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L'art n'a-t-il pour fonction que de nous libérer de nos passions ?

Publié le 08/07/2004

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Il semble au contraire que l'art demeure irrémédiablement obscur, aussi bien à son auteur qu'à son spectateur, et que cette obscurité persistante, l'épaisseur de ce mystère soit précisément ce qui pousse le créateur comme le spectateur à tenter d'y démêler et d'y découvrir toujours plus. L'art est sans doute une quête de sens, mais une quête indéfinie, à jamais insatisfaite. Il n'aide pas les hommes à voir plus clair en eux-mêmes mais à ressentir et percevoir autrement le monde et ce qu'ils vivent. La création artistique ne dépossède donc personne de ses passions : elle les fait s'exprimer autrement, elle les assouvit par l'intermédiaire de l'élaboration de formes. Elle donne corps à un imaginaire sans jamais l'abolir en une quelconque prise de conscience. Finalement, en assignant à l'art la fonction de conduire l'homme du vécu passionnel à la représentation et au jugement des passions,  Hegel subordonne l'art à la pensée : il en fait une formation de sens à déchiffrer, une première ébauche de réflexion par laquelle l'homme se représente sa vie. L'art n'est-il vraiment qu'une pensée grossière et imparfaite ?Il y a certes du sens à l'oeuvre dans l'oeuvre d'art. Un univers artistique exprime quelque chose des pensées de son auteur et de son temps. Mais ce sens est latéral, éclaté, équivoque, contradictoire, irréductible donc à un ensemble significatif clair et intelligible.

« Introduction L'art, selon Hegel, possède une importante fonction « adoucissante » à l'égard des passions qu'il nous aide àcomprendre et par là même à dominer.

On peut cependant se demander si c'est là sa seule raison d'être : cetaspect ne réduit-il pas en effet l'art à un simple outil psychologique? Développement Si la peinture des passions humaines occupe une place importante dans l'art et tout spécialement dans lemouvement du romantisme qui était à son apogée en Allemagne à l'époque de Hegel, il faut cependant noter tout desuite que bien des oeuvres d'art ont pour sujet autre chose que les passions.

Une nature morte, le portrait d'unpersonnage célèbre dans une attitude noble ou sereine, la musique des XVIIe et XVIIIe siècles mais aussi lasculpture grecque recherchent davantage la perfection de la forme, la mesure parfaite, que la représentation de ladémesure des passions.

On peut voir également comment le théâtre de Racine s'oppose à celui de Corneille àtravers la place réservée aux passions : chez Corneille, ces dernières sont toujours dominées au profit de l'attitudehéroïque; chez Racine, par exemple dans Phèdre ou dans Britannicus, les personnages sont emportés par unepassion qui les dévore.Quand l'art n'accorde pas une place centrale à la représentation des passions, il peut remplir d'autres fonctions,comme celle de fixer dans le temps des événements personnels ou importants : c'est le cas des monumentscommémoratifs ou des poèmes historiques.

Il peut également avoir pour seul but de divertir, c'est-à-dire dedétourner du rythme et des soucis quotidiens.

L'art représente alors un espace de liberté dans le sérieux de la vieordinaire.

C'est dans le même esprit qu'il tient souvent une fonction subversive : l'art est souvent le véhicule etparfois le camouflage de la critique politique.L'art, on le voit, peut avoir des fonctions variées et distinctes de son action sur les passions.

Mais faut-il toujoursraisonner en termes de fonctions? Lorsqu'on pense en ces termes, l'art ne risque-t-il pas d'être réduit à un simplemoyen pour autre chose au lieu d'être apprécié pour lui-même? Sans doute l'art assure-t-il effectivement toutes lesfonctions que nous avons évoquées, mais il tend également à être admiré pour lui-même, c'est-à-dire non pas utilisémais contemplé.

L'objet véritable de l'art c'est la beauté et sa fonction authentique est sans doute d'exprimer labeauté, de la donner à voir, à entendre, de la faire découvrir. Conclusion Cette réflexion sur l'art montre que sa mission n'est ni unique ni toujours déterminée à l'avance.

Sa compréhensiondépend d'une part de la sensibilité du public et d'autre part d'un patient travail d'interprétation et de contemplation.La plus grande richesse de l'art est sans doute qu'il ne se laisse pas enfermer dans une fonction unique mais s'ouvreà une interprétation toujours renouvelée.. »

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