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L'artiste est celui qui nous montre du doigt une parcelle du monde ?

Publié le 02/01/2005

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Rimbaud, Baudelaire : l'artiste est un voyant, qui chercher à « dire l'indicible «, ce qui par nature ne peut être dit. Quête de la vérité. Chaque artiste présente une vision différente du monde et de la réalité. Son approche est toujours personnelle, individuelle et originale. Elle lui est propre mais cette dimension particulière atteint une portée universelle par le regard que les autres hommes portent sur son oeuvre. L'artiste ne donne pas à voir le monde, la réalité dans toute sa vérité, mais son monde, sa manière particulière d'appréhender le réel. Il ouvre la réalité à la polysémie. Oscar Wilde : La nature imite l'art. Ce qu'on voit dans la nature, c'est ce qu'on vu les peintres. On apprend à voir à travers la vision des artistes.

Il s’agit de mettre au jour la relation qui lie l’artiste au monde en s’interrogeant sur le sens de ses créations artistiques. La question porte sur le statut de l’artiste et sur sa faculté à dévoiler une réalité particulière, une réalité parmi d’autres, sur son pouvoir de souligner, de mettre en valeur un aspect du monde. Est-il celui dont le rôle est d’attirer notre attention sur une particularité du monde à travers les œuvres qu’il nous donne à voir ? L’usage est de considérer l’art comme un moyen qui stimule l’imagination et le rêve afin de s’évader du monde réel. Selon cette idée, l’art, au lieu d’ouvrir un accès, un passage possible vers le monde, s’en éloignerait plutôt. L’art serait une fuite de la réalité, un moyen de s’échapper. Cependant, il n’est pas possible de réduire l’art véritable à une simple fuite et de restreindre l’artiste à remplir une simple fonction de prestidigitateur ou d’illusionniste. Ne peut-on pas penser au contraire que, par sa manière d’aborder le monde d’une façon toujours renouvelée et toujours particulière, l’artiste agit comme un révélateur qui réveillerait notre conscience à certains aspects du monde? Ne nous permet-il pas, par son travail, sa réflexion et son inspiration, de découvrir une parcelle du monde qui sans lui resterait dissimulée ou même engloutie par la nécessité et les préoccupations premières de la vie ?

« Loin d'être une simple copie du monde réel, l'art transforme la réalité, ce qui nous permet de supporter laréalité et la finalité de toute existence.

L'art aide à vivre, il est un moyen d'exorciserExemple : la tragédie grecque (par exemple Œdipe roi ou Antigone ) représente la manière dont l'homme est écrasé par le destin.

Les héros essaient de prendre le contre-pied de ce Fatum. Un tel spectacle permet aux spectateurs d'exorciser la dimension fatale de leur propre existence. Le théâtre de Beaumarchais : contrairement à la réalité, il est drôle, impertinent.

Il aide lesspectateurs à supporter des rapports de pouvoir de plus en plus intolérables. Cependant, le travail de l'artiste, cette façon d'exorciser le monde réel à travers l'art n'est-elle pas un moyende l'appréhender de façon à mieux le maîtriser, dans le but de se réapproprier ce que nous vivons ? Endétournant le réel à travers son œuvre, l'artiste ne nous aide t-il pas à créer du sens en dévoilant une parcelledu monde auquel nous appartenons ?L'imaginaire et l'irréel qui composent le monde de l'artiste ne sont-ils pasun excellent moyen d'aborder le monde ? 2-L'artiste est celui qui, en empruntant la voie de l'art, de la création, de l'imaginaire, concentreparadoxalement notre attention sur le monde réel.

L'artiste réveille notre attention sur des choses quotidiennes que nous ne voyons même plus, que nous neprenons plus le temps d'observer.

L'art nous sort de la préoccupation utilitaire du quotidien.Exemple : la photo attire notre regard sur des éléments particuliers.

Cela nous permet d'enrichir notre pensée,des sortir des représentations figées et stéréotypées.Bergson :l'art élargit notre perception du réel.

( Matière et mémoire ). "Qu'est-ce que l'artiste ? C'est un homme qui voit mieux que les autres,car il regarde la réalité nue sans voiles.

Voir avec des yeux de peindre,c'est voir mieux que le commun des mortels.

Lorsque nous regardons unobjet, d'habitude, nous ne le voyons pas ; parce que ce que nous voyons,ce sont des conventions interposées entre l'objet et nous ; ce que nousvoyons, ce sont des signes conventionnels qui nous permettent dereconnaître l'objet et de le distinguer pratiquement d'un autre, pour lacommodité de la vie.

Mais celui qui mettra le feu à toutes cesconventions, celui qui méprisera l'usage pratique et les commodités de lavie et s'efforcera de voir directement la réalité même, sans rieninterposer entre elle et lui, celui-là sera un artiste." Bergson. Ce à quoi s'oppose cet extrait: Ce texte de Bergson tente de définir la nature de l'artiste et le sens profond deson activité, l'art.

D'entrée, l'auteur se place sur le terrain où la fonction de l'arta été problématisée depuis l'Antiquité : celui du rapport à la vérité.Contrairement à ce qu'affirmait Platon, qui ne voyait en l'artiste qu'unillusionniste, un imitateur expert dans la production de trompe-l'oeil et qui neconnaissait rien des objets qu'il représente, Bergson soutient ici une thèse tout opposée : pour lui, l'artiste est « unhomme qui voit mieux que les autres, car il regarde la réalité nue et sans voile ».En quoi consiste cette nudité ? Quelle est la nature de ce voile ? Ce que le texte défend Pour nous l'expliquer, Bergson doit alors soutenir une autre thèse qui ne peut manquer de nous surprendre, car ellenous implique tous, et pas seulement l'artiste.

Lorsque nous regardons un objet, d'habitude, « nous ne le voyons pas».Regarder n'est donc pas la même chose que voir.

Voir, nous dit-il, c'est voir des conventions interposées entrel'objet et nous, c'est-à-dire toujours percevoir une chose à travers un écran ou une grille qui nous en masque laprésence la plus authentique.Quelles sont ces conventions ? « Ce sont des signes conventionnels qui nous permettent de reconnaître l'objet etde le distinguer pratiquement d'un autre.

» Bergson vise ici les mots de notre langage qui sont interposés, commedes étiquettes le sont sur des produits de consommation, entre les objets et nous.Ces mots nous procurent cette « commodité » qui est celle de la communication, laquelle rend l'échange plus facile,le travail plus aisé et, avec lui, une meilleure satisfaction des besoins.

« Il fallait vivre, écrit Bergson dans Le Rire, etla vie exige que nous appréhendions les choses dans le rapport qu'elles ont à nos besoins.

Vivre consiste à agir.Vivre, c'est n'accepter des objets que l'impression utile pour y répondre par des réactions appropriées.

»Ce que nous regardons du monde extérieur est donc simplement ce que nos sens en extraient pour éclairer notreconduite en vue de satisfaire nos besoins.

Comment cette « simplification pratique », par laquelle nous écartons del'objet tout ce qui ne correspond pas à son utilité, s'opère-t-elle ?Les mots ne sont pas des étiquettes blanches.

Ils renvoient à un sens, ils englobent une définition que nous avonstoujours à l'esprit quand nous regardons le monde.

Cette définition, que le philosophe appelle le « concept» del'objet, se résume le plus souvent à une formule qui porte sur sa fonction, à laquelle il est réduit.Quand nous voyons des chaussures comme celles que Van Gogh a représentées en 1886 dans son tableau Souliers. »

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