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L'art nous apprend-il à percevoir ?

Publié le 11/01/2010

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Nous avons une vision partielle du réel et l?art est justement là pour compenser cette lacune. En effet, nous ne percevons des choses que ce que nous pouvons en faire ; notre vision du réel est pratique.   De plus, les concepts nous éloignent de la réalité. Avec le penseur abstrait, comme le dit  Kierkegaard, « on n?aime pas, on ne croit pas, on agit pas, mais on sait ce qu?est l?amour, on sait ce qu?est la foi? «. Ainsi, l?impressionnisme s?est donné pour tâche de révéler ce que nous percevons de la réalité par-delà ce que nous en savons. Monet : « il est faux que les objets aient une forme. Il n'y a pas la meule ou la cathédrale ou le peuplier ; il y a la meule et la cathédrale à telle heure et sous tel éclairage «. Autrement dit, l?artiste restitue notre rapport primitif, presque charnel et immédiat aux choses : il fait état du réel avant que la réflexion et son outillage conceptuel, logique et pragmatique, ne s'en empare[1]. L'art nous apprend donc, selon les maîtres mots de Husserl, fondateur de la phénoménologie, à « revenir aux choses mêmes «, aux choses telles qu?elles se manifestent et se donnent à la conscience. Citons Virginia Woolf dont l?écriture est fortement inspirée de la peinture impressionniste : « Examinez un instant un esprit ordinaire, un jour ordinaire.

 L’art est l’expression d’un artiste et en cela constitue la représentation d’une certaine appréhension subjective de la réalité plus qu’une simple imitation de la réalité elle-même. En d’autres termes, l’art donne à percevoir une manière de percevoir. Mais pourquoi ce besoin de partager sa perception qui est singulière et personnelle ? L’artiste est-il égocentrique ou bien ne cherche-t-il pas à nous apprendre quelque chose de nos perceptions ? Dès lors, que nous apprend-il de nos perceptions et dans quelle mesure cet enseignement nous enrichit-il ?

« un médiateur .

En effet, connaître, apprendre, provoque du plaisir ; de même pour la contemplation esthétique : les images nous permettent de prendre plaisir à regarder des choses dont la vue nous est pénible dans la réalité.Autrement dit, l'art apprend à percevoir en ce qu'il nous donne à voir ce qui, dans le réel nous repousse.

Maiscomment s'y prend-il ? a) L'art : entre l'histoire et la philosophie : Pour Aristote, les évènements quotidiens manquent de portée générale .

Et c'est pour cette raison que l'artiste ou le poète est plus pédagogue que l'historien : là où ce dernier se borne à rapporter les faits tels qu'il se sont produit comme ils se sont produit, le poète rapporte ce qui estvraisemblable , « semblable au vrai ».

En effet, l'artiste « re-présente les choses ».

Les représentations de l'art subissent certes une « perte »ontologique comme le dit Platon, mais il ne s'agit pas pour autant d'unedégradation ontologique.

Au contraire pour Aristote, le vraisemblable donne àl'art sa supériorité sur l'histoire.

L'artiste représente en donnant une secondeprésentation, mais surtout une nouvelle présentation.

Exple : Homère dépeint moins la colère d'Achille pris individuellement (Achille, à tel jour, telle heure ettel endroit, pour tel et tel motif, s'est mis en colère) que l'expression de lacolère d'un guerrier.

Certes cette colère n'est pas aussi universelle que celleétudiée par la philosophie quand elle définit les passions (valables pour touthomme en général) mais elle échappe au défaut de l'histoire qui est des'attacher au particulier, aux détails : avec la poésie, on a affaire à destypes , des modèles, à de l'universel approchant .

Ainsi pour Aristote, « l'ami des mythes est en quelque sorte philosophe » (Métaphysique , I, 2, 982 b). L'art nous met en chemin vers la science ou la connaissance du vrai. b) la catharsis : Le fait de vivre en représentation certains évènements nous permet de ne pas avoir à délibérer sur ce qu'il faut faire, nous pouvons simplement contempler .

Ainsi, il y a épuration des passions ( catharsis ) produite grâce à l'art : je peux, face au spectacle tragique, percevoir ce qu'est le malheur sans le vivre (ou le vivre mais par procuration, c'est-à-dire sans en subir personnellement les conséquences).

La perception = prise de conscience dela réalité qui n'est plus alors subie.

Ainsi, le coléreux qui voit le spectacle de la colère peut alors se rendre comptequ'elle est hors de toute mesure ( hubris ), ou bien qu'elle peut tel Ajax, le mener à sa perte, au déshonneur ; au contraire, ce même coléreux en colère se laissant porter par sa passion, est aveugle . Conclusion :l'idée que l'art s'avère être plus enrichissant sur le plan du rapport qu'entretient l'homme avec la réalité perçue, nousmontre bien, contre la condamnation platonicienne de l'art qui veut que celui-ci soit intellectuellement stérile, quel'intelligence seule ne saurait suffire à nous apprendre ce qu'est le monde : celui-ci n'est pas d'emblée Formesidéelles et immatérielles, accessibles à l'esprit seul ; nous avons un corps, nous prenons plaisir à percevoir, et l'artnous ouvre la voie à cette découverte renouvelée de la réalité.

Comme le dit Oscar Wilde, la nature et la vie imitent l'art (avant Turner, les londoniens n'avaient que faire des brouillards) parce que l'art nous enseigne comment nous percevons et ce que nous percevons en dépit de notre relation intéressée et pragmatique avec lemonde.

[1] Exemple : l'art nous a appris que nous voyons en perspective : dans les couloirs du Lycée, je vois que les portes ne sont pas à hauteur égale et pourtant je ne pense pas une seule seconde qu'elles ne le sont pas car je sais qu'elles sont de hauteur égales.

Autrement dit, le peintre restitue ce que nous voyons tel que nous le voyons quandle concept nous en éloigne.. »

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