncaractère et continuer de faire valoir ses talents : le public appréciera le tact, la prudence éclairée, la distinctionmorale de cette précieuse honnête, qui n'a ni l'étourderie de Célimène, ni la pruderie d'Arsinoé.

Le silence deTartuffe, puis celui-d'Orgon maintiennent l'intérêt suspendu, et donnent un intérêt dramatique puissant à cesscènes de transition. 10.

Vers de tragédie dans le rôle de Damis, tout au long de l'acte : y.

823, 1021, 1023-1024, 1039, 1043-1048.Comme son père, Damis est impétueux.

Jeune premier arrogant et romanesque, il se conduit en digne frère de sasoeur, et ses excès offrent à Molière une source de comique qu'il entend mettre à profit.

Parodie évidemment, dansle rôle de ce fils vengeur d'un père outragé...alors que l'outrage, le cocuage d'Orgon, est caractéristique de lacomédie. Scène 6 11.

Après la grande scène de l'acte, il ne restait plus qu'à produire la péripétie sur laquelle l'action et l'intérêt allaientdemeurer suspendus d'un acte à l'autre.

Ce sera ici chose faite : Damis va être chassé, maudit, et surtoutdéshérité.

Ce retournement de situation, pour dramatique qu'il soit, n'en est pas moins un chef-d'oeuvre comique.Comique de mots avant tout dans cette autoflagellation d'un Tartuffe aux outrages.

Ici, « dire, c'est faire ».Tartuffe joue des valeurs pragmatiques de l'énonciation pour s'innocenter : en apparence, l'hypocrite confesse qu'ilest coupable : « Oui, mon frère, je suis un méchant, un coupable...

», en réalité, il multiplie les expressionshyperboliques du vocabulaire biblique, les formules qu'il emploie pour s'accuser sont de plus en plus généralisantes.Celles-ci, par ce qu'elles présupposent, estompent les contours de son forfait singulier, le diluent en figures dupéché originel, et posent l'énonciateur en symbole intemporel de la créature déchue : « je suis un coupable » (etnon : « je suis coupable »), « un malheureux pécheur tout plein d'iniquité », « chaque instant de ma vie » (et nonce jour-ci !), « chargé de souillures », « un amas de crimes et d'ordures », puis Tartuffe s'accuse de tous les crimesde la création, et plus précisément de ceux qu'il n'a point commis : « traitez-moi de perfide, d'infâme, de perdu, devoleur, d'homicide », « une honte due aux crimes de ma vie ».

Le plus piquant est qu'au milieu de ce torrentd'hypocrisie, Tartuffe se met soudain à parler clair et sans mensonge : « Savez-vous après tout de quoi je suiscapable ? / Vous fiez-vous, mon frère, à mon extérieur ? ».

Mais c'est alors qu'il n'est pas cru ! L'hypocrite,inversant son rôle, trompe à présent en donnant à prendre le vrai pour le faux.

En s'accusant de sa réelle noirceur,. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles