L'artiste peut-il vouloir le laid ?
Publié le 26/01/2004
Extrait du document
» Même un
oeil exercé peut ne plus « voir » ce qu'il a constamment sous les yeux. Les uns
récusent, instinctivement, ce qui « ne leur rappelle rien ». Les autres tiennent
pour admirable tel objet qu'ils associent, à tort, à une oeuvre belle. Ces
derniers ont fait les beaux jours des fabricants de buffets Henri II, ils font
aujourd'hui ceux des marchands de Louis XV en série. Les uns adoptent d'emblée
le jugement des gens qu'ils estiment, les autres établissent leur choix par un
antagonisme inavoué envers un individu, un groupe, un milieu qu'ils rejettent.
Il est bien évident que la véritable indépendance du jugement et du choix doit
pouvoir faire abstraction des tendances qui sont celles du milieu, de la société
contemporaine, sans opposition systématique, mais sans soumission aux
contraintes ou aux préjugés et, le plus souvent, à contre-courant, puisque les
options communes ne sont en général que le résultat d'un renoncement facile à
l'élaboration d'une analyse personnelle.
3) Le kitsch ou le mauvais goût volontaire.
Le mot « kitsch » tirerait son origine d'un
verbe allemand verkitschen qui veut dire brader ; apparu vers 1870 dans
la Bavière de l'hyperromantique et maniériste du roi Louis II ; où le terme est
utilisé pour qualifier les reproductions d'art à bon marché. Kitsch veut dire
aussi : « vendre en dessous du prix » ou de kitschen « rénover, revendre
du vieux », d'abord « ramasser des déchets dans la rue » Le mot a ensuite
resurgi dans le vocabulaire suivant les besoins du temps.
Il ne faut donc pas qualifier de kitsch un objet ou un bâtiment si l'idée et
surtout le contexte qui a vu émerger cette notion n'existaient pas.
Il existe beaucoup d’autres catégories esthétiques que le beau, il y a le grotesque, le merveilleux, le comique, le monstrueux, le laid, la caricature le tragique, le sublime. L’artiste n’est pas obligé de produire quelque chose qui soit forcément beau, le métier même d’artiste est par définition de produire des objets d’art. Il convient de combattre les idées reçues concernant la liaison du beau et de l’art, mais aussi de montrer que le laid peut être « involontaire « dans la mesure où l’artiste s’est avéré incapable de produire une belle œuvre d’art car ses talents sont médiocres ou parce qu’il a mauvais goût.
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