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Qu'est-ce qu'un barbare ?

Publié le 27/02/2005

Extrait du document

Car alors "l'humanité cesse aux frontières de la tribu, du groupe linguistique, parfois même au village". les Grecs nommaient par exemple "barbares" les peuples qui ne parlaient pas leur langue. Un barbare est en effet trop "autre" pour être encore "autrui". Entre lui et moi toute relation semble impossible. Seul demeure un face-à-face tendu. ·         On comprend alors pourquoi la notion d'agressivité, de cruauté semble alors centrale dans la notion de barbare. Il est ce dont on ne saisit rien, ni ses coutumes, ni ses moeurs. Il est seulement l'Autre. ·         Autrui est en effet le même et l'autre ; et c'est cette double structure qui le caractérise. Il y a par conséquent deux façons de méconnaître autrui : on peut nier qu'il soit différent, ou nier qu'il soit semblable, ce qui, au fond, revient au même.

Angles d'analyse

 

*  Le terme de barbare procède avant tout d'un jugement de valeur : telle civilisation juge que tel peuple est barbare parce qu'il ne répond pas aux mêmes critères de ce qui semble faire, d'un certain point de vue, « civilisation «.

*  La notion de barbare engage deux dimensions fondamentales : elle souligne à la fois la cruauté et l'archaïsme. On l'emploie en effet pour désigner des sociétés dites « primitive « (le terme de barbare est alors synonyme de sauvage au sens où l'homme se rapproche de « l'état de nature «) Cependant, on ne peut pas non plus manquer de souligner la dimension de « barbarie « ; en effet, le barbare est indissociablement lié à la notion de cruauté, voire d'inhumanité.

*  Pourtant, le barbare, s'il correspond à l'inhumain, il n'est pas pour autant le non humain. On comprend alors que le terme est complexe car il désigne à la fois celui qui est totalement étranger à l'homme (en tout cas à l'idée que l'on peut avoir de l'homme) et en même temps on ne peut traiter quelqu'un de barbare qu'en tant qu'on l'englobe dans l'espèce humaine.

 

 

Problématique

 

Il est ici nécessaire de s'interroger sur la définition de la notion de barbare. Chercher à voir si les présupposés qu'on lui applique sont valables, et légitimes. Le terme de barbare désigne-t-il une réalité de fait ou s'agit-il simplement d'un jugement de valeur tout relatif ? Ne sommes nous pas tous le barbare de quelqu'un ? Le terme désigne-t-il moins celui qui le prononce (incapable de comprendre que les différences ne font pas l'infériorité) ou celui qui est visé ?

L'enjeu ici réside dans une certaine idée de l'homme, car en effet, si la notion de barbare est relative, alors celle d'humanité, et surtout d'inhumanité, le sera elle aussi. Comment alors juger des actes « de barbarie « ?

 

« contradictoire et énigmatique, qui fascine autant qu'elle inquiète.

Or le barbare c'est précisémentcelui dont on ne reconnaît que la part de « l'autre ».

On peut alors se référer à tous les écrits quifont polémique en ce qui concerne la part d'humanité accordée aux sauvages à l'époque de ladécouverte du Nouveau Monde. II- Une notion toute relative · L'idée e l'homme n'est pas une idée universelle ; l'idée d'humain non plous, par conséquent. Dans l'Antiquité, le fait de fouetter des esclaves n'était pas jugé inhumain puisque les esclavesn'étaient pas considérés comme les hommes.

Ce n'est que depuis peu que le viol (le mot mêmemanquait) est vu comme un crime.

Le concept de l'humain, et donc celui de barbare et d'inhumain,naît avec la philosophie des droits de l'homme. · Nombre de coutumes, jugées par définition normales par ceux qui les pratiquent, peuvent être taxées de barbare par ceux qui leur sont étrangères : le cannibalisme, les mutilations sexuelles,rites d'initiation.

Montaigne, dans le chapitre de ses Essais intitulé « les cannibales » faisaitobserver que le plus sauvage n'est peut-être pas celui qu'on pense : les guerres de religion nesont pas plus civilisées que les rituels d'anthropophagie. · On comprend alors que la notion de barbare est toute relative et qu'elle recouvre bien plutôt un jugement moral qu'une réalité effective.

Elle naît donc de cette incompréhension totale del'autre qu'on ne peut saisir que par différenciation complète par rapport à soi. · Le barbare est alors celui qui avant tout croit à la barbarie en cela qu'il n'a pas compris que l'humanité se situé par delà, et même au-delà, des différences de cultures.

Lévi-Strauss, Race ethistoire.

Celui qui croit que le barbare existe effectivement est ce barbare.Qui n'a pas accusé autrui de se comporter en barbare ? Quel peuple n'a pas accusé d'autrespeuples d'être des barbares ? Lévi-Strauss, grand anthropologue français, souligne, dans Race etHistoire, d'où est extrait notre citation, ce trait propre à toute société, qu'est l'ethnocentrisme :chaque ethnie, c'est-à-dire chaque peuple, a tendance à se penser comme étant au centre dumonde, à considérer ses coutumes, ses mœurs, ses règles, ses croyances, ses modes depenser,...

comme meilleurs que ceux ethnies ou des peuples différents, comme si sa tribu, sonvillage, son clan, son pays, sa culture étaient plus représentatifs de l'humanité que tous lesautres.

Ainsi le barbare, le non civilisé c'est toujours l'autre; l'autre au sujet duquel on racontetoute sorte d'horreurs ou d'atrocités ainsi des Vikings, des Huns, des Goths, des Tartares,Mongols, des Chinois..., sans parler de tribus sauvages au fin fond de l'Afrique ou de l'Amazonie,etc.

Or, peut-être commence-t-on à ne plus être un barbare, ou commence-t-on à être unhomme civilisé, le jour où l'on reconnaît qu'on est le premier, peut-être, à être capable de secomporter en barbare.Le mot "barbare" - barbaros en grec- signifie à l'origine "l'étranger qui ne parle pas grec" : onpouvait être étranger à Athènes, venir de Corinthe ou de Thèbes, on était alors un xénos, unétranger certes, mais un étranger qui parlait grec; en revanche les Egyptiens, les Perses, etc.étaient appelés "barbares".

Pour les Romains, de même, les barbares étaient ceux qui ne parlaientpas latin, ou ceux qui, malgré la colonisation et la construction de l'empire romain, n'avaient pasété latinisés, et qui se situaient donc au-delà des frontières de l'empire.

Or ces peuples extérieursont fini par envahir l'empire romain et renversé son ordre : c'est ainsi qu'on parle encore dans leslivres d'histoire de l'invasion des barbares.

La phrase de Lévi-Strauss est quelque peudérangeante: car elle revient à condamner l'usage de mot barbare.

Celui qui accuse l'autre debarbarie est lui-même un barbare.

Mieux, c'est celui-là même qui est réellement un barbare.Pourquoi ? Parce qu'accuser autrui de violences et d'atrocités, de cruauté, de sauvagerie...

croireque l'autre est un barbare, c'est supposer que soi-même on ne serait pas capable de mauxsemblables.

Est civilisé celui qui admet bien plutôt que tout homme, à commencer par soi, estcapable du pire. · On peut alors parler de l'ethnocentrisme (de là que naît ce terme de barbare) : elle est cette tendance que chaque peuple à de se considérer comme la référence de l'humanité, et de voir sonpays comme le centre du monde.

Il s'agit d'un préjugé universel qui exalte la seule culture àlaquelle on appartient et méprise les autres cultures au point de leur dénier leur caractère deculture : ainsi, la langue que l'on parle est la seule belle, celle des autres est une suite deborborygmes (de là le mot de barbare forgé par les anciens grecs), les lois que l'on a sont lesseules justes (celles des autres sont scandaleuses), etc. · Si le barbare désigne le non civilisé on comprend alors pourquoi cette notion agit de façon négative : elle sert de négatif pour une civilisation qui mesure, à partir de l'observation de cessauvages, ses progrès. III- Le problème éthique du relativisme · Pourtant, si le barbare n'a aucune réalité effective car il procède d'un simple ethnocentrisme, alors c'est le problème de la définition éthique de l'inhumanité et de la barbarie qui est en jeu.

Eneffet, le terme de barbare existe de manière à garantir une certaine idée de ce que doit êtrel'homme (conformément à l'idée qu'on en a).

Car l'homme qui se comporte comme un animal, c'est. »

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