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Barthes : Critique et Vérité

Publié le 29/03/2011

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   N.B. Ce petit livre de Barthes répondait à un pamphlet lancé contre la « nouvelle critique « en 1965. Il s'inscrit dans une polémique et se présente comme un texte de combat. D'où les citations entre guillemets, empruntées aux textes des attaquants.    Tel est le vraisemblable critique en 1965 : il faut parler d'un livre avec « objectivité «, « goût « et « clarté «. Ces règles ne sont pas de notre temps : les deux dernières viennent du siècle classique, la première du siècle positiviste. Il se constitue ainsi un corps de normes diffuses, mi-esthétiques (venues du « Beau « classique), mi-raisonnables (venues du « bon sens «) : on établit une sorte de tourniquet rassurant entre l'art et la science, qui dispense d'être jamais tout à fait dans l'un ou dans l'autre.    Cette ambiguïté s'exprime dans une dernière proposition qui semble détenir la grande pensée testamentaire de l'ancienne critique, tant elle est reprise dévotement, à savoir qu'il faut respecter la « spécificité « de la littérature. Montée comme une petite machine de guerre contre la nouvelle critique que l'on accuse d'être indifférente « dans la littérature, à ce qui est littéraire « et de détruire « la littérature comme réalité originale «, sans cesse répétée mais jamais expliquée, cette proposition a évidemment la vertu inattaquable d'une tautologie : la littérature c'est la littérature; on peut ainsi d'un même coup s'indigner de l'ingratitude de la nouvelle critique, insensible à ce que la littérature, par un décret du vraisemblable, comporte d'Art, d'Émotion, de Beauté, d'Humanité, et feindre d'appeler la critique à une science renouvelée, qui prendrait enfin l'objet littéraire « en soi « sans plus rien devoir à d'autres sciences, historiques ou anthropologiques. [...] Pour (l'ancienne critique) semble-t-il, c'est une spécificité purement esthétique qu'il s'agit de défendre : elle veut protéger dans l'œuvre une valeur absolue, intouchée par aucun de ces « ailleurs « indignes que sont l'histoire ou les bas-fonds de la psyché : ce qu'elle veut ce n'est pas une œuvre constituée, c'est une œuvre pure, à laquelle on évite toute compromission avec le monde, toute mésalliance avec le désir.    Critique et vérité (1966), Éditions du Seuil, pp. 35-37.

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le critique devient à son tour écrivain.

Roland Barthes ► Publié en 1966, Critique et vérité est essentiellement la réponse que Barthes oppose aux attaques dont il avait été l'objet l'année précédente.

Son ouvrage Sur Racine avait en effet été interprété comme le manifeste d'une « nouvelle critique» jugée peu sérieuse par cer­ tains universitaires.

Le débat avait dégénéré en une nouvelle et véritàble « querelle des Anciens et des Modernes ».

Critique et vérité (Seuil) est donc avant tout un livre polémique.

Mais il est plus que cela.

Répondant aux objections, Barthes formule une nouvelle fois sa con­ ception de la critique.

Complexe, elle se laisse pourtant résumer en une formule simple·: avec la modernité, « le -critique devient à son tour écrivain».

► Que faut-il entendre par là? Barthes commence par souligner qu'en littérature la modernité se définit par le refus du classement rigide des genres qu'avait insti­ tué le classicisme.

Il n'est plus possible désormais de distinguer avec facilité la fonction poétique et la fonc­ tion critique du langage: aujourd'hui l'écrivain se fait critique dans le moment même où le critique se fait écrivain.

Examinons successivement ces deux versants du même mouvement.

L'écrivain se fait critique? Il ne s'agit pas ici de constater que, en marge de son œuvre véritable, le poète ou le romancier se livre de temps en temps à l'activité critique; que dans les temps libres que lui laisse son travail, il s'adonne au discours théorique ou il se laisse aller à porter des jugemepts sur les. »

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