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BACHELARD : L'OPINION ET LA SCIENCE

Publié le 21/07/2010

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bachelard

Platon nous donne cette définition de l'opinion: "quelque chose d'intermédiaire entre l'ignorance et le savoir". L'opinion est en effet une idée partielle et partiale autrement dit incomplète et subjective. Il s'agit de ces points ci que Bachelard dans La formation de l'esprit scientifique déplore, car selon lui on ne peut en aucun cas associer l'opinion à la science. Ainsi Bachelard organise son texte en deux parties séparées comme on peut l'observer par les crochets qui contiennent les points de suspension. Dans un premier temps l'auteur écarte entièrement la possibilité de lier l'opinion à la science car ce premier ne serait qu'une sorte de substitution à la volonté de pratiquer la science Dans la deuxième partie nous serrons invités à comprendre qu'en science les questions posées sont plus importantes que les réponses et qu'ainsi c'est le sens du problème qui forme l'esprit critique (du moins n'y a t il pas de réponse sans question). En science croire et savoir sont deux tenues utilisées fréquemment mais qui demandent réflexion: croire est en fait admettre une idée sans être capable de la démontrer. Quant à savoir, il s'agit d'établir une connaissance en administrant la preuve que l'on avance. La science elle exiges que les apparences soient dépassées. Elle doit être une réalité construite. En effet le fait n'aura de signification que s'il a des caractéristiques mesurables et objectives. La science doit alors substituer au monde perçu naïvement un monde construit sur des principes rationnels. Cette conquête de l'objectivité suppose l'exclusion de la subjectivité sensible puis une analyse scientifique. On peut appeler cela une désubjectivisation de la connaissance. Le "premier obstacle à surmonter " serait dès lors dépassé. La science garderait son reflet de construction continue de la raison obtenue soit par la démonstration ( mathématiques, logique) soit par observation et expérimentation soutenue par la rectification d'un savoir antérieur. Les lignes deux et trois confirment la mise à l'écart forcée de l'opinion dans la pratique de la science." L'opinion pense mal; elle ne pense pas ; elle traduit des besoins en connaissance " Ainsi ayant une opinion sur toute chose, nous arrêterions de réfléchir car il n'y aurait plus de problème ... L'opinion ne peut être que fausse car elle ne peut démontrer rationnellement l'idée qu'elle avance, " l'opinion a, en droit, toujours tort". De même la connaissance de la combustion ne sera acquise si nous restons toujours spectateur d'une flamme, l'observation empirique n'est pas la source de la science mais un obstacle à la connaissance scientifique. Encore la connaissance des températures par un vécu immédiat relève d'impressions subjectives et imprécises car le corps est lui même producteur de chaleur , les rendus dépendraient donc des individus, leur corps et leur condition "du moment". Cependant l'usage d'un outil, matériel scientifique alimenterait une donnée, par exemple le thermomètre : selon la dilatation u mercure et avec la lecture sur une échelle graduée. Ce faisant, Bachelard nous rend enclin à détruire nos opinions, chasser de notre esprit des concepts de la vie commune, des projections psychologiques spontanées, inconscientes du fait de nos habitudes, des "pseudos évidences" qui nous apparaissent comme étant claires et familières. Ainsi un véritable homme de science doit savoir être "cruel" avec ses habitudes car elles finissent par devenir un obstacle au progrès scientifique. Pour progresser scientifiquement, il faudrait tout remettre en question car on ne peut "rien fonder sur l'opinion". Bachelard donne des solutions dans la fin de l'extrait: la science progresserait par reforme, comme le montre cette phrase " il faut savoir poser des problèmes ". En fait un fait n'a de sens en science que s'il soulève un question ou s'il permet de répondre à une question. Ces  questions, problèmes sont des faits polémiques qui vont à l'encontre des systèmes précédemment admis. Par ailleurs plus les techniques scientifiques progressent, plus les mesures deviennent rigoureuses et mieux les faits polémiques se révèlent. Ainsi en tentant de résoudre des problèmes scientifique de manière stricte et objective, en rejetant l'opinion notamment, va se former l'esprit scientifique. Exposons à présent la réalité et les limites de l'extrait proposé. Le raisonnement logique se caractérise par sa forme, la manières dont sont liées entres elles les propositions. Le contenu des propositions est en général connu par intuition. A nuancer pourtant: pour Pascal, l'intuition est plus ou moins une connaissance directe et sans règle. Quant au raisonnement, il s'agit d'un procédé indirect de justification , soumis au règles de la logique; la logique étant la science de la preuve. Bachelard expose ce phénomène de recherche de preuves dans le texte. A cette recherche s'oppose un mouvement: l'empirisme. La recherche de la compréhension se fait par simple observation et décomposition des faits. Aucune hypothèse n'est donc demandée. Tout ceci sous entend que la nature offre à l'observateur toutes les clés des phénomènes... D'un autre côté on peut affirmer que le savoir faire doit parfois précéder le savoir contrairement à ce qu'affirme Bachelard. Dans la logique Il est vrai que la technique parait être à juste cause l'application d'un savoir or, l'histoire des sciences et techniques montre que les choses ont été et seront encore, tout autrement: les peuples primitifs ne possédaient aucune science digne de ce nom (on entend par là le savoir contemporain) . Pourtant on a pu observer de leur part des techniques très ingénieuses comme l'arc et la flèche pour chasser ou les pirogues pour traverser les eaux . L'instinct peut donc parfois tenir un bon rôle pour l'avancée des sciences, la théorie peut avoir du retard sur la pratique. Bachelard qui s'oppose clairement à l'opinion aurait pu nuancer un minimum ses propos et laisser un peu de place à l'hypothèse. L'hypothèse n'est pas une conjecture fortuite mais une explication inventée. Certes les théories peuvent finir par devenir des opinions. Cependant le scientifique va opérer une rupture épistémologique et ainsi se libérer de connaissances devenues opinions. Aussi l'expérimentation change les données du travail scientifique: elle fait naître l'esprit scientifique. Dès lors il semble manquer quelque compléments à l'extrait: la necessité de faire naître les hypothèses suite aux problèmes soulevés ainsi que le rôle primordial de l'expérimentation dans la formation d'une nouvelle conviction scientifique. Kant soulève dans le même ordre d'idée: " Lorsque Galilée fit rouler ses billes sur un plateau incliné avec un degrés d'inclinaison qu'il avait lui même choisi, une lumière se leva en chaque physicien. Ils comprirent que la raison ne perçoit que ce qu'elle produit elle même, d'après ses propres plans , qu'elle doit prendre les devants et forcer la nature à répondre à ses questions". On peut comprendre que grâce à l'expérimentation le scientifique n'a plus a attendre que la nature lui livre ses secrets mais les commandes changent de mains, le scientifique a l'initiative. Outre cela, l'observation scientifique requiere des instruments de manipulation qui supposent eux mêmes des théories. On a pu voir dans l'extrait que Bachelard dénonce un défaut qu'un scientifique doit éliminer: l'opinion. Il définit ensuite le protocole, la configuration intellectuelle qui fait de la science une entreprise sérieuse. Ce, pour démontrer que la science n'est pas une accumulation de connaissances, c'est une remise en question permanente de ce que l'on sait; un vrai scientifique restera toujours dubitatif.

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