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L'art peut-il rivaliser avec la nature ?

Publié le 08/02/2004

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L'art peut donc aider à être plus sensible à une réalité qu'elle rend plus saillante. Il prépare le regard à mieux discerner l'ordre de la vie qui sous-tend le monde des hommes.Mais l'art doit-il rechercher cette rivalité avec la nature? Doit-il nous aider à devenir plus conscient de cette beauté qui lui est extérieure? En réalité, sa fonction ou ses effets sont plus profonds: il ne révèle pas un monde préexistant, il crée le monde. Il faut attendre la seconde moitié du xviiie siècle, puis surtout la période romantique, pour que soit reconnu en l'artiste un véritable créateur, ne trouvant pas son modèle hors de lui mais dans le jaillissement de sa propre imagination, de son génie. Il ne s'agit plus alors de retrouver sur la toile ou dans le marbre une nature, fût-elle réduite à l'idéal de sa forme, mais un univers propre, avec ses lois, son style, sa cohérence et son mystère. Loin de nous reconduire à la nature, l'art ainsi entendu nous en détourne au contraire pour nous hisser vers une multiplicité de mondes qui ont à leur source une pluralité de dieux artistes: le monde de Giotto, celui de Rodin, l'univers de Cézanne ou encore celui de Baudelaire. En nous convertissant à d'autres horizons, l'art enrichit celui de notre existence et rend plus manifeste la liberté de notre condition qui est de n'appartenir vraiment à aucun monde et de pouvoir circuler de l'un à l'autre. Que veut dire que l'art peut rivaliser avec la nature ?

Que veut dire que l’art peut rivaliser avec la nature ? Il faut comprendre tout d’abord correctement ce qu’il faut entendre par art , est-ce l’ensemble des procédés humains susceptible d’égaler la nature dans ses processus, on pense à toutes les tentatives de construire des machines aussi perfectionnées qu’un homme ou un animal par exemple dans son ensemble ou en partie, ou toute autre tentative de remplacer par des procédés artificiels des substances naturelles ou autre. Dans un sens plus restreint, d’art ramené aux beaux-arts, l’art peut rivaliser avec la nature au sens où l’art serait une tentative d’imitation de la nature. Mais cette tentative est-elle cohérente, est-ce un vrai but pour l’art de s’aligner sur la nature, n’est-ce pas un but voué à l’échec, l’art ne devrait-il pas plutôt resté lui-même que de vouloir entrer en rivalité avec une nature bien plus complexe ? Aussi, nous nous intéresserons à ce sens plus restreint.

 

« représentation doit être l'objet de plaisir.

L'art doit se conformer à ses conditions de réception, c'est-à-dire à lacroyance partagée de ce qui est réel, possible, convenable, et de ce qui ne l'est pas.

L'imitation de la nature porteainsi en elle la règle de bienséance.

La vraisemblance désigne la ressemblance entre ce qui imite et ce qui est imité.D'un point de vue interne, c'est-à-dire la cohérence de l'action et des personnages et vraisemblance externe, quiéquivaut aux valeurs du public concerné.

Aussi, l'imitation n'est pas un procédé servile de copie mécanique et sedistingue de toute espèce de mimétisme.

Il s'agit d'imiter non ce qui se donne à la perception, mais ce qui estrégulier et proportionné, c'est-à-dire ce qui plaît à la raison.

La beauté est vaine si elle n'est pas grande et noble.La nature de l'imitation, la belle nature, c'est donc la nature raisonnée.

L'art imite une nature corrigée, choisie, enfonction de normes idéales.

Aussi, en suivant Aristote, « l'art porte à son terme ce que la nature n'a pas le pouvoird'achever, ou l'imite.

» Il faut comprendre que l'art se doit de représenter la réalité mais pas n'importe comment etnon pas servilement.

Si bien que l'art offre une représentation de la réalité qui n'est pas une copie, une« photographie » de la réalité.

L'art re-présente, il offre une présentation pas exactement redoublée mais modifiéede la réalité pour qu'elle soit compréhensible et visible par le public.

De ce point de vue, le véritable art ne pourrajamais être un reflet exact de la réalité.

L'art ne peut rivaliser avec la nature. Hegel rompt avec Kant, pour qui la beauté naturelle tient une large part.

La contemplation de la belle natureaccordemystérieusement l'imagination et l'entendement.

Hegel rejette la beauté naturelle, car la beauté artistique étant unproduit de l'esprit lui est nécessairement supérieure.

C'est pour nous et non en soi et pour soi qu'un être naturelpeut être beau.

L'imitation de la nature n'est donc pas de l'art, tout au plus un exercice d'habileté, par lequel onimite le Créateur.

Il y a plus de plaisir à fabriquer des outils ou des machines qu'à peindre un coucher de soleil.

Lavaleur de l'art est tout autre : c'est l'esprit à l'oeuvre, qui s'arrache de la nature en la niant.

Au moyen de l'art,l'homme se sépare de la nature et se pose comme distinct.

L'art peut donc faire l'objet d'une science, pense Hegel,il suffit d'en montrer la nécessité rationnelle dans l'histoire de l'humanité.

L'oeuvre d'art ne décrit pas une réalitédonnée, elle n'est pas faite pour notre plaisir, mais l'art est en son essence une intériorité qui cherche à s'exprimer,à se manifester ; c'est un contenu qui cherche une forme, un sens qui veut se rendre matériel.

On ne peut lecondamner pour son apparence, car il faut bien à la vérité une manière de se montrer.

L'art étant historiquement lapremière incarnation de l'esprit, il se confond d'abord à la religion : la religion grecque est l'art grec lui-même.

Cesont Homère et Hésiode qui ont inventé les dieux grecs.

Cet âge d'or de l'art, que Hegel définit comme "classique",sera dépassé par l'art romantique avec l'apparition du christianisme.

La religion chrétienne est essentiellementanthropomorphique : le divin est le Christ, soit une pure individualité charnelle, qui a souffert et qui est morte encroix.

Seul l'art peut ici donner une représentation charnelle de ce divin, dont le passage historique a été fugitif, etsi l'art est mort dans notre société moderne, c'est probablement pour la raison que la spiritualité chrétienne ne suffitplus tout à fait aux besoins de l'esprit. Le beau est une idée, soit l'unité d'un concept et de la réalité.

Le concept est l'âme tandis que la réalité en estl'enveloppe charnelle.

Le beau est donc la manifestation sensible de cette unité ; il exprime une réconciliation.

Il estnaturel qu'il échappe à l'entendement qui sépare et qui divise, de même qu'à la volonté qui cherche à soumettrel'objet à ses propres intérêts.

Tout ce qui est libre, indépendant, infini, conforme à la seule nécessité de sonconcept, peut être dit beau.

De plus, un bel objet est vrai, puisqu'il est conforme à son être.

Cela implique qu'aucunorganisme vivant ne pourra être beau, parce que soumis au besoin, il n'a pas de véritable liberté.

Seule la beautéartistique peut être accomplie : elle représente l'idéal.

L'idéal est soustrait de la vie quotidienne imparfaite etinauthentique.

Il incarne l'universel dans l'individualité absolument libre et sereine : le symbole en est l'individualitéapollinienne, perfection d'harmonie et de forme, sérénité conquise sur la douleur.

En un sens, cette beauté idéaleest hors du temps et de l'histoire, symbole de l'éternité.

Si cet idéal de beauté est désormais révolu, alors qu'ilculminait dans l'art grec, c'est que l'organisation sociale et la production économique sont devenues prévalentes,soudant les individus dans des rapports de besoin, d'échange et de travail complexes et étroits.

L'Idéal ne peut pluss'incarner dans l'art, il s'est incarné dans l'État et la politique à la fin du xixe siècle et au cours du xxe siècle.

Onpeut toutefois remarquer qu'à notre époque présente, ces deux formations ne semblent plus animées par lesaspirations spirituelles les plus hautes des individus et de la collectivité.

Nous vivons dans l'ère du nihilisme queNietzsche avait diagnostiquée à la fin du xixe siècle. 3) Vers l'esthétisme ? Aussi la nature peut être artistique car elle est le lieu de la beauté.

La façon dont on voit le paysage est vu dépendde nos acquis culturel, Alain Roger dans son Court traité du paysage montre que nos vision de la natures se fonde sur nos acquis culturels, on peut percevoir de manière artistique des paysages qui ne sont que naturels.

Ainsi lamontagne Ste- Victoire peinte par Cézanne, n'est plus regardée comme une simple montagne mais elle a acquiseune dimension culturelle indéniable.

Cette idée n'est que la continuation d'une esthétique centrée sur la subjectivité,sur le sujet et non sur l'objet depuis Kant et la Critique de la faculté de juger , aussi le critère de la beauté se trouve du côté du sujet, la sensibilité peut se porter sur tout objet que ce soit naturel ou artistique.

Il y a plus de critèresmis à part ce qui provoque dans le sujet le sentiment du beau.

Mais notre époque a tendance a recherché plus lasensation esthétique, un plaisir global et non l'œuvre d'art comme source unique de plaisir esthétique.

On peutaboutir à des exemples caractéristiques de ce qu'on appelle l'esthétisme qui inverse profondément les rapports del'homme à la nature.

Exemple caractéristique : Goncourt ne peut apprécier un paysage qu'à travers les tableaux deConstable, de Corot ou de Turner ; et il anticipe par là sur les paradoxes les plus célèbres d'Oscar Wilde, sans doutele type le plus accompli de l'esthète, selon lequel « la nature imite l'art ». "Qu'est-ce donc que la Nature ? Elle n'est pas la Mère qui nous enfanta.

Elle est notre création.

C'est dans. »

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