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L'apparence est-elle toujours trompeuse ?

Publié le 01/01/2005

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La sagesse populaire rappelle que l'apparence est trompeuse : elle nous invite ainsi à nous méfier et à ne porter un jugement sur la nature d'une chose, par exemple sur les intentions de quelqu'un, qu'après l'avoir bien examinée. Incidemment cette formule invite aussi à s'interroger sur l'ambiguïté de la notion d'apparence : si l' apparence nous trompe, c'est aussi par elle seule que les choses nous sont connues.

1. Les apparences sont par nature trompeuses, puisque, par définition, l'apparence d'une chose s'oppose à son essence.

A. L'apparence d'une chose se distingue de cette chose elle-même : une chose est ce qu'elle est, absolument, c'est-à-dire par elle-même, tandis qu'une apparence suppose un point de vue et est relative à une référence. Ce qui apparaît apparaît à quelqu'un. En ce sens, une chose est en soi, tandis qu'une apparence est toujours pour nous.

 

  • 1. L' apparence est par nature trompeuse, puisque, par définition, l'apparence d'une chose s'oppose à son essence.

 

  • 2. L'innocence de l'apparences.

 

  • 3. L'apparence, seule source de connaissance du monde réel pour un être fini.

« lire le sujet Si nous entendons par apparence tout aspect d'une chose en tant qu'il est considéré comme différent de la chose elle-même, de la réalité, dont l'« apparence » serait ainsi l'antonyme, il va de soi que l'apparence est pardéfinition fausse et donc trompeuse.

Dès lors la question n'a plus guère de sens.

En revanche, si nous entendonspar apparence ce qui nous apparaît, c'est-à-dire que nous percevons, on peut en effet se poser la question ducaractère trompeur ou non de l'apparence, c'est-à-dire la question du caractère trompeur des sens. Plan détaillé 1.

Des « erreurs » des sens a) Des exemples Un bâton plongé dans l'eau m'apparaît cassé : je le retire de l'eau et constate qu'il est en réalité droit ; assis dansun train, je crois que mon train démarre, alors que c'est celui de la voie voisine qui s'ébranle ; une bille roulée entremon index et mon majeur croisés me paraît double.

Quotidiennement nous expérimentons des erreurs de nos sens. b) En quoi consistent de telles erreurs ? Quand elle dénonce les illusions sensorielles, la conscience commune le fait en les opposant aux perceptionsnormales et correctes des sens : elle pose donc que dans leur fonctionnement habituel, « normal », les sens nousfont percevoir correctement les choses, telles qu'elles sont réellement, tandis que dans le cas des illusions ils noustrompent.

Il existerait donc des perceptions vraies et des perceptions fausses.

Mais comment expliquer que les sens qui, normalement, percevraient les choses telles qu'elles sont, puissentpercevoir dans d'autre cas des choses fausses ? Et comment puis-je être sûr, lorsque je perçois, que je suis dans lepremier cas et non dans le second ? Dès lors la suspicion est jetée sur la fiabilité des sens, et cette suspicion peutdevenir une défiance complète, comme celle du rationalisme et de l'idéalisme. 2.

Le rationalisme et l'idéalisme: les sens nous trompent a) Le rationalisme Pour le rationalisme (cf.

par ex.

Descartes, Spinoza, Hegel), en effet, la connaissance humaine ne sort pas toutentière des sens et de l'expérience : elle suppose des éléments a priori, des idées et des principes innés, quiconstituent la raison.

La connaissance vraie se fonde sur ces éléments a priori et procède nécessairement d'euxseuls, les sens ne pouvant fournir qu'une vue confuse et provisoire de la vérité.

Bien plus, les sens nous trompentnon seulement par les informations qu'ils communiquent à l'esprit, jà l'âme, mais encore par la puissance qu'ilsexercent sur elle et qui l'empêche de bien juger.

L'apparence est donc toujours trompeuse.

« Nos sens, écritMalebranche, ne nous trompent pas seulement à l'égard de leurs objets, comme de la lumière, des couleurs, et desautres qualités sensibles, ils nous séduisent même touchant les objets qui ne sont point de leur ressort, en nousempêchant de les considérer avec assez d'attention pour en porter un jugement solide.

[...] Pour bien concevoircette vérité, il est absolument nécessaire de savoir que les trois manières dont l'âme aperçoit, savoir par les sens,par l'imagination et par l'esprit, ne la touchent pas toutes également, et que par conséquent elle n 'apporte pas unepareille attention à tout ce qu'elle aperçoit par leur moyen ; car elle s'applique beaucoup à ce qui la touchebeaucoup, et elle est peu attentive à ce qui la touche peu.

Or ce qu'elle aperçoit par les sens la touche et l'appliqueextrêmement, ce qu'elle connaît par l'imagination la touche beaucoup moins ; mais ce que l'entendement luireprésente, je veux dire ce qu'elle aperçoit par elle-même, indépendamment des sens et de l'imagination, ne laréveille presque pas.

[...] Les sens appliquent donc extrêmement l'âme à ce qu'ils lui représentent.

Or, comme elleest limitée et qu'elle ne peut nettement concevoir beaucoup de choses à la fois, elle ne peut apercevoir nettementce que l'entendement lui représente dans le même temps.

» b) L'idéalisme Le rationalisme est solidaire d'un certain idéalisme, c'est-à-dire d'une doctrine soit qui ramène la réalité du mondeextérieur à nos représentations, qui ramène donc toute existence à la pensée, soit qui place la réalité véritable dansun monde idéal, comme le monde platonicien des idées : le monde extérieur, celui que nous percevons devient alorsun monde d'apparences.

Pour Platon, en effet, le monde vrai, le monde réellement réel, n'est pas ce monde que nous percevons et dans. »

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