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L'art peut-il s'enseigner ?

Publié le 24/02/2004

Extrait du document

  • a) Pour l'opinion commune l'artiste est une personne qui du talent, voire du génie. Et le talent est saisi comme une aptitude naturelle, un don inné, quelque chose qui ne s'apprend pas : on naît artiste, ou non.
  •  b) Toutefois, nous dispensons dans nos établissements d'enseignement des cours d'arts plastiques, nous avons des écoles de beaux-arts, et dans les ateliers les maîtres ont toujours enseigné leur art à des élèves.
  •  c) Le problème se pose donc de savoir si l'art peut ou ne peut pas s'enseigner.

« regard sur les ressorts dissimulés du discours, sur les processus inavoués et cachés.C'est l'artiste, le créateur de beauté, qui est ici soupçonné: n'a-t-il pas intérêt à ce que l'on privilégie lapuissance de son intuition, de sa faculté de voir immédiatement dans le réel, comme si cette intuitionétait une sorte de lorgnette magique, comme si l'inspiration (sorte d'inspiration surnaturelle) était facteuressentiel de découverte ? Pourquoi un intérêt ? Parce que les hommes aiment bien ce qui se présentecomme tout fait et achevé.

Le travail et la création sans cesse réitérée ne sont pas toujours agréables àsaisir.

En effet, l'idée de l'oeuvre d'art, à savoir le modèle dynamique de la pensée aboutissant à laconstitution d'un ensemble organisé de signes et de matériaux manifestant un idéal de beauté, semblesurgir spontanément à partir d'une puissance surnaturelle ("la grâce") et dès lors cela dissimule leslaborieux efforts de l'intellect.

D'où l'avantage de l'artiste, si le public croit à cette immédiatetésurnaturelle.

Contre les mythes mensongers, il faut rétablir la vérité. Deuxième partie: "En vérité...

oeuvre." Qu'il s'agisse, contre les illusions ou les ressorts cachés du discours de rétablir ce qui est, c'est bien ceque montre l'expression "en vérité": c'est un processus complexe que Nietzsche dévoile.L'imagination, la faculté psychique inventive, ne cesse pas, dans le cas de l'artiste, du créateur del'oeuvre d'art, mais aussi du penseur, celui qui s'applique à engendrer de nouvelles idées, de créer desthèmes souvent médiocres.

Toutefois, c'est le jugement, faculté par laquelle on pose judicieusement desrapports entre les notions, qui, quand il est rendu tranchant et pénétrant, répudie le mauvais et décide,faisant ainsi les vrais choix.

L'exemple de Beethoven est ici donné à l'appui.

La grande oeuvre est le fruitde brouillons, de ratures, d'essais répétés, de sueur et de labeur.Tandis que le vrai créateur rejette et choisit, l'artiste de second ordre va se fier à la fonction du passéqui reproduit et il demeure au niveau de l'improvisation artistique, à savoir de ce qui est composé sur-le-champ et sans préparation réelle, à la hâte, à l'emporte-pièce, pourrait-on dire.

Si nous comparons cetravail hâtif à l'idée, au dynamisme spirituel et au modèle véritable de la pensée, modèle correspondant àun effort et à une tension intellectuel, quelle différence ! D'un côté, la grande oeuvre et, de l'autre, lebas niveau de la réalisation: l'en deçà de l'oeuvre.

Ainsi l'artiste médiocre multiplie-t-il les travaux rapidesalors que le génie oeuvre sans cesse. [Seule la technique peut s'enseigner.

Pour l'art, il n'y a pas de recette.] La technique n'est pas l'art - Le génie ne s'enseigne pas. Kant nous fait bien comprendre cette spécificité irréductible du génieen comparant l'artiste au savant : « Newton pouvait non seulementpour lui, mais pour tout autre, décrire clairement, et déterminer pourses successeurs, les démarches qu'il eut à faire depuis les premierséléments de la géométrie, jusqu'à ses grandes et profondesdécouvertes ; mais aucun Homère, aucun Wieland ne pourrait montrercomment ses idées riches en poésie et pourtant lourdes de penséessurgissent et s'assemblent dans son cerveau, car lui-même ne le saitpas et il ne peut donc l'enseigner à un autre.

En matière de science parconséquent il n'y a entre le plus grand inventeur et l'imitateur, l'apprentile plus laborieux, qu'une différence de degrés, mais il y a une différencespécifique entre lui et celui que la nature a doué pour les beaux-arts ;on ne veut pourtant pas diminuer ces grands hommes auxquelsl'humanité doit tout, par rapport à ceux qui par leur talent pour lesbeaux-arts sont des favoris de la nature.

Le talent des premiersconsiste à faire progresser toujours davantage les connaissances, etles avantages pratiques qui en dépendent, comme à instruire les autresdans ces mêmes connaissances et c' est là une grande supériorité surceux qui méritent l'honneur d'être appelés des génies ; pour ceux-cil'art s'arrête quelque part ; il a ses limites qu' il ne peut dépasser, qu' ila sans doute atteintes depuis longtemps et qui ne peuvent plus être reculées ; de plus, une telle maîtrise nepeut se communiquer, elle est dispensée directement à chacun par la main de la nature ; elle disparaît doncavec l'un jusqu'à ce que la nature confère à un autre les mêmes dons ; et il ne reste plus à celui-ci qued'avoir un modèle pour laisser se manifester de semblable manière le talent dont il a conscience » (Critique du. »

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