Article de presse: Les chefs du mouvement étudiant

10 mai 1968 - Alain Geismar est secrétaire général du Syndicat national de l'enseignement supérieur (SNES-Sup, affilié à la Fédération de l'éducation nationale). Il est actuellement maître-assistant à la faculté des sciences de Paris et travaille au laboratoire de physique des semi-conducteurs de l'Ecole normale supérieure de la rue d'Ulm. Il a longtemps milité au PSU, dont il a été l'un des dirigeants dans la région parisienne. Au syndicat, il a défendu une ligne de gauche, préconisant une action immédiate pour la transformation de l'Université, contre le conservatisme et le mandarinat des professeurs. Il s'opposait en cela à la doctrine traditionnelle du syndicat, défendue notamment par les militants du Parti communiste, qui étaient partisans d'un " front unique " des universitaires contre le régime. Le courant dirigé par Alain Geismar a obtenu une faible majorité au congrès du syndicat de 1967. Jacques Sauvageot, âgé de vingt-cinq ans, a fait ses études à Dijon. Il est licencié en droit et en histoire de l'art. Il est actuellement inscrit en troisième cycle d'histoire de l'art. Il est membre des étudiants PSU. Vice-président de l'Union nationale des étudiants de France (UNEF), il en assure en fait la direction, l'ancien président ayant démissionné pour raisons personnelles, il y a un mois. L'assemblée générale de l'UNEF, qui devait élire un nouveau président, n'avait pu fonctionner normalement, de violents incidents ayant éclaté entre étudiants de droite et de gauche. Daniel Cohn-Bendit a vingt-trois ans et étudie la sociologie à la faculté des lettres de Nanterre. Né en France de parents allemands ayant fui le nazisme en 1933 et rentré en Allemagne de l'Ouest avec son père après la guerre, il a opté pour la nationalité allemande alors qu'il faisait ses études secondaires dans ce pays. N'appartenant à aucun groupe politique et se qualifiant lui-même d' " anarchiste ", il est le symbole et le principal animateur du mouvement du 22 mars de Nanterre, dont l'objectif est de réunir dans une action commune tous les groupes politiques d'extrême gauche. Le Monde du 16 mai 1968