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Andromaque

Publié le 23/03/2011

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andromaque

INTRODUCTION     

 

Le XVIIème siècle a été marqué par trois grands mouvements littéraires et culturels : le Baroque, la Préciosité et le Classicisme. Le Classicisme, en opposition au Baroque, désigne l’art et la littérature de la France à partir des années 1660, alors que Louis XVI est le monarque absolu du royaume. Trois idées-forces résument le Classicisme :

-          l’homme et l’univers sont éternels et immuables en dépit de quelques changements peu profonds ;

-          les productions humaines sont régies par des lois universelles et éternelles. La beauté est une et absolue ;

-          l’œuvre doit être vraisemblable, elle doit respecter la règle des bienséances et elle doit respecter dans le genre dramatique la règle des « Trois Unités » : unité de lieu, unité de temps, unité d’action, selon la recommandation de Boileau dans son Art poétique.

   Jean Racine, né en 1639 et mort en 1699, est l’écrivain qui reçoit du roi  (Louis XVI) la plus grosse « pension ». Elu à l’Académie française en 1672, il devient par la suite historiographe du roi (1677) puis gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roi (1690), titre prestigieux. Sa première tragédie est La Thébaïde (1664) mais son premier grand succès est Andromaque (1667). Il évince dès lors son rival, le vieux Corneille. Par la suite, les grandes pièces se succèdent : Britannicus (1669), Phèdre (1677) …

Andromaque est une tragédie inspirée de la mythologie grecque, datant de 1667, écrite sous la forme de 5 actes en alexandrins. L’histoire se passe à Buthrote, dans le palais de Pyrrhus, dix ans après la fin de la guerre de Troie et donc de la victoire des Grecs. L’action se déroule en vingt-quatre et en seul lieu, respectant ainsi la règle de l’unité de temps et de lieu. Pour la résumer en quelques phrases, Oreste est envoyé par les Grecs pour réclamer à Pyrrhus son prisonnier Astyanax, le fils d’Andromaque. Mais le roi est amoureux de cette dernière et craint de la mécontenter en livrant l’enfant, et lui propose donc de l’épouser en échange de garder l’enfant. Cependant Pyrrhus est légalement fiancé à Hermione dont Oreste est amoureux, et Andromaque veut à la fois rester fidèle à son défunt mari Hector et sauvé la vie de son fils. La pièce finit de façon catastrophique : Oreste assassine Pyrrhus lors de son mariage avec Andromaque, suite à la demande d’Hermione, qui changera finalement d’avis en reprochant son acte à Oreste. Elle finira par devenir et folle et se suicidera.

L’extrait que nous allons étudié se situe dans la dernière scène (8) de l’acte III. Dans le début de l’acte, Oreste est furieux de perdre définitivement Hermione ; il décide de l'enlever avant les noces, avec la complicité de son ami Pylade et des Grecs. Andromaque implore Hermione de sauver la vie de son fils en faisant fléchir Pyrrhus. Hermione balaye avec mépris la supplique d'Andromaque et sort. Pyrrhus, qui cherchait Hermione, entre et trouve Andromaque. Celle-ci l'implore de sauver son fils. Touché de pitié, Pyrrhus est prêt à changer d’avis si elle accepte de l’épouser ; Andromaque ne sait comment se résoudre. C’est ce dilemme d’Andromaque dont l’extrait parle.

Comment la situation d’Andromaque est-elle liée au dilemme tragique ?

Pour répondre à cette question, nous étudierons tout d’abord en quoi la situation d’Andromaque est un tableau d’horreur, un souvenir violent. Nous analyserons ensuite le dilemme tragique dans cette scène.

 

            Nous nous concentrerons sur le souvenir violent que les Troyens gardent de la guerre de Troie, sur le tableau d’horreur qu’ils ont vécu.

Tout d’abord, nous allons étudier la pitié et la souffrance  des Troyens. Lorsque Andromaque parle de ses souvenirs concernant la guerre de Troie, elle utilise des pronoms possessifs « nos murailles » (v.994)  « mes pieds » (v.995) « mes frères » (v.1001). Ils permettent de positionner Andromaque comme un témoin mais aussi comme une victime de cette guerre, elle devient la voix de Troie, ce qui fait naître chez le lecteur un sentiment de pitié. Nous pouvons aussi remarquer l’utilisation du passé simple, formant un ensemble antithétique. En effet, l’utilisation de « fut » (v.998) suivi de « nuit éternelle » (v.998) confirme ces antithèses, et met en évidence la permanence du souvenir tragique, de sa souffrance, et donc crée un sentiment de pitié chez le lecteur. Si l’on poursuit l’étude des temps verbaux, nous pouvons aussi noter l’utilisation de participes passés « renversé » (v.995) « privé » (v.993) « étouffés » (v.1004) qui renforcent la dimension tragique donc la pitié.  Le champ lexical de la mort « morts » (v.1001) « sang » (v.1002) « crimes » (v.1010) marque l’univers tragique du texte donc la pitié. On observe aussi le champ lexical de l’horreur « ensanglantant » (v.996) « carnage » (v.1002) « victimes » (v.1010), qui font naître chez le lecteur de la compassion pour Andromaque, ils ont pitié d’elle. Un autre champ lexical s’inscrit dans ce texte, celui de la famille « père » (v.995) « frères » (v.1001) « époux » (v.1008). Il montre qu’Andromaque a tout perdu dans cette guerre, donc le lecteur éprouve de la pitié pour elle. Le champ lexical du souvenir « songe » (v.997) « souvient » (v.992) « oublier » (v.993) montre l’impact du souvenir sur Andromaque et la volonté de ne pas l’oublier. Elle s’en sert comme argument pour ne pas épouser Pyrrhus mais cela la place aussi dans une situation tragique, faisant ressortir la pitié du lecteur. L’utilisation de procédés syntaxiques et grammaticaux renforcent la situation. En effet, on peut observer un parallélisme « songe aux cris des vainqueurs, songe aux cris des mourants » (v.1003), qui marque l’opposition entre les vainqueurs et les perdants, appuyant particulièrement sur la défaite des Troyens, dont Andromaque fait partie, rendant leur situation encore plus tragique.

            Nous allons maintenant analyser le souvenir violent que les Troyens gardent de la guerre de Troie et la haine entre ces derniers et les Grecs. L’utilisation de participes passés d’une certaine violence (en position de force pour certains)  « renversé » (v.995) « traîné » (v.994) « étouffés » (v.1004) montre la violence dont les Troyens sont victimes. Les champs lexicaux de la mort « mourants » (v.1003) « victimes » (v.1010) et de l’horreur « ensanglantant » (v.996) «carnage » (v.1002) « crimes » (v.1009) vus précédemment donnent une vision extrêmement violente et terrifiante de la guerre de Troie, racontée par Andromaque, une Troyenne témoin de cette guerre. Cela montre que le souvenir que les Troyens gardent de la guerre de Troie est une vision d’horreur, un carnage.

Le champ lexical du feu « étincelants » (v.999) « brûlants » (v.1000) « échauffant » (v.1002) « flamme » (v.1004) donne une impression de chaos. Il renvoie à l’enfer, à une scène apocalyptique, provoquant la terreur chez le lecteur. Nous pouvons aussi noter un parallélisme de construction renforcé par une antithèse « songe aux cris des vainqueurs, songe aux cris des mourants » (v.1003) qui marque l’opposition entre les vainqueurs et les perdants, les Grecs se glorifient du deuil, faisant ressortir cette haine entre les Grecs et les Troyens, cette rage de gagner. « cris » renforce aussi l’idée de chaos. La haine de Pyrhhus est aussi marquée par l’utilisation de participes présents «échauffant » (v.1002) « se faisant » (v.1001) « entrant » (v.1000), mettant Pyrrhus (représentant des Grecs) en valeur, le représentant dominant, en action. On remarque aussi une antiphrase « Voilà par quels exploits il sut se couronner » (v.1007). Le mot « exploits » est utilisé avec ironie, montrant la vision de Pyrrhus par Andromaque, la tension entre les deux camps grecs et troyens, encore une fois.

Pour conclure, les Troyens, donc Andromaque, se marquent comme des personnages très tragiques étant donné qu’ils ont perdu la guerre de Troie et qu’ils n’arrivent / ne veulent pas oublier les souvenirs restant dans leurs têtes, mais s’ils n’ont rien de glorifiant, provoquant ainsi la pitié du lecteur envers eux. Ces souvenirs sont d’une violence extrême, ils sont terrifiants. La haine entre les Grecs et les Troyens est aussi très forte.

 

CONCLUSION :

 

En conclusion, la situation d’Andromaque est liée au dilemme tragique puisque tout le dilemme tourne autour d’elle : préfère épouser l’assassin de son défunt mari ou livrer son fils aux Grecs ? Sa situation tragique est renforcée par le souvenir extrêmement violent qu’elle garde la guerre de Troie et par la haine visible entre les Grecs et les Troyens. (extrait du site dissertation gratuite)

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