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L'artiste nous aide-t-il à être libre ?

Publié le 24/02/2004

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En fait, il n'y a rien à voir. Au nom de la vérité Platon critique l'art. Les fondements de cette critique sont: la définition de l'art comme imitation, reproduction de la réalité sensible et à la définition de la réalité sensible comme apparence, apparence trompeuse, apparence du vrai. Non seulement l'artiste ne produit que des apparences et en accentue la puissance trompeuse, mais encore il nous attache à ce monde des apparences en produisant des apparences qui plaisent, excitent les sens et l'imagination. L'art, effet du désir sensible et des passions, les accroît en retour. L'homme raisonnable n'y a pas sa place. L'art, ennemi de la vérité est ennemi de la morale. On trouve ici la première condamnation morale de l'art et par suite la première justification théorique de la censure artistique dont relève encore la condamnation des « Fleurs du mal « au milieu du XXe. Rousseau au XVIIIe, sur ce point fort différent des philosophes des Lumières, reprendra le flambeau de cette critique. L'art n'élève pas l'âme, bien au contraire.

Les artistes nous donnent toujours à voir, à entendre des réalités neuves. C'est en ce sens qu'ils nous aident à être libres, à découvrir ce que le monde n'est pas encore. Mais, l'artiste suit une démarche trop personnelle. L'art s'éloigne de la réalité et se complaît dans l'illusion. L'artiste ne peut donc pas m'aider à être libre.

  • I) L'artiste nous aide à être libres.

a) Le travail de l'artiste est totalement libre. b) L'artiste est toujours un résistant. c) Toute création est liberté.

  • II) L'artiste est soumis à des contraintes.

a) La liberté de l'artiste est trop personnelle pour être suivie. b) L'artiste peut aussi être prisonnier. c) L'artiste créé de l'illision.

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« Sartre rappelle, dans Qu'est-ce que la littérature ?, que « l'écrivainengagé sait que la parole est action ».

Si la littérature engagée, c'estla littérature perçue comme une action, alors toute littérature est, pardéfinition, engagée.

« La fonction de l'écrivain — ajoute Sartre — estde faire en sorte que nul ne puisse ignorer le monde et que nul ne s'enpuisse dire innocent.

»Ainsi, lorsqu'il décrit les conditions de vie des mineurs, Zola s'engageautant que par la défense du capitaine Dreyfus.

De la même façon, LeRouge et le Noir est une oeuvre profondément engagée, car le miroirque promène Stendhal sur les traces de Julien Sorel réfléchit l'imaged'une société ossifiée, repliée sur elle-même.

Dans ce monde quiressemble à un tombeau (la province, le séminaire), ceux qui ontl'énergie de vouloir respirer l'air de leurs passions, ceux-là doiventcombattre.

L'oeuvre d'art dévoile, elle ne reproduit pas ce qui est(comme le pensaient les Grecs), elle donne à voir et à sentir ce quiétait avant elle inaperçu.

Dans le domaine pictural, l'exemple deGuernica, présentée à Paris au Pavillon républicain de l'Expositioninternationale, est significatif.

Le tableau montre à une opinion (peudésireuse d'ouvrir les yeux en 1937) l'horreur de la guerre d'Espagne.Ces corps éclatés, ces membres que semble disproportionner la douleur,cette mêlée enfin d'où l'on ne distingue plus les hommes des bêtes,rendent sensible la détresse d'un peuple.

Au-delà du bombardement du petit village espagnol, c'est l'atrocité de tout un siècle qui est représentée, un siècle « noir et gris ». ...

qui dévoile le monde.Bien sûr, une oeuvre est engagée lorsqu'elle exprime un parti pris et s'intègre dans une lettre ouvertementmenée par son auteur.

Mais cette perception de l'art engagé est beaucoup trop restrictive.

Elle feint d'ignorerque toute oeuvre est un acte de dévoilement du réel et que l'artiste ne ressemble pas à Zeuxis, ce peintregrec qui représentait de façon si réaliste les grains de raisin sur ses fresques que les pigeons venaient s'ybriser le bec.

Il n'y a pas d'oeuvre qui ne trouve sa satisfaction dans un engagement par rapport au contextequi l'a vu naître.

C'est que, en retournant la perspective, « la littérature (l'art) d'une époque, c'est l'époquedigérée par sa littérature (son art) », comme le confia Sartre à Madeleine Chapsal.

L'engagement apparaîtcomme ce mécanisme de digestion, d'appropriation du réel, « biologiquement » indispensable à une oeuvred'art !C'est la raison pour laquelle les artistes ont toujours été les premières victimes de la répression.

Créantlibrement de nouvelles réalités, ils vont nécessairement à contre-courant de ce qui prive l'homme de liberté.

[L'artiste peut être soumis à des codes esthétiques.

Il suit une démarche trop personnelle et nous éloigne de la réalité.

Il ne peut donc nous aider à être libres.] La liberté de l'artiste est trop particulière pour être celle des autresL'artiste est peut-être libre de créer ce qu'il veut.

Mais sa liberté ne me sert à rien.

Il est trop enfermé dansson propre monde, il crée un univers trop personnel que je ne comprends pas.

Picasso est peut-être un grandartiste, mais à moi, il ne me parle pas.

Il a su peut-être ouvrir une nouvelle voie dans l'art, mais sa voie n'estpas la mienne.

C'est pourquoi il ne peut pas m'aider à être libre. L'artiste peut être aliénéL'artiste peut être prisonnier de la mode, de la technique, des codes esthétiques de son époque et de sasociété.

Le théâtre classique est prisonnier de règles établies par des théoriciens, comme les trois unités, labienséance.

Par ailleurs, certains artistes ou certaines écoles artistiques se donnent un «programme»contraignant, qui peut vite tourner à la dictature: pensons au groupe surréaliste ou au «réalisme socialiste»du régime soviétique, etc.. »

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