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L'apparence est-elle un mensonge ?

Publié le 31/01/2004

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mensonge
Cette séparation entre l'être et l'apparence, la vraie réalité et la réalité inauthentique, se retrouve chez Kant qui sépare la réalité nouménale (celle des choses en soi) de la réalité phénoménale (celle que nous connaissons théoriquement). L'homme ne peut jamais connaître qu'une réalité informée par les formes a priori de sa sensibilité (espace et temps) et les concepts a priori de son entendement (catégorie de la causalité, par exemple). Certes, chez Kant, l'apparence n'est plus l'ombre de l'Idée et du vrai, mais il y a l'affirmation que le monde que nous connaissons est une vérité élaborée par l'esprit, donc en quelque sorte seconde par rapport à la vérité de la réalité nouménale. L'apparence est l'apparaître même de la vérité. L'opposition entre l'au-delà et l'en-deça, l'affirmation que le réel singulier est une déperdition, la croyance à « l'être-de-derrière-l'apparition », les grandes Idées, l'idéalisme, tout cela est fortement récusé par Nietzsche qui affirme que l'apparence, loin d'être mensonge, est l'apparaître même de la vérité. Il n'existe qu'un seul monde et ce monde a valeur et sens. L'apparence et l'être ou le vrai sont indissociablement liés. La vérité en sa profondeur se manifeste bien par son apparaître. L'apparence appartient elle-même à la réalité, elle est une forme de son être. Les opposition métaphysiques entre l'apparence et le réel, le mensonge et la vérité, ne sont que le symptôme de notre impuissance originaire à supporter un monde qui serait pur chaos, devenir contradictoire, informe et ineffable.
mensonge

« L'apparence est l'apparaître même de la vérité. L'opposition entre l'au-delà et l'en-deça, l'affirmation que le réel singulier estune déperdition, la croyance à « l'être-de-derrière-l'apparition », les grandesIdées, l'idéalisme, tout cela est fortement récusé par Nietzsche qui affirmeque l'apparence, loin d'être mensonge, est l'apparaître même de la vérité.

Iln'existe qu'un seul monde et ce monde a valeur et sens.

L'apparence et l'êtreou le vrai sont indissociablement liés.

La vérité en sa profondeur se manifestebien par son apparaître.

L'apparence appartient elle-même à la réalité, elle estune forme de son être.

Les opposition métaphysiques entre l'apparence et leréel, le mensonge et la vérité, ne sont que le symptôme de notre impuissanceoriginaire à supporter un monde qui serait pur chaos, devenir contradictoire,informe et ineffable.

Quelques références à utiliser: La dépréciation Platonicienne de l'art. Platon montre que l'image artistique est doublement inadéquate, à la fois àl'être (à l'Idée) et à l'étant (à la chose représentée).

Que l'on compare, pourreprendre l'exemple du livre x, un lit fait par un menuisier, et un lit peint parun peintre.

L'artisan qui veut fabriquer un lit doit se référer en pensée à l'Idée du lit, se soumettre à ce qu'exige untel ustensile, obéir à ses conditions d'utilisation.

Le peintre pourra se contenter de quelques traits et ombres quiévoqueront un lit.

Il lui suffira pour produire une vue du lit d'en donner une «apparence» (l'apparence de samatérialité) sans se préoccuper de sa Forme, de son Idée, où se trouve inclus l'usage possible du lit: qu'on puisses'y allonger.

Pour produire son image, l'artiste n'a pas à remonter à l'Idée.

Mais, en outre, Platon s'appuie sur lepostulat réaliste qui veut qu'un lit dont on peut se servir est supérieur à un lit qu'on peut seulement regarder, etencore toujours sous le même angle.

L'art est ainsi condamné comme inadéquat à l'étant, autant qu'à l'être.Mais l'art n'est-il pas au moins respectable sinon admirable parce qu'il est difficile ? Non, rien de plus simple, ditSocrate, que de produire comme le fait un artiste.

Il suffit pour «produire » de cette façon de prendre un miroir etde le « promener en tous sens ».

Alors naîtront aussitôt des « apparences » (phaïnomena) de toutes choses.

L'artest ainsi déprécié à la faveur d'une affirmation surprenante: l'image artistique n'est qu'un reflet dans un miroir, uneillusion sans substance.

Platon feint d'ignorer qu'il existe une technique du dessin, un art de la couleur.

La théorie dumiroir évacue toute la matérialité de l'art.

L'artiste est assimilé à un charlatan dépourvu de « toute espèce de métier».

Ce qu'il « produit », tout le monde peut le produire, et ce n'est pas une opération très difficile.

« Tu pourrais leproduire toi-même, dit Socrate à Glaucon, d'une certaine façon et qui n'est pas compliquée,[...] pourvu qu'un miroirà la main tu veuilles le promener dans toutes les directions, tu auras vite fait de produire un soleil, vite de produireune terre, vite de te produire toi-même, tout comme le reste, animaux, objets fabriqués, plantes.

» L'artiste estdéfini comme un pseudo-producteur, comme un producteur aveugle de pures et simples apparences.

Car, ditGlaucon, il est certes possible de «produire» avec un miroir, mais ce seront des apparences, et non pas des étants«en vérité» (alètheia).

Le peintre produit un lit «apparent », c'est-à-dire inconsistant.

Et le menuisier ? « Il neproduit pas une Forme, ou ce qu'est le lit, mais seulement un lit particulier » (597 a).

Il ne produit pas la vérité ensoi du lit, c'est-à-dire un lit parfaitement clair, car le bois du lit, le style, la facture, ne font qu'introduire del'obscurité dans la clarté de l'essence du lit.

Cependant il produit vraiment un lit.D'où la hiérarchie des trois lits, qu'établit le texte: le premier lit, l'unique qui soit existant « par nature », lePrototype, l'aspect essentiel établi ou contrôlé par le dieu lui-même ; le second, fabriqué par le menuisier; letroisième, peint par le peintre.

Ici le terme « nature », phusis, signifie bien entendu, l'essence, ce qui se montre desoi-même, par opposition à ce qui est produit par le moyen d'autre chose.

Imitation de la nature veut dire pourPlaton, imitation de l'eïdos, de l'Idée.

L'Idée n'est pas véritablement produite par le dieu.

Il la laisse s'épanouir etveille seulement sur son identité et unicité éternelle.

Car s'il y en avait deux, elles auraient nécessairement unenature commune, et se réduiraient à une troisième.

Ainsi il y a trois sortes de «préposés » à trois modes deprésence de l'être: «Le peintre, l'artisan, le dieu sont ces trois préposés qui président à trois modes de l'eïdos dulit.»Platon distingue donc trois degrés de « production », c'est-à-dire de « venue à la présence », et trois types de «producteurs » : 1.

Le dieu - « il laisse surgir la nature » (phusisphuei).

Dieu seul est artiste, dira Schelling.

Il est nommé phutourgos:celui qui prend soin de la présentation du pur Aspect des choses ;2.

L'artisan - « l'ouvrier du lit » (dèmiourgos klinés), celui qui laisse apparaître dans le bois cet objet disponible, àchaque fois singulier, qui correspond vraiment à l'idée du lit;3.

Le peintre - il ne fait paraître ni le pur Aspect du lit, ni un lit utilisable, mais il obscurcit lourdement l'eïdos par lamatière de la couleur et de la surface peinte, ainsi que par l'angle unique, réducteur, sous lequel est présentél'objet.

Le tableau est ainsi la «troisième production», la troisième « à partir de la nature », dit le texte (597 e),c'est-à-dire à partir de l'Idée.

L'« imitateur » (mimètès) est celui qui préside à ce troisième degré d'éloignement parrapport à la vérité.

Il mérite le nom d'«ouvrier de l'image », car il se propose non pas de représenter le lit tel qu'ilest, mais tel qu'il paraît.L'artiste a-t-il de cette apparence fantomatique le moindre savoir ? Peut-on apprendre d'un peintre la façon de faire. »

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