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Anthologie Rimbaldienne

Publié le 05/11/2012

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Sommaire 1 . Préface 2. Biographies 3. Poèmes Sensation Arthur Rimbaud La Venus Anadyomène Arthur Rimbaud Le poème de la femme Marbre de Paros Théophile Gautier Mon rêve familier   Paul Verlaine Quand vous serez bien vielle, au soir, de la chandelle Pierre de Ronsard Stances à marquise Pierre Corneille Les Cheveux d'or Joachim du Bellay A une femme Victor Hugo Les fleurs du mal "les bijoux" Charles Baudelaire A Elvire Alphonse de Lamartine     Sensation Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers Picoté par les blés, fouler l'herbe menue: Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds. Je laisserai le vent baigner ma tête nue. Je ne parlerai pas, je ne penserai à rien: Mais l'amour infini me montera dans l'âme, Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien, Par la nature, - heureux comme avec une femme. Arthur Rimbaud Vénus Anadyomène Comme d'un cercueil vert en fer blanc, une tête De femme à cheveux bruns fortement pommadés D'une vieille baignoire émerge, lente et bête, Avec des déficits assez mal ravaudés ; Puis le col gras et gris, les larges omoplates Qui saillent ; le dos court qui rentre et qui ressort ; Puis les rondeurs des reins semblent prendre l'essor ; La graisse sous la peau paraît en feuilles plates ; L'échine est un peu rouge,
et le tout sent un goût Horrible étrangement ; on remarque surtout Des singularités qu'il faut voir à la loupe... Les reins portent deux mots gravés : Clara Venus ; – Et tout ce corps remue et tend sa large croupe Belle hideusement d'un ulcère à l'anus. Arthur Rimbaud Le Poème de la Femme (Marbre de Paros) Un jour, au doux rêveur qui l'aime, En train de montrer ses trésors, Elle voulut lire un poème, Le poème de son beau corps. D'abord, superbe et triomphante Elle vint en grand apparat, Traînant avec des airs d'infante Un flot de velours nacarat: Telle qu'au rebord de sa loge Elle brille aux Italiens, Ecoutant passer son éloge Dans les chants des musiciens. Ensuite, en sa verve d'artiste, Laissant tomber l'épais velours, Dans un nuage de batiste Elle ébaucha ses fiers contours. Glissant de l'épaule à la hanche, La chemise aux plis nonchalants, Comme une tourterelle blanche Vint s'abattre sur ses pieds blancs. Pour Apelle ou pour Cléomène, Elle semblait, marbre de chair, En Vénus Anadyomène Poser nue au bord de la mer. De grosses perles de Venise Roulaient au lieu de gouttes d'eau, Grains laiteux qu'un rayon irise, Sur le frais satin de sa peau. Oh! quelles ravissantes choses, Dans sa divine nudité, Avec les strophes de ses poses, Chantait
cet hymne de beauté! Comme les flots baisant le sable Sous la lune aux tremblants rayons, Sa grâce était intarissable En molles ondulations. Mais bientôt, lasse d'art antique, De Phidias et de Vénus, Dans une autre stance plastique Elle groupe ses charmes nus. Sur un tapis de Cachemire, C'est la sultane du sérail, Riant au miroir qui l'admire Avec un rire de corail; La Géorgienne indolente, Avec son souple narguilhé, Étalant sa hanche opulente, Un pied sous l'autre replié. Et comme l'odalisque d'Ingres, De ses reins cambrant les rondeurs En dépit des vertus malingres, En dépit des maigres pudeurs! Paresseuse odalisque, arrière! Voici le tableau dans son jour, Le diamant dans sa lumière ; Voici la beauté dans l'amour! Sa tête penche et se renverse Haletante, dressant les seins, Aux bras du rêve qui la berce, Elle tombe sur ses coussins. Ses paupières battent des ailes Sur leurs globes d'argent bruni, Et l'on voit monter ses prunelles Dans la nacre de l'infini. D'un linceul de point d'Angleterre Que l'on recouvre sa beauté : L'extase l'a prise à la terre; Elle est morte de volupté ! Que les violettes de Parme, Au lieu des tristes fleurs des morts Où chaque perle est une larme, Pleurent en bouquets sur son corps! Et que mollement on la pose Sur
son lit, tombeau blanc et doux, Où le poète, à la nuit close, Ira prier à deux genoux. Théophile Gautier Mon rêve familier     Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant     D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime,     Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même     Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.     Car elle me comprend, et mon coeur transparent     Pour elle seule, hélas! cesse d'être un problème     Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,     Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.     Est-elle brune, blonde ou rousse? Je l'ignore.     Son nom? Je me souviens qu'il est doux et sonore,     Comme ceux des aimés que la vie exila.     Son regard est pareil au regard des statues,     Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a     L'inflexion des voix chères qui se sont tues.   Paul Verlaine (Poèmes saturniens) « Quand vous serez bien vieille… « Les Sonnets pour Hélène (Hélène de Surgères)  Quand vous serez bien vieille, au soir à la chandelle, Assise auprès du feu, dévidant et filante, Direz chantant mes vers, en vous émerveillant : « Ronsard me célébrait du temps que j’étais belle. « Lors vous n’aurez servante oyant telle nouvelle, Déjà sous le labeur à demi sommeillant, Qui au bruit
de Ronsard ne s’aille réveillant, Bénissant votre nom de louange immortelle. Je serai sous la terre, et fantôme sans os Par les ombres myrteuxa je prendrai mon repos ; Vous serez au foyer une vieille accroupie, Regrettant mon amour et votre fier dédain. Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain : Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vies. Pierre de Ronsard Stances à Marquise Marquise si mon visage A quelques traits un peu vieux, Souvenez-vous qu'à mon âge Vous ne vaudrez guère mieux. Le temps aux plus belles choses Se plaît à faire un affront, Et saura faner vos roses Comme il a ridé mon front. Le même cours des planètes Règle nos jours et nos nuits On m'a vu ce que vous êtes Vous serez ce que je suis. Cependant j'ai quelques charmes Qui sont assez éclatants Pour n'avoir pas trop d'alarmes De ces ravages du temps. Vous en avez qu'on adore; Mais ceux que vous méprisez Pourraient bien durer encore Quand ceux-là seront usés. Ils pourront sauver la gloire Des yeux qui me semblent doux, Et dans mille ans faire croire Ce qu'il me plaira de vous. Chez cette race nouvelle, Où j'aurai quelque crédit, Vous ne passerez pour belle Qu'autant que je l'aurai dit. Pensez-y, belle Marquise. Quoiqu'un grison fasse effroi, Il vaut bien qu'on le courtise, Quand
il est fait comme moi. Pierre Corneille Les Cheveux d'or   Ces cheveux d'or sont les liens, Madame, Dont fut premier ma liberté surprise Amour la flamme autour du coeur éprise, Ces yeux le trait qui me transperce l'âme. Forts sont les noeuds, âpre et vive la flamme, Le coup de main à tirer bien apprise, Et toutefois j'aime, j'adore et prise Ce qui m'étreint, qui me brûle et entame. Pour briser donc, pour éteindre et guérir Ce dur lien, cette ardeur, cette plaie, Je ne quiers fer, liqueur, ni médecine: L'heur et plaisir que ce m'est de périr De telle main ne permet que j'essaie Glaive tranchant, ni froideur, ni racine. Joachim du Bellay A une femme Enfant ! si j'étais roi, je donnerais l'empire, Et mon char, et mon sceptre, et mon peuple à genoux Et ma couronne d'or, et mes bains de porphyre, Et mes flottes, à qui la mer ne peut suffire, Pour un regard de vous ! Si j'étais Dieu, la terre et l'air avec les ondes, Les anges, les démons courbés devant ma loi, Et le profond chaos aux entrailles fécondes, L'éternité, l'espace, et les cieux, et les mondes, Pour un baiser de toi ! Victor Hugo Les Fleurs du Mal , « Les Bijoux «     La très chère était nue, et, connaissant mon cœur,     Elle n'avait gardé que ses bijoux sonores,     Dont le
riche attirail lui donnait l'air vainqueur     Qu'ont dans leurs jours heureux les esclaves des Mores.     Quand il jette en dansant son bruit vif et moqueur,     Ce monde rayonnant de métal et de pierre     Me ravit en extase, et j'aime à la fureur     Les choses où le son se mêle à la lumière.     Elle était donc couchée et se laissait aimer,     Et du haut du divan elle souriait d'aise     À mon amour profond et doux comme la mer,     Qui vers elle montait comme vers sa falaise.     Les yeux fixés sur moi comme un tigre dompté,     D'un air vague et rêveur elle essayait des poses,     Et la candeur unie à la lubricité     Donnait un charme neuf à ses métamorphoses ;     Et son bras et sa jambe, et sa cuisse et ses reins,     Polis comme de l'huile, onduleux comme un cygne,     Passaient devant mes yeux clairvoyants et sereins ;     Et son ventre et ses seins, ces grappes de ma vigne,     S'avançaient, plus câlins que les Anges du mal,     Pour troubler le repos où mon âme était mise,     Et pour la déranger du rocher de cristal     Où, calme et solitaire, elle s'était assise.     Je croyais voir unis par un nouveau dessin     Les hanches de l'Antiope au buste d'un imberbe,     Tant sa taille faisait ressortir son bassin.     Sur ce teint fauve et brun le fard était
superbe !     – Et la lampe s'étant résignée à mourir,     Comme le foyer seul illuminait la chambre,     Chaque fois qu'il poussait un flamboyant soupir,     Il inondait de sang cette peau couleur d'ambre ! Charles Baudelaire A Elvire Oui, l'Anio murmure encore Le doux nom de Cynthie aux rochers de Tibur, Vaucluse a retenu le nom chéri de Laure, Et Ferrare au siècle futur Murmurera toujours celui d'Eléonore! Heureuse la beauté que le poète adore! Heureux le nom qu'il a chanté! Toi, qu'en secret son culte honore, Tu peux, tu peux mourir! dans la postérité Il lègue à ce qu'il aime une éternelle vie; Et l'amante et l'amant sur l'aile du génie Montent, d'un vol égal, à l'immortalité! Ah! si mon frêle esquif, battu par la tempête, Grâce à des vents plus doux, pouvait surgir au port? Si des soleils plus beaux se levaient sur ma tête? Si les pleurs d'une amante, attendrissant le sort, Écartaient de mon front les ombres de la mort? Peut-être?..., oui, pardonne, ô maître de la lyre! Peut-être j'oserais, et que n'ose un amant? Égaler mon audace à l'amour qui m'inspire, Et, dans des chants rivaux célébrant mon délire, De notre amour aussi laisser un monument! Ainsi le voyageur qui dans son court passage Se repose un moment à l'abri du vallon, Sur l'arbre hospitalier dont
il goûta l'ombrage Avant que de partir, aime à graver son nom! Vois-tu comme tout change ou meurt dans la nature? La terre perd ses fruits, les forêts leur parure; Le fleuve perd son onde au vaste sein des mers; Par un souffle des vents la prairie est fanée, Et le char de l'automne, au penchant de l'année, Roule, déjà poussé par la main des hivers! Comme un géant armé d'un glaive inévitable, Atteignant au hasard tous les êtres divers, Le Temps avec la Mort, d'un vol infatigable Renouvelle en fuyant ce mobile univers! Dans l'éternel oubli tombe ce qu'il moissonne : Tel un rapide été voit tomber sa couronne Dans la corbeille des glaneurs! Tel un pampre jauni voit la féconde automne Livrer ses fruits dorés au char des vendangeurs! Vous tomberez ainsi, courtes fleurs de la vie! Jeunesse, amour, plaisir, fugitive beauté! Beauté, présent d'un jour que le ciel nous envie, Ainsi vous tomberez, si la main du génie Ne vous rend l'immortalité! Vois d'un oeil de pitié la vulgaire jeunesse, Brillante de beauté, s'enivrant de plaisir! Quand elle aura tari sa coupe enchanteresse, Que restera-t-il d'elle? à peine un souvenir : Le tombeau qui l'attend l'engloutit tout entière, Un silence éternel succède à ses amours; Mais les siècles auront passé sur ta poussière, Elvire, et tu vivras
toujours! Alphonse de Lamartine 3. Poèmes 1. Préface 2. Biographies Arthur Rimbaud né à Charleville en 1854 et décède à Marseille en 1891 est un poète Français.Génie précoce, il vient à Paris à l'age de dix-sept ans. Sa liaison orageuse avec Verlaine se termine par une scène violente : blessé d'un coup de revolver, Rimbaud compose, sous le choc, les poème en prose d'Une saison en enfer, ou il exprime ses "délires". A vingt ans, il cesse quasiment toute activité d'écrivain. Il mène alors une existence errante : soldat puis déserteur, négociant, ... ) . En 1886, le Vogue publie son recueil de prose Illuminations. Il meurt à l'hôpital de Marseille, au moment où la poésie commence à être reconnue comme l'aboutissement des recherches romantiques. Théophile Gautier né à Tarbes en 1811 et décède à Neuilly en 1872 est un écrivain Français. Partisan du romantisme à la bataille d'Hernani, critique d'art et de théâtre, auteur de récits de voyage, de nouvelles fantastiques et de romans, il a défendu en poésie "l'art pour l'art". Paul Verlaine né à Metz en 1844 et décède à Paris en 1896 est un poète Français. D'abord "poète -fonctionnaire", il supporte mal son mariage et s'adonne à l'absinthe, écrivain même des poème où se mêlent mélancolie et désirs. Après un répit, il rencontre Rimbaud, qui le
fascine et bouleverse sa vie jusqu'à le conduire en prison. Il aspire alors à une poésie musicale et revient au catholicisme. Promu initiateur du symbolisme, contribuant à faire connaître les Poètes maudits, il mène une vie errante d'hôpitaux en cafés. Il   a laissé une poésie tantôt nostalgique et crépusculaire, tantôt vive et libre, animée par le ton parlé et l'imprévu des rythmes impairs. Pierre de Ronsard né en 1524 au Château de la Possonnière et décède près de Tour e, 1585 est un poète Français. En raison d'une surdité précoce, il doit abandonner la carrière des armes. Il s'adonne alors à l'études des lettres latines et grecques, et se propose, avec le groupe de la Pléiade, de renouveler l'inspiration et la forme de la poésie française. Pierre Corneille né à Rouen en 1606 et décède à Paris en 1684 est un poète dramatique Français. Avocat, il débute au théâtre par des comédie et devient célèbre avec un tragi-comedie"le cid" qui provoque une querelle littéraire. Sensible aux critiques, il se consacre alors à la tragédie, sans abandonner la comédie à la mode espagnole et les divertissements de cours.  Joachim du Bellay né près de Liré en 1522 et décède à Paris 1560 est un poète Français. Ami et collaborateur de Ronsard, il rédigea le manifeste de la Pléiade.  Victor Hugo né à Besançon en
1802 et décède à Paris en 1885 est un écrivain Français. Fils d'un général de l'Empire, il est d'abord un poète classique et monarchiste. Après l'échec de sa trilogie dramatique des Burgraves et la mort de sa fille Léopoldine,il se consacre à la politique. Député en 1848, il s'exile à Jersey, puis à Guernesey après le coup d'état du 2 septembre 1851. C'est alors qu'il donne les poèmes satiriques des Châtiments, dirigés contre Napoléon iii, le recueil lyrique des Contemplation, histoire de l'âme du poète dédié à Léopoldine. Rentré en France en 1870, partisan des idées républicaines, il est un personnage honoré et officiel, et, à sa mort, ces cendres sont transférées au Panthéon. Charles Baudelaire né à Paris en 1821 et décède en 1867 est un poète Français.Héritier du romantisme et fidèle à la prosodie traditionnelle, il exprime à la fois le tragique de la destinée humaine et une vision de l'univers, qui lui valurent une condamnation pour immoralité. Alphonse de Lamartine né à Mâcon en 1790 et décède à Paris en 1869 , est un poète, prosateur et homme politique Français. Il représente l'une des grandes figures du romantisme poétique en France.  La femme dans les poèmes est un thème très apprécié par les poètes. Elle est une source d'inspiration, une muse la plupart du temps ou un sujet de caricature.

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