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L'attention

Publié le 09/06/2009

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Il est naturel d'entreprendre l'étude de l'attention après celle de la volonté. Non seulement parce que l'attention est une fonction supérieure de l'esprit — l'argument peut être tenu pour verbal — mais surtout parce que l'attention est la volonté restant sur le plan de l'esprit seul en face de lui-même, ou, si l'on préfère, une volonté dont l'efficace est modification de l'esprit, non modification de l'objet.  I. LE CHAMP DE CONSCIENCE  La théorie de l'attention sera plus facilement et plus rapidement comprise si l'on sait préalablement ce qu'il faut entendre par camp de conscience.  a) On appelle champ de conscience l'ensemble des contenus psychiques qui apparaissent simultanément à la conscience d'un individu quelconque. Du champ de conscience sont donc exclus les phénomènes psychiques inconscients ou subconscients. Il est évident qu'on ne saurait fixer une ligne de délimitation précise isolant le champ de conscience de la zone du psychisme subconscient : je regarde l'encrier qui est sur mon bureau, mais je vois aussi les livres et les papiers qui sont épars, la fenêtre qui est devant moi, mais le tonus d'ensemble de ma vie psychique actuelle est conditionné par un ensemble d'influences dont je ne m'aperçois pas : état de santé, humeur générale, etc. On dira que l'objet dont je suis immédiatement et directement conscient, celui sur lequel se dirige le « regard « de ma conscience est au foyer de celle-ci ;  b) La description de la notion de « champ de conscience « nécessite les deux remarques suivantes : 1) Pour un individu donné, le champ de conscience n'est pas invariable : je puis de mon balcon regarder le spectacle de la rue sans spécialement m'intéresser à tel ou tel objet ; mais je peux aussi fixer mon regard sur une personne qui approche et que je crois reconnaître. Il a des rétrécissements et des élargissements du champ de conscience ; 2) Les individus se distinguent entre eux par la largeur moyenne du champ de conscience. Les uns sont capables de mener de front plusieurs activités pourtant très différentes, les autres ne peuvent « faire qu'une chose à la fois «. Il y a là un facteur de description caractérologique dont nous n'avons pas à nous occuper pour l'instant.  

« 1.

Les temps de réaction sont diminués, la conscience devient plus suggestible et plus impulsive : témoin le coureurqui s'apprête à prendre le départ, ou le chasseur à l'affût ;2.

L'attention oriente et organise les états psychiques : quand on attend quelqu'un à la gare on ne surveille que leflot des voyageurs qui s'écoule par la sortie et rendent leur billet ;3.

Par l'attention, la discrimination sensible et la réflexion abstraite sont facilitées.

Ceci résulte immédiatement de ladéfinition de l'attention : la concentration de la conscience sur un représenté chasse les représentations voisinesqui gênent l'examen du représenté ;4.

L'attention oblige l'esprit à se purifier, à s'isoler, et favorise de ce fait la prise de possession de l'esprit par lui-même. IV.

LES CONDITIONS DE L'ATTENTION Si de la description ou veut passer à l'explication de l'attention, c'est-à-dire à une recherche de ses conditions, ondevra chercher celles-ci dans deux directions : a) Il y a des conditions objectives de l'attention.

Puisque l'attention est direction de la conscience vers un objet,cet objet doit pouvoir attirer l'attention.

C'est là un problème que doit nécessairement se poser toute entreprise depublicité : le commerçant verra ses bénéfices augmenter avec le nombre des clients, et se souciera par conséquentde les attirer en suscitant l'attention des passants sur le produit qu'il vend.

En éclairant une vitrine plus vivementque ne le sont les vitrines voisines, en mettant en mouvement des marionnettes par un mécanisme d'horlogerie, eninterrompant l'audition radiophonique d'une symphonie pour vanter les mérites de ses produits, en faisant défiler àune distance calculée les uns des autres des hommes sandwiches portant la même affiche, en inventant desprocédés publicitaires inédits, le commerçant capte l'attention du promeneur et peut par les émissionsradiophoniques aller quérir son attention jusque dans son foyer.

La technique d'attirance de l'attention se ramène àl'usage de l'intensité, du mouvement, de la soudaineté, de la répétition ou de la nouveauté des représentations.

Ilest facile de voir que toutes ces conditions se ramènent à une seule : la variation brusque de l'un des éléments dumilieu perçu.Quelque intéressante qu'elle soit, l'étude des conditions objectives de l'attention ne saurait suffire : l'objet peutinviter l'attention à se porter sur lui, mais il ne peut pas la déterminer, la contraindre ; b) Il y a des conditions psychophysiologiques.

Il est évident qu'à l'acte d'attention correspondent des attitudescorporelles appropriées.

Ribot va même jusqu'à la réduire à la conscience de ces attitudes : pour le chasseur àl'affût, être attentif, ce serait être conscient de la posture prise par le corps en pareil cas.

Mais si de tellesconditions sont nécessaires, il ne s'ensuit pas qu'elles soient suffisantes.

L'attention n'est pas explicable par le corpsseul ; il ne faut la confondre ni avec le dressage ni avec la fascination.

Le chien savant qui répond au claquementdu fouet par une attitude commandée n'est pas attentif, il subit un réflexe conditionnel.

L'oiseau sur l'arbre qui nepeut détacher son regard de l'oeil du chat qui le regarde n'est pas attentif.

Dans un cas comme dans l'autre le sujetsubit un déterminisme.

L'attention véritable est activité de l'esprit ; c) On a longtemps admis une distinction entre deux sortes d'attention, l'attention spontanée et l'attentionvolontaire ou attention réfléchie.

La première serait déterminée par l'objet, la seconde trouverait sa source dans lavolonté même du sujet.

Leslignes qui précèdent interdisent d'accepter cette distinction, la prétendue attention spontanée n'étant que dressageou fascination.

Il n'y a d'attention que l'attention volontaire. IV.

L'ATTENTION ET LA VIE DE L'ESPRIT Ainsi l'attention joue dans la vie de l'individu un double rôle : elle lui permet l'adaptation aux conditions du milieu enlui permettant de préparer ses réactions, mais elle permet surtout à l'esprit de s'isoler de ce milieu, de se « sauverdu corps » et de prendre conscience de son autonomie.

L'attention a pu de ce point de vue être définie uneémancipation de l'esprit, car de même que l'enfant mineur ne jouit pas des droits que lui donnera plus tard samajorité en lui conférant une personnalité juridique, de même l'esprit ne s'est pas révélé à lui-même tant qu'il restele jouet et le prisonnier du corps : l'attention est l'éveil de l'esprit en tant que tel.. »

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