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L'art est-il un langage ?

Publié le 24/02/2004

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langage
Le peintre ne peut pas utiliser sa peinture pour expliquer ce qu'il a voulu faire en peignant telle toile. Il est obligé d'avoir recours au langage verbal. L'art n'est pas constitué d'unités signifiantes out langage est constitué d'un nombre limité d'unités signifiantes. Par exemple, les lettres de l'alphabet. En art, les unités (couleur, traits...) sont en nombre indéterminé, leur combinaison obéit à des règles propres à chaque créateur, et elles n'ont pas de signification par elles-mêmes. [] C'est de façon métaphorique que l'on parle de l'art comme d'un langage. De même ne peut-on pas, au sens strict du terme, parler d'un «langage» du corps. La linguistique a isolé un certain nombre de traits qui ne caractérisent que le langage verbal et le distingue de tout autre système de communication (par exemple le code de la route, le code qu'emploient les abeilles pour échanger certaines informations). Il n'y a que le langage qui permette un certain nombre d'opérations.

DIRECTIONS DE RECHERCHE    • L'art est-il un langage si l'on entend par là qu'il s'effectue dans et par des «langues« c'est-à-dire des systèmes de signes conventionnels, arbitraires, discrets (au sens linguistique de ce terme) ?  Voir «Éléments de linguistique générale« de Martinet (Colin) notamment son analyse de la double articulation : la première au niveau des «monèmes« (c'est-à-dire des unités minimales de signification), la seconde au niveau des «phonèmes« (c'est-à-dire des unités minimales de sons distinctifs dans une langue donnée).  Voir «Le Cours de linguistique générale« de Ferdinand de Saussure (Payot), Ire partie, chapitre 1 § 2 notamment.  «Le lien unissant le signifiant au signifié est arbitraire, ou encore, puisque nous entendons par signe le total résultant de l'association d'un signifiant à un signifié, nous pouvons dire plus simplement : le signe linguistique est arbitraire«.  Schématiquement, le signifié désigne le concept (ou le sens), le signifiant désigne l'image acoustique (ou le mot) : leur combinaison constituant le signe linguistique...  Voir « Esthétique« de Hegel.  (Dans l'art) « de même que dans le langage, l'homme communique ses pensées et les fait comprendre à ses semblables. Seulement, dans le langage, le moyen de communication est un simple signe, à ce titre, quelque chose de purement extérieur à l'idée et d'arbitraire. L'art au contraire, ne doit pas simplement se servir de signes, mais donner aux idées une existence sensible qui leur corresponde. «    • L'art est-il «un langage« si l'on entend simplement par là qu'il est «communication« par «signes« ?  Voir la revue «Diogène« consacrée aux «Problèmes de langage « où Jakobson a exposé les distinctions intéressantes effectuées par Peirce en ce qui concerne les signes.  Il en distingue 3 « types « :  L'indice qui « opère, avant tout, par la contiguïté de fait, vécue entre son signifiant et son signifié «. Ainsi on peut dire que tel symptôme est indice de telle maladie.  L'icône qui « opère, avant tout, par la similitude de fait entre son signifiant et son signifié, par exemple entre la représentation d'un animal et l'animal représenté.« (Les arts plastiques figuratifs en donnerait de bons exemples.)  Le symbole qui «opère, avant tout, par contiguïté instituée, apprise, entre signifiant et signifié. «  Peirce souligne que ces divers «aspects« (ou «types«) du signe ne sont pas strictement séparés et peuvent interférer entre eux. Ces considérations nous amènent aux interrogations suivantes :    • Ne pourrions-nous dire que l'art est un langage dans la mesure où il fait usage de « signes « où les différents aspects sont souvent mêlés ? Par exemple, comme le note Peirce lui-même : « Dans certaines traditions médiévales, les personnages vicieux sont expressément et uniformément représentés de profil, et seulement de face dans l'art de l'ancienne Égypte. « — « La différence de taille des silhouettes revêt des significations opposées selon les codes picturaux. «    • Se pose également le problème de la poésie. La poésie est-elle langage, en quel sens ?    • N'aurions-nous pas une répugnance à admettre qu'en un certain sens l'art est langage parce que (cf. René Huyghe dans son livre « L'Art et l'âme «) on s'imagine « qu'un art langage devrait fatalement s'astreindre à traduire en images, par une sorte de mot à mot visuel, des idées distinctes comme celles qui s'expriment par la parole et la plume « ?    • Cependant tout ceci prouve simplement, qu'en un certain sens, l'art peut être un langage (dans la mesure où il peut être communication par signes). Mais l'est-il nécessairement ? Autrement dit la communication, la volonté de communiquer, est-elle consubstantielle à l'art, à l'activité artistique ? N'opère-t-on pas une réduction abusive lorsqu'on dit — même au sens ainsi défini — que l'art est un langage ? Après tout, un «artiste« ne pourrait-il —par exemple— avoir le dessein de «s'exprimer« et (ou) d'exprimer «quelque chose« sans envisager de l'exprimer à quelqu'un ? Pourrait-on dire, alors, que l'art est nécessairement langage ?    • La même interrogation ne doit-elle pas être opérée si l'on admet avec Kant que «La beauté est la forme de la finalité d'un objet en tant qu'elle y est perçue sans représentation de fin « ? (La Critique du jugement, p. 67).  

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« [Le langage possède certaines caractéristiquesque l'on ne retrouve pas dans la création artistique. C'est pourquoi on ne peut pas dire que l'art est un langage. Il est un moyen d'expression.] L'art est un système closPour qu'il y ait langage, dit Roman Jakobson, il faut qu'il y ait un émetteur (celui qui parle), un récepteur (celuiqui écoute) et un «canal» de communication reliant l'un et l'autre.

Mais cela ne suffit pas.

Il faut quel'émetteur et le récepteur utilisent les mêmes codes linguistiques pour se comprendre.

L'art, quant à lui,n'utilise que des codes créés par l'artiste lui-même et qui sont différents pour chaque créateur. L'art ne peut pas parler de lui-mêmeL'une des principales caractéristiques du langage est qu'il peut parler de lui-même.

On utilise des mots pourdéfinir d'autres mots.

Voilà ce que l'art ne peut pas faire.

Le peintre ne peut pas utiliser sa peinture pourexpliquer ce qu'il a voulu faire en peignant telle toile.

Il est obligé d'avoir recours au langage verbal. L'art n'est pas constitué d'unités signifiantesTout langage est constitué d'un nombre limité d'unités signifiantes.

Par exemple, les lettres de l'alphabet.

Enart, les unités (couleur, traits...) sont en nombre indéterminé, leur combinaison obéit à des règles propres àchaque créateur, et elles n'ont pas de signification par elles-mêmes. C'est de façon métaphorique que l'on parle de l'art comme d'un langage.

De même ne peut-on pas, au sensstrict du terme, parler d'un «langage» du corps.

La linguistique a isolé un certain nombre de traits qui necaractérisent que le langage verbal et le distingue de tout autre système de communication (par exemple lecode de la route, le code qu'emploient les abeilles pour échanger certaines informations).

Il n'y a que lelangage qui permette un certain nombre d'opérations.

Grâce à lui, je peux définir des mots, je peux expliquer lesens d'une composition musicale.

Je peux mentir, m'exprimer de manière symbolique, c'est-à-dire me détacherde la réalité à laquelle renvoie un mot, une phrase.

Ce qui est impossible en art.

Enfin, seul le langageconstitue un système dont toutes les unités sont en elles-mêmes signifiantes.. »

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