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Avez-vous besoin comme l'écrit Alain Robbe-Grillet, de « juger » d'« aimer », de « haïr » le personnage pour apprécier la lecture d'un roman ?

Publié le 27/03/2011

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Selon Robbe-Grillet, juger, aimer ou haïr un personnage de roman sont des étapes incontournables à la lecture d'un roman et qui justifient, par la suite, l'avis général que le lecteur porte sur l'œuvre. En effet la construction de la psychologie, souvent complexe, d'un personnage de roman nous induit à le juger au fil des pages. De plus, le caractère romanesque et souvent extraordinaire d'un personnage de roman nous oblige à s'interroger sur celui-ci et nous amène de façon inévitable à porter un jugement. Il est donc difficile de ne pas émettre d'avis, positif ou négatif sur ce dernier. Mais, pour apprécier la lecture, d'autres éléments agissent sur l'opinion que l'on se fait d'un roman et alimentent la complexité de celui-ci.    Après avoir montré pourquoi il est essentiel de juger, aimer ou haïr un personnage de roman pour en apprécier la lecture, il s'agira d'énumérer et d'expliquer les différentes composantes qui l'enrichissent et le rendent intéressant.   

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« par un amour impossible.

Ce personnage tourmenté devient l'allégorie des souffrances provoquées par une passiondestructrice et déclencha, chez les contemporains de Goethe, une vague de suicides baptisée aujourd'hui fièvrewerthienne. Emma Bovary, d'une certaine manière, émeut le lecteur qui s'attache à ce personnage tantôt ridicule tantôt trèstouchant mais surtout terriblement humain.

Flaubert nous livre une femme en proie à un ennui incurable, éternelleinsatisfaite, qui rêvant trop à une vie exaltante laisse la sienne de côté.

Ironiquement, c'est dans son suicide queréside tout le romanesque qu'elle a toujours désiré.

Plus que les « mœurs de province », c'est l'évolution de l'héroïneet son parcours qui intéresse le lecteur. Ces deux personnages au destin tragique ne peuvent que susciter l'empathie du lecteur qui finit par s'attacher à cesderniers.

Madame Bovary et Les souffrances du jeune Werther sont des œuvres que l'on peut relire à différentsmoments de la vie et qui offrent à chaque relecture de nouvelles possibilités d'interprétation. La haine que l'on porte à un personnage est aussi un ressort qui peut rendre un roman passionnant.

Lee Anderson,un afro-américain, protagoniste du roman excessivement violent, J'irai cracher sur vos tombes, de Boris Vian, séduitles sœurs Asquitz, figures de la bourgeoisie blanche américaine, dans le but de se venger.

Son frère, amoureux d'uneaméricaine blanche, fut lynché et pendu.

Anderson qui a la particularité d'avoir la peau très pale et les cheveuxblonds décide de « faire payer » la mort de son frère à la société.

Il est manipulateur, pervers, rongé par la haine etson désir de vengeance.

Il souille toutes les femmes blanches qu'il rencontre au nom de son frère et finit parcommettre un double crime barbare.

Le personnage principal ne peut susciter la moindre sympathie de la part dulecteur.

Mais étrangement, le malaise causé par les comportements ignobles du « héros » ravit le lecteur : on oscillesans cesse entre terreur et dégoût.

Mais, n'est ce pas le même type de malaise que provoque les montagnes russesd'une fête foraine? En somme pouvoir juger, aimer ou haïr le personnage d'un roman est la preuve que le romancier à su donner unecertaine consistance, une profondeur à son héros.

Éprouver des sentiments, émettre une opinion sur le personnagesuppose une réflexion de la part du lecteur, réflexion qui ne peut avoir lieu qu'à condition que le roman plaise. Qui plus est, aimer ou haïr un personnage de roman produit un effet cathartique chez le lecteur qui génère unecharge émotionnelle libératrice associée au plaisir.

Mais cet aspect n'est pas le seul et la position de Robbe-Grilletpeut être discutée. En contrairement à des personnages d'autres genres littéraires, le personnage de roman ne cesse d'évoluer et iln'est pas évident de cerner dès le départ son profil psychologique.

Ce qui n'est pas le cas du théâtre où lespersonnages sont enfermés dans un système archétypal grâce auquel on identifie rapidement les traits decaractère.

Selon Camus (à propos du personnage de roman), « Les héros ont notre langage, nos faiblesses, nosforces.

Leur univers n'est ni plus beau ni plus édifiant que le nôtre » En effet, peut-on réellement s'identifier à unHarpagon ou à un Don Juan comme il l'est possible de le faire avec une Emma Bovary? Non, c'est la complexité duhéros de roman qui fait qu'il se rapproche de l'homme et qui permet au lecteur de se reconnaître en lui.

GregorSamsa, le héros de la métamorphose de Kafka est transformé (on ne sait pas vraiment comment, ni pourquoi.) engros charançon.

Il est au fil du temps délaissé et maltraité par ses parents qui finissent par l'abandonner et le laissermourir.

Cette métamorphose est l'allégorie de la solitude et de l'isolement que l'on peut ressentir au sein d'unefamille, la difficulté d'y trouver sa place et d'être reconnu par les membres qui la composent.

Cette transformationqui semble ne pas avoir de sens ni d'origine, mais qui a des conséquences tragiques laisse au lecteur le choixd'interprétation et lui permet de s'interroger quant à sa propre identité et sa place dans la société. Néanmoins l'identification à un personnage n'est pas le seul paramètre qui rend le roman plaisant.

En effet, il estdifficile de se retrouver dans les personnages très stéréotypés de l'Ecume des jours de Boris Vian.

A la lecture duroman, on n'éprouve pas d'empathie pour Colin, le personnage principal.

Le lecteur reste hermétique à cettepsychologie difficilement définissable.

Ce personnage sans réelle consistance, est ridiculisé par Vian au début duroman, incapable de se nourrir seul, ou de séduire il fait sans cesse appel à son entourage.

Dans le cas de l'écumedes jours, donc, c'est le style de l'auteur et l'univers poétique qui retiennent l'attention du lecteur.

Chloé (la petiteamie de Colin) tombe malade, un nénuphar pousse dans sa poitrine.

Cette maladie, une métaphore du cancer, finitpar l'emporter.

C'est cette façon légère, traduite par un style imagé et loufoque, d'aborder des sujets graves comme: la mort, la maladie, ou la religion, qui créée tout l'intérêt du roman. Lolita de Nabokov, nous présente des psychologies très originales et particulièrement déroutantes qui interpellent etpassionnent le lecteur.

Mais l'attrait du roman réside aussi et surtout dans le détail des descriptions d'une Amériquedes années 50, faite de motels et de stations-service.

Lolita se lit comme l'on regarde un road-movie des frèresCohen.

Les multiples péripéties de ce couple atypique, font presque oublier le caractère très malsain à la limite del'inceste qui les unit.

Grâce au cadre choisi et à son style, Nabokov réussit à faire occulter au lecteur le fait queHumber-Humbert est un sinistre pédophile et place le lecteur dans une position délicate et dérangeante : il finit parapprécier l'homme et le plaindre. D'autres registres littéraires comme le roman policier ou fantastique. »

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