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L'art est-il un langage ?

Publié le 25/03/2004

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langage
, car ce qu'il dit à sa manière, dans un silence plus éloquent que tous les discours,«Tu verras, écrit Vincent Van Gogh à son frère Théo, ces toiles te diront ce que je ne peux pas exprimer par la parole »se situe précisément dans un monde où la distinction magistrale de l'objet et du sujet, du vrai et du faux n'a plus cours et où, bien plutôt, comme l'écrit Lyotard, « le leurre et le vrai viennent ensemble, non comme des contraires dans un système, mais au moins comme l'épaisseur qui a ensemble son recto et son verso» (J.-F. Lyotard, Discours, figure, Klincksieck, 1971, p. 17).Si les Vieux souliers aux lacets de 1886 sont entrés dans ce monde qui est celui des chefs-d'oeuvre de l'art, faisons l'hypothèse qu'ils ont tout simplement regagné leur «lieu naturel », d'où les avait tirés le pinceau de Van Gogh. En ce lieu peut-être, nous pourrons saisir sur le vif «l'origine de l'oeuvre d'art. ». En ce lieu , tout discours est inadéquat, impuissant, obsolète. L'art exprime ce que la parole ne peut exprimer. Si le langage quotidien pouvait tout dire, l'art n'existerait pas et s'il n'y avait de l'indicible, la peinture n'aurait rien à dire.
langage

« avec des mots, mais avec des «valeurs» aussi franches que celles d'une gravure, alors nous sommes investis d'uneétrange responsabilité : celle de nous interroger sur ce que nous éprouvons et qui n'est autre, précisément, que cequ'il nous dit, ou plutôt sur ce que j'éprouve et ce qu'il me dit. À savoir : «Je suis fatigué, usé, mes lacets sont défaits, mais je suis désormais là pour l'éternité.

Je me tiens auseuil de l'Invisible, dépouillé, déposé comme les babouches du fidèle au seuil de la mosquée, comme celles de Moïseà l'entrée de la Terre Sainte, comme les sandales d'Empédocle sur les bords du cratère où je me suis jeté à jamaisdans le feu divin de la Création.

Je viens de très loin.

J'ai quitté le cercle des attributs religieux où, comme le broc,la bassine et le livre, j'étais symbole de piété dans un coin du tableau.

J'occupe à présent tout l'espace.

Je suistranquillement une nature morte.

Je n'appartiens plus au monde fiévreux des cordonniers, des citadins et despaysans, mais au monde de l'art, – car je suis peinture, et tout est peinture, et toi aussi tu es peinture, ô insenséqui crois que je ne suis pas toi ! » Bien évidemment, si Van Gogh avait voulu dire cela et simplement cela, il l'auraitdit, il l'aurait écrit – et il n'aurait pas peint.

Mais le tableau de Van Gogh, comme tout chef-d'oeuvre, se situe dansune région que le langage n'épuise pas.

Et il est hors de propos de demander à ceux qui entendent cet étrangemonologue s'il est vrai que ce tableau est beau, ou si ce qu'il dit est vrai, ou s'il n'y a pas quelque confusion dusujet à l'objet, comme une espèce de jeu ultime entre des jugements «réfléchissants »..., car ce qu'il dit à samanière, dans un silence plus éloquent que tous les discours,«Tu verras, écrit Vincent Van Gogh à son frère Théo, ces toiles te diront ce que je ne peux pas exprimer par laparole »se situe précisément dans un monde où la distinction magistrale de l'objet et du sujet, du vrai et du faux n'a pluscours et où, bien plutôt, comme l'écrit Lyotard, « le leurre et le vrai viennent ensemble, non comme des contrairesdans un système, mais au moins comme l'épaisseur qui a ensemble son recto et son verso» (J.-F.

Lyotard, Discours,figure, Klincksieck, 1971, p.

17).Si les Vieux souliers aux lacets de 1886 sont entrés dans ce monde qui est celui des chefs-d'oeuvre de l'art, faisonsl'hypothèse qu'ils ont tout simplement regagné leur «lieu naturel », d'où les avait tirés le pinceau de Van Gogh.

En celieu peut-être, nous pourrons saisir sur le vif «l'origine de l'oeuvre d'art.

».

En ce lieu , tout discours est inadéquat,impuissant, obsolète.

L'art exprime ce que la parole ne peut exprimer.

Si le langage quotidien pouvait tout dire, l'artn'existerait pas et s'il n'y avait de l'indicible, la peinture n'aurait rien à dire.

Né des lacunes du langage usuel et de lacommunication ordinaire, l'art prétend les combler.

Il s'adresse ainsi, directement, à chacun et à tous, au mépris desbienséances restrictives, des catégories logiques et des médiations conceptuelles.

[Les hommes ont d'abord communiqué par gestes et par cris avant d'accéder au langage. Ces premières formes d'expression se retrouvent dans l'art. L'art est donc un langage; le plus vieux de tous.] Les hommes n'ont pas toujours possédé le langageRousseau, dans son Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, dit que «le premierlangage de l'homme», le «seul dont il eut besoin», est «le cri de la Nature».

Les hommes, face au danger,criaient.

Ces cris, peu à peu, se sont articulés en sons plus nuancés.. »

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