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Baroque et classicisme

Publié le 11/09/2006

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Le XVIIe siècle français est marqué par la succession de deux courants artistiques qui s'opposent : le baroque et le classicisme. Impliquant deux visions du monde contradictoires, ces mouvements s'expriment également dans des formes littéraires qui leur sont propres. 1. En quoi les visions baroque et classique du monde s'opposent-elles ? Alors que la France est encore fortement marquée par les bouleversements politiques et les guerres de religion, le sentiment qui domine au début du XVIIe siècle est celui d'une grande instabilité du monde et de la vie humaine. Le mouvement baroque naît de cette impression d'un monde en mouvement, qui n'est jamais fixé et où rien n'est irréversible. Sur le plan religieux, cette conception se traduit par la montée en puissance des Jésuites qui affirment que Dieu n'a pas fixé par avance le destin de l'homme et que ce dernier doit gagner son salut en participant activement à la vie terrestre. Dans les Églises, le baroque s'exprime par un foisonnement d'ornements et de richesses : on célèbre la beauté de l'univers en imitant la fécondité et la puissance de la nature. Enfin, le baroque se caractérise par une volonté de rupture avec les modèles du passé : les libertins affirment ainsi leur volonté de penser par eux-mêmes et font de la recherche du bonheur sur cette terre le but ultime de l'existence humaine. Pourtant, à partir de 1661, le règne de Louis XIV marque le début d'une nouvelle ère politique qui coïncide avec un changement profond des valeurs : rejetant la vision baroque du monde, le classicisme se positionne comme un mouvement symétriquement inverse. Pour les classiques, en effet, le monde est figé et constamment soumis à la volonté divine. Par conséquent, seul Dieu peut assurer le salut de l'homme dont le destin est déterminé par avance. Cette vision janséniste de la vie trouve son expression politique dans la monarchie absolue : le monarque est souverain et le pouvoir centralisé. Le modèle social qui prédomine est celui de « l'honnête homme «, c'est-à-dire l'homme cultivé et modéré, qui fréquente la cour et les salons et qui se plie aux exigences de la raison. 2. Quels sont les motifs et les formes littéraires du baroque ? La vision baroque du monde s'exprime d'abord, dans la littérature, par le refus des règles et de la régularité : les écrivains rejettent, par exemple, la hiérarchie des genres (l'opposition entre les genres nobles et les genres vulgaires). Ainsi, de nombreuses pièces comme L'Illusion comique (1636) de Corneille ou La Tempête (1611) de Shakespeare mêlent allègrement les registres comique et tragique. Le roman porte également la marque de ce mélange des genres. Les thèmes de l'illusion et de l'apparence trompeuse sont repris sous des formes multiples dans les œuvres littéraires : introduction d'éléments merveilleux (fées, magiciens, animaux enchantés, etc.), construction en abyme (le « théâtre dans le théâtre «), récurrence des thèmes de l'eau fuyante et insaisissable, du feu volatile et impalpable, etc. L'idée qui prédomine est que « le monde entier est un théâtre « (Shakespeare). Le baroque aime le grouillement des foules, le mouvement des corps, le contraste violent des couleurs et des timbres, la joie du spectacle et des métamorphoses. C'est le contraire de ce que sera l'idéal classique : non la mesure, non l'équilibre, non le bonheur d'un monde en ordre, mais la démesure, le vertige, la dépense, la contemplation fascinée du désordre. Cet idéal se manifeste dans l'écriture littéraire à travers des figures d'accumulation, d'opposition (antithèses, oxymores qui traduisent la complexité du monde) ou d'amplification (hyperboles, anaphores, etc.). Je rencontrai d'abord une étoile de cinq avenues, dont les arbres par leur excessive hauteur semblaient porter au ciel un parterre de haute futaie. En promenant mes yeux de la racine au sommet, puis les précipitant du faîte jusqu'au pied, je doutais si la terre les portait ou si eux-mêmes ne portaient point la terre pendue à leurs racines ; on dirait que leur front superbement élevé plie comme par force sous la pesanteur des globes célestes dont on dirait qu'ils ne soutiennent la charge qu'en gémissant ; leurs bras étendus vers le ciel témoignaient en l'embrassant demander aux astres la bénignité toute pure de leurs influences, et la recevoir, auparavant qu'elles aient rien perdu de leur innocence, au lit des éléments. Cyrano, Les États et empires de la lune et du soleil, 1657 3. Quels sont les motifs et les formes littéraires du classicisme ? Dès la seconde moitié du XVIIe siècle, des théoriciens de la littérature tentent d'instaurer des règles strictes inspirées des modèles antiques, qui vont à l'encontre de l'esprit baroque. Ainsi, une œuvre ne doit pas procurer un plaisir gratuit mais s'inscrire dans une visée morale et didactique ; le mot d'ordre est d'« instruire et plaire « pour corriger les défauts humains. La tragédie, par exemple, doit inspirer au spectateur « terreur et pitié «, tandis que la comédie dénonce les ridicules et les torts de ceux qui s'écartent du droit chemin. Le héros doit souvent choisir entre sa passion et son devoir ; il peut être soumis à un destin implacable (Phèdre de Racine) ou parvenir à la maîtrise de soi à force de volonté et de raison (Auguste dans Cinna de Corneille). Ô cruel souvenir de ma gloire passée ! Œuvre de tant de jours en un jour effacée ! Nouvelle dignité fatale à mon bonheur ! Précipice élevé d'où tombe mon honneur ! Faut-il de votre éclat voir triompher le comte, Et mourir sans vengeance, ou vivre dans la honte ? Corneille, Le Cid, 1636 Cette exigence morale de la littérature classique fait de la tragédie, de la fable, des maximes et des portraits des genres privilégiés. La forme est aussi soumise à de fortes contraintes : la langue classique est marquée par un souci constant de pureté et d'harmonie. L'Académie française, créée par Richelieu en 1635, a d'ailleurs pour vocation de fixer et d'officialiser les normes, tant grammaticales que lexicales, de la langue française. Les figures de style privilégiées par le classicisme sont plutôt des figures d'atténuation (litotes, euphémismes, etc.) qui traduisent une réserve et une pudeur de l'écriture propres au classicisme. Enfin, le genre théâtral doit respecter les bienséances et la « règle des trois unités « qui répond à un souci de vraisemblance : * l'unité de temps (l'action se déroule en vingt-quatre heures) ; * l'unité de lieu (un seul lieu, matérialisé par l'espace de la scène) ; * l'unité d'action (une intrigue unique). 4. Qu'est-ce que la préciosité ? Le courant précieux naît dans les salons qui se développent beaucoup au cours du XVIIe siècle. Souvent tenus et animés par des femmes de la noblesse désireuses de se cultiver, ces salons réunissent les artistes et penseurs de l'époque, et sont l'occasion de discussions et de jeux. Ils contribuent à faire évoluer les mentalités en raffinant les mœurs et en donnant une nouvelle dimension aux rapports amoureux. La préciosité s'intéresse ainsi particulièrement aux raffinements de la psychologie amoureuse, comme en témoigne par exemple la célèbre « carte de Tendre « de Mademoiselle de Scudéry (Clélie, histoire romaine, 1654-1660).

 

« antiques, qui vont à l'encontre de l'esprit baroque.

Ainsi, une œuvre ne doit pas procurer un plaisir gratuit mais s'inscrire dans unevisée morale et didactique ; le mot d'ordre est d'« instruire et plaire » pour corriger les défauts humains.

La tragédie, par exemple,doit inspirer au spectateur « terreur et pitié », tandis que la comédie dénonce les ridicules et les torts de ceux qui s'écartent dudroit chemin.

Le héros doit souvent choisir entre sa passion et son devoir ; il peut être soumis à un destin implacable (Phèdre deRacine) ou parvenir à la maîtrise de soi à force de volonté et de raison (Auguste dans Cinna de Corneille). Ô cruel souvenir de ma gloire passée ! Œuvre de tant de jours en un jour effacée ! Nouvelle dignité fatale à mon bonheur ! Précipice élevé d'où tombe mon honneur ! Faut-il de votre éclat voir triompher le comte, Et mourir sans vengeance, ou vivre dans la honte ? Corneille, Le Cid, 1636 Cette exigence morale de la littérature classique fait de la tragédie, de la fable, des maximes et des portraits des genres privilégiés. La forme est aussi soumise à de fortes contraintes : la langue classique est marquée par un souci constant de pureté etd'harmonie.

L'Académie française, créée par Richelieu en 1635, a d'ailleurs pour vocation de fixer et d'officialiser les normes, tantgrammaticales que lexicales, de la langue française.

Les figures de style privilégiées par le classicisme sont plutôt des figuresd'atténuation (litotes, euphémismes, etc.) qui traduisent une réserve et une pudeur de l'écriture propres au classicisme.

Enfin, legenre théâtral doit respecter les bienséances et la « règle des trois unités » qui répond à un souci de vraisemblance : * l'unité de temps (l'action se déroule en vingt-quatre heures) ; * l'unité de lieu (un seul lieu, matérialisé par l'espace de la scène) ; * l'unité d'action (une intrigue unique). 4.

Qu'est-ce que la préciosité ? Le courant précieux naît dans les salons qui se développent beaucoup au cours du XVIIe siècle.

Souvent tenus et animés par desfemmes de la noblesse désireuses de se cultiver, ces salons réunissent les artistes et penseurs de l'époque, et sont l'occasion dediscussions et de jeux.

Ils contribuent à faire évoluer les mentalités en raffinant les mœurs et en donnant une nouvelle dimensionaux rapports amoureux.

La préciosité s'intéresse ainsi particulièrement aux raffinements de la psychologie amoureuse, comme entémoigne par exemple la célèbre « carte de Tendre » de Mademoiselle de Scudéry (Clélie, histoire romaine, 1654-1660).. »

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