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Aristote: Il est manifeste [...] que la cité fait partie des choses naturelles

Publié le 27/02/2008

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aristote
Il est manifeste [...] que la cité fait partie des choses naturelles, et que l'homme est par nature un animal politique, et que celui qui est hors cité, naturellement bien sûr et non par le hasard des circonstances, est soit un être dégradé soit un être surhumain, et il est comme celui qui est décrié en ces termes par Homère : « sans famille, sans loi, sans maison ». Car un tel homme est du même coup naturellement passionné de guerre, étant comme un pion isolé dans un jeu. C'est pourquoi il est évident que l'homme est un animal politique plus que n'importe quelle abeille et que n'importe que l'animal grégaire. Car, comme nous le disons, la nature ne fait rien en vain; or seul parmi les animaux l'homme a un langage. Certes la voix est le signe du douloureux et de l'agréable, aussi la rencontre-t-on chez les animaux; leur nature, en effet, est parvenue jusqu'au point d'éprouver la sensation du douloureux et de l'agréable et de se les signifier mutuellement. Mais le langage existe en vue de manifester l'avantageux et le nuisible, et par suite aussi le juste et l'injuste. Il n'y a en effet qu'une chose qui soit propre aux hommes par rapport aux autres animaux le fait que seuls ils aient la perception du bien, du mal, du juste, de l'injuste et des autres notions de ce genre. Or avoir de telles notions en commun c'est ce qui fait une famille et une cité. Aristote

De type déductif, le texte est construit selon une structure logique très explicite. Aristote pose d'abord la thèse selon laquelle l'homme est par nature un animal politique, et la confirme a contrario par le contre-exemple de l'homme sans feu ni lieu; il passe ensuite à un argument positif qui démontre à la fois que l'homme est un animal politique et qu'il l'est par nature : la nature (première partie de l'argument) a doté l'homme du langage, qu'Aristote prend soin de distinguer de la « voix « animale. Or (deuxième partie de l'argument) le langage permet d'exprimer des notions comme le bien et le mal, le juste et l'injuste : autrement dit (relever ce point permet d'éviter la paraphrase), le langage exprime la rationalité, qui est au fondement du lien social.

aristote

« De même donc que la distinction entre le sauvage et le citoyen permettait de passer de la solitude violente à l'idéede communauté réglée, de même la distinction entre l'animal grégaire et l'homme permet de passer de l'idée desolidarité instinctive entre congénères à celle de communauté rationnelle entre concitoyens.À ce propos Aristote fait une allusion qui vaudrait à elle seule tout un développement : il suggère que la distinctionentre le juste et l'injuste est dérivée de la distinction entre le nuisible et l'avantageux.

Il faudrait d'abord préciserque cette dernière distinction diffère de entre de l'agréable et du douloureux dans la mesure où elle ne repose pasentièrement sur le témoignage des sens mais sur une réflexion dans laquelle on prend en compte la combinaison deplusieurs intérêts.

Ainsi, la distinction entre le juste et l'injuste provient de l'effort pour trouver une mesure quipermette une répartition des biens et des charges qui soit avantageuse pour l'ensemble de la communauté et nesoit nuisible pour aucun de ses membres.C'est par ce biais que l'on parvient à l'évocation de la rationalité : le langage nous permet d'exprimer des idéesgénérales et de nous mettre d'accord sur des règles pour rechercher ensemble la « vie réussie », l'eudaimonia.

Lacité apparaît donc, et c'est là sa spécificité, non seulement comme un lieu de vie commune particulièrement élaboré,mais comme le seul lieu où la nature rationnelle de l'homme peut se développer; elle est donc à la fois le lieu où l'onpeut vivre en paix et bannir la violence, et le lieu où l'on réfléchit en commun sur la meilleure façon de vivreconformément au bien et au juste.

Ainsi, la rationalité qui s'exprime à travers le langage rend possible la cité, et lacité rend possible le développement de cette rationalité et de la discussion entre les individus.La dernière phrase du texte nous permet alors de mieux comprendre la première : la cité est naturelle, mais c'estune « seconde nature » fondée sur une communauté d'idées et de valeurs; la famille elle-même devient proprementhumaine lorsque l'on passe des liens du sang aux liens de l'esprit, à une communauté de valeurs. Conclusion On comprend mieux ainsi ce que signifie l'expression « animal politique » : la société est véritablement ce qui nouspermet de réaliser notre nature profonde.

Mais il faudrait encore préciser que l'homme est le seul animal à devoirpasser sa vie à réaliser sa nature et n'être jamais assuré d'y parvenir.

Il ne suffit pas, en effet, de partager avecAristote cette belle idée d'une cité qui répondrait à notre identité la plus forte : il faut également prendreconscience, surtout dans le cadre de sociétés nombreuses et complexes, que la réalisation de cette communautéd'esprit demande un travail permanent et qui risque à tout moment de se perdre. Né à Stagire (Macédoine) en 384 av.

J.-C., mort à Chalcis (Eubée) en 322.Fils du médecin Nicomaque, il vint à Athènes et suivit l'enseignement de Platon, de 367 à 347.

A la mort de sonmaître, et mal vu à Athènes en sa qualité de Macédonien, Aristote fonda une école à Axos, en Troade.

La morttragique de son ami Hermias, livré aux Perses, l'obligea à se retirer à Lesbos.

En 342, Philippe, roi de Macédoine, luiconfia l'éducation d'Alexandre.

A l'avènement de celui-ci au trône, en 335, Aristote revint à Athènes, et y fondal'École du Lycée, que l'on a appelée école péripatéticienne, parce qu'Aristote y devisait avec ses élèves, tout en sepromenant.

A la mort d'Alexandre, en 323, Aristote quitta Athènes et se retira dans l'île d'Eubée.

Il redoutait le sortde Socrate et voulut « épargner aux Athéniens un second attentat contre la philosophie ».

En effet, l'Aréopage lecondamna à mort par contumace.

Il mourut au mois d'août.

Aristote peut disputer à Platon le titre de plus grandphilosophe de tous les temps.

Son intelligence ne fut pas seulement d'ordre philosophique, elle fut universelle.Aristote est le fondateur de la logique, de l'histoire de la philosophie, de l'anatomie et de la physiologie comparées.En philosophie, il est disciple de Platon, mais son sens d'observateur lui permet de replacer le platonisme dansl'ensemble des systèmes connus et de modifier certaines affirmations platoniciennes, notamment la théorie de lahiérarchie des idées.

Aristote en déduit la logique, établie sur la structure et les relations des concepts, les relationsétant ramenées au rapport des genres et des espèces.

Il distingue dix catégories, qui sont les genres les plusgénéraux dans lesquels se classent les objets de la pensée : substance ou essence, quantité, relation, qualité,action, passion, lieu, temps, situation et manière d'être.

Ce sont les points de vue à partir desquels l'esprit peutconsidérer les choses.

Les catégorèmes se rapportent aux modes généraux, qui permettent d'énoncer une choserelativement à une autre ; ils sont cinq : le genre, l'espèce, la différence, le propre et l'accident.

L'expérience estindispensable à l'entendement, et Aristote, pour qui l'activité et le mouvement ont une grande importance, nepartage pas la théorie de l'idée éternelle, abstraite et immuable.

La réalité est le résultat d'un mouvement de lamatière vers la forme.

C'est l'acte, c'est-à-dire l'être dans son plein achèvement, dans sa réalisation parfaite, paropposition à la puissance.

La fleur est puissance du fruit et acte du bouton.

Dieu, étant pensée pure et sansmatière, est l'acte pur.

La nature est un effort de la matière vers la pensée, vers l'intelligence, vers l'acte pur.

Dieu,pensée parfaite, se pense lui-même, une pensée parfaite ne pouvant penser qu'un objet parfait ; il est « la Pensée. »

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