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L'Angleterre

Publié le 27/02/2008

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A la fin XVIe siècle, l'Angleterre, malgré les faits d'armes maritimes et l'éclat culturel du règne d'Elisabeth Ire, n'était qu'un petit royaume peu peuplé d'une Europe du Nord encore marginale. En dépit de son insularité et de certaines particularités dans ses structures, elle ne se différenciait pas nettement des pays voisins, et par exemple son Parlement était-il si différent des Assemblées d'États que toléraient encore les monarchies continentales ? Pendant une grande partie du XVIIe siècle, son originalité ne s'est pas sensiblement accentuée. Certes, l'Angleterre a connu une révolution qui a décapité judiciairement un monarque oint du Seigneur, mais la " Grande Rébellion " s'est terminée par un échec, tout comme les révoltes qui ont ébranlé au terme moment plusieurs États continentaux, dont la France de la Fronde. C'est seulement à la fin du siècle, pendant le tournant décisif des guerres contre Louis XIV, dont les impératifs ont précipité de multiples transformations, que l'Angleterre s'est orientée dans une voie propre, à contre-courant du reste de l'Europe. Face à l'absolutisme de Louis XIV, elle limite la monarchie, affaiblit l'État, protège la liberté ­ ou plutôt les libertés ­ du sujet. En mettre temps, elle s'assure une avance économique et technique, et elle conquiert une décisive supériorité navale.                Au long d'un XVIIIe siècle dont la stabilité et le conservatisme contrastent avec les orages du XVIIe, l'originalité britannique s'est néanmoins affirmée. A l'âge des monarchies administratives et du despotisme éclairé, certaines formes du régime parlementaire s'esquissent ou se consolident. L'expansion coloniale fait du petit archipel la tête d'un immense empire et, surtout, l'Angleterre entame une révolution technique qui constitue une coupure décisive de l'histoire humaine et dont est né le monde contemporain. Révolution industrielle qu'elle est le premier pays à réaliser, donc le seul à accomplir spontanément, sans exemple ni aide extérieurs. Enfin, seule puissance à avoir résisté victorieusement à la France révolutionnaire et impériale, l'Angleterre émerge triomphante en 1815 comme la première et seule puissance mondiale, pour exercer pendant le XIXe siècle une prépondérance longtemps incontestée.  
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« hommes de loi enrichis mais elle fournit aussi des recrues aux groupes supérieur ou inférieur et noue avec eux desliens de famille, d'affaires ou de clientèle.

Qu'ils soient titrés ou non, les grands propriétaires forment donc un groupesolidement homogène (la noblesse ayant d'ailleurs peu ou prou de privilèges) et, d'autre part, les rapports sont siétroits entre le monde de l'argent et celui de la terre, entre marchands et gentry , que l'on peut contester qu'il existait en Angleterre une " bourgeoisie " concept continental, mal adapté aux réalités sociales anglaises ou terme,avant la fin du XVIIIe siècle, une classe moyenne urbaine indépendante ; celle-ci n'est en effet qu'un étattransitoire : le marchand qui a réussi achète un domaine et sa famille s'intègre assez vite à la gentry ; celui qui échoue retombe dans l'obscurité ; il n'existe pas de dynasties de négociants.

Aucun conflit fondamental n'oppose lecomptoir et la country-house .

Et P.

Laslett a pu soutenir que la société anglaise était " à classe unique ", nobles, squires et marchands formant une terme classe dominante, qui monopolise la richesse, le pouvoir et l'instruction, qui seule possède une conscience de classe et une conscience politique, qui seule mérite le nom de classe àproprement parler.

Et Laslett le refuse aux masses populaires, pauvres (vers 1688 plus de la moitié de la populationest indigente), ignorantes, assujetties aux squires ; présents dans presque tous les villages, ceux-ci, appuyés par les vicaires anglicans, dominent ces minuscules communautés où toute la vie dépend d'eux et où aucun groupe nemenace la stabilité d'un système patriarcal de domination, renforcé par la résignation religieuse.

La ligne dedémarcation fondamentale dans la société anglaise des XVIIe et XVIIIe siècles est celle du gentleman , l'homme dont la fortune est suffisante pour lui permettre de vivre sans travailler de ses mains, et elle a toujours été plus profondeque celles qui séparaient les diverses sections de la minorité dirigeante.

Ainsi, l'oligarchie terrienne domine l'Angleterre.

Si elle laisse aux couches inférieures l'essentiel des entreprises commerciales, industrielles etminières, elle ne dédaigne pas d'y participer activement et réalise à Londres de fructueuses opérations d'urbanisme, qui créent les squares caractéristiques de la capitale ; elle finance au XVIIIe siècle pour une bonne part la révolution des transports : turnpike roads et canaux ; ne pouvant compter, pour accroître ses revenus, ni sur " l'exploitation féodale ", vu la quasi-disparition du système seigneurial, ni sur les faveursd'un État affaibli, elle réalise, avec la collaboration de ses fermiers, la révolution agricole KW163 , préalable indispensable de la révolution industrielle KW169 .

Et la country-house , renaissance ou baroque, palladienne ou néoclassique, voire néogothique, souvent véritable palais qu'envieraient bien des souverains continentaux, concentre la civilisation anglaise ; avec ses colonnes orgueilleuses, surgissant du beau désordredes parcs à l'anglaise, ses intérieurs délicatement stuqués ou lambrissés, son mobilier Chippendale ou Adam, sa bibliothèque, sa collectiond'œuvres d'art rassemblée dans les Grand Tours , ses Gainsboroughs ou ses Reynolds A106C , ses Van Dycks A125C et ses Canalettos, ses porcelaines de Chine et ses Wedgwoods, elle est le symbole d'une société aristocratique, où l'élégance et la culture l'emportent lentement sur unesimplicité parfois brutale, qui passe du Squire Western à Mr.

Darcy.

Mais elle est aussi le foyer du pouvoir politique, dans un pays où seul le gentleman compte, et où la politique est son affaire exclusive, y compris la " Grande Rébellion ".

Les historiens ont beaucoup discuté des origines de la Révolution anglaise, et en particulier de ses facteurs économiques et sociaux.

Certainsl'interprètent comme une " révolution bourgeoise ", issue du développement du capitalisme, la bourgeoisie montante se dressant contre les forcesféodales, incarnées par une monarchie qui suivait une politique archaïquement paternaliste et restrictive de la liberté d'entreprise.

D'autres y ontvu un conflit entre l'aristocratie déclinante et la gentry , enrichie par les transformations capitalistes de l'agriculture et par l'inflation, ou à l'inverse une révolte de la " pure " (mere) gentry (représentée par Cromwell P081 et les Indépendants), qui ne bénéficiait pas des faveurs royales et qui était menacée par les exactions de la Cour, des nobles et des financiers londoniens qui lui étaient liés.

Mais la recherche concrète montre qu'il n'y eutpas de corrélation entre les choix politiques et les appartenances économico-sociales, que les deux " partis ", royaliste et parlementaire, avaient engros la même composition sociale, que la ligne de clivage au sein de la société fut verticale, ou au pire oblique, et non pas horizontale.

LaRévolution et la guerre civile furent un confit à l'intérieur de la classe dominante ; leurs origines doivent sans doute entre cherchées dansl'opposition Court-Country , qui s'était déjà manifestée au sein des Parlements d'Elisabeth et qui s'affirma sous Jacques Ier P1832 ; comme le noyau du country-party était puritain, cette conception amènerait à revaloriser le rôle des convictions religieuses et des choix individuels, à voir dans la guerre civile la dernière des guerres de religion.

Il est vrai que des éléments " populaires " ont joué à certains moments un rôle dans la Révolution,que Levellers et Diggers ont fait entendre des revendications démocratiques ou même communistes, mais elles ont été bientôt étouffées.

La Révolution anglaise n'est pas une révolution sociale ; les changements sociaux qui en ont résulté ont été très modestes ; elle n'a guère accélérél'essor du capitalisme ; la politique économique et sociale du Commonwealth a été fort conservatrice.

Et ce serait une plaisante " révolution bourgeoise " que celle qui aboutit finalement en 1688 à limiter la monarchie au profit exclusif des grands propriétaires, et à leur assurer pour prèsde deux siècles un quasi-monopole du pouvoir politique, avec la part du lion pour l'aristocratie, dont la puissance fut rétablie sans peine après latourmente.

Certains répliquent, il est vrai, qu'il s'agit d'une aristocratie " embourgeoisée ", mais ce n'est guère qu'une pirouette...

Après les échecs successifs de la tentative absolutiste des deux premiers Stuarts, de la dictature militaire du Protectorat et du compromis de laRestauration, trop imprécis et ruiné par les erreurs de Jacques II P1833 , la " Glorieuse Révolution KW086 " de 1688 assure enfin à l'Angleterre un équilibre durable (les tensions religieuses ayant par ailleurs fortement baissé).

Mais le système politique qui en est issu, et qui prendprogressivement des contours plus définis pendant les décennies suivantes, est un système " vénitien ", selon l'expression de Disraeli P091 : il est contrôlé par l'oligarchie foncière et la possession de la terre est, beaucoup plus qu'avant 1688, la condition de l'exercice soutenu du pouvoirpolitique.

Certes, la Couronne conserve des pouvoirs considérables, et les différents souverains y compris les deux premiers Hanovriens les ont exercésavec plus d'alacrité que ne le veut la tradition.

En particulier, nul ne conteste que le roi est libre de choisir ses " serviteurs confidentiels ", et leprincipe de la solidarité ministérielle reste longtemps inconnu.

Ce fut la faveur des Hanovriens qui, après 1714, porta et maintint au pouvoir lesgrands seigneurs whigs.

Plus tard, il n'y eut aucune tentative archaïque de restaurer la prérogative royale et de menacer les libertés, mais uneinitiative tout à fait normale, quand George III P1651 se débarrassa de la tutelle des Grands Whigs et appela au pouvoir ses amis personnels.

Un gouvernement ne peut exister sans la confiance du roi.

Mais il doit avoir aussi l'oreille du Parlement P336M4 , dont le pouvoir a grandi après 1688, et notamment de la Chambre des Communes KW040 , qui tend à devenir le cœur du système politique.

Sans le consentement du Parlement P336M4 , qui désormais se réunit chaque année, le roi ne peut ni modifier les lois, ni lever les impôts, ni entretenir l'armée et la marine ; ses ministres ne peuvent pas se maintenir longtemps si la majorité desCommunes leur est hostile, et le roi doit tenir compte de leurs préférences et de leurs refus.

Or le Parlement P336M4 , ipso facto pour la Chambre. »

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