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Art Et Philosophie

Publié le 15/11/2011

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philosophie

Il est donc exagéré de référer l'art aux valeurs de la philosophie, comme si elle avait même but et contenu, mais seulement une forme différente, mais il est tout aussi exagéré de les opposer ou de les hiérarchiser. Disons avec Kant que l'art est essentiellement un jeu avec les concepts, alors que la philosophie les prend au sérieux... Art et philosophie semblent à même de faire travailler notre esprit, s'adressent essentiellement à notre esprit ou à notre entendement, et c'est sans doute pour cela que parfois l'art ou la philosophie transgresse ses limites... (chacun a beaucoup à apprendre de l'autre). Même si dire de l'art contemporain qu'il est philosophique est peut-être exagéré, et ne signifie en fait, plus modérément, que l'art porte de plus en plus à penser pour la philosophie, on peut en déduire qu'il y a une communication évidente entre les deux, et que l'un accompagne l'autre de manière non conflictuelle. Peut-être est-ce un signe, non de la mort de l'art, mais de ce que leurs existences sont nécessairement liées l'une à l'autre (n'avons-nous pas vu que leurs destins étaient liés?). Art et philosophie sont tous les deux en crise, et cherchent, apparemment, à la résoudre en commun, ou du moins en se tournant vers son "autre". Peut-être pourrait-on dire ici après tout que leurs racines sont tellement communes que quand dans une sphère, on n'arrive pas à mener à bien son entreprise, on recourt spontanément (mais sans trop savoir pourquoi) à l'autre...

philosophie

« raison, mais aussi, s'adressant à celle-ci.

Dans une première définition, à la fois historique et générale, elle sedéfinit, depuis Socrate, et par l'intermédiaire de Platon, comme interrogation critique sur nos préjugés à propos de laréalité quotidienne, vis-à-vis de laquelle elle nous aide à prendre une distance salutaire, en nous permettant de voirlucidement le réel qui nous entoure, et même, pour les plus heureux, comme le montre la fameuse allégorie de lacaverne du livre 7 de la République, elle permet de voir ce qui est réellement réel au-delà des apparencesimmédiates.

C'est une activité réflexive, de prise de conscience de soi, le lieu où la pensée s'exerce explicitement eten toute conscience ; et ce, sous la forme adéquate à la pensée, qui est le concept.

Plus spécialement laphilosophie est synonyme de métaphysique, en tant qu'elle s'interroge sur la condition humaine, sur le sens de lavie, sur l'origine de l'univers et sur sa nature, etc.

Elle cherche à savoir quel est le fond des choses, de la réalitéhumaine.

Elle est donc essentiellement une discipline interrogative et réflexive qui culmine dans les questions detype "pourquoi (y a-t-il quelque chose plutôt que rien?)" ainsi que "qu'est-ce que (essentiellement, est cette chosequi se présente au premier abord comme ayant telles déterminations sensibles?)".Il semble donc que l'art n'ait rien àvoir avec la philosophie, puisque celui-ci a essentiellement affaire au sensible, à la fois comme contenu et commemoyen d'expression, alors que la philosophie, elle, a essentiellement rapport au conceptuel comme moyend'expression, et à un réel pensé comme plus vrai que les apparences immédiates, comme contenu.

En tout cas, ilest certain, au premier abord, qu'il n'y a pas de philosophie dans l'art ni d'art dans la philosophie ; ou, pour le direautrement, la philosophie n'est pas de l'art, et l'art n'est pas de la philosophie.

II- Conséquence : le rapport entrel'art et la philosophie est un rapport d'irréductibilité et d'opposition Il ne semble donc pas qu'on puisse être amené àles confondre, ni même qu'on puisse penser un passage entre les deux : les frontières entre eux sont biendélimitées, puisqu'ils n'ont vraisemblablement rien à voir l'un avec l'autre.

Il semble donc que le rapport entre lesdeux notions ne puisse être que d'opposition, et ne puisse aboutir qu'à un conflit.

A- Ils sont irréductibles du pointde vue de la méthode Du point de vue de la méthode, on peut dire que l'art et la philosophie sont coupés l'un del'autre, sans passage possible de l'un à l'autre.

On va voir qu'ils renvoient vraisemblablement à différentes facultésde l'esprit.

D'abord, en effet, l'art renvoie à la sphère du sentiment, de l'imagination, alors que la philosophie, elle,renvoie à ce qui est de l'ordre de la raison.

L'art serait donc de l'ordre du confus, de l'effusion des sens, alors que laphilosophie, en tant qu'elle relève du concept, est liée à la clarification des idées.

Kant, quand il définit, dans lesparagraphe 46 de la Critique de la faculté de juger, les beaux arts comme relevant du génie, pourrait très bien êtreen train de nous dire que l'art est spécifiquement différent de la philosophie du fait qu'il relève du génie.

En effet, lefait que l'artiste soit un "génie" signifie qu'il ne sait pas rendre compte de ce qu'il fait, qu'il ne peut expliquer sonoeuvre.

Non seulement on est ici loin de l'esprit conscient de soi, mais encore, du domaine de la clarté.

En effet, legénie est encore défini par Kant comme faculté des idées esthétiques, c'est-à-dire, des représentations à jamaisirréductibles au concept.

Si elles donnent à penser, et même, beaucoup à penser, on ne pourra jamais avoir d'ellesune notion adéquate ou un concept.

Ainsi on aura beau analyser une oeuvre, qui aurait par exemple pour but denous montrer la brièveté de la vie humaine, en tant qu'elle relève des beaux-arts, on ne pourra jamais épuiser leréseau de ses significations .

La philosophie, si elle veut parler de la brièveté de la vie humaine, cherchera à le fairele plus clairement possible, et, surtout, elle n'a pas le droit, à moins de refuser justement son statut de philosophie,de recourir à la méthode de l'artiste.

Un philosophe qui estimerait écrire, par exemple, sur le coup du génie, est unpoète, ce n'est pas un philosophe.

B- Art et philosophie sont irréductibles du point de vue de leur contenu Du pointde vue du contenu également, il semble que l'opposition art et philosophie soit bien tranchée.

L'art appartient eneffet à un domaine qui, eu égard aux concepts que la métaphysique emploie ou évalue positivement, ne peut qu'êtredévalué par rapport à la philosophie.

L'art en effet a à voir avec les apparences sensibles ; or on sait que dès sesdébuts le philosophe s'est opposé à ce domaine en tant qu'il n'est pas voie d'accès à l'être, et n'est même pas del'être à proprement parler : les apparences sensibles ne renvoient qu'à la surface des choses.

La philosophie qui estrecherche de la vérité, et, en tant que métaphysique, enquête ontologique, ne peut que s'opposer au domaine desapparences et même du sensible en général.

On comprend que Platon, initiateur du discours philosophiqueoccidental, mette l'art hors du champ de la philosophie.

L'auteur pense l'art comme opposé à la philosophie etcomme dangeureux pour elle.

En effet, l'art est pour lui du même ordre de valeur que la rhétorique ; l'art dupe etflatte les sens, et nous éloigne de la réalité vraie.

Si on regarde le portrait du poète qui est fait dans les livres 3 et9 de La République, on ne peut que constater qu'il s'oppose en tous points avec le portrait du philosophe qui nousest dépeint dans le livre 7.

L'artiste ou le poète, est éloigné de trois degrés de la vérité : quand il copie quelquechose, ce n'est même pas l'exemplification de l'Idée, qui elle est déjà une pâle copie de ce qui est réellement réel,mais seulement son reflet apparent ; le poète néglige la vérité et détourne l'amateur d'art de l'effort pour atteindreau vrai ; pire, il fait passer son entreprise pour vraie, alors qu'il n'a aucune connaissance véritable de l'Idée : il estdonc en opposition avec le philosophe et peut même empêcher celui-ci de mener à bien son entreprise d'éducationdu peuple.

L'art est dangeureux (en tant, il faut le noter, qu'apparemment, l'art essaierait de s'approprier de l'objetpropre du philosophe : car alors, ayant avec lui la belle apparence, pouvant donner lieu à un plaisir esthétique, ilsera plus "convaincant" pour le peuple que la philosophie, qui elle, n'a pour elle que la raison, qui paraît souvent aupeuple trop rêche et trop sérieuse...) ; et c'est le philosophe qui reçoit le rôle de nous avertir de ses dangers.

Laphilosophie, chez Platon, se définit donc par son opposition même à l'art, et par sa supériorité sur celui-ci : elle doitle remplacer.

L'art de son côté essaierait d'empiéter sur son domaine, sans succès.

Il est vrai que si, comme on l'adit, les caractéristiques spécifiques de l'art sont nettement exclusives de la philosophie, alors, si l'art essaie de fairecomme la philosophie, alors, l'art ne peut que, si la philosophie est déclarée supérieure en dignité, faire moins bienqu'elle!III- Dépassement de l'opposition tranchée art et philosophie Mais comment alors expliquer l'importance del'art dans l'histoire de la philosophie? Si l'opposition paraît évidente, pourtant, la philosophie peut-elle vraiment sepasser de l'art? Et les frontières entre les deux, loin d'être infranchissables, ne seraient-elles pas plastiques? Aregarder de plus près l'histoire de la métaphysique et/ou de la philosophie, on est donc en présence de difficultésmajeures pour notre sujet.

A- La philosophie a besoin de l'art En effet, d'abord, il se pose la question de savoircomment il se fait que le texte fondateur de la figure du philosophe -la République de Platon- soit aussi en mêmetemps un manifeste contre l'art.

Cela signifie que si l'art est l'autre de la philosophie, c'est la philosophie qui le dit,. »

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