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archéologie

Publié le 13/04/2013

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1   PRÉSENTATION

archéologie (du grec archaios, « ancien «, et logos, « discours « puis « étude «), étude scientifique des cultures et des modes de vie du passé par l’analyse des vestiges matériels.

Le champ de la discipline a considérablement évolué au cours du temps : limitée pendant la Renaissance à la collecte d’objets d’art romains, l’archéologie s’intéresse de nos jours à la totalité des vestiges disponibles (des œuvres d’art aux dépôts d’ordures, et des ossements fossiles aux grains de pollen), à toutes les époques (de l’origine de l’homme à l’ère industrielle) et à toutes les régions du globe. Elle fait d’autre part appel aux disciplines permettant de connaître l’environnement aux différentes époques.

L’archéologie est ainsi devenue au fil du temps une science pluridisciplinaire, associant l’histoire de l’art, l’anthropologie, l’ethnologie, la paléontologie, la géologie, l’écologie, les sciences physiques, la climatologie, etc. Ainsi, pour établir une chronologie, les archéologues utilisent des méthodes de datation mises au point par des chercheurs d’autres disciplines : datation par le carbone 14 (ou 14C) développée par des spécialistes de la physique nucléaire, datation des couches par des géologues (stratigraphie), évaluation des faunes fossiles par des paléontologues, etc. Pour reconstituer les modes de vie du passé, les archéologues utilisent également des méthodes issues de la sociologie, de la démographie, de la géographie, de l’économie et des sciences politiques.

2   HISTORIQUE DE LA DISCIPLINE
2.1   Origines

Si la culture médiévale reste fortement marquée par l’étude et la connaissance des textes anciens, la pratique de l’archéologie ne débute qu’à la Renaissance avec quelques fouilles réalisées à Rome et, par la suite, sur les sites d’Herculanum (1738) et de Pompéi (1748), remettant à l’honneur un passé prestigieux dont l’aristocratie meuble ses demeures et ses jardins. Jusqu’à la fin du xviiie siècle cependant, les « amateurs d’antiquités « se bornent à collectionner les œuvres d’art et se posent peu de questions sur leur signification. Il n’en demeure pas moins que ces premières informations recueillies donnent lieu aux premières études scientifiques sur l’Antiquité, en particulier celles, fondamentales, de l’archéologue allemand Johan Joachim Winckelmann.

2.2   Mise en place d’un cadre scientifique au xixe siècle

Au début du xixe siècle, l’expédition française d’Égypte donne à l’archéologie un cadre plus scientifique en lui permettant de dépasser le stade de la simple curiosité ou de l’œuvre d’art. Toutefois, elle commence à utiliser de nouvelles méthodes grâce à la découverte et à l’étude des cultures préhistoriques, dont l’absence de documents écrits conduit à se tourner vers d’autres sources d’information. En 1819, le Danois Christian Thomsen propose le système des trois âges (âge de pierre, âge du bronze et âge du fer) pour classer les objets découverts au cours de fouilles et attribués aux premiers hommes. Mais la grande découverte est à mettre au compte de Jacques Boucher de Perthes. En 1844, il découvre et étudie des outils de pierre associés à des restes d’animaux fossiles dans les dépôts gravillonnaires de la vallée de la Somme, près d’Abbeville (en France). Grâce à ses travaux, la communauté scientifique accepte finalement le concept de l’existence d’êtres humains « antédiluviens « (vivant avant le déluge biblique).

Ces études ont pour arrière-plan les progrès des géologues de la fin du xviiie et du début du xixe siècle, tels que Charles Lyell qui, le premier, a dégagé l’étude de l’histoire de la Terre du carcan d’une chronologie biblique qui avait seule valeur scientifique et qui la restreignait à une durée de quelque 6 000 ans (commençant avec la création divine en 4004 av. J.-C.). L’importance accordée à la chronologie et à la stratigraphie s’accroît encore dans la seconde moitié du xixe siècle, après la publication par Charles Darwin et par Alfred R. Wallace de leurs théories respectives sur l’évolution des êtres vivants, avec des implications évidentes de leur évolution culturelle. Plus tard, les études fondamentales faites en France sur le paléolithique conduisent à la chronologie de la préhistoire établie par Gabriel de Mortillet.

C’est pendant cette période de grandes découvertes scientifiques que sont entreprises de nombreuses fouilles au Proche-Orient et dans le monde classique, dont les plus fameuses sont celles de Paul Émile Botta (à Ninive et à Khorsabad, 1843-1845), d’Auguste Mariette (en Égypte, 1851-1881), de Heinrich Schliemann (à Troie et à Mycènes, respectivement 1871 et 1876) et de l’École française d’Athènes (à Délos et à Delphes, respectivement 1873 et 1892). Le déchiffrement des hiéroglyphes égyptiens de la pierre de Rosette par Jean-François Champollion (1822) et de l’écriture cunéiforme persane de l’inscription de Béhistun par Henry C. Rawlinson (1835-1850) contribue également à donner une base historique solide à l’étude des cultures correspondantes.

2.3   Évolutions au cours de la première partie du xxe siècle

Le début du xxe siècle voit la mise au point de méthodes stratigraphiques méticuleuses tenant compte des objets en apparence secondaires (tessons de poteries) à partir des travaux de Flinders Petrie en Égypte, et des fouilles de grande envergure comme celles de Robert Koldewey à Babylone.

Dans l’entre-deux-guerres, d’importantes recherches sont menées en Méditerranée orientale et au Proche-Orient : l’Oriental Institute de Chicago ouvre de nombreux chantiers de fouilles, dont les plus connus sont ceux de Persépolis et de Megiddo ; Leonard Woolley fouille à Ur, Arthur Evans à Cnossos, Howard Carter en Égypte, André Parrot à Mari et Claude Schaeffer à Ougarit, mettant au jour de somptueux trésors. En archéologie classique, le chantier le plus important est sans doute celui qui a permis la découverte de l’agora d’Athènes par une équipe américaine, complété par la création d’un musée associé au site.

Au même moment, de nouveaux progrès sont faits dans les méthodes de collecte d’informations sur le passé, telles la photographie aérienne pour la découverte et l’étude des sites, et l’analyse du pollen pour l’identification de la végétation (donc du climat et de la faune associée). Enfin, peu après la Seconde Guerre mondiale, la mise au point de la datation au carbone 14 par le chimiste américain Willard Libby produit une véritable révolution en archéologie, en fournissant des dates avec une marge d’erreur minime à partir de matériaux organiques, et donc, pour la première fois, une chronologie fiable pouvant être mise en corrélation avec les autres données.

2.4   L’archéologie contemporaine

Les méthodes de fouille et d’interprétation proposées à partir de 1945 par le Français André Leroi-Gourhan pour les sites paléolithiques d’Arcy-sur-Cure et de Pincevent, ainsi que par l’école nord-américaine de la « nouvelle archéologie «, marquent une autre révolution dans le domaine de la recherche archéologique. Les archéologues dépassent désormais l’analyse et la classification des objets pour essayer de comprendre la société qui les a fabriqués ; ils étudient le mode de vie des individus et leur environnement ; ils cherchent à comprendre comment et pourquoi se sont produits les changements culturels, plutôt que de se limiter à leur description et leur datation.

3   MÉTHODES EN ARCHÉOLOGIE

Le travail de l’archéologue contemporain peut être divisé en quatre phases successives : la prospection, la fouille proprement dite, la description et l’analyse des données mises au jour, et leur interprétation.

3.1   Prospection

Traditionnellement, les archéologues se fiaient aux découvertes accidentelles, aux recherches historiques et aux explorations à pied sur le terrain. Aujourd’hui, le chercheur étudie d’abord toute la documentation disponible (textes anciens, traditions orales, études historiques modernes, travaux géologiques, etc.) qui peut le mettre sur la piste d’un site évoqué dans une description. Le travail sur le terrain est précédé d’une étude aussi exhaustive que possible de toutes les autres sources d’information annexes, parfois confirmée par la photographie — dont l’importance dans ce domaine n’a fait que s’accentuer avec le perfectionnement technique (photo-interprétation, photos satellitaires).

À partir des années 1970, de nouvelles techniques sophistiquées ont été ajoutées à l’arsenal de l’archéologue, en particulier des méthodes électromagnétiques qui utilisent des ondes radar pénétrant le sol, la thermographie par scanner qui détecte les radiations infrarouges, la mesure de la résistivité électrique, les magnétomètres à protons et la télédétection par satellite. Dans le domaine de l’archéologie sous-marine, l’utilisation du sonar et de capteurs électroniques a grandement augmenté la possibilité d’explorer les fonds sous-marins et de découvrir des objets et des navires engloutis. Dans la recherche de vestiges archéologiques enfouis, le but est de trouver des sites dont la stratigraphie n’a pas été bouleversée. Dans le meilleur des cas, les objets contenus dans les couches permettront d’établir une chronologie précise et, la présence d’un nombre suffisant d’informations contextuelles, de reconstituer le système culturel correspondant à chaque niveau.

Il arrive que des sites archéologiques soient découverts fortuitement à l’occasion de travaux de terrassement et que l’on organise une « fouille de sauvetage « pendant une durée limitée, afin de recueillir le plus d’informations possible avant la reprise des travaux. Selon l’importance du gisement ainsi découvert, il arrive que le projet initial de construction soit légèrement modifié afin de préserver une partie du site ou de le rendre accessible au public sous la forme d’un musée in situ, comme la crypte mérovingienne sous le parvis de Notre-Dame de Paris, ou le vieux port de Bergen en Norvège.

3.2   Fouille

La collecte intensive des données a lieu principalement au cours de la fouille archéologique. C’est pourquoi le chercheur est muni d’un « cahier de fouille «, dont la fonction est d’enregistrer la position des objets par rapport à un carroyage précis. Le cahier fait aussi office de journal et permet de relater les événements survenant au cours la fouille. Le paradoxe de la recherche archéologique est en effet qu’elle détruit (par le dégagement successif des couches) l’objet qu’elle étudie (un site archéologique dans son ensemble), et que toute information négligée lors de la fouille est définitivement perdue.

3.3   Description et analyse

Les observations préliminaires effectuées pendant la fouille peuvent permettre de mieux l’orienter. Elles peuvent, par exemple, révéler des lacunes dans la chronologie ou dans la répartition spatiale des objets, et inciter à élargir le champ de fouille afin de réunir les informations manquantes. L’analyse proprement dite est cependant faite après la fouille, en laboratoire. Comme la collecte des données, elle a deux buts : le premier, chronologique, doit permettre d’établir la datation (absolue ou relative) du site et de le situer par rapport aux cultures connues ; le second, contextuel, doit permettre de replacer les données dans leur cadre culturel pour élucider les modes de vie et les comportements.

Une chronologie absolue peut être établie dans la plupart des cas par diverses méthodes de datation, telles que le carbone 14, la dendrochronologie, la thermoluminescence ou le paléomagnétisme.

La combinaison de techniques issues de diverses disciplines permet d’établir des datations relatives extrêmement fines, fondées sur la comparaison des stratigraphies de différents sites : l’âge géologique des strates dans lesquelles sont découverts les objets fournit un premier élément de datation ; les proportions relatives de différents types d’objets fabriqués par l’homme sont caractéristiques de faciès culturels que l’on peut comparer à ceux découverts dans d’autres sites ; les associations de fossiles végétal et animal — identifiables par les grains de pollen — permettent de préciser l’époque du dépôt en fonction de l’histoire climatique de la région et du stade d’évolution des espèces présentes.

Les contextes culturels et écologiques sont étudiés dans le but de reconstituer le mode de vie et l’environnement des occupants du site. Chaque objet est alors considéré non plus comme un marqueur chronologique, mais comme le résultat d’une activité humaine, ou comme un indice permettant de mieux comprendre cette activité.

Une approche pluridisciplinaire peut révéler où ont été prélevés les matériaux nécessaires à la production de l’objet (qu’il s’agisse du silex d’une pointe de flèche, de l’argile d’une poterie, des pigments d’une peinture rupestre ou du métal d’une pièce de monnaie). Plus important encore, cette approche permet d’établir les relations qui existaient entre la culture étudiée et son écosystème (utilisation des ressources, déplacements, etc.), et même de reconstituer des circuits d’échanges entre groupes humains. La nature et la répartition des déchets (ossements, outils cassés et rebuts, tessons de poteries, par exemple) apportent des renseignements sur l’organisation de l’habitat (zones d’activité, de circulation ou de repos) et sur son caractère saisonnier ou permanent, au même titre que les traces de foyer ou les vestiges architecturaux. Le contenu des tombes et les rites funéraires que l’on peut en déduire sont interprétables en termes de parenté, de statut social et de pratiques religieuses.

3.4   Interprétation

L’interprétation des données recueillies au cours de la fouille s’effectue à plusieurs niveaux.

À l’échelle du site étudié, on cherche à comprendre quelles étaient les activités d’un groupe humain donné à une période donnée (quelques individus pendant quelques heures s’il s’agit d’une halte de chasse paléolithique, ou des milliers d’individus pendant plusieurs dizaines d’années s’il s’agit d’une ville de l’Antiquité). L’archéologie expérimentale est la reconstitution des techniques de fabrication des outils et des objets d’art, l’usage qui en était fait, l’origine et le mode d’obtention des matériaux (prélevés à proximité ou au cours de longs périples, ou encore d’origine si lointaine que des pratiques de troc doivent être invoquées), les méthodes de chasse ou de culture. L’ethnoarchéologie s’intéresse à la nature de l’habitat (cabane de branchages, tente de peaux, maison en pierre ou en briques, etc.), à son organisation et à ses aménagements intérieurs (emplacement du foyer, zones d’activités plus ou moins spécialisées, système d’adduction d’eau, etc.), aux rites funéraires (restes humains mélangés aux déchets de cuisine ou bien enfouis dans des sépultures individuelles ou collectives, avec ou sans objets associés). La synthèse de tous ces éléments permet de formuler des hypothèses solides sur des faits qui ne laissent pas de traces archéologiques à proprement parler, telles les structures sociales ou les pratiques religieuses.

À l’échelle de la région, la comparaison de différents sites permet de préciser des chronologies fondées sur l’évolution de l’environnement et des activités humaines. On peut reconstituer des circuits commerciaux ou des routes de migration en suivant la diffusion de techniques, de styles ou de matériaux à partir de centres de production ou de foyers culturels.

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