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L'art est-il une «chose du passé» ?

Publié le 25/03/2004

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Chacun conviendra qu'il y a pour l'art, au même titre que pour la philosophie ou pour les sciences, une histoire. Et cette histoire marque l'évolution et les transformations des moyens de productions artistiques, des styles, des courants, des génies, etc. Cette histoire présente aussi l'art comme étant une discipline culturelle à part entière, puisque chaque époque (et selon le lieu géographique) est porteuse, par ses productions artistiques, de représentations du monde produites par l'homme. Car si l'art est un produit culturel, c'est bien parce que l'homme a entrepris d'éclairer le monde de manière sensible, c'est-à-dire par des productions matérielles telles que la peinture, la sculpture, l'architecture, etc. La musique peut certes ne pas être considérée comme un art matériel, puisqu'en effet les sons ne sont pas palpables par les sens, mais elle est tout de même le produit de la maniabilité d'instruments spéciaux. En somme, l'art est une activité proprement humaine, une activité tournée vers la création (la poïesis, qui se différencie de la simple praxis, action tout aussi rationnelle, mais qui est plus tournée vers l'utile), selon ce qu'en dit Aristote dans son Ethique à Nicomaque, création hautement expressive de l'homme en tant qu'il intègre un monde empli de sens et de symboles. L'art reflète une compréhension, comme on le voit, mais ne serait-il pas judicieux, au regard de l'art contemporain et des formes originales qu'il développe (abstraites, voire déconcertantes), de repenser l'actualité de l'art, sa possibilité de faire sens à tout un chacun, de parler au plus ignorant en la matière ?

«L'art reste pour nous, disait Hegel, quant à sa plus haute destination,. une chose du passé.« Comment comprendre cette formule aujourd'hui, où les expositions n'ont jamais été si nombreuses et si variées, où les manifestations artistiques font obligatoirement partie de la culture, etc. ? Peut-être en méditant cette déclaration d'un évêque de la région parisienne, à propos d'un des plus prestigieux édifices sacrés du xiie et du mue siècle :  «Je n'ai rien à faire de cette cathédrale gothique; les gens n'y viennent pas, et ne viendront pas. Il nous faut des salles de réunion et des salles de cinéma. «  André Chastel, La Revue de l'Art, Flammarion, 1980, p. 198.  C'est du chef-d'oeuvre que les oeuvres d'art, en tant que telles, tirent leur existence. De même que, dans le ciel nocturne, la clarté de la lune n'est que le reflet blafard d'un invisible soleil, de même, dans le domaine de l'art, les productions et les reproductions ordinaires, et innombrables (depuis celles qui témoignent d'un bon métier et d'une certaine invention, ou qui annoncent d'intéressantes « recherches «, jusqu' aux « croûtes « et aux « crottes « des plus banales expositions placées sous le signe de l'art), empruntent leur éclat relatif à la lumière éblouissante des chefs-d'oeuvre, auxquels elles font «allusion« comme à de lointaines étoiles, dont elles sont, en fait, de très lointaines retombées.  Sur les trottoirs, des artistes dessinent à la «craie d'art «, et souvent avec un indéniable talent, des Rubens, des Léonard de Vinci, des Titien... Devant une sculpture en fil de fer – ou en mie de pain –, l'amateur s'extasie : «On dirait un Giacometti... ou un Rodin...« Devant un dessin d'enfant, inévitablement : «On dirait un Picasso... «  «Une chose curieuse, dit Picasso, c'est que moi je n'ai jamais fait de dessins d'enfant... « H. Parmelin, Le Peintre et son modèle, Éd. Cercle d'Art, Paris, 1965, p. 170.

« proximité de l'artiste avec la folie, puisqu'il vit une tension intérieure (homme-Dieu) puissante. II.

Une mort de l'art ? L'esthétique de Hegel est une esthétique anti-art.

Hegel retrace magistralement l'épopée spirituelle au travers de l'histoire de l'art ; mais selonlui, l'art n'est pas à même de rendre compte de l'effectivité spirituelle, du sensachevé.

En effet l'art reste la manifestation sensible de l'esprit ; il manque encette matière une intériorisation, un retour de l'esprit sur lui-même (ce que lareligion se chargera de manifester).

Ainsi l'art est considéré comme faisantpartie d'un passé où l'Esprit (qui s'incarne dans l'individu, dans le peuple) n'enétait pas encore à la pleine expression de lui-même.

De surcroît, seule laphilosophie, porte parole du concept, de la logique permettant à l'Esprit d'êtrevivant et de se mouvoir à travers bon nombres de déterminations naturelleset culturelles, est apte à manifester le moment spirituel qui s'incarne dans lesproductions artistiques.

Les marxistes ont retenu la leçon de la supériorité dela pensée sur l'art.

Les intérêts politiques sont prépondérants.

L'art n'exprimepas tout en raison de sa forme limitée.

Mais nous ne vivons pas un âgephilosophique.

Hegel avait annoncé la mort de l'art.

Il n'est pas mort, il s'estmétamorphosé.

L'art photographique est apparu, ainsi que le cinéma.

Laphotographie fonctionne un peu comme la peinture.

Certes, elle reste un artmécanisé qui peut très bien être sans art, mais quand elle est artistique, lasubjectivité de l'artiste est exprimé dans le réel même.

Certes, l'image n'a passon origine entière dans le moi de l'artiste.

Il doit passer par le monde pours'exprimer.

Le photographe doit passer par un travail sur la lumière qui sculpteles objets extérieurs, et réfléchir sur les ombres.

La photographie est encore plus contrainte que la peinture par la lumière.

Certes, on pourra dire que la photographie est forcément imitatrice duréel, qu'elle inspire le dégoût ou l'ennui, que l'importance est reportée sur le sujet photographié et non la manièredont il est pris (la manière relevant essentiellement de la technique).

L'art actuel ne tient donc pas temps de l'impression esthétique mais aussi du message à caractère sociale ou politique ou anecdotique.

L'art ne peut paspérir.

Il a changé de but et de contenu.

L'art tel qu'il était ne répondait plus aux inspirations humaine du moment.L'art comme imitation n'est pas totalement vain.

Ce qui compte, c'est la sortie du contexte.

Des artistes comme parexemple Duchamp ont sorti des objets tels quels de leur contexte et l'on placer dans un autre pour inviter à laréflexion.

Un salon d'américain moyen transporté dans un musée d'art contemporain se charge immédiatement desymboles. III.

Positivité et négativité de l'art contemporain a. Si comme on l'a vu plus haut, l'art se différencie de la technique, on peut penser que l'apparition du 7e art, le cinéma, est capable d'œuvres exceptionnelles.

En effet, le cinéma peut permettre de mettre en scène« l'inconscient instinctif », comme le souligne si bien W.

Benjamin, dans « L'œuvre d'art à l'époque de sareproduction mécanisée » (in Essais, 1935).

Les procédés mis en œuvre (gros plan, ralentissement des actions,balayage du champ, plongée, coupures et isolements, etc.) transforment aussi bien la vie concrète (tel lieu, telrecoin d'un objet) que notre appréhension de l'expérience humaine (manière de prendre une tasse de café selonl'humeur).

Le ralenti d'une personne en train de marcher nous ouvre sur le plan inexploré des aléas du mouvement,et le gros plan d'un visage nous informe de la dynamique des traits du personnage : « Il est bien clair, parconséquent, que la nature qui parle à la caméra est tout autre que celle qui s'adresse aux yeux.

Autre surtout parceque, à l'espace où l'homme agit avec conscience, elle substitue un espace où son action est inconsciente ».

Il suffitde regarder certains films de grands cinéastes (A.

Hitchcock, O.

Wells, M.

Scorsese, Polanski, et bien d'autres) pourapprécier les effets de l'art cinématographique. b.

A la question « tout est-il art ? », G.

Lipovetsky nous présente une intéressante analyse (L'ère du vide, Essai sur l'individualisme contemporain, 1983).

Lipovetsky regrette de voir que les régimes démocratiques actuels, quivéhiculent haut et fort l'idée que tous les hommes sont égaux, insufflent à l'art une mauvaise figure, une descenteaux enfers.

En effet, tout sujet, ainsi que tout matériau, est l'occasion d'être présenté comme artiste ou commeart : « la culture de l'égalité engendre une promotion, un recyclage universel des significations et objets mineurs ».L'art, souvent caractérisé par des œuvres reconnues par tous (La Joconde de Vinci, La chaise de Van Gogh, etc.),devient intimement lié au quotidien.

Les hauteurs de l'art s'effacent au profit de l'homo aequalis (l'homme égal) quiaime à dire que tout un chacun peut produire une œuvre d'art.

Les participants de la Star Académie auraient-ilsautant de talent et de génie qu'un Charlie Parker, qu'un James Brown, qu'un Michael Jackson, mais aussi qu'unBrassens, un Ferré ou un Brel ? Notre époque nous amène à repenser l'art, en ceci que trop d' « œuvres » sont lefruit d'un calcul capitaliste, et non d'un talent ou d'une lumière créatrice.. »

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