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L'avenir doit-il être objet de crainte ?

Publié le 26/02/2004

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•    Définitions des termes :

-    avenir (du latin advenire, arriver) : dimension future du temps. Ensemble des événements qui vont se produire. L'avenir, c'est la non-présence, mais déterminée à être là. -    devoir (doit-il) : avoir à, être conduit nécessairement ou (éventuellement) être dans l'obligation de. Mais prime ici l'idée de nécessité. -    objet (étymologiquement : « ce qui est jeté devant «) : ce qui est pensé, représenté, par opposition à l'acte de penser. But ou fin que l'on vise. -    crainte :appréhension concernant un objet déterminé. Sentiment par lequel on envisage un objet comme dangereux, nuisible, etc.

L'avenir n'étant pas donné, il est difficile d'en faire un objet réel ; or c'est justement parce qu'il ne renvoie pas à de la réalité qu'il peut susciter la crainte. L'avenir se définit comme la dimension future du temps, privée d'existence. Il met en jeu un principe de dégradation et de mort inquiétant. Mais n'est-il pas aussi un aspect de la liberté et du pouvoir que l'homme peut avoir sur sa propre existence ?

« permet de revenir à ce passé, ce qui le signifie, ce qui le symbolise : encore signes et symboles ne sont-ils pas iciperçus comme tels, mais confondus avec ce qu'ils désignent.

L'erreur de la passion est semblable à celle où risquede nous mener toute connaissance par signes [...] ; le signe est pris pour la chose elle-même : telle est la sourcedes idolâtries, du culte des mots, de l'adoration des images, aveuglements semblables à ceux de nos plus communespassions ; [...] Il est vain de vouloir détruire un amour en mettant en lumière la banalité de l'objet aimé, car la lumière dont lepassionné éclaire cet objet est d'une autre qualité que celle qu'une impersonnelle raison projette sur lui : cettelumière émane de l'enfance du passionné lui-même, elle donne à tout ce qu'il voit la couleur de ses souvenirs [...].L'erreur du passionné consiste donc moins dans la surestimation de l'objet actuel de sa passion que dans laconfusion de cet objet et de l'objet passé qui lui confère son prestige.

[...] Son erreur est seulement de croire queles beautés qui l'émeuvent et les dangers qu'il redoute sont dans l'être où il les croit apercevoir.

En vérité,l'authentique objet de sa passion n'est pas au monde, il n'est pas là et ne peut pas être là, il est passé.

Mais lepassionné ne sait pas le penser comme tel : aussi ne peut-il se résoudre à ne le chercher plus.

» Alquié , « Le désir d'éternité ». La problématique de la passion est ici posée dans son rapport au temps : en cherchant à faire perdurer le passédans le présent, elle veut abolir la fuite du temps et instaurer le régime de l'éternité.

La passion amoureuse estl'amour d'un être passé qu'elle confond avec ses substituts actuels.

En ce sens, l'être passionné se singularise par laméconnaissance de son objet : il ne peut distinguer l'objet de sa passion tel qu'il est réellement aujourd'hui, de cequ'il a été mais n'est plus à présent.

Les marques qui témoignent de ce passé (une photographie, par exemple) sesubstituent à la réalité actuelle. Cette analyse permet à Alquié d'expliquer les malentendus qui s'instaurent inévitablement entre le passionné et une autre personne, bénéficiant d'un statut de neutralité : ils ne discernent pas, de l'objet, la même apparence ; mêmeen adoptant le même angle de vue, ils ne « voient » pas le même objet.

Ce sont deux regards, deux logiques qui entrent en conflit. Alquié en conclura que l'objet de la passion n'est qu'accidentel, que celle-ci n'est en fait qu'un amour de soi-même, issu de l'égoïsme.

Et si le véritable amour est l'oubli de soi afin de faire le bien à venir de l'être aimé, la passion,tournée vers soi et vers le passé, s'avère être un obstacle à tout amour authentique. Une autre raison fait que le temps doit être nécessairement objet de crainte et d'appréhension.

En effet, le tempsse manifeste à moi dans l'irréversibilité des changements.

Il est le caractère qu'ont les changements d'êtreirréversibles.

Dès lors, que représente l'avenir et pourquoi doit-il être nécessairement objet de crainte ? L'avenir medévoile ma mort, en lui inscrite.

La corruption temporelle pénètre mon avenir.

La mort est par l'avenir au centre dema vie et je dois nécessairement (par l'effet même de la nature des choses) la saisir comme objet de crainte. Ainsi l'avenir suscite la crainte car il peut contenir l'incertitude et le danger,mais aussi parce qu'il est lié à la seule certitude que je possède : la certitudedu néant, la certitude de la mort.

Ce que promet, à coup sûr, l'avenir, c'est lamort car l'avenir contient ma fin et chaque minute du temps me conduit verscette fin.

Comment penserais-je l'avenir sans penser à ma mort ? Toutepensée de l'avenir anticipe cette mort et se tourne vers elle.

Je suis un être-pour-la-mort et cette dernière structure mon existence. On ne connaît que la mort, attendue ou accidentelle, des autres.

La mort estcelle des proches ou des inconnus.

Elle est un événement naturel, banal, prisdans l'ordinaire des faits divers quotidiens : "La mort se présente comme unévénement bien connu qui se passe à l'intérieur du monde." Cette banalitéquotidienne des événements se caractérise par l'absence d'imprévu, et lamort comme événement ne déroge pas à la règle.

En revanche, ma propremort est un événement prévu, qui fait l'objet d'une absolue certitude, maiscomme réalité absente, non encore donnée, elle estindéterminée et pour cette raison n'est pas à craindre.

L'expérience memontre qu"'on meurt", c'est-à-dire que la mort concerne avant tout le "on" :tout le monde, et personne en particulier.

Et tant que l"'on meurt", ce n'estprécisément jamais moi qui meurs.

"On", c'est tous, donc pas moi enparticulier.

Dans l'expérience quotidienne de la vie, le "fait de mourir" estramené au niveau d'un événement qui concerne bien la réalité humaine, mais elle advient toujours pour moi par procuration.

Dans la réalité humaine et sociale, la mort est un événement quirelève du domaine public.

A ce titre de pseudo-réalité, nous en oublions ses éléments constitutifs : en soi, la mortest un inconditionnel et un indépassable qui fonde la possibilité de ma propre existence et sa prise de conscience.Elle est un impensable qui fait le fond de la possibilité de penser mon existence propre : "Le "on" justifie et aggravela tentation de se dissimuler à soi-même l'être pour la mort, cet être possédé absolument en propre." Quand on ditque la mort n'est "pas encore, pour le moment", on s'accroche à la réalité humaine pour se voiler la certitude que. »

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