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L'art délivre-t-il de la peur de la mort ?

Publié le 09/03/2004

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ART (lat. ars, habileté, talent, savoir-faire)

Soit syn. de technique, ou savoir-faire constitué d'un ensemble de procédés visant un résultat pratique (ex. des arts et métiers), soit syn. de beaux-arts, terme qui désigne la pratique artistique en tant qu'elle produit une oeuvre incarnant la beauté selon des règles propres au génie de son auteur. Dans le premier cas, « art »," se distingue de science et de nature. Dans le second, « art » se distingue depuis le xviiie siècle d'artisanat.

« mort n'est rien, comme le pur instant présent, sans passé ni avenir : "La mort n'a par conséquent aucun rapportavec les vivants, ni avec les morts, étant donné qu'elle n'est rien pour les premiers, et que les derniers ne sontplus." La mort ne doit être pensée ni comme un mal, ni comme une délivrance.

Si ne pas exister n'est pas un mal, lavie comporte des joies qui peuvent être très agréables.

Vivre sagement, ce n'est pas chercher à jouir le pluslongtemps possible, mais le plus agréablement qu'il se peut. La métaphysique matérialiste va aussi permettre de délivrer l'humanité d'une de ses plus grandes craintes : lacrainte de la mort.

Les hommes ont peur de la mort.

Mais que redoutent-ils en elle ? C'est précisément le saut dansl'absolument inconnu.

Ils ne savent pas ce qui les attend et craignent confusément que des souffrances terribles neleur soient infligées, peut-être en punition de leurs actes terrestres.

Les chrétiens, par exemple, imagineront quequiconque à mal agi et n'a pas obtenu le pardon de Dieu ira rôtir dans les flammes de l'enfer.

La peur de la mort apartie liée avec les superstitions religieuses dont la métaphysique matérialistes nous libère.

De plus, si tout dansl'univers n'est fait que de matière, si nous, comme tous les êtres vivants, ne sommes que des agrégats d'atomes,lorsque nous mourons, ce ne sont que nos atomes qui se séparent, qui se désagrègent, ce n'est que notre corps quise décompose, en un point d'abord (celui qui est blessé ou malade), puis en tous.

Dès lors, rien de notre être nesurvit, il n'y a rien après la mort, « la mort n'est rien pour nous ».

Ceux qui pensent que la vie du corps, la pensée,la sensation, le mouvement viennent de l'âme, et que cette âme pourrait survivre après la mort du corps, ont tort.Car l'âme elle-même est faite de matière, certes plus subtile, puisque invisible ; mais si elle n'est qu'un agrégatd'atomes, elle aussi se décompose lorsque la mort survient, et même, selon l'expérience la plus commune, il fautpenser qu'elle est la première à se décomposer puisque le mort apparaît immédiatement privé de vie, de sensation,de pensée et de mouvement, alors que le reste de son corps semble encore à peu près intact et mettra plus detemps à commencer à se décomposer.

Aussi, la mort se caractérise bien en premier lieu par l'absence de sensation :« Habitue-toi à la pensée que le mort n'est rien pour nous, puisqu'il n'y a de bien et de mal que dans la sensation, etque la mort est absence de sensation.

»En effet, les sensations que nous avons de notre corps et, à travers lui, des choses du monde sont la source detoute connaissance, et aussi de tout plaisir et de toute douleur, donc le vrai lieu de tout bien et de tout mal,puisque le bien réel n'est que le plaisir et le mal la douleur.

Nous pouvons désigner la pensée d'Epicure comme unsensualisme qui fonde toute la vie intérieure sur la sensation.

La mort étant la disparition des sensations, il ne peuty avoir aucune souffrance dans la mort.

Il ne peut pas y avoir davantage de survie de la conscience, de la penséeindividuelle: « Ainsi le mal qui effraie le plus, la mort, n'est rien pour nous, puisque lorsque nous existons, la mortn'est pas là, et lorsque la mort est là, nous n'existons plus.

»Dès lors je peux vivre, agir et profiter de cette vie sans redouter aucune punition post-mortem.

Et je sais que c'estici et maintenant qu'il me faut être heureux, en cette vie, car je n'en ai aucune autre.

Mon bonheur dans la vie estune affaire sérieuse qui ne souffre aucun délai.

Tel est l'enseignement de la sagesse matérialiste. Mais pour répudier la pensée de la mort (et donc annuler ses effets moraux sur nous) l'homme peut également seplacer à un niveau supérieur à celui de l'existence sensible.

C'est ce que fait Spinoza (dans « L'Ethique ») lorsqu'ilaffirme que l'homme libre ne pense jamais à la mort et que « sa sagesse est une méditation non de la mort mais dela vie ».

Spinoza refuse la pensée de la mort car il refuse de se placer au niveau su sensible, de la passion et del'imagination : l'exercice de l'entendement nous permet de nous placer au niveau de la Vérité, de l'Etre absolu où lamort n'a plus de sens.

Ainsi, l'homme peut lutter contre la mort en méditant sur la Vérité – activité qui necorrespond pas à la pratique de l'art. II.

L'art peut-il délivrer les artistes de la peur de la mort ? a.

Qu'est-ce qui demeure de l'artiste par delà la mort ? Cependant, n'a-t-on pas tendance à accorder à l'art la faculté d'immortaliser ceux qui l'ont pratiqué avec talent ?Les Académiciens se surnomment « les immortels », et l'art paraît capable de faire demeurer quelque chose del'artiste par delà la mort.

C'est Marcel Proust qui l'a le mieux montré dans A la recherche du temps perdu : à la mort de l'écrivain Bergotte, il décrit celui-ci comme un être qui entre dans l'immortalité.

Qu'est ce qui demeure de l'artisteaprès sa mort ? Le souvenir de son nom et de son passage sur terre, attesté par la permanence de son œuvre.

Maisaussi bien plus que cela : une conception du monde singulière, matérialisée dans une œuvre. b.

L'immortalité par l'art est-elle suffisante pour délivrer l'artiste de la peur de la mort ? C'est entendu : quelque chose de l'artiste demeure après sa mort.

Mais ce quelque chose est-il suffisant pour ledélivrer de la peur de la mort ? Oui, dans une certaine mesure.

En effet, l'artiste a le sentiment d'échapper au sortde l'humanité moyenne, c'est-à-dire, à l'absolue disparition de son être.

Il sait que quelque chose demeurera de lui,quelque chose d'unique et qui perpétuera son souvenir après sa mort.

L'art peut le délivrer de la peur de la mort, entant qu'il le délivre du sentiment d'absurdité attaché à la vie.

Son existence a un sens puisqu'elle travaille à produireun quelque chose échappant au devenir.

De même qu'une journée bien remplie donne joie au sommeil, une vieconsacrée à l'art donne joie à la mort. III. L'art peut-il délivrer les hommes en général de la peur de la mort ? a.

L'art porteur d'espérance en une autre vie ? Mais ce qui est vrai pour l'artiste l'est-il pour le reste des hommes ? Nous dirons que l'art peut délivrer de la peur dela mort, lorsqu'il assume la fonction de la philosophie, c'est-à-dire la diffusion d'un discours consolant sur la crainte. »

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