Devoir de Philosophie

L'art peut il dépasser la nature ?

Publié le 02/01/2005

Extrait du document

J'ose même dire qu'il y en eut. Mais personne ne les a vus et, ainsi, nous ne savons rien d'eux. Ils n'existèrent qu'au jour où l'art les inventa. Maintenant, il faut l'avouer, nous en avons à l'excès. Ils sont devenus le pur maniérisme d'une clique, et le réalisme exagéré de leur méthode donne la bronchite aux gens stupides. Là où l'homme cultivé saisit un effet, l'homme d'esprit inculte attrape un rhume. Soyons donc humains et prions l'Art de tourner ailleurs ses admirables yeux. Il l'a déjà fait, du reste. Cette blanche et frissonnante lumière que l'on voit maintenant en France, avec ses étranges granulations mauves et ses mou­vantes ombres violettes, est sa dernière fantaisie et la Nature, en somme, la produit d'admirable façon. Là où elle nous donnait des Corot ou des Daubi­gny, elle nous donne maintenant des Monet exquis et des Pissarro enchan­teurs.

« Pour Hegel, reproduire la nature est un travail superflu.

C'est un travail inutileet présomptueux car l'homme n'est pas Dieu.

Ce genre de peinture n'estqu'une caricature du réel.

C'est une fin pour l'art que de vouloir tromper unpublic naïf.

Et cela risque de provoquer l'ennui et le dégoût.

Une peintureparfaite de la réalité ne sera jamais un chef d'œuvre.

L'art est au milieu dusensible immédiat et de la pensée pure.

Le sensible de l'art n'intéresse quenos sens intellectuels.

Nos sens intellectualisés sont la vue et l'ouïe, tandisque le goût, le toucher, l'odorat s'occupent des choses plus matériels.

Doncdans l'art, le sensible est spiritualisé.

L'esprit est dans le sensible.

Il échappedonc a un examen rigoureux de la pensée.

On pourrait penser que le travail del'artiste tue la vie de la nature par la pensée.

Il est vrai que l'art est plusproche de l'esprit que de la nature.

L'esprit ne s'aliène pas dans le sensible.

Ilappréhende ce qui est autre que lui et pourtant lui.

Cette appréhension n'estpas inutile.

L'art a pour but que l'artiste et l'homme se reconnaissent dans cequi est autre que lui.

L'homme doit marquer du sceau de l'intériorité ce qu'il luiest extérieur.

De lui rendre plus familier ce qui lui est étranger.

L'art dégage lavérité des apparences et la doté d'une réalité plus haute crée par l'esprit lui-même. 2) L'art et la nature : une opposition ou une recherche de point de convergence ? Selon l'esthétique classique, toute la nature n'est pas digne d'imitation, le classicisme n'est pas un réalisme.

Lanature imitable est elle-même une idéalisation des formes, c'est-à-dire une stylisation des apparences sensiblesreconstruites en fonction des lois qui organisent en profondeur la nature.

L'imitation de la nature impose celle desanciens.

Imiter les anciens, c'est imiter la méthode des anciens qui ont su imiter la nature dans son intention même.Aussi, le naturel dans l'art n'a plus rien de spontané.

Il n'y a même rien de plus artificiel que cela.

L'imitation de laréalité est soumise à de nombreuses restrictions.

L'art classique se doit de représenter la réalité, mais lareprésentation doit être l'objet de plaisir.

L'art doit se conformer à ses conditions de réception, c'est-à-dire à lacroyance partagée de ce qui est réel, possible, convenable, et de ce qui ne l'est pas.

L'imitation de la nature porteainsi en elle la règle de bienséance.

La vraisemblance désigne la ressemblance entre ce qui imite et ce qui est imité.D'un point de vue interne, c'est-à-dire la cohérence de l'action et des personnages et vraisemblance externe, quiéquivaut aux valeurs du public concerné.

Aussi, l'imitation n'est pas un procédé servile de copie mécanique et sedistingue de toute espèce de mimétisme.

Il s'agit d'imiter non ce qui se donne à la perception, mais ce qui estrégulier et proportionné, c'est-à-dire ce qui plaît à la raison.

La beauté est vaine si elle n'est pas grande et noble.La nature de l'imitation, la belle nature, c'est donc la nature raisonnée.

L'art imite une nature corrigée, choisie, enfonction de normes idéales.

Aussi, en suivant Aristote, « l'art porte à son terme ce que la nature n'a pas le pouvoird'achever, ou l'imite.

» Il faut comprendre que l'art se doit de représenter la réalité mais pas n'importe comment etnon pas servilement.

Si bien que l'art offre une représentation de la réalité qui n'est pas une copie, une« photographie » de la réalité.

L'art re-présente, il offre une présentation pas exactement redoublée mais modifiéede la réalité pour qu'elle soit compréhensible et visible par le public.

De ce point de vue, le véritable art ne pourrajamais être un reflet exact de la réalité.

L'art ne peut rivaliser avec la nature. Hegel rompt avec Kant, pour qui la beauté naturelle tient une large part.

La contemplation de la belle natureaccordemystérieusement l'imagination et l'entendement.

Hegel rejette la beauté naturelle, car la beauté artistique étant unproduit de l'esprit lui est nécessairement supérieure.

C'est pour nous et non en soi et pour soi qu'un être naturelpeut être beau.

L'imitation de la nature n'est donc pas de l'art, tout au plus un exercice d'habileté, par lequel onimite le Créateur.

Il y a plus de plaisir à fabriquer des outils ou des machines qu'à peindre un coucher de soleil.

Lavaleur de l'art est tout autre : c'est l'esprit à l'oeuvre, qui s'arrache de la nature en la niant.

Au moyen de l'art,l'homme se sépare de la nature et se pose comme distinct.

L'art peut donc faire l'objet d'une science, pense Hegel,il suffit d'en montrer la nécessité rationnelle dans l'histoire de l'humanité.

L'oeuvre d'art ne décrit pas une réalitédonnée, elle n'est pas faite pour notre plaisir, mais l'art est en son essence une intériorité qui cherche à s'exprimer,à se manifester ; c'est un contenu qui cherche une forme, un sens qui veut se rendre matériel.

On ne peut lecondamner pour son apparence, car il faut bien à la vérité une manière de se montrer.

L'art étant historiquement lapremière incarnation de l'esprit, il se confond d'abord à la religion : la religion grecque est l'art grec lui-même.

Cesont Homère et Hésiode qui ont inventé les dieux grecs.

Cet âge d'or de l'art, que Hegel définit comme "classique",sera dépassé par l'art romantique avec l'apparition du christianisme.

La religion chrétienne est essentiellementanthropomorphique : le divin est le Christ, soit une pure individualité charnelle, qui a souffert et qui est morte encroix.

Seul l'art peut ici donner une représentation charnelle de ce divin, dont le passage historique a été fugitif, etsi l'art est mort dans notre société moderne, c'est probablement pour la raison que la spiritualité chrétienne ne suffitplus tout à fait aux besoins de l'esprit. Le beau est une idée, soit l'unité d'un concept et de la réalité.

Le concept est l'âme tandis que la réalité en estl'enveloppe charnelle.

Le beau est donc la manifestation sensible de cette unité ; il exprime une réconciliation.

Il estnaturel qu'il échappe à l'entendement qui sépare et qui divise, de même qu'à la volonté qui cherche à soumettrel'objet à ses propres intérêts.

Tout ce qui est libre, indépendant, infini, conforme à la seule nécessité de son. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles