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Autrui comme dimension de ma conscience ?

Publié le 12/02/2004

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conscience
.             D'abord, voici que j'existe en tant que moi pour ma conscience irréfléchie. C'est même cette irruption du moi qu'on a le plus souvent décrite : je me vois parce qu'on me voit, a-t-on pu écrire [...] ; pour l'autre je suis penché sur le trou de la serrure, comme cet arbre est incliné par le vent. [...] S'il y a un Autre, quel qu'il soit, où qu'il soit, quels que soient ses rapports avec moi, sans même qu'il agisse autrement sur moi que par le pur surgissement de son être, j'ai un dehors, j'ai une nature ; ma chute originelle c'est l'existence de l'autre. »   Sartre, « L'Etre et le Néant », Gallimard, pp. 305-306.  Le texte de Sartre décrit clairement deux états de la conscience. Dans le premier, une conscience solitaire est occupée, par jalousie, à regarder par le trou d'une  serrure ce qui se passe derrière la porte.
conscience

« « Imaginons que j'en sois venu, par jalousie, par intérêt, à coller mon oreille contreune porte, à regarder par le trou d'une serrure.

Je suis seul [...] Cela signified'abord qu'il n'y a pas de moi pour habiter ma conscience.

Rien donc, à quoi jepuisse rapporter mes actes pour les qualifier.

Ils ne sont nullement connus, mais jeles suis et, de ce seul fait, ils portent en eux-mêmes leur totale justification.

Je suispure conscience des choses [...].

Cela signifie que, derrière cette porte, un spectaclese propose comme « à voir », une conversation comme « à entendre ».

La porte, laserrure sont à la fois des instruments et des obstacles : ils se présentent comme « àmanier avec précaution » ; la serrure se donne comme « à regarder de près et unpeu de côté », etc.

Dès lors « je fais ce que j'ai à faire » ; aucune vue transcendantene vient conférer à mes actions un caractère de donné sur quoi puisse s'exercer unjugement : ma conscience colle à mes actes, elle est mes actes ; ils sont seulementcommandés par les fins à atteindre et par les instruments à employer.

Mon attitude,par exemple, n'a aucun « dehors », elle est pure mise en rapport de l'instrument(trou de la serrure) avec la fin à atteindre (spectacle à voir), pure manière de meperdre dans le monde, de me faire boire par les choses comme l'encre par un buvard[...]. Or voici que j'ai entendu des pas dans le corridor : on me regarde.

Qu'est-ceque cela veut dire ? C'est que je suis soudain atteint dans mon être et que desmodifications essentielles apparaissent dans mes structures [...]. D'abord, voici que j'existe en tant que moi pour ma conscience irréfléchie.

C'est même cette irruption du moiqu'on a le plus souvent décrite : je me vois parce qu'on me voit, a-t-on pu écrire [...] ; pour l'autre je suis penché sur letrou de la serrure, comme cet arbre est incliné par le vent.

[...] S'il y a un Autre, quel qu'il soit, où qu'il soit, quels quesoient ses rapports avec moi, sans même qu'il agisse autrement sur moi que par le pur surgissement de son être, j'ai undehors, j'ai une nature ; ma chute originelle c'est l'existence de l'autre.

» Sartre , « L'Etre et le Néant », Gallimard, pp.

305-306. Le texte de Sartre décrit clairement deux états de la conscience.

Dans le premier, une conscience solitaire est occupée, par jalousie, à regarder par le trou d'une serrure ce qui se passe derrière la porte.

Cette conscience est alors entièrementlivrée à la contemplation du spectacle jusqu'à s'y fondre; elle est tout entière ce spectacle qu'elle regarde, elle est la sériedes actes motivés par la jalousie (se pencher, ne pas faire de bruit, regarder).

Cette conscience ne se connaît même pascomme jalouse (ce qui supposerait un recul réflexif): elle est rapport au monde sur la mode de la jalousie.

La consciencen'a pas de consistance propre qui lui permette de s'appréhender comme moi; elle se confond immédiatement avec toutesces choses sur lesquelles elle s'ouvre. Brusquement surgit un autre (j'entends des pas, on me regarde): je suis surpris, il va penser que moi, je suis jamoux.C'est alors (dans le cadre d'une expérience de la honte d'avoir été surpris) que ma jalousie prend consistance (et par là-même aussi mon être comme jaloux); elle n'est plus seulement une manière diffuse d'agir dans ce monde: elle est cettequalification de ma personne, ce jugement sur moi porté par un tiers.

Je suis quelqu'un, je ne suis plus une pure ouverturesur le monde: on me détermine comme un homme jaloux (on me donne une " nature ”, je deviens " quelque chose ” sous le regard de l'autre (autrui me chosifie). Mais au moment où je deviens quelqu'un, je suis dépossédé de moi-même: c'est à l'autre de décider si je suis un curieux,un jaloux ou encore un vicieux.. »

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