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L'art s'adresse-t-il à tous ?

Publié le 04/01/2004

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Pourquoi la question ?

Les critiques d'art et les artistes eux-mêmes polémiquent souvent à propos du public auquel se destinent les oeuvres: aux uns il est reproché d'être trop élitistes, aux autres de ne pas être assez exigeants. L'art doit-il être le plus universel des moyens d'expression, ou s'adresse-t-il uniquement à ceux qui le "méritent" parce qu'ils savent l'apprécier à sa juste valeur ?

Précisez les critères sur lesquels peut porter le débat.

* L'art passe-t-il les frontières géographiques et culturelles ?

Il semble que l'art soit le plus universel des moyens d'expression: les peintres européens son admirés partout dans le monde, les sculptures africaines ou l'art oriental est apprécié en Europe. Mozart est un musicien universel, certains tableaux de Van Gogh s'inspirent des estampes japonaises, les rythmes africains imprègnent la musique contemporaines, etc. Mais souvent les arts venus de l'étranger conservent quelque chose d'exotique, d'incompréhensible.

* L'art transcende-t-il les frontières sociales et culturelles ?

S'il faut être fortuné pour acquérir une oeuvre d'art, il n'en va pas de même pour apprécier sa beauté. Mais les différences culturelles peuvent être un obstacle à la réception de certaines oeuvres, notamment en peinture ou en littérature: on ne comprendra pas toute la signification d'un tableau représentant une scène de la mythologie grecque si l'on ignore tout de cette dernière.

* L'artiste choisit-il son public ?

Sur ce point les conceptions varient d'un artiste à l'autre; mais il ne faut pas se contenter de ce constat, il faut examiner les arguments des uns et des autres. Les artistes plutôt "élitistes" pensent que l'art, objet de contemplation et non de consommation, doit être porteur d'une exigence et demander un effort du public, quitte à en décourager certains. D'autres au contraire pensent que l'artiste doit rejoindre le public en se mettant à sa portée. On parlera alors d'art populaire ou d'art de masse.

 

« Introduction La controverse qui a marqué le palmarès du festival de Cannes en 1999 s'est nouée autour de la question du publicauquel s'adressaient les films primés : on avait privilégié un cinéma « intellectuel » au détriment d'oeuvres plus «populaires ».

Les critiques musicaux parlent également de musiques plus ou moins « difficiles » à apprécier, à comprendre.Est-ce à dire que l'art ne s'adresse pas toujours à tous?Nous verrons dans un premier temps qu'un des traits marquants de l'art est sa capacité à traverser le temps et l'espace età s'adresser potentiellement à tous ; puis nous verrons au prix de quelles exigences cette diffusion devient possible, avantd'évoquer le processus d'évolution du goût. 1.

L'art, par-delà le temps et l'espace • L'art s'adresse aux hommes de tous les paysNous sommes capables d'admirer les estampes japonaises et les Indiens d'Amazonie aiment la musique de Mozart...

Ilsemble donc que l'art rencontre une capacité d'admiration de la beauté qui dépasse les frontières.Souvent aussi, des artistes s'inspirent de traditions artistiques appartenant à d'autres cultures. • L'art s'adresse aux hommes de toutes les époquesDe même, la poésie de Ronsard nous semble encore admirable, comme la sculpture égyptienne : non seulement l'arttraverse le temps, mais l'art d'aujourd'hui se comprend comme l'héritier de tout un patrimoine. • L'art s'adresse-t-il à tous sans distinction culturelle?Cette notion de patrimoine n'implique-t-elle pas cependant que l'art ne peut être véritablement apprécié sans un minimumde culture générale? Celui qui ignore tout de la mythologie grecque peut-il apprécier la peinture ou la littérature modernesqui s'y réfèrent? Ceci pose la question de l'accès du public à cette culture; accès plus ou moins difficile suivantl'appartenance sociale. II.

Les exigences de l'art Même en supposant une démocratisation véritable de la culture, l'art adresse un certain nombre d'exigences à son public. • La culture de la sensibilitéLa sensibilité esthétique, c'est-à-dire la capacité à apprécier et à comprendre la beauté de l'art, suppose d'abord qu'on lacultive, qu'on la développe, qu'on la nourrisse.

Une sensibilité qui n'est pas stimulée par la fréquentation effective de l'arts'atrophie.

Ceux à qui l'art s'adresse doivent se donner les moyens de l'apprécier. • Les références culturellesIl en va de même pour les références culturelles : l'art, souvent, s'adresse en priorité à un public muni de certains repèresculturels; les autres ne pourront spontanément apprécier cet art dans toute sa richesse et devront fournir un effortsupplémentaire.

C'est par exemple le cas pour un Européen découvrant le théâtre nô. • Un art aristocratique ?Enfin, certains artistes sont volontairement exigeants et revendiquent un public très élitiste.

On peut penser ici aux poètes« parnassiens » du XIXe siècle (autour de Leconte de Lisle) ou à la poésie de Mallarmé, qui se veut « hermétique », c'est-à-dire accessible seulement au prix d'un itinéraire initiatique quasi religieux.

L'art revendique alors hautement sa différencepar rapport aux objets de consommation. III.

De l'avant-garde aux classiques Si, au moment de sa production, une oeuvre semble s'adresser à un public restreint trié sur le volet, l'évolution du goûtpeut en faire plus tard un « classique ». • La sélection par le tempsL'étendue du public qui reçoit une oeuvre peut varier considérablement : Van Gogh n'a quasiment pas vendu de toiles deson vivant mais rares sont à présent les personnes qui n'ont jamais aperçu la reproduction d'un de ses tableaux; àl'inverse, tel ouvrage très populaire lors de sa parution peut sombrer dans l'oubli et n'être plus apprécié que par quelquesconnaisseurs. • À chacun son art?Doit-on alors dire que l'artiste ne s'adresse à personne en particulier ou alors seulement à lui-même, et que chacunapprécie l'art de son choix sans être tenu d'apprécier toutes les oeuvres d'art? Il est certain que les productions de l'artsont trop variées, trop hétérogènes pour que chacune puisse réellement prétendre être appréciée par tous; du moinschacun doit-il pouvoir être à même, parfois au prix d'un effort de formation, de comprendre ce qui en fait une oeuvre d'art. Conclusion La réception de l'art est par conséquent plus différenciée et demande un travail culturel plus grand que l'émerveillementdevant les beautés de la nature.

L'art s'investit dans une époque, un climat social, il s'insère dans une atmosphèrespirituelle et intellectuelle déterminée : il s'adresse donc chaque fois d'abord à un public donné ou en tout cas se définitpar rapport à une époque donnée; mais toujours, en tant qu'art, il transcende ces conditions particulières et peut êtrecompris bien au-delà de son lieu et de son temps originaires.. »

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