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Andromaque, Acte V, scène 1 de Jean Racine

Publié le 20/07/2010

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andromaque

Jean Racine, écrivain et poète tragique du XVIIème siècle, est l’auteur de la tragédie Andromaque qui a été écrite en 1667.  Dans cette histoire, qui se déroule après la guerre de Troie, les personnages vivent une chaîne amoureuse ce qui entraîne de nombreux bouleversements. En effet, Pyrrhus doit épouser Hermione, mais il s’est épris d’Andromaque : il délaisse donc sa fiancée qui elle, est aimée d’Oreste. Lorsque Hermione apprend les sentiments de Pyrrhus envers Andromaque, elle devient folle de rage et demande à Oreste de le tuer en preuve de son amour.  Dans le passage étudié, nous allons observer le monologue d’Hermione, un personnage tragique qui vit une situation de crise et exprime son tumulte intérieur.    Dans un premier temps, nous allons voir que le personnage se trouve face à un dilemme. En effet, au début du monologue, Hermione se pose beaucoup de questions ne trouvant pas de réponses comme «Où suis-je ?« ou «Qu’ai-je fais ?«. Cette succession de questions courtes donne un rythme rapide et dynamique à ce monologue, ce qui révèle qu’Hermione est perdue, qu’elle ne sait plus quoi penser ni quoi faire. Le vers 1396 pose une question décisive : «ne puis-je savoir si j’aime ou si je hais ?«. Cela prouve l’hésitation du personnage, Hermione est égarée. En effet, cette phrase contient deux verbes contradictoires «aimer« et «haïr« ce qui exprime une opposition nette, un contraste. On comprend ainsi qu’Hermione est déchirée entre deux sentiments complètement opposés et qu’elle essaie de comprendre ce qu’elle ressent vraiment.  Tout au long du texte, Hermione change plusieurs fois d’avis sur ses sentiments. Elle utilise une série d’exclamations comme «le cruel !« qui confirme la haine puis il y a un revirement au vers 1405 «mon lâche cœur s’intéresse pour lui«, l’amour est donc encore présent puis, suite à un nouveau revirement, elle exprime la fermeté de sa résolution au vers 1407 «ne révoquons point l’arrêt de mon courroux : qu’il périsse !«. Ces brusques revirements montrent l’instabilité de ses sentiments.  De plus, le vers 1422 «Sa mort sera l’effet de l’amour d’Hermione ?« met en évidence un paradoxe : donner la mort par amour.  Le monologue, interrompu par l’entrée en scène de Cléone, s’achève sur une impasse. La structure révèle donc bien le dilemme du personnage qui n’a pas réussi à prendre une décision.    Deuxièmement, Hermione ne parvient pas à raisonner car elle est envahie par des sentiments contradictoires montrés par des champs lexicaux qui s’opposent comme celui de la haine : «chagrin«, «cruel«, «courroux« qui met en évidence sa colère et celui de l’amour : «aimer«, «hyménée«, «cœur« qui rappelle la tendresse qu’elle a pour Pyrrhus. Ces champs lexicaux se succèdent très rapidement et prouvent ainsi l’égarement d’Hermione, elle est complètement déboussolée.  D’autre part, celle-ci invente des scénarios délirants comme on peut le constater au vers 1409 «Le perfide triomphe et se rit de ma rage« ou au vers 1413 «Il juge encor de moi par mes bontés passées«. Hermione s’imagine que Pyrrhus se moque d’elle, ce qui illustre son manque de raisonnement.  Hermione est un personnage égaré, qui se sent humilié, blessé dans son orgueil, et qui connaît presque simultanément l’amour et la haine.    Par ailleurs, le monologue révèle aussi la vision tragique de la passion chez Racine, destructrice de soi et des autres. On le voit par l’utilisation d’hyperboles comme «Quel chagrin me dévore ?« ou la rime «rage«/«orage« soulignant l’intensité des sentiments du personnage.  De plus, Hermione fait des allusions à la mort et à la fatalité comme «Qu’il meure, puisqu’enfin il a dû le prévoir«. Ces éléments font allusion au tragique de la situation, à une chose inévitable.  Donc, selon Racine, l’amour et la passion sont dévastateurs, ce sont des sentiments très proches de la haine.    Pour conclure, Hermione est un personnage tragique tout comme Oreste, par leur malheur, la fatalité, le déchirement entre l’amour et la haine ou le devoir. Ils inspirent la pitié du spectateur/lecteur. La situation d’Hermione est un peu la même que celle d’autres héroïnes raciniennes comme Bérénice.  A la fin d’Andromaque, Oreste est repoussé par Hermione malgré le fait qu’il ait tué Pyrrhus. En effet, elle ne souhaitait plus la mort de ce dernier ce qui a entraîné son suicide dû à la peine. Suite à ces événements, Oreste est devenu fou.

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