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ANDROMAQUE de Racine: Acte III, scène 8

Publié le 11/09/2006

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andromaque

Andromaque, veuve de héros troyen Hector, est, avec son fils Astyanax, captive de Pyrrhus, guerrier grec qui prit part à l'incendie de Troie.Pyrrhus propose à Andromaque de sauver son fils du sacrifice auquel les Grecs le destinent à condition qu'elle accepte de l'épouser. Dans la scène qui suit, Andromaque s'oppose à sa confidente Céphise qui la pousse à accepter ce mariage pour sauver Astyanax.    Ah! de quel souvenir viens-tu frapper mon âme!  Quoi? Céphise, j'irai voir expirer encor  Ce fils, ma seule joie, et l'image d'Hector?  Ce fils, que de sa flamme il me laissa pour gage?  Hélas! je m'en souviens, le jour que son courage  Lui fit chercher Achille, ou plutôt le trépas,  Il demanda son fils, et le prit dans ses bras:  "Chère épouse, dit-il en essuyant mes larmes,  J'ignore quel succès le sort garde à mes armes;  Je te laisse mon fils pour gage de ma foi:  S'il me perd, je prétends qu'il me retrouve en toi.  Si d'un heureux hymen la mémoire t'est chère,  Montre au fils à quel point tu chérissais le père".  Et je puis voir répandre un sang si précieux?  Et je laisse avec lui périr tous ses aïeux?  Roi barbare, faut-il que mon crime l'entraîne?  Si je te hais, est-il coupable de ma haine?  T'a-t-il de tous les siens reproché le trépas?  S'est-il plaint à tes yeux des maux qu'il ne sent pas?  Mais cependant, mon fils, tu meurs si je n'arrête  Le fer que le cruel tient levé sur ta tête.  Je l'en puis détourner, et je t'y vais offrir?...  Non, tu ne mourras point, je ne le puis souffrir.  Allons trouver Pyrrhus. Mais non, chère Céphise,  Va le trouver pour moi.    Racine, Andromaque,III,8(1667)    Questions fréquemment posées pour cette tirade  1) cette tirade superpose plusieurs situations de communication.vous indiquerez quels locuteurs et quels destinataires se succèdent dans ce passage.    2) relevez les mots développant le champ lexical de la fidélité    3) étudiez la modalité des phrases et les figures de style.    4) rédigez une partie de commentaire littéraire, que vous concentrez sur le développement suivant:une tirade lyrique.    Réponses :    1) Plusieurs situations de communication :    Cette tirade superpose plusieurs situations de communications. En effet, on retrouve de nombreux locuteurs et destinataires qui se succèdent dans ce passage.    • De la ligne 1 à 7  et lignes 24 à 25    Andromaque s’adresse à Céphise, sa confidente. Elle s’exprime directement à elle en utilisant son prénom : « Quoi ? Céphise… «. Elle utilise également la deuxième personne du singulier et lui pose même une question : « Ah ! De quel souvenir viens-tu frapper mon âme ! «. Cette exclamation d’Andromaque nous fait penser que Céphise viens de lui rappeler un souvenir qui semble perturbé l’héroïne. Andromaque se met alors à raconter (ligne 3 à 7).    Céphise semble disparaître alors tout au long de l’extrait. Le lecteur sait qu’elle est là mais elle ne réapparaît dans la situation de communication qu’à la fin (les deux dernières lignes 24 et 25). Là encore, Andromaque l’interpelle par son prénom : « mais non, chère Céphise «. Andromaque l’associe à elle en utilisant la deuxième personne du pluriel : « Allons trouver Pyrrhus « et la dernière parole d’Andromaque est pour sa confidente à qui elle demande : « Va le trouver pour moi «.    On remarquera donc que dans cet extrait, Andromaque commence et termine sa tirade en interpellant Céphise. C’est Céphise qui semble avoir été le moteur de cette tirade d’Andromaque puisque l’on devine qu’Andromaque a été « poussé « à parler. La première phrase d’Andromaque : « Ah ! De quel souvenir viens-tu frapper mon âme ! « nous fait croire que c’est bien sa confidente qui la poussé dans sa réflexion. Ainsi, de même que c’est Céphise qui à amener Andromaque à réfléchir, c’est également par elle que se fini la tirade d’Andromaque. Céphise l’a alors poussé non plus à la réflexion mais à l’action. C’est ainsi que l’on peut dire que Céphise a un rôle « d’accélérateur « et que c’est elle qui non seulement à pousser Andromaque à la réflexion mais c’est également elle qui la pousse à l’action, à savoir se marier avec Pyrrhus.    Nous remarquerons cependant que même si Céphise n’est pas concrètement présente dans la situation de communication, nous savons que celle-ci est présente tout au long de la tirade. Ainsi, même si Andromaque ne s’adresse pas tout le temps directement à sa confidente, on sait que celle-ci est logiquement là et est donc le destinataire permanent de cette tirade. Céphise est à ses côtés et on sait qu’elle écoute ce qu’Andromaque est en train de dire.    • Ligne 8 à la ligne 13    Andromaque comme une « devineresse habitée «, fait parler à travers elle son mari décédé Hector. Elle le fait parler en style direct. Elle fait donc revivre son mari l’instant d’un souvenir. C’est donc elle qui raconte ce que son mari lui avait dit à elle. On comprend bien que dans ce souvenir Hector s’adresse à Andromaque : « Chère épouse «. L’évocation de ce souvenir est donc évoquée par Andromaque, elle en est donc le locuteur.    • Ligne 14 à la ligne 19    Après s’être rappelé les paroles de son défunt époux, Andromaque se lance dans un enchaînement de questions qu’elle se pose à elle-même. Elle s’adresse à elle-même des reproches implicites. Elle dit : « Et je puis voir répandre un sang si précieux ? «, « Et je laisse avec lui périr tous ses aïeux ? «. C’est alors qu’elle évoque Pyrrhus par un vocabulaire péjoratif : « Roi barbare « (plus loin, elle le surnomme « le cruel «). Elle invoque certes Pyrrhus, semblant lui poser ces questions à lui et l’interpellant par la deuxième personne du singulier : « Si je te hais… «, « T’a-t-il de tous les siens… «. Toutefois, ces questions, elles se les posent à elle-même. Là encore, elle en est le locuteur et le destinataire.    • Ligne 20 à la ligne 23    Ici, elle parle directement à son enfant. Elle s’adresse à lui en lui disant « mon fils «. Elle utilise également la deuxième personne du singulier pour lui parler : « tu meurs «, « sur ta tête «. Elle semble le rassurer virtuellement puisque l’enfant n’ayant pas la parole, il ne peut exprimer sa douleur et ses craintes.  Elle se pose une nouvelle fois une question : « Je l’en puis détourner, et t’y vais offrir ?... «. Contrairement à la série de question rhétorique précédente (l14 à 19), ici Andromaque répond directement son injonction : « Non, tu ne mourras point, je ne le puis souffrir «.  On peut donc dire qu’Andromaque s’est adressé à son fils cherchant à le tranquilliser pour mieux s’interdire d’accepter sa mort.    2) Le champ lexical de la fidélité:    Dans cette tirade est développé le champ lexical de la fidélité. On ne retrouve toutefois pas ici des termes « usuels « qu’un couple utilise pour se prouver leur attachement. On retrouve donc les termes : « laissa pour gage « (l4), « Je te laisse mon fils pour gage de ma foi « (l10), « il me retrouve en toi « (l11), « à quel point tu chérissais le père « (l13), « périr tous ses aïeux « (l15).    En effet, la notion de fidélité entre Hector et Andromaque semble être rattaché à leur fils Astynax. Hector semble même autoriser son épouse à se remarier au cas où il venait à mourir : « Si d’un heureux hymen… «. Pour Hector donc, on comprend que la fidélité conjugale apparaît comme le fondement des sentiments maternels d’Andromaque envers leur fils. Hector semble dire à son épouse qu’elle doit aimer leur fils comme elle l’a aimé lui afin que son souvenir soit préservé. C’est en ce sens que l’on peut également dire que le champ lexical de la fidélité est également rattaché à la notion de la mémoire.    3) Modalités des phrases et figures de style :    • La modalité des phrases :    Les phrases exclamatives : interjection de désespoir et de plaintes d’Andromaque sont exprimées par des interjections diverses. Comme nous avons dit précédemment, la tirade même débute pas une exclamation qui semble refléter la douleur de l’héroïne : « Ah ! De quel souvenir viens-tu frapper mon âme ! «. Plus loin, à la ligne 5, Andromaque, évoquant de nouveau le souvenir douloureux de son mari s’exclame : « Hélas ! «.    Les phrases interrogatives : Questions rhétoriques de la ligne 14 à 19. Andromaque se lance dans une série de questions rhétoriques, dont la réponse est évidemment négative. Elle semble s’adresser des reproches implicites. Elle cherche à se persuader. Elle ne souhaite en effet pas épouser Pyrrhus mais elle désire se convaincre elle-même.  On retrouve enfin une dernière phrase interrogative à la ligne 22. Cette fois cependant, in ne s’agit pas d’une question rhétorique puisque Andromaque y répond directement par une affirmation : « Non, tu ne mourras point «.    • Les figures de style :    On retrouve plusieurs figures de style :    - Anaphore ligne 3 et 4. Andromaque répète deux fois « Ce fils «. Cette répétition insistante crée un effet d’écho dans la tête d’Andromaque. Cela met en relief l’obsession d’Andromaque pour ce fils, symbole de son union avec Hector. Elle a peur de le perdre et est tourmenté face à cette idée.    - Prosopopée de la ligne 8 à 13. Andromaque comme une devineresse habitée, fait parler à travers elle, en style direct son mari défunt. Andromaque fait donc parler un mort comme s’il était animé.    - Allégorie à la ligne 21. Andromaque pour parler de la mort qui guette son fils, emploie le terme « le fer «. Pour mieux se persuader et pour qu’elle puisse prendre une décision rapide face au danger qui attend son fils, Andromaque cherche à rendre concrète une donnée abstraite. La mort devient alors « matérielle «.    Commentaire composé    Introduction :    La tragédie montre l’homme aux prises avec des forces qui le dépasse. C’est ainsi que dans cet extrait de la scène 8 de l’acte III d’Andromaque écrit par Racine en 1667, on retrouve une héroïne qui doit faire face à un choix cornélien. En effet, elle doit soit accepter d’épouser Pyrrhus, son ennemi, afin de sauver son fils du sacrifice auquel les Grecs le destine, soit de refuser ce chantage, et provoquer ainsi la mort de son enfant, symbole de son amour avec Hector, son défunt mari. C’est ainsi que l’héroïne commence une introspection qui aboutira à sa décision finale.  Nous analyserons donc dans un premier temps comment ce dilemme fait de cette scène, une tirade lyrique. Enfin, nous verrons dans un second temps en qui cette scène est tragique.    I- Une tirade lyrique    a) Andromaque prise entre différents sentiments :    Andromaque vient de perdre son époux et doit maintenant faire face à un choix cornélien, à savoir sauver son fils du sacrifice auquel les Grecs le destine ou refuser d’épouser Pyrrhus, entraînant ainsi la mort de son petit Astynax. Elle fait face à un dilemme qui la tiraille entre plusieurs sentiments passant de l’amour à la haine.    C’est ainsi que dans cette tirade, nous retrouvons l’utilisation importante de la première personne du singulier : « j’irai «, « je m’en souviens «, « je laisse «, « je puis voir «…L’emploi du « je « privilégie et favorise l’analyse du « moi «. Cela permet également à Andromaque de faire une introspection : elle doit faire un choix et elle a donc besoin de s’observer, de s’analyser et de se comprendre. L’utilisation de la première personne du singulier lui permet ainsi d’exprimer clairement ce qu’elle ressent.    Andromaque semble être partagé entre son amour pour son enfant et le souvenir de son époux décédé et sa haine pour Pyrrhus et son chantage.  En effet, Andromaque apparaît tout d’abord comme une femme tendre et fidèle. Dès les premières lignes, on l’imagine regardant son fils comme un substitut de son époux disparu, c’est « l’image d’Hector « dit-elle ligne 3. On retrouve ainsi le champ lexical de la fidélité. On retrouve donc les termes : « laissa pour gage « (l4), « Je te laisse mon fils pour gage de ma foi « (l10), « il me retrouve en toi « (l11), « à quel point tu chérissais le père « (l13), « périr tous ses aïeux « (l15). La notion de fidélité entre Hector et Andromaque semble être rattaché à leur fils Astynax, c'est-à-dire au fruit de leur union. Cet enfant semble être le symbole de leur amour et de leur fidélité. Andromaque doit aimer son fils comme elle a aimé Hector afin que le souvenir de celui-ci soit préservé.    Andromaque, comme une mère tendre s’adresse directement à son fils à la fin de la tirade. Elle semble vouloir le rassurer virtuellement. En effet, celui-ci n’ayant pas la parole, il ne peut exprimer sa douleur et ses craintes. Elle le rassure donc pour mieux s’interdire d’accepter sa mort. Elle doit donc épouser Pyrrhus pour qui elle voue une haine immense. C’est ainsi qu’après avoir évoqué son amour et sa fidélité à Hector et son fils, sa haine pour Pyrrhus apparaît à l’opposé d’autant plus forte. On retrouve par ailleurs un vocabulaire péjoratif lorsqu’elle parle de Pyrrhus : « Roi barbare « (l16), « le cruel « (l21). Aussi, Andromaque exprime clairement qu’elle le déteste : « Si je te hais « (l17).    Andromaque est donc prises entre des sentiments opposés. Elle semble avoir besoin de retrouver ses repères sur ce qu’elle ressent afin de trouver une solution à son dilemme. C’est au contraire une Andromaque complètement tourmenté qui ressort de cette introspection.    b) Andromaque tourmentée :    Andromaque semble être complètement déboussolée. Elle est maîtresse d’un impossible choix. Elle doit trancher une douloureuse alternative, ce qui paraît la perturber psychologiquement.    Les nombreuses exclamations d’Andromaque sont témoins du chamboulement de l’héroïne. Les cris de désespoir et de plaintes d’Andromaque sont exprimés par des interjections diverses. La tirade débute par ailleurs par une exclamation qui semble refléter la douleur de l’héroïne : « Ah ! De quel souvenir viens-tu frapper mon âme ! «. Elle semble avoir été poussé par sa confidente Céphise à se remémorer un chapitre de sa vie douloureux pour elle. Elle utilise par ailleurs un verbe fort et qui reflète bien le mal que lui procure ce souvenir : « De quel souvenir viens-tu frapper mon âme ! «. Le verbe frapper nous fait penser que ce souvenir est comme un coup de massue qui assomme l’héroïne expliquant ainsi son chamboulement. Plus loin, à la ligne 5, Andromaque, évoquant de nouveau le souvenir douloureux de son mari s’exclame : « Hélas ! «. Ces cris de douleurs et de désespoir sont révélateurs de l’état psychologique d’Andromaque qui semble complètement perturbé.    Ce coup de massue que lui donne (consciemment ou inconsciemment) sa confidente fait alors entrer Andromaque dans une sorte d’état second. Elle semble alors obsédé par Astynax. On retrouve une anaphore. La maman répète deux fois « Ce fils «. Cette répétition insistante crée un effet d’écho dans la tête d’Andromaque. Cela met en relief l’obsession de l’héroïne pour ce fils, symbole de son union avec Hector. Elle a peur de le perdre et est tourmentée face à cette idée. Elle parle même à Astynax, comme s’il était en état de comprendre. Elle semble ainsi être dans un état second qui lui fait perdre ses repères. On retrouve alors une prosopopée. Elle est tourmentée au point qu’Andromaque comme une devineresse habitée, fait parler à travers elle, en style direct son mari défunt. La veuve fait donc parler un mort comme s’il était animé.    Après avoir fait revivre son mari l’espace d’un souvenir, Andromaque semble toujours être autant bouleversé psychologiquement. Elle commence un dialogue avec elle-même. Elle se parle toute seule se posant une série de questions rhétoriques, dont la réponse est évidemment négative. Elle s’adresse ainsi des reproches implicites à elle-même se disant : « Et je puis voir répandre un sang si précieux ? «, « Et je laisse avec lui périr tous ses aïeux ? «, « faut-il que mon crime l’entraîne ? «. Andromaque semble être renversée, obligée de prendre une décision rapide et à contre cœur. Elle semble à la fin de la tirade avoir pris une décision après une dernière interrogation : « Je l’en puis détourner, et t’y vais offrir ?... « (l22). Cette fois, cependant elle répond à sa question par une affirmation : « Non, tu ne mourras point, je ne le puis souffrir. « (l23). Elle semble donc avoir décidé de rester fidèle aux cendres de son mari et donc de protéger leur enfant. Cette décision prise avec courage et après un bouleversement psychologique semble cependant prévoir une fin tragique.    II- Une scène tragique    a) la catharsis    On peut dire que cette scène est tragique car tout d’abord, comme toutes les pièces de théâtre tragique, elle vise à éveiller chez les spectateurs à la fois de la pitié et de l’admiration. Son but est la catharsis, c'est-à-dire la purgation des passions. Et en effet, le lecteur se retrouve parfaitement entre ces deux sentiments. On a d’une part pitié d’Andromaque qui clame haut et fort qu’elle aime son fils et son défunt époux. Durant toute la scène, elle ne cherche qu’à se rassurer de l’amour d’Héctor pour elle et de son amour envers Héctor. En effet Andromaque se veut une épouse fidèle à un mari beaucoup aimé et maintenant défunt. Par-delà la mort, fixée dans le souvenir, elle voue un culte au vaillant Hector que le sort de la guerre a éloigné à tout jamais. On a pitié de cet « amour impossible « et en même temps, on est admiratif face à son courage et sa détermination. On est admiratif face à son sacrifice : elle doit se sacrifier quoiqu’elle décide, elle doit sacrifier sa vie de femme ou sacrifier son fils, seul souvenir de son amour passé avec Hector.    b) Une fin malheureuse    Aussi, comme dans toutes les tragédies, cette scène se conclut de façon malheureuse. En général, les tragédies finissent par la mort d’un personnage. Ici, il est vrai que personne ne meurt mais on comprend qu’Andromaque est en train d’annoncer sa mort prochaine en acceptant le chantage du roi. En effet, Andromaque face à son dilemme, feint un moment de céder aux volontés de son maître. Elle croit qu'elle pourra sauver le fils d'Hector en épousant le roi d'Epire, mais elle est décidée à se tuer immédiatement après le mariage afin de demeurer fidèle à ses souvenirs. La décision que l’héroïne prend à la fin de cette scène semble donc bien être la première pierre d’une fin malheureuse et tragique. La fin de cette tirade annonce le suicide d’Andromaque.    c) Destin inéluctable    La tragédie montre l’homme aux prises avec des forces qui le dépasse. Ici, Andromaque semble incarner les problèmes des êtres humains face à la fatalité. On rêve tous notre vie mais le destin est plus fort que nos envies. Ceci est par ailleurs bien mis en relief par l’utilisation des nombreuses interjections (que nous avons étudié précédemment.), symbole de désespoir et de crainte. L’héroïne doit faire face à une situation désagréable et surtout incontrôlable. Les nombreuses phrases interrogatives, également, sont révélatrices de l’impuissance d’Andromaque.  Les caractéristiques de la tragédie imposent donc un dénouement malheureux. Dans cette scène et particulièrement par les dernières répliques d’Andromaque : « Non, tu ne mourras point, je ne le puis souffrir. Allons trouver Pyrrhus. Mais non, chère Céphise, Va le trouver pour moi. «, on s’aperçoit que le destin d’Andromaque était d’ores et déjà fixé et que rien n’aurait pu le changer. Ce qui devait arriver est arrivé. L’héroïne ne pouvait concevoir la mort de son fils, symbole vivant de son amour avec Hector. Il s’agissait du destin inéluctable contre lequel personne ne pouvait lutter. Cette phrase d’Andromaque semble marquer la fin d’un épisode dans sa destinée. La mort d’Hector est un fait, cela fait partie d’un chapitre de sa vie. Sa décision d’épouser Pyrrhus est un passage obligatoire pour elle, cela fait partie de l’enchaînement nécessaire de sa vie.    Conclusion    Après avoir chercher tous les arguments, après s’être poser toutes les questions nécessaires, après avoir affronté ses peurs, Andromaque semble avoir répondu à son dilemme : elle refuse de sacrifier son fils, preuve vivante de son amour à Hector et décide donc d’épouse Pyrrhus. Nous pouvons donc dire que cette scène, est une scène clé de cette tragédie. En effet, cette tirade est le point de départ de la fin inéluctablement malheureuse d’Andromaque. Elle n’a plus le choix. Sa décision est lourde de conséquence pour la suite. En effet, en décidant d’épouser son ennemi, c’est sa mort qu’elle a choisie.

andromaque

« Céphise… ».

Elle utilise également la deuxième personne du singulier et lui pose même une question : « Ah ! De quel souvenirviens-tu frapper mon âme ! ».

Cette exclamation d'Andromaque nous fait penser que Céphise viens de lui rappeler un souvenirqui semble perturbé l'héroïne.

Andromaque se met alors à raconter (ligne 3 à 7). Céphise semble disparaître alors tout au long de l'extrait.

Le lecteur sait qu'elle est là mais elle ne réapparaît dans la situation decommunication qu'à la fin (les deux dernières lignes 24 et 25).

Là encore, Andromaque l'interpelle par son prénom : « mais non,chère Céphise ».

Andromaque l'associe à elle en utilisant la deuxième personne du pluriel : « Allons trouver Pyrrhus » et ladernière parole d'Andromaque est pour sa confidente à qui elle demande : « Va le trouver pour moi ». On remarquera donc que dans cet extrait, Andromaque commence et termine sa tirade en interpellant Céphise.

C'est Céphise quisemble avoir été le moteur de cette tirade d'Andromaque puisque l'on devine qu'Andromaque a été « poussé » à parler.

Lapremière phrase d'Andromaque : « Ah ! De quel souvenir viens-tu frapper mon âme ! » nous fait croire que c'est bien saconfidente qui la poussé dans sa réflexion.

Ainsi, de même que c'est Céphise qui à amener Andromaque à réfléchir, c'estégalement par elle que se fini la tirade d'Andromaque.

Céphise l'a alors poussé non plus à la réflexion mais à l'action.

C'est ainsique l'on peut dire que Céphise a un rôle « d'accélérateur » et que c'est elle qui non seulement à pousser Andromaque à laréflexion mais c'est également elle qui la pousse à l'action, à savoir se marier avec Pyrrhus. Nous remarquerons cependant que même si Céphise n'est pas concrètement présente dans la situation de communication, noussavons que celle-ci est présente tout au long de la tirade.

Ainsi, même si Andromaque ne s'adresse pas tout le temps directementà sa confidente, on sait que celle-ci est logiquement là et est donc le destinataire permanent de cette tirade.

Céphise est à sescôtés et on sait qu'elle écoute ce qu'Andromaque est en train de dire. • Ligne 8 à la ligne 13 Andromaque comme une « devineresse habitée », fait parler à travers elle son mari décédé Hector.

Elle le fait parler en styledirect.

Elle fait donc revivre son mari l'instant d'un souvenir.

C'est donc elle qui raconte ce que son mari lui avait dit à elle.

Oncomprend bien que dans ce souvenir Hector s'adresse à Andromaque : « Chère épouse ».

L'évocation de ce souvenir est doncévoquée par Andromaque, elle en est donc le locuteur. • Ligne 14 à la ligne 19 Après s'être rappelé les paroles de son défunt époux, Andromaque se lance dans un enchaînement de questions qu'elle se pose àelle-même.

Elle s'adresse à elle-même des reproches implicites.

Elle dit : « Et je puis voir répandre un sang si précieux ? », « Et jelaisse avec lui périr tous ses aïeux ? ».

C'est alors qu'elle évoque Pyrrhus par un vocabulaire péjoratif : « Roi barbare » (plus loin,elle le surnomme « le cruel »).

Elle invoque certes Pyrrhus, semblant lui poser ces questions à lui et l'interpellant par la deuxièmepersonne du singulier : « Si je te hais… », « T'a-t-il de tous les siens… ».

Toutefois, ces questions, elles se les posent à elle-même.

Là encore, elle en est le locuteur et le destinataire. • Ligne 20 à la ligne 23 Ici, elle parle directement à son enfant.

Elle s'adresse à lui en lui disant « mon fils ».

Elle utilise également la deuxième personne dusingulier pour lui parler : « tu meurs », « sur ta tête ».

Elle semble le rassurer virtuellement puisque l'enfant n'ayant pas la parole, ilne peut exprimer sa douleur et ses craintes.Elle se pose une nouvelle fois une question : « Je l'en puis détourner, et t'y vais offrir ?...

».

Contrairement à la série de questionrhétorique précédente (l14 à 19), ici Andromaque répond directement son injonction : « Non, tu ne mourras point, je ne le puissouffrir ».On peut donc dire qu'Andromaque s'est adressé à son fils cherchant à le tranquilliser pour mieux s'interdire d'accepter sa mort. 2) Le champ lexical de la fidélité: Dans cette tirade est développé le champ lexical de la fidélité.

On ne retrouve toutefois pas ici des termes « usuels » qu'un coupleutilise pour se prouver leur attachement.

On retrouve donc les termes : « laissa pour gage » (l4), « Je te laisse mon fils pour gagede ma foi » (l10), « il me retrouve en toi » (l11), « à quel point tu chérissais le père » (l13), « périr tous ses aïeux » (l15). En effet, la notion de fidélité entre Hector et Andromaque semble être rattaché à leur fils Astynax.

Hector semble même autoriser. »

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