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 L'aveu de La Pommeraye dans Jacques le Fataliste, Diderot

Publié le 04/08/2012

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3) Le monde comme théâtre  a) un récit qui refuse les longues descriptions et qui est réduit à des notations sur les postures des corps (qui en disent aussi longs que les discours) et qui apparaissent comme des didascalies  b) Mme de La Pommeraye s'avère être une virtuose de la dissimulation. Elle parvient à convaincre grâce aux accents pathétiques qu'elle a su donner à son discours sans éprouver la honte qu'elle affiche, puisqu'elle n'est pas coupable de ce dont elle s'accuse.  Ce phénomène s'apparente à ce que Denis Diderot appelle le paradoxe du comédien. Plus les sentiments éprouvés par le comédien au moment où il joue sont loin des sentiments du personnage qu'il interprète, plus il est convaincant dans son rôle. Car il a la maîtrise de la palette des émotions humaines.  Mme de La Pommeraye s'apparente donc à une comédienne qui a joué la comédie à son amant, sur le théâtre du monde.

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« c)Une interruption posticheL'interruption de l'hôtesse par son mari est postiche dans la mesure où elle ne débouche sur rien.

Elle sert à rompre l'illusion.

Elle initie ainsi le lecteur à une lectureconsciente d'elle-même tout en le divertissant : en effet, elle permet l'irruption du comique au cœur même du pathétique.Le contraste né de la superposition des registres de langue à l'occasion de la superposition des discours débouche sur une scène burlesque : « On n'a pas un momentde repos dans cette maison, même les jours qu'on n'a presque point de monde.

» Le registre de langue de l'hôtesse ainsi que la trivialité de ses propos tranche avec lelangage de Mme de La Pommeraye.Le burlesque apparaît également dans le contraste qui s'établit entre le couple formé par le marquis et la marquise, et celui de l'hôtesse et de son mari.

Dans les deuxcas, la femme a la maîtrise de la parole.

« Qu'une femme de mon état est à plaindre, surtout avec une bête de mari !… Cela dit, Mme de La Pommeraye se renversasur son fauteuil et se mit à pleurer.

» Le glissement permis par les points de suspension augmente l'ambiguïté du démonstratif : celui-ci renvoie-t-il à « une bête demari ! » ou au discours précédent de la marquise ? Le brouillage n'en est que plus amusant. 3) Le monde comme théâtrea) un récit qui refuse les longues descriptions et qui est réduit à des notations sur les postures des corps (qui en disent aussi longs que les discours) et qui apparaissentcomme des didascaliesb) Mme de La Pommeraye s'avère être une virtuose de la dissimulation.

Elle parvient à convaincre grâce aux accents pathétiques qu'elle a su donner à son discourssans éprouver la honte qu'elle affiche, puisqu'elle n'est pas coupable de ce dont elle s'accuse.Ce phénomène s'apparente à ce que Denis Diderot appelle le paradoxe du comédien.

Plus les sentiments éprouvés par le comédien au moment où il joue sont loin dessentiments du personnage qu'il interprète, plus il est convaincant dans son rôle.

Car il a la maîtrise de la palette des émotions humaines.Mme de La Pommeraye s'apparente donc à une comédienne qui a joué la comédie à son amant, sur le théâtre du monde. Conclusion Le passage correspond à un moment crucial dans le petit roman de Mme de La Pommeraye et du marquis des Arcis, dans la mesure où c'est de l'issue de cette scènepathétique que résultera le désir de vengeance de la marquise.

On y découvre la virtuosité d'un personnage maître du langage et de son jeu, propre à illustrer lathéorie de Denis Diderot concernant le paradoxe du comédien, et conduisant à cette conception que le monde est un théâtre.En dehors de ce petit roman cependant, le contraste entre les situations et les discours, tout en rappelant au lecteur que la littérature n'est qu'illusion, donne lieu à unmoment burlesque des plus divertissants. Personnalité forte, autonome grâce à sa fortune, Madame de La Pommeraye ne craint pas d'aller jusqu'au bout de sa vengeance.

Déterminée par son tempérament,elle est vindicative et orgueilleuse, elle se sent blessée dans son moi profond, humiliée dans sa dignité de femme qui a des "mœurs".

Elle représente "la" femmeconsciente de la valeur de son sexe, revendiquant la reconnaissance pleine et entière de ce sexe.

Le narrateur insiste sur la perfìdie et la lâcheté du marquis, sur sonmonstrueux cynisme, il souligne la souffrance de Madame de La Pommeraye et la morne existence qui lui est réservée après son abandon, dans un milieu misogyne,sans pitié pour "une honnête femme, perdue, déshonorée, trahie" (p.

199).L'histoire de Madame de La Pommeraye démontre clairement que les préférences de Diderot vont aux femmes qui, comme elle, sont capables d'assumer leurpersonnalité en agissant à contre-courant, en transgressant toutes les normes, bref, en osant être "infernales".Pourquoi la vengeance échoue-t-elle? objectera-t-on.

Ne serait-ce pas parce que Diderot veut prouver qu'une femme, même exceptionnelle, ne peut qu'être vaincuedans un contexte socio-culturel aussi contraignant pour son sexe? Ce thème du ressentiment de la femme bafouée revient d'ailleurs plusieurs fois dans l'œuvre duphilosophe, révélant une originale compréhension de la condition féminine au XVIIIe siècle.. »

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