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Qu'apprend-on quand on apprend à parler ?

Publié le 02/11/2010

Extrait du document

I.                    Le langage : véhicule de toute culture.

II.                 Le langage : comme lien social entre les individus. Et donc comme ouverture sur le monde.

 

« par un travail qui se concrétise dans l'élaboration d'une langue spécialisée permettant d'exprimer les phénomènesconsidérés. A côté de cet argument spéculatif, nous avons depuis les années soixante-dix des raisons positives pour infirmer lathèse culturaliste.

E.

Rosch , ayant constaté que les Danis (en Nouvelle-Guinée) ne disposent que de deux termes pour les couleurs, dont l'un s'applique aux teintes claires et chaudes, et l'autre aux teintes sombres et froides, sedemanda quels effets pouvait avoir un vocabulaire aussi limité sur les comportements relatifs aux couleurs.

Pensantobtenir une confirmation de la position de Whorf , elle soumit les Danis à deux tests distincts, l'un de nomination, l'autre de reconnaissance.

Disposant devant les sujets de son expérience quarante échantillons de teinte ou declarté différente, elle leur demanda d'abord de les nommer ; ensuite, après avoir montré un échantillon à un Dani , elle le faisait attendre dans l'ombre, puis lui demandait de retrouver l'échantillon parmi les quarante.

La mêmeprocédure était reprise avec des Américains.

Au premier test, les résultats furent ceux qu'on attendait : avec leursdeux termes de couleur, les Danis eurent beaucoup de difficultés.

Mais la surprise vint du second test : les Danis reconnaissaient à peu près les couleurs de la même manière que les Américains.

Les différences dans le vocabulairedisponible n'avaient guère d'influence sur les mécanismes de stockage en mémoire ou de rappel : la mémoire et lareconnaissance dépendent moins de la structure du lexique que de celle du système nerveux.

La relativité culturellea des effets beaucoup plus limités qu'on ne s'y attendait. Pour conclure sur ce point, nous dirons donc que la langue que nous partageons avec les membres de notre sociétémet à notre disposition commune une première mise en forme de l'expérience et permet ainsi la communication, maisque cette mise en forme en constitue pas une prison infranchissable, ainsi que nous le rappelions il y a un instant.

Ilserait du reste sinon contradictoire, du moins mutilant qu'elle le fît.

La communication entre les hommes n'est pas demême nature que la communication entre les abeilles : elle ne se réduit pas à la transmission de signaux destinés àdéclencher des comportements adaptatifs ; elle développe la reconnaissance par chacun qu'il ne peut s'assurer desa pensée qu'en la confrontant avec celle d'autrui et qu'il doit par conséquent accepter la contestation et lapolémique pour accéder à ce qu'il pense.

Si le langage nous imposait une mise en forme rigide de l'expérience, il neserait pas compatible avec cette dimension d'ouverture indéterminée à l'autre qui maintient entre les hommes un liendont la nature n'est pas simplement biologique. II.

Le langage : comme lien social entre les individus.

Et donc comme ouverture sur le monde. Le langage comme instrument de communication fonde le lien social par excellence entre les individus : lacommunication permet la transmission d'un message au moyen de signes, comme des sons pour l'oral ou des lettrespour l'écrit, ou des gestes pour la communication gestuelle…etc.

les signes sont des réalités matérielles saisies parles sens qui en évoque une autre qui est absente.

Les mots permettent de dire ce qui a été, ce qui est, ce qui sera,ce qui ne sera jamais…etc. Il ne peut y avoir de communications que dans la mesure où il y a un émetteur et un récepteur : entre cetémetteur, il y a un message codé qui circule.

L'émetteur et le récepteur forme avec le message codé un canal detransmission.

La communication a deux types de fonctions : une fonction pratique (praxis= action ; l'émetteurenjoint le récepteur à exécuter telle ou telle action) et une fonction théorique (théoria= contemplation ; le rapporten l'émetteur et le récepteur est réciproque : entre eux circulent des échanges au niveau des idées ; par exemple,les dialogues chez Platon, la rhétorique chez Aristote).

Le langage permet donc l'expression de soi : par mes paroles,je me dévoile, et pas seulement ce que je suis, qui je suis, mais aussi ce que je pense.

L'expression de la penséefait la connexion entre soi et soi.

Mais le langage permet aussi l'établissement d'un lien entre autrui et moi, et doncentre le monde et moi, me sortant ainsi de mon solipsisme : les mots permettent d'agir sur autrui : lui expliquer, luiapprendre, le convaincre, l'utiliser pour nous, le blesser, le flatter…etc.

le langage s'apprend et permet l'ouverture aumonde : on s'exprime par l'intermédiaire du langage, et plus particulièrement par sa langue maternelle. Conclusion : L'apprentissage, comme tout apprentissage, ne se résume pas à apprendre des choses toutes bêtes et à les appliquer : l'apprentissage d'une langue, en particulier de sa langue maternelle, s'accompagne d'unautre apprentissage, celui de la culture, celui des institutions sociales permettant ainsi l'ouverture au monde, maisaussi à autrui.

Nous n'apprenons donc pas qu'à parler mais bien plus que cela : la culture, les institutions sociales,l'ouverture au monde est permise par le langage, qui nécessite un long apprentissage pour pouvoir s'exprimer. Le langage est un élément essentiel pour vivre en société.. »

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