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autrui - philosophie.

Publié le 08/05/2013

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autrui - philosophie. 1 PRÉSENTATION autrui, notion philosophique mettant en relation un ego et une altérité qu'il perçoit d'un point de vue phénoménologique, métaphysique et / ou éthique. 2 L'ALTER EGO : PARADOXE LOGIQUE ET PHÉNOMÉNOLOGIQUE D'un mot, Jean-Paul Sartre énonce le problème philosophique que pose autrui à la philosophie moderne : « On rencontre autrui, on ne le constitue pas « (l'Être et le Néant). De fait, encore qu'on puisse éventuellement le définir comme un alter ego -- un autre moi --, autrui est avant tout celui que je ne suis pas, indépendant, extérieur, étranger à moi-même et à un monde de choses dans lequel il apparaît, sans pour autant lui appartenir. Pourtant, cette étrangeté radicale et cette extériorité se construisent nécessairement dans et à partir d'un ego. En ce sens, Edmund Husserl peut affirmer dans la cinquième des Méditations cartésiennes qu'au point de vue phénoménologique, l'autre est une modification de « mon moi « (§ 52), ce qui signifie deux choses : d'une part qu'autrui est toujours celui qu'un ego se représente comme n'étant pas soi, d'autre part qu'un moi ne s'identifie à lui-même qu'à la condition de s'identifier par différenciation ou par contraste avec le moi d'un autrui qu'il n'est pas. Ainsi, selon Husserl, autrui est constitué par un ego, mais cet ego ne peut lui-même se penser comme un moi insubstituable qu'à partir du moment où il suppose autrui comme un moi qui n'est pas le sien. Ceci conduit Husserl à produire la thèse d'une intersubjectivité « monadique « qui permet seule de surmonter le solipsisme (où rien n'existe en dehors de la conscience subjective) : « admettre que c'est en moi que les autres se constituent en tant qu'autres est le seul moyen de comprendre qu'ils puissent avoir pour moi le sens et la valeur d'existences [...] « (§ 56). L'avancée est considérable, mais ce que l'on nomme alors autrui n'est qu'un sens qui ne se confond pas avec l'individu ou la personne réelle, considérée dans l'unicité, qu'on « rencontre « mais ne « constitue «pas. 3 AUTRUI, DE LA MÉTAPHYSIQUE À L'ÉTHIQUE C'est à surmonter cette difficulté majeure que s'emploie l'oeuvre d'Emmanuel Levinas, en tâchant d'abord de penser autrui à partir de son altérité la plus radicale : « L'absolument Autre, c'est Autrui « ( Totalité et Infini, 1961). Pour qu'autrui apparaisse comme tel -- « l'autre en tant qu'autre « -- il faut d'abord renverser le sens de la relation : autrui n'est pas celui que l'on vise, l'objet d'une intention ou le corrélat d'une visée intentionnelle, il est celui qui appelle. La relation éthique à autrui n'est pensable qu'après destitution du paradigme de la vision, toujours objectivante, au profit d'un rapport interlocutoire. Autrui pris en ce sens ne laisse pas indifférent : il n'est pas seulement celui qui se présente à un ego dans une expérience où il se révèle simultanément évident et inaccessible, il est d'abord celui par qui l'ego est appelé, mis en question, voire mis en demeure de l'assister -- « c'est le discours, et, plus exactement, la réponse ou la responsabilité qui est cette relation authentique [à Autrui] « (Éthique et Infini). 4 MÊME ET AUTRE COMME PERSONNE Une telle interprétation met en cause la capacité des pensées classiques, et même de la phénoménologie, à penser le statut de l'autre, et a fortiori d'autrui, sans le ramener aux catégories du Même et en manquer l'altérité. Est-ce à dire que toutes les morales subséquentes, de l'éthique du souci de soi à celle de l'autonomie du sujet pratique (Kant), confirment la cécité -- ou plutôt la surdité -- de la pensée à son « appel « ? Ce point peut être nuancé en remarquant que l'affirmation de l'autosuffisance du sujet épistémique et pratique n'entraîne pas nécessairement la ruine du souci pour un autrui envisagé dans son altérité même -- comme personne. Il se peut, a contrario, que la réduction de l'altérité d'autrui soit la condition nécessaire de sa prise en vue. La pensée politique et morale du stoïcisme en est un exemple instructif : là où la société ne produit que des différences, la philosophie produit de l'identité et refuse d'entériner des différences purement accidentelles. C'est parce qu'il le considère comme son semblable, et relevant d'une même juridiction universelle, que le stoïcien peut accueillir l'autre dans son altérité et que, sans sortir de sa citadelle intérieure, il partage sa table avec ses esclaves (Sénèque, Lettres à Lucilius, 47). Sans doute « autrui « n'est-il pas envisagé ici selon sa définition rigoureuse, comme l'« absolument autre «, mais il est effectivement rencontré dans une expérience fondée sur le respect de sa liberté, et des droits qui la protègent. Afin d'éviter que cette approche juridique ne constitue pour autrui la menace d'une universalité dissolvante, engloutissant les personnes dans un concept vide (l'« homme « des « droits de l'homme «), il faut tout au contraire y voir la condition nécessaire, mais non suffisante, de toute relation éthique avec autrui. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

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