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Aristote: La morale et le sujet

Publié le 10/01/2004

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aristote
Le choix n'est certainement pas la même chose que le souhait, bien qu'il en soit visiblement fort voisin. Il n'y a pas de choix, en effet, des choses impossibles, et si on prétendait faire porter son choix sur elles on passerait pour insensé ; au contraire, il peut y avoir souhait des choses impossibles, par exemple de l'immortalité. D'autre part, le souhait peut porter sur des choses qu'on ne saurait d'aucune manière mener à bonne fin par soi-même, par exemple faire que tel acteur ou tel athlète remporte la victoire ; au contraire, le choix ne s'exerce jamais sur de pareilles choses, mais seulement sur celles qu'on pense pouvoir produire par ses propres moyens. En outre, le souhait porte plutôt sur la fin, et le choix sur les moyens pour parvenir à la fin : par exemple, nous souhaitons être en bonne santé, mais nous choisissons les moyens qui nous feront être en bonne santé ; nous pouvons dire encore que nous souhaitons d'être heureux, mais il est inexact de dire que nous choisissons de l'être : car, d'une façon générale, le choix porte, selon toute apparence, sur les choses qui dépendent de nous.

Il y a en somme un problème d'analyse de notions : comment éviter toute confusion entre l'idée qu'on se fait d'un choix et celle qu'on se fait d'un souhait, quand on voit qu'on utilise couramment l'un pour l'autre ?    Mais ce problème en recouvre au moins un autre : à quoi cela sert-il de souhaiter quelque chose ?    Agir est une chose simple : on a un but, on détermine des moyens. Mais, aussi l'impossible, ou l'au-delà du possible (l'immortalité, le bonheur) nous intéressent. Qu'est ce que cela signifie précisément ?  

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« choix se tourne plus précisément vers l'action. On voit aussi quel sens peut prendre la notion de souhait : elle rend légitime de se représenter l'impossible commepossible. Ne pas mourir est impossible, pourtant, on peut le souhaiter, ce qui signifie : on peut se représenter l'immortalitésans devenir insensé. En ce sens, le souhait c'est le signe de la présence effective de l'esprit "théorique" (l'esprit qui pense, quicontemple) à côté de l'esprit pratique, qui choisit, qui agit. 2 - La signification du choix (de "d'autre part" jusqu'à "moyens") D'où la position "réaliste" du choix : choisir, c'est d'abord choisir en bloc une action possible.

Cela signifie, d'unepart, que le but et ses moyens sont à notre portée ; d'autre part, qu'on se connaît suffisamment soi-même, onconnaît suffisamment les données du réel pour juger qu'on peut déterminer un choix sans être insensé. Ainsi, la victoire de l'acteur ou de l'athlète est un événement sans doute possible en soi, mais hors de notre portée :si on ne peut rien faire pour sa victoire, on ne peut la "choisir". 3 - La nécessaire distinction entre souhait et choix (de "en outre" jusqu'à la fin) Le souhait porte sur la fin, le choix sur les moyens.Ceci affine le point précédent : il y aurait peut-être toujours des moyens à mettre en oeuvre pour qu'une victoire aitlieu.

Mais le choix et la mise en oeuvre des moyens de l'action ne suffisent pas toujours à rendre l'issue de celle-citout à fait certaine.Toute finalité est visée (souhait, représentation d'une fin qu'ARISTOTE nomme par ailleurs "cause finale"), toutmoyen est déterminé et mis en oeuvre. Ainsi se révèle une tension entre la connaissance de soi-même nécessaire à déterminer un choix sensé, d'une part,et d'autre part, cette même connaissance de soi-même en tant qu'elle nous vaut aussi de viser l'immortalité et lebonheur. ARISTOTE précise qu'"il est inexact" de dire que nous choisissons d'être heureux.

En effet, nous le souhaitonsseulement.Mais peut-on dire que nous savons en choisir les moyens ? Y a-t-il pour nous des fins bien claires sans nul moyen ? IV - L'INTERET PHILOSOPHIQUE Ainsi, ARISTOTE établit une caractéristique précise du choix : il porte sur ce qui dépend de nous ; ce faisant il asoulevé le problème de l'idéalisme de nos fins, un problème inscrit en creux de l'analyse de notions qu'il expose. Le choix qu'il fait des exemples invite à penser qu'il le fait consciemment.Pour prolonger la réflexion, on peut se reporter à la distinction stoïcienne des choses qui dépendent de nous et decelles qui n'en dépendent pas. Si on place notre bonheur dans des choses qui ne dépendent pas de nous, on se conduit à la manière des insensés.Il faut donc apprendre à désirer ce qui dépend de nous, conformément à la nature. D'autre part, Machiavel pourrait aider à repenser la logique des moyens et des fins, dans la détermination del'action. V - REFERENCES POSSIBLES STOICIENS : EPICTETE, MANUEL, pour l'éthique stoïcienne et la distinction des choses qui dépendent de nous et quin'en dépendent pas. PLATON : La République, pour la réflexion sur une cité idéale. PHEDON pour l'immortalité ... MACHIAVEL : Le Prince, pour une pensée des rapports de la fin et des moyens. ARISTOTE : Ethique à Nicomaque, pour le contexte de ce passage.. »

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