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L'art est-il lié à une « métaphysique » ?

Publié le 25/03/2004

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Au contraire, dans la conception d'un monde soumis au changement, en constante évolution, où rien n'est fixe et arrêté, pas même l'artiste qui se veut torero (Picasso) - la pratique et la théorie de l'art se placeront non plus sous le signe de la patience et de la rigueur obstinées en quête du chef-d'oeuvre, mais sous la rubrique de l'événement et de la fulgurance, qui multiplie les «passes» et les «coups» improvisés, fulmine d'impatience et sollicite tous les hasards dans une sorte de devenir sans fin, ou d'Éternel Retour, lieu surréaliste de toutes les métamorphoses. C'est pourquoi, pour l'artiste contemporain qui vit dans le brasier de la surenchère, devenir « classique » et «immortel» a cessé d'être un idéal : toute oeuvre quelque peu durable apparaît au contraire comme « récupérée » par l'institution en raison de son caractère anodin. L'art apparaît ainsi comme lié, sinon à une théologie, du moins à une métaphysique : l'activité artistique n'a de sens, en effet, que par rapport à une idée du réel, décisive quant à la fin de toute activité. Qu'il se veuille créateur patient ou destructeur iconoclaste, l'artiste est à sa manière un métaphysicien de la temporalité, soit qu'il pose idéalement, à la manière de Van der Weyden, son «oeuvre» hors du temps, soit qu'il la mette au contraire, avec Picasso, en perspective dans la mouvance du devenir et de ses métamorphoses : «Un jour, je prends une selle et un guidon, je les mets l'un sur l'autre, je fais une tête de taureau. C'est très bien. Mais ce qu'il aurait fallu faire, tout de suite après, c'est jeter la tête de taureau. La jeter dans la rue, dans le ruisseau, n'importe où, mais la jeter. Alors, un ouvrier passe, il la ramasse. Et il trouve que peut-être, avec cette tête de taureau, il pourrait faire une selle et un guidon de vélo. Et il le fait.

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