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Arrias, l'homme universel, de La Bruyère (Caractères, chap. V, n° 9), et le Décisionnaire des Lettres Persanes de Montesquieu (LXXII)

Publié le 15/05/2012

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montesquieu

La Bruyère doit à Théophraste non seulement l'idée de son livre, mais quelques Caractères et les procédés dont il se sert pour composer ses portraits. Mais il sépare ce quï est uni chez l'auteur grec : définitions, dissertations et peintures, et il individualise davantage ses personnages. Pour Arrias, il semble s'être souvenu des chapitres VII et VIII de Théophraste : Du grand parleur et Du débit des nouvelles. Il a été lui-même imité très librement par Montesquieu dans les Lettres Persanes. Ce sont ces deux portraits que nous allons comparer...

 

montesquieu

« La Bruyère et Montesquieu nous renseignent aussi, en pas­ sant, sur les conversations à la mode.

A la cour de Louis XIV et à la table d~s grands, on parle surtout, en 1694, des mœurs et des usages des pays étrangers, on est friand d'anecdotes curieuses, de petites histoires galantes ou frivoles (sens du mot historiette, d'après Furetière).

Tous ces gens-là n'ont guère lu que Montaigne.

Vingt-cinq ans plus tard, la curiosité s'est étendue, au moins dans les salons (dans une compagnie).

On .

ne parle pas seulement des nouvelles du temps, mais morale, histoire, sciellœs.

II.

Forme et composition.

1.

La Bruyère peint son personnage en trois lignes.

Une seule anecdote, assez développée, remplit ensuite le portrait.

Le trait final est annoncé dès le début.

Deux parties : Arrias pérore d'abord seul; interrompu, il foudroie le fâcheux ...

qui n'est autre que celui dont il invoquait le témoignage.

Nous voyons le personnage, nous l'entendons parler et rire.

Nous suivons Je rythme de sa conversation, lent et calme quand on l'écoute, saccadé, quand on le contredit.

-La composition est à peu près la même chez Montesquieu; mais l'homme est d'abord présenté d'une façon assez vague : un homme bien content de lui, et c'est son interlocuteur qui le met sur un terrain dangereux.

Celui-ci se montre bon prince, il ne confond pas l'imprudent.

Il se contente de s'amuser intérieurement d'une manie aussi étrange.

Flegme oriental? Non, car Rica n'a rien d'un Persan, mais Montesquieu ne nous dit-il pas qu'il est • presque aussi content avec des sots qu'avec des gens d'esprit ...• Rien de si am'usant qu'un homme ridicule.

• Il y a plus d'amer­ tume chez La Bruyère.

2.

L'art est plus appuyé chez La Bruyère, le tableau est plus composé.

Montesquieu est plus simple, au moins ici, ce qui se comprend, puisque c'est une lettre.

Mais les procédés sont à peu près les mêmes : a) Même genre de pittoresque, par accumulation de détails précis.

b) Mêmes phrases courtes, juxtaposées, sans liaisons.

La syntaxe de la Bruyère, sans être ici bien compliquée, est cepen­ dant d'un art plus étudié : tous les verbes sont au passé chez Montesquieu; La Bruyère met successivement le passé, le. »

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