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BAASSISME

Publié le 22/02/2012

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Mouvement politique né en Syrie au milieu du xxe siècle autour des idées de Michel Aflak (1909-1989), chantre d'un nationalisme panarabe volontariste et humaniste inspiré par la littérature politique française. Il se fixe pour objectif de créer les conditions d'une résurrection dans la vie et l'action des sociétés arabes leur permettant de réintégrer l'Histoire. Le Baas en arabe (ou ba'ath en prononciation littérale) signifie justement résurrection. Contre les nationalismes territoriaux qui pullulaient à l'époque, le baassisme défend la thèse d'une seule et même nation arabe (qawmiyya) regroupant toutes les populations arabophones du golfe Arabo-Persique à l'Atlantique. Il attribue à la division de cette nation l'état et les conditions misérables dans lesquels se trouvent les Arabes. Pour vaincre les trois fléaux (ignorance, maladie et pauvreté) qui rongent la nation arabe, il n'y a pas d'autre moyen qu'une grande révolution impliquant la prise de conscience par les Arabes de leur identité commune, le bouleversement de l'état d'esprit et des choses (inqilab) et la réalisation de l'unité arabe. Le parti Baas adopte le socialisme après une fusion en 1953 avec le Parti socialiste arabe d'Akram Hourani, leader antiféodal basé à Hama (centre de la Syrie), et devient le Parti du Baas socialiste arabe. Le parti Baas qui étend son influence sur toutes les capitales du Croissant fertile (Syrie, Liban, Jordanie, Irak, Palestine) et accessoirement sur le Yémen, le Soudan, la Tunisie et la Mauritanie, peut être appelé simplement le Parti de l'unité arabe, car c'est à elle qu'il s'attachait le plus. C'est au nom de celle-ci qu'il accepte, à la demande de Gamal Abdel Nasser devenu en février 1958 président de l'Union syro-égyptienne (République arabe unie - RAU) et chef reconnu du nationalisme arabe, son autodissolution. Ce fut également la fin du Baas et du baassisme de la première génération. Le néobaassisme qui naîtra après l'éclatement de la RAU en 1961 est en totale opposition avec le baassisme initial. Il s'agit tout simplement de l'utilisation du legs nationaliste et arabiste pour légitimer des pouvoirs militaires se constituant en opposition au nassérisme qui semblait seul en mesure de réaliser l'unité arabe. Privé de sa base sociale traditionnelle (intellectuels, étudiants, enseignants et artisans) qui rejoint le nassérisme, le mouvement baassiste se trouve très vite récupéré par des élites rurales en quête du pouvoir. Le nationalisme idéaliste et généreux d'Aflaq et de ses compagnons de route cède alors la place à un opportunisme usant de toutes les idéologies et les pratiques traditionnelles pour se maintenir au pouvoir et préserver l'état de division : tribalisme, confessionnalisme, régionalisme, clanisme, etc. À l'orée du xxie siècle, le parti Baas, au pouvoir en Syrie depuis mars 1963 et en Irak depuis juillet 1968, n'existait plus en tant que parti politique dans le véritable sens du terme. C'est une simple fiction maintenue délibérément, là où l'on parle encore d'un pouvoir baassiste, pour masquer le vide politique et idéologique qui entoure des régimes policiers en rupture totale avec leurs administrés. Burhan GHALIOUN