Devoir de Philosophie

L'Angleterre

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

angleterre
Des rois normands à la dynastie Tudor (de 1066 à 1485)                L'histoire, a écrit Marc Bloch, est la science du passé humain ; on peut donc la considérer avant tout comme l'étude d'une évolution des groupes humains. Or, nulle évolution ne fut plus radicale que celle de l'Angleterre au Moyen Âge, si nous l'envisageons entre la conquête normande de 1066 et la fin du XVe siècle. Mais si Henri VII peut être considéré comme le premier roi moderne de l'Angleterre, il a tiré en grande partie sa puissance d'une organisation politique qui est l'aboutissement, après quatre siècles d'évolution, de l'oeuvre de Guillaume le Conquérant.                Au vrai, l'évolution politique n'est que le reflet de l'évolution économique et sociale : elle traduit et dirige au sommet les aspirations des hommes, toujours marquées par les circonstances économiques. Pendant quatre siècles, l'État anglais, né de la conquête et d'abord uni aux possessions continentales de ses maîtres, s'est peu à peu, et à contrecoeur, dégagé de ces attaches extérieures et a accompli une évolution originale. L'Angleterre s'est repliée sur les Iles Britanniques, elle a pris conscience d'ellemême, elle est devenue une nation.
angleterre

« Des rois normands à la dynastie Tudor (de 1066 à 1485) L'histoire, a écrit Marc Bloch, est la science du passé humain ; on peut donc la considérer avant tout comme l'étude d'une évolution des groupeshumains.

Or, nulle évolution ne fut plus radicale que celle de l'Angleterre au Moyen Âge, si nous l'envisageons entre la conquête normande de1066 et la fin du XVe siècle.

Mais si Henri VII peut être considéré comme le premier roi moderne de l'Angleterre, il a tiré en grande partie sa puissance d'une organisation politique qui est l'aboutissement, après quatre siècles d'évolution, de l'œuvre de Guillaume le Conquérant .

Au vrai, l'évolution politique n'est que le reflet de l'évolution économique et sociale : elle traduit et dirige au sommetles aspirations des hommes, toujours marquées par les circonstances économiques.

Pendant quatre siècles, l'Étatanglais, né de la conquête et d'abord uni aux possessions continentales de ses maîtres, s'est peu à peu, et àcontrecœur, dégagé de ces attaches extérieures et a accompli une évolution originale.

L'Angleterre s'est repliée surles Iles Britanniques, elle a pris conscience d'elle-même, elle est devenue une nation.

L'Angleterre médiévale est cependant loin d'embrasser tout le territoire des Iles Britanniques.

C'est un État limité au nord par le royaume d'Écosse,à l'ouest par les principautés galloises.

Au XIe siècle, l'Irlande n'en fait pas partie ; mais, à partir du XIIe, les rois d'Angleterre y prennent pied et yfondent des établissements durables.

Cependant, bien que Jean sans Terre ait cru pouvoir s'intituler " seigneur de l'Irlande ", les résistances locales ont duré pendant tout le Moyen Âge : au XVe siècle encore, on ne peut fixer avec précision les limites territoriales de la pénétrationanglaise.

Il en est de même pour le Pays de Galles : malgré les expéditions d' Henri II , la conquête systématique d' Édouard Ier , malgré le titre de Prince de Galles porté depuis le XIVe siècle par l'héritier du trône anglais, l'autorité du roi d'Angleterre sur ce pays est encore au XVe sièclecontestée et précaire.

Les seigneurs anglais établis à proximité de la frontière galloise, dans les Marches, ont toujours été investis, à cause denécessités guerrières vivement ressenties en ce secteur agité, de pouvoirs et de responsabilités très supérieurs à ceux des barons de l'intérieur.Depuis les comtes palatins, établis par Guillaume le Conquérant , jusqu'aux " Lords marchers " du XIVe siècle, ils ont tiré de l'insécurité à laquelle ils devaient faire face une puissance qui inquiéta souvent la monarchie.

Quant à l'Écosse, le rêve des rois d'Angleterre fut toujours de l'unir à leurroyaume, sans jamais y parvenir durant le Moyen Âge ; tout au plus réussirentils, par intermittence, à obtenir du roi d'Écosse qu'il se reconnut leurvassal.

Le royaume anglais, ainsi limité, est remarquable par une évolution due à la fusion de deux races et de deux mentalités : le vieux fond saxon,d'ailleurs transformé par la domination scandinave, qui, au XIe siècle, était parvenu à une civilisation raffinée, mais qui était emprisonné dans unsystème politique aboutissant à l'oligarchie ; l'apport nouveau du peuple normand, jeune, entreprenant, débordant d'activité et de combativité.Après une période au cours de laquelle l'irruption des Normands fournit des cadres efficaces, mais tyranniques et sans scrupules, qui façonnentsans ménagements la société et les institutions, le XIVe siècle apparaît comme le début d'une ère nouvelle : un peuple anglais, dans lequel se sontfondus les Saxons et les descendants des Normands, est né.

La monarchie, d'abord incarnée dans la personne du roi, évolue vers une notion plusélaborée dans laquelle le roi n'est plus que le représentant de cette abstraction auguste qu'est la Couronne.

A côté de son pouvoir, s'estdéveloppé un pouvoir de contrôle, d'abord purement aristocratique, mais auquel commencent peu à peu à participer les classes non nobles : c'estle Parlement.

Au XVe siècle, la lutte entre ce pouvoir et celui du roi, que certains souverains voudraient absolu, n'est pas encore apaisée.

A côtéde cette évolution constitutionnelle, on voit peu à peu s'établir la " commonlaw " pour tous les sujets du roi et il y a un effort de législation, sansdoute unique dans l'Europe médiévale.

Au point de vue social, l'évolution n'en est pas moins frappante : partie de l'organisation manoriale, quisuppose un travail en commun assuré par des corvées, un demiasservissement des travailleurs ruraux, un paysage où domine l'" openfield ",l'Angleterre du XVe siècle connaît la liberté pour tous, une forme très large de tenure, qui équivaut à la petite propriété paysanne, un paysage dechamps enclos qui assurent les droits exclusifs de leurs possesseurs.

L'industrie est née.

L'Angleterre qui, au XIIIe siècle, était exportatrice delaine brute, a cessé, au XVe, d'être " l'Australie des PaysBas " et elle traite ellemême sa laine.

Le commerce se développe et entraîne la constructiond'une flotte marchande : de plus en plus, l'Angleterre prend conscience de sa vocation maritime.

La langue française, langue officielle et languedes classes dirigeantes jusqu'au début du XIVe siècle, est supplantée par l'anglais, dans lequel s'expriment depuis 1350 les conteurs et les poètes.Après l'importation d'un art roman, puis gothique, qui a d'ailleurs enrichi l'Angleterre d'admirables chefsd'œuvre, un style particulier et original sedéveloppe, le style perpendiculaire.

En vérité, l'Angleterre d' Henri VII P142 , à tous points de vue, offre un visage bien différent de celle de Guillaume le Conquérant P125 qui en est pourtant le point de départ.

Lorsque Guillaume de Normandie, le 25 décembre 1066, fut couronné roi d'Angleterre, il prétendait succéder par droit héréditaire à son cousinÉdouard le Confesseur P096 ; il n'annonçait donc aucun changement dans les institutions et la société.

La seule mesure par laquelle il lésait les intérêts de seigneurs anglosaxons fut prise au nom de ce principe de légitimité : comme Guillaume était, en droit, l'héritier du royaume, ceux quiavaient combattu pour l'usurpateur Harold P1729 étaient, à ses yeux, des rebelles et il confisqua leurs biens.

Il adjoignit ainsi des terres fort considérables à celles qui composaient le domaine des rois saxons, ce qui lui permit de récompenser par des concessions de fiefs le petit groupedes fidèles grâce auxquels il avait triomphé sur le champ de bataille de Hastings P125M1 .

Jusquelà, rien, ou presque, n'était changé dans cette société, d'ailleurs raffinée, qui se trouvait soumise à la domination d'un prince normand et dans laquelle venaient s'implanter quelques grandsseigneurs venus non seulement de la Normandie, mais aussi de la Bretagne, de la Flandre, du Poitou et d'autres régions de la France.

Nombreuxfurent les Saxons qui s'en accommodèrent et qui prêtèrent fidèlement leur concours au roi contre ses ennemis, Gallois, Scandinaves ou Saxonsmécontents.

C'est seulement entre 1069 et 1075 que Guillaume dut faire face à des révoltes qui prenaient parfois figure de séditions nationales oulégitimistes et qu'il dut faire de nouveau appel à ses vassaux normands qui s'établirent dans le pays et donnèrent à la société une organisationinspirée de la société féodale normande.

Alors commence à s'édifier en quelques décades une société très différente de celle qui avait précédé la conquête et l'on voit s'implanter un régimedans lequel la terre est concédée par le roi en contrepartie d'un service.

D'immenses seigneuries, formées des dépouilles des Saxons, sontconférées à des barons laïques ou ecclésiastiques qui, en retour, doivent fournir à l'ost royal un nombre déterminé de chevaliers.

Ces barons seprofurent des combattants, soit en les louant, soit en les entretenant, soit en leur concédant sur les vastes terres qu'ils ont reçues en fief, depetites dotations représentant le minimum de revenus qui permette à un chevalier de vivre noblement et de s'équiper : le fief de chevalier.

Cettehiérarchie de terres ne s'est pas constituée en un clin d'œil : le régime s'est implanté, affermi et perfectionné lentement.

Sous Henri Ier P137 , cinquante ans après la Conquête, il a acquis ses traits définitifs et la société féodale est constituée des " tenants en chef ", vassaux directs du roi,. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles