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Baudelaire – Moesta et Errabuna (commentaire EAF oral)

Publié le 17/04/2012

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baudelaire
LXII - Moesta et errabunda
Dis-moi ton coeur parfois s'envole-t-il, Agathe, Loin du noir océan de l'immonde cité Vers un autre océan où la splendeur éclate, Bleu, clair, profond, ainsi que la virginité? Dis-moi, ton coeur parfois s'envole-t-il, Agathe?
La mer la vaste mer, console nos labeurs! Quel démon a doté la mer, rauque chanteuse Qu'accompagne l'immense orgue des vents grondeurs, De cette fonction sublime de berceuse? La mer, la vaste mer, console nos labeurs!
Emporte-moi wagon! enlève-moi, frégate! Loin! loin! ici la boue est faite de nos pleurs! - Est-il vrai que parfois le triste coeur d'Agathe Dise: Loin des remords, des crimes, des douleurs, Emporte-moi, wagon, enlève-moi, frégate?
Comme vous êtes loin, paradis parfumé, Où sous un clair azur tout n'est qu'amour et joie, Où tout ce que l'on aime est digne d'être aimé, Où dans la volupté pure le coeur se noie! Comme vous êtes loin, paradis parfumé!
Mais le vert paradis des amours enfantines, Les courses, les chansons, les baisers, les bouquets, Les violons vibrant derrière les collines, Avec les brocs de vin, le soir, dans les bosquets, - Mais le vert paradis des amours enfantines,
L'innocent paradis, plein de plaisirs furtifs, Est-il déjà plus loin que l'Inde et que la Chine? Peut-on le rappeler avec des cris plaintifs, Et l'animer encor d'une voix argentine, L'innocent paradis plein de plaisirs furtifs?
 

Vocabulaire :

-         Labeur (V.6) : Travail pénible et prolongé
-         Rauque (V.7) : Se dit d'une voix rude
-         Orgue(V.9) : Instrument de musique à ventcomposé de tuyaux de différentes dimensions, de plusieurs claviers et de jeux de pédales
-         Sublime(V.10) : Qui est parfait en son genre
-         Berceuse(V.10) : Chanson pour endormir un enfant.
-         Wagon (V.11) : Véhicule ferroviaire remorqué
-         Frégate(V.11) : Navire de guerre de taille moyenne
-         Noie (V.19) : Disparaître.
-         Courses(V.22) : Mouvement du temps qui s'écoule
-         Furtif (V.26) : Qui passe rapidement, presque inaperçu
-         Argentine (V.29) : Dont le son clair rappelle celui des pièces d'argent. 
 

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« EAF Oral 3. Paradis perdu et inaccessible - Aucune strophe affirme la certitude d’atteindre l’idéal : chaque strophe une négation.

L’avant dernière strophe commence par le connecteur d’opposition « mais ». - « loin » : constater, avec mélancolie, combien ce paradis est difficile à atteindre. - Points d’interrogations.

La variation dans l’antépiphore est plutôt négative dans la mesure où l’impossibilité de retrouver le paradis, exprimé par les interrogations, est progressivement confirmée. - Mer consolatrice : cette strophe aussi préfigure l’échec. Conclusion : le registre élégiaque n’est pas seulement la plainte due à l’horreur du spleen et à une prière suppliante faite à la femme aimée : il est lié au mythe du paradis perdu, celui-ci semblant être inaccessible à mesure qu’on approche.

Ainsi, Moesta et Errabunda apparait comme une Invitation au voyage sur un mode élégiaque : le pays idéal, à la fois paradis pur et paradis terrestre se révélant aussi être un paradis perdu inaccessible.. »

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