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La bataille d'Angleterre

Publié le 22/02/2012

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angleterre
7 septembre 1940 - Dès le 18 juin, Churchill, dans un grand discours aux Communes, exprimait la résolution inébranlable de la Grande-Bretagne, seule face à Hitler, au lendemain de la demande d'armistice faite par le maréchal Pétain : " Ce que le général Weygand a appelé la bataille de France a pris fin. La bataille d'Angleterre va sans doute commencer d'un moment à l'autre. Du sort de cet bataille dépend la civilisation chrétienne. Hitler sait que s'il ne nous écrase pas dans notre île il perdra la guerre. Si nous pouvons lui tenir tête, toute l'Europe recouvrera un jour sa liberté ". Une fois engagée, la bataille connaît plusieurs phases. Après une période préliminaire baptisée par les Allemands Kanalkampf (bataille de la Manche) durant le mois de juillet, la lutte s'intensifie en août avec de grands combats aériens au dessus de l'Angleterre. Pour Goering, il s'agit de préparer l'invasion prévue du sol britannique (c'est l'opération " Seelöwe " ou " Otarie " ) en éliminant la RAF du ciel. Mais le " jour de l'Aigle " (Adlertag), fixé au 13 août, se révèle un fiasco : la Luftwaffe perd 45 avions, la chasse britannique 13. Le 15 août, nouvel échec cinglant pour Goering : c'est la journée où la Luftwaffe déploie sa plus grande activité de l'été avec 1986 sorties, mais perd 75 appareils contre 34 pour la RAF. La RAF chancelle Cependant, entre le 24 août et le 6 septembre, la fortune tourne. La Luftwaffe, au lieu d'attirer dans le ciel les escadrilles britanniques pour les détruire en combat aérien, change d'objectif et décide de concentrer ses attaques sur les installations au sol du Fighter Command, sur les centres de production aéronautique du sud de l'Angleterre. Effectivement, la RAF chancelle. Ses forces s'usent. En deux semaines, les pertes britanniques s'élèvent à 286 Spitfire et Hurricane détruits. Plus grave encore : le nombre des pilotes engloutis par la bataille est tel que le Fighter Command n'arrive plus à combler les vides, et son chef, le maréchal de l'air Dowding, se demande avec angoisse combien de temps encore ses boys pourront tenir. Mais à nouveau, le 7 septembre, le destin bascule, et cette fois en faveur des insulaires. Ce jour-là en effet, sur l'ordre de Hitler et suivant les recommandations des chefs de l'aviation allemande, la Luftwaffe change une fois de plus de tactique et se lance dans le bombardement de Londres et des centres urbains du sud de l'Angleterre. C'est le début du Blitz. Mais c'est aussi un répit inespéré pour le Fighter Command, qui retrouve son mordant et refait ses forces. Le 15 septembre, un grand assaut allemand, mené par des vagues successives de bombardiers escortés de chasseurs, est brisé par les contre-attaques de la chasse britannique : ce jour-là, 60 appareils de la Luftwaffe sont abattus contre 26 pour la RAF. Le moral des équipages allemands est atteint. Hitler décide dès le 17 septembre d'ajourner sine die son plan d'invasion de l'Angleterre. Même si le Blitz se poursuit (et il durera tout l'hiver), le danger majeur pour les anglais est écarté. A l'époque, chacun des adversaires se trompe lourdement sur les forces de l'ennemi. En fait, chasse allemande et chasse britannique s'équivalent à peu près, la première alignant 800 appareils et la seconde 700, mais la Luftwaffe dispose, en outre, d'une flotte de 1 000 bombardiers. Ainsi, le rapport des forces, s'il est au total de deux contre un en faveur de l'Allemagne, se traduit par un équilibre en ce qui concerne les avions de combat. Remarquablement organisée et encadrée, dotée d'équipages expérimentés, la Luftwaffe reste une arme conçue pour des campagnes terrestres, en appui à des troupes menant l'offensive au sol et les soutenant de sa puissance de feu. Or une telle arme est hors d'état de battre un adversaire retranché dans une île. D'autant que la décision, en juillet 1940, de déclencher la guerre aérienne contre l'Angleterre n'a été prise qu'à défaut d'une autre stratégie claire et efficace contre ce pays. Du côté du matériel, la Luftwaffe ne dispose pas des bombardiers lourds à long rayon d'action qui auraient été nécessaires pour effectuer des raids dévastateurs sur les villes anglaises. En outre, les allemands n'ont aucune idée de l'efficacité du système de défense britannique. Enfin, la production aéronautique de l'Allemagne se ralentit au moment où les besoins augmentent, alors que les usines britanniques sortent des avions de combat à un rythme soutenu : pour l'ensemble de l'année 1940, 1 870 chasseurs fabriqués en Allemagne contre 4 283 en Grande-Bretagne. Résistance du peuple britannique Composante fondamentale de la bataille d'Angleterre, la volonté de résistance du peuple britannique - au demeurant mal comprise et mal mesurée par les Allemands - est allée en se renforçant et en se durcissant tout au long de l'été et de l'automne 1940. Depuis le mois de mai et la formation du gouvernement d'union nationale sous la direction de Churchill, les divisions de partis, de classes, d'opinions se sont tues pour laisser place à un commun instinct patriotique. Dans la RAF, à la qualité du commandement (depuis les chefs du Fighter Command, Dowding, Park, Leigh-Mallory jusqu'aux chefs de secteur et aux contrôleurs des opérations) correspond la bravoure des jeunes et souvent très jeunes pilotes (l'espérance moyenne de vie est de quatre-vingt-sept heures de vol).Le plus bel hommage qui leur est rendu, c'est celui de leurs adversaires allemands qui les appellent " die Lords ". Mais c'est tout le pays qui se sent enrôlé. A côté de l'armée dont les effectifs gonflent rapidement (près d'un demi-million de recrues de juillet à septembre) et qui s'entraîne dans l'ardeur et l'improvisation, il faut faire une place à la Home Guard ou " garde de l'intérieur ", corps de volontaires mi-civil, mi-militaire, force hétéroclite, bientôt grosse d'un million et demi d'hommes et dont l'armement va des piques en bois aux revolvers. Première bataille livrée uniquement dans les airs et où l'aviation sert d'arme principale et non d'auxiliaire d'une armée terrestre, la bataille d'Angleterre a été relativement peu sanglante : 449 aviateurs tués du côté de la RAF, 1 714 pour la Luftwaffe (encore qu'à ces chiffres il convienne d'ajouter les civils victimes des bombardements, soit près de 15 000 personnes tuées d'août à octobre). Une fois consommée la défaite de la France, Hitler n'avait plus ni stratégie définie ni plan de guerre. Après avoir cru quelque temps à la possibilité d'une paix de compromis avec la Grande-Bretagne, c'est sans enthousiasme qu'il donne l'ordre de préparer un débarquement en Angleterre. Au moment où le Führer se laisse persuader par Goering que la Luftwaffe est en mesure de remporter un succès décisif contre la RAF, il est, quant à lui, de plus en plus gagné par son rêve de destruction de l'URSS. Ainsi est-il tiraillé entre deux desseins contraires. La victoire est acquise par défaut à une Angleterre unanime, résolue, " churchillienne ", où le courage des combattant de la RAF s'unit au professionnalisme et à la ténacité en bénéficiant des ressources d'une infrastructure scientifique et technique bien au point (le radar en est le symbole même) et d'une mobilisation totale du potentiel de l'Etat et de la nation.

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