Architecture islamique

« EXPRESSION MAJEURE D'UNE CiRANDE CIVILISATION L'architecture islamique est l'expression majeure d'une culture riche, un élément de cohésion qui s'est répandu sur une aire considérable.

Du Maghreb à l'Extrême-Orient, de l'Espagne à l'Afrique profonde, cette architecture multiple se caractérise par une très grande sobriété des lignes et un foisonnement extrême des détails architecturaux.

UN ART LIÉ À LA FOl MUSULMANE • La référence constante à la religion est l'un des fondements de la civilisation musulmane.

C'est autour de la mosquée que gravite la vie de la communauté.

Celle-ci a dès l'origine une fonction politique car les prières du vendredi s'achèvent par un appel à la bénédiction divine du souverain en place.

On comprend alors pourquoi les califes ont mis tant de soins à embellir l'aspect de ces monuments .

Les grandes mosquées et les édifices religieux qui leur sont associés ont ainsi rapidement bénéficié des efforts créateurs des centres de pouvoir.

C'est dans ces types de monuments que l'art islamique a su faire œuvre originale.

LA MOSQUÉE, BATIMENT TYPE DE LA CULTURE ISLAMIQUE • La mosquée , de l'arabe masjid -« lieu où l'on se prosterne devant Dieu » -, est de loin l'édifice le plus typique de l'islam.

Toujours orientée en direction (qibla) de La Mecque , vers laquelle les musulmans se tournent pour prier, la mosquée comprend un vaste espace qui doit pouvoir contenir toute la communauté des croyants d 'un lieu donné .

·L'archit ecture des mosquées s'inspire de celle de l'oratoire du prophète Mahomet à Médine .

Lors de l'édification de la mosquée de Médine en 706, à l'endroit même où le Prophète avait vécu, les architectes ont reconstitué les grandes lignes de sa demeure .

Son plan général s'inscrivait à peu près dans un quadrilatère .

l'ensemble était doté d'une cour et d'une vaste salle dispensatrice d 'ombre et de fraîcheur et formait un espace clos .

• Depuis lors, chaque mosquée est bâtie sur un plan de construction identique .

Elle comprend le plus souven t une cour bordée d 'arcade s dans laquelle une fontaine permet les ablutions, une salle de prières hypostyle divisée en plusieurs nefs dont la nef centrale , la plus importante, aboutit au mihrab .

Le dirige la prière.

Il évoque la présence du Prophète et indique la direction de la prière .

C'est l'endroit le plus décoré de la mosquée.

Le minbar est la chaise de l'imam , le prédicateur, ou du représentant du pouvoir .

• L'endroit le plus symbolique de la mosquée reste le minaret du haut duquel le muezzin appelle les fidèles à la prière cinq fois par jour.

LES FONDATIONS SOCIOREUGIEUSES • L'architecture islamique s'est assez tôt enrichie d'autres types d'édifices qui doivent leur apparition à des motivations mêlant religion , charité et propagande.

• Ces fondations socioreligieuses sont un phénomène particulier à l'islam .

Apparues au X l' siècle, elles sont plus répandues sur le pourtour méditerranéen (Afrique du Nord, Égypte, Syrie, Anatolie) qu'en Iran et dans les régions plus orientales.

Elles regroupent les madrasas , écoles de droit et de théologie qui forment les juges et les interprètes de la foi, les khanqa, couvents dédiés à la retraite physique et spirit uelle , les ribât forts frontaliers tenus par les combattants de la foi, les maristân, hôpitaux, les zâwiya, auberges saintes, et les imâret, cuisines pour les démunis .

• Si dans les villes marocaines ou , ................

-.surtout au Caire, dominant la cité par l'imposante silhouette de leurs grands ensembles monumentaux .

• l'essor de cette architecture socioreligieuse commence au Xli' siècle et décline avec les grands empire s au XVIII' siècle lorsque toutes les formes de la piété sociale sont régies par l'uniqu e pouvoir central.

LES SANCTUAIRES LOCAUX ET LES MAUSOLÉES RELIGIEUX • Le troisième type fondame ntal de l'architecture islamique regroupe les édifices funéraires , sanctuaires locaux ou mausolées religieux transformés en lieux de culte, souvent très bien conservés en raison du respect dont ils jouissent.

• Ces monuments se sont multipliés à partir des x• et x1' siècles, sous l'impulsion conjuguée de la dévotion des chiites qui soignaient les tombeaux de leurs imams et du désir de certains dynastes de perpétuer leur souvenir.

• En dépit des dogmes et grâce au développement du culte des« saints », ces mausolées, parfois agrandis en véritable s sanct uaires locau x où l'on venait prier pour obtenir les bénédictions du défunt comptent parmi les plus grandes réussites des bâtisseurs musulmans .

Ils ont notamment contribué à favoriser l'expansion des coupoles , à tel point que le mot arabe qubba et son équivalent persan gunbad désignent à la fois la coupole et le mausolée.

L'ORNEMENT AU CŒUR DE L'ARCHITECTURE • Dans l'architecture islamique , la distinction entre structure et décor disparaît, tous deux étant très liés.

ARCHITECTURE ET DÉCORATION • Les bâtisseurs musulmans réservent une place centrale au décor architectural.

Celui-ci ne se limite pas aux revêtements rapportés .

Il s 'intègre aux structures elles-mêmes, que ce soit dans les édifices en pierres de taille de certaines régions du Proche-Orient ou dans les bâtiments en briques cuites du monde turco ­ iranien dans lesquels la disposition des briques selon un schéma élaboré présente un objectif décoratif .

• Certains éléments architectoniques sont eux-mêmes dotés d 'une fonction ornementale comme les absides transformées en niches aveugles ou encore comme les muquarnas, systèmes d'alvéoles droits ou sphériques qui correspondaient à une véritable technique de construction, mais qui ont peu à peu perdu toute utilité technique jusqu'à devenir un simple thème décoratif .

ICONOPHOBIE, ABSTRACTION ET GÉOMÉTRIE • En dehors des quatre grands édifices omeyyades , un à Méd ine, un à Damas et deux à Jérusalem, les mosqu ées et les autres monuments islamiques ne laissent aucune place à l'art figuratif , conféra nt ainsi aux motifs abstraits un sta tut sans comparaison avec celui qu'il occupait précédemment à Byzance .

• Entrelacs végétaux, arabesques et inscriptions calligraphiques envahissent ainsi, en se mélangeant le plus souvent, le décor architectural auquel ils apportent raffinement et harmon ie.

• La calligraphie s'inscrit au cœur de l'art islamique .

Selon la tradition , l'écriture est un don divin enseigné à Adam.

De plus, l'arabe est la langue du message de Dieu transmis aux homme s par le prophète Mahomet.

Dès lors, écrire c'est entrer en contact avec Dieu et recopier le Coran c'est comme effleurer la parole divine .

Pareillement les versets coranique s qui ornent la mosquée enveloppent littéralement les fidèle s et les incitent à une plus grande concentration religieuse.

W MONUMENTS Clis DE l15LAM CWSIQUE UN JEUNE EMPIRE : LES OMEYYADES DE DAMAS (661· 750) • Après la mort du Prophète, l'expa nsion de l'islam s 'accélère.

Les conquêtes musulmanes, qui atteignent l'Atlant ique, l'Inde et l'Asie centrale , sont renforcées par la création d 'un empire dirigé par les divers membres de la famille des Omeyyades, des marchands de La Mecque tardivement convertis .

• Ces riches princes arabes édifient les premiers grands monuments de l'islam , dans la lignée des traditions classique et byzantine .

Leurs œuvres majeures sont à Jérusalem, le Dôme du Rocher et la mosquée à Dama s, capitale de l'empire, la mosquée des Omeyyades .

• Un type part iculier de mosquée s apparaît avec la généralisation au VIII' siècle de l'édifice hypostyle ou basilical , qui consiste en une salle de prières à colonnes sans différenciation intérieure , et dont la Grande Mosqué e de Damas est l'exem ple classique .

Le mihrab apparaît à cette époque, emprunté à l'arc hitecture de la basse Antiquité.

• l'ampleur des édifices évoque les basil iques paléochrétiennes du Proc he-Orie nt et de Rome qui inspirent également les multiples détails de la construction et du décor de ces mosquées.

Des éléments plus orien taux font toutefois leur apparition dans le décor architectural.

L'ARCHITECTURE SOUS LES ABBASSIDES (750·1050 ) • l'installation en Mésopotamie des Abbassides , successeurs des Omeyyades, entraîne une orientalisation progressive du style architectural soumis à l'influence persane.

LES PROVINCES ÉLOIGNÉES • l'architecture islamique savante ne se reconnaît pas dans les créations vernaculaires des confins de l'Indonésie, où la mosquée mue en pagode, et celles de l'Afrique noire où les monuments religieux reprennent souve nt les traits des constructions de terre locales.

Ainsi les imposa ntes mosquées de Djenné ou de Tombouctou sont de magnifiques bâtiments en argile qui répondent aux exigences climatiques et correspondent à l'esthétique architecturale des pays du Sahel.

Quant à la Grande Mosquée de Cirebon en Indonésie, faite entièrement en bois , elle relève d'un style « en pointe » typiquement javanais.. »