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L'automne du classicisme

Publié le 18/10/2011

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Le classicisme dans sa recherche de la nature relève du rationalisme et d'une esthétique. Ce goOt du beau et ce culte de la raison sont hérités de l'humanisme. Mais, comme on l'a déjà souligné, le rationalisme se veut autonome et repousse l'Antiquité tandis que le goût du beau se fonde sur l'Antiquité et pousse les modernes à imiter la culture gréco-latine. Le culte des Anciens avait bridé le rationalisme et c'est sur cette imitation des Anciens que reposent les chefs-d'oeuvre de la poésie et de l'éloquence.

« du Télémaque? Lisez les Aventures de Mélesichton ou celles d'Aristonoüs.

Si nous nous arrê'tons aux Fahles proprement dites, nous devons reconnaître qu'elles sont admirablement adaptées aux circonstances et aux manifestations du caractère du jeune prince : s'agit-il de lui montrer qu'il n'apporte pas assez d'exactitude et de so~ns à se~ de­ voirs , Fénelon le représente sous les tratts ~u Je~ne Bacchus, indocile aux leçons de Silène, tandts qu un faune gouailleur relève ses fautes en riant.

Mais à mesure que l'élève grandit , et avec lui l'esprit critique, il faut essayer autre chose.

Et ainsi 1~ fable devient portrait, tableau critique, dont la maruère et les talents d'observation qu'on y admire rappellent La Bruyère.

Je ne connais rien de mieux que cette histoire de Mélanthe, intitulée Le Fantasque, où la couleur et la vie rendent admirablement les emportements du duc de Bourgogne .

Fénelon s'amuse, il_ s'a~use si b~en qu'il ne craint pas même de pousser JUsqu à la mystifi­ cation littéraire.

Il s'ingénie par tous les moyens à parvenir au but cherché : instruire et édifier en amusant .

Il peut égale­ ment rédiger une sorte de dictionnaire de latin, compo­ ser lui-même des thèmes et des versions, tout concourt à la même fin.

Mais plus encore que par les Fables nous appro­ chons du Télémaque par les Dialogues des Morts.

Ils sont composés selon la méthode léguée par les An­ ciens, mais non dans la manière satirique où Lucien est inimitable.

Ici aussi les intentions pédagogiques sont flagrantes.

Nous retrouvons à chaque instant le duc de Bourgogne et le prince peut entendre dire ce qu'on raconte sur lui.

Prenez par exemple le Dialogue de Mercure et Charon : c'est son portrait qui recommence.

Car ce n'est plus seulement l'homme que Fénelon veut former, mais le futur souverain.

Par exemple dans le Dialogue d'Achille et Homère il essaie de produire chez le prince l'amour des belles-lettres et de la ·gloire ; il faut qu'il soit un grand roi protecteur des lettres, comme son grand-père.

La morale se spé­ cialise, ou plus exactement, au lieu d'être générale, elle s'unit désormais à la politique .

Nous sommes bien dé­ sormais sur le chemin, un autre chemin encore, qui mène à Télémaque.

Voyez le Dialogue de Romulus et Rémus, il est là pour réfuter Machiavel , pour enseigner que la grandeur obtenue par le crime ne procure ni plaisir ni bonheur solide.

Le thème sera repris d~ns l'épisode de Pygmalion du Télémaque.

Prenez ausst le Dialogue de Romulus et Numa démontrant que la gloire d'un roi pacifique est bien supérieure à celle du conquérant.

Ce sont des lieux communs, mais des lieux communs dont la vérité n'est pas respectée par les hommes, et Fénelon espère arriver à un résultat en les répétant inlassablement.

Il est vrai que Fénelon ira plus loin encore : il ne craindra pas d'affirmer.

dans le Dialogue de Pisistrate et Solon que la tyrannte est plus funeste au tyran qu'au peuple et, devançant .~on­ tesquieu , il fait même soulever par Socrate et Alctbtade le problème de la liberté .

Et c'est le pacifisme de Fénelon qui éclate quand il s'écrie : « La guerre est un mal qui déshonore le genre hu­ main ...

Toutes les guerres sont civiles ; c'est toujours l'homme contre l'homme •· Ce n'est qu'en lui don­ nant ce substrat de maximes morales qu'il recommande le règne de la loi, non œlle (J.q !IQ\l'(e­ rain, mais celle à laquelle le souverain obéit : « Ce!ui qui gouverne doit être le plus obéissant à la lot •· Et par là, c'est le rejet de la monarchie absolue, qu'il critique sans ambages : « Les Pers_es se ~ont mis dans un tel esclavage sous ceux qut devratent faire régner les lois, que ceux-ci règnent eux-mêmes et qu'il n'y a plus d'autre loi réelle que leur volonté absolue •· Voilà pourquoi il consacre tout un dialogue, _celui de Dion et Gélon, au développement de cette maxtme : « Ce n'est pas l'homme qui doit régner : ce sont les lois •· Faut-il ajouter qu'il va déjà très loin dans la ré­ forme, et qu'il.

se place non seulement au point de vue politique, mais au point de vue social.

Il s'en prend aux complications, aux raffinements, aux développe­ ments nécessaires de la civilisation.

Il fait dire à Solon qu'il ne faut pas de dispositions par testaments, ni adoptions, ni exhérédations, ni substitutions, ni échan­ ges •· On trouve déjà un principe très révolutionnaire de la propriété : il voudrait que chaque famille n'eQt qu'une étendue très restreinte de terre, que ce bien mt inaliénable et que le magistrat le partageât également entre les enfants à la mort du père.

C'était la suppres­ sion du droit d'atnesse qu'il prévoyait ainsi.

Et il préconise encore la création de colonies pour obvier à la multiplication des familles.

Philanthrope, aventu­ reux parfois, souvent révolutionnaire, presque philoso­ phe, tel se révèle déjà Fénelon, dans cette deu_xième manifestation littéraire de son préceptorat.

Mats son hellénisme profondément enraciné, son goQt pour la littérature apparaissent autant que nous les verrons éclater dans Télémaque.

Et ces dialogues apportent aussi une autre innovation : les beaux-arts, la critique d'art fait intrusion dans les lettres grâce à lui, grâce aux deux dialogues de Parrhasios et du Poussin et de Léonard de Vinci et du Poussin.

Il n'y avait jusqu'ici que le maigre poème de Molière à la gloire du Val de Grâce et de Mignard .

Fénelon était justement aussi l'ami du grand portraitiste.

Amat~ur presque aussi éclairé que l'abbé de .Marolles , il va le surprendre dans son atelier pour parler peinture avec lui.

Et Fénelon est né artiste : il voit avec des yeux d'artiste.

Il ac­ quiert peut-être au contact de Mignar.d non seulement la connaissance des termes techniques et des principes de l'art, mais il pénètre l'œuvre des grands maîtres, en suivant avec intelligence les manifestations plasti­ ques de leurs pensées .

Par là aussi il pouvait être pour le duc de Bourgogne un merveilleux éducateur, for­ mant, affinant son goQt artistique par ses tableaux évocateurs qui transposent sur le papier ce qu'il voyait sur la toile.

Le« Télémaque » : structure et nature Récit commençant in medias res, retour en arrière, synchronisme des réformes de Mentor et des combats de Télémaque, épisodes, portraits, naufrages, pasto­ rale, mythologie , épopée, roman amoureux, telles sont les caractéristiques .

Le leit-motiv de l'amour et de la. »

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