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BAUDELAIRE: LES FLEURS DU MAL (Analyse littéraire)

Publié le 22/02/2012

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Le titre du recueil sonne d'emblée comme une provocation. Aussitôt, la critique «bien-pensante» relève le défi. Quelques articles vertueusement indignés ameutent l'opinion publique et forcent la justice à saisir le livre. 1857 est une année difficile pour la littérature : en janvier, Flaubert est traîné devant un tribunal pour avoir osé écrire Madame Bovary. Il est acquitté. En août, c'est Baudelaire qui comparaît. Il n'aura pas la chance de Flaubert. Il est condamné à cent trois francs d'amende pour «outrage à la moralité publique» et doit retirer six pièces de son recueil.
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« scandaleuses.

Le spectacle de la déchéance est paradoxalement plus efficace qu'une maxime morale.

C'est du moinsl'opinion de Barbey d'Aurevilly.

Sa voix mettra presque un siècle à parvenir aux oreilles de la justice : le 31 mai 1949, la Cour de cassation réhabilite Baudelaire et autorise la publication des six pièces condamnées en 1857. 1.

LA POÉSIE ET LA MODERNITÉ LA STRUCTURE DE L'OEUVRE Le recueil des Fleurs du mal est divisé en six sections de longueur très inégale.

La lecture des titres de ces parties révèle déjà la rupture avec l'univers poétique traditionnel.

Le poème liminaire, «Au lecteur», annonce que le mondeest un Enfer et que «C'est le Diable qui tient les fils qui nous remuent !» L'artiste, plus lucide que la masse des débauchés mesquins que nous sommes, doit dénoncer nos vices et montrer leMal à l'oeuvre.

Cette inspiration «satanique» tranche délibérément sur le rôle traditionnellement dévolu au poète,chantre de la Beauté immortelle.

Les six sections du recueil remplissent ce programme d'exploration de ces«ténèbres qui puent» dans lesquelles nous vivons, aveugles et satisfaits. La première partie s'intitule Spleen et Idéal.

Le premier mot, emprunté à l'anglais, signifie : humeur noire, dépressive. Crises d'angoisse, neurasthénie, dégoût de tout, telles sont les manifestations de ce mal qui accable l'âme moderne,plongée dans un océan de médiocrité.

À ce refus de la réalité sordide qui nous entoure, s'oppose l'Idéal, situé«n'importe où hors du monde», dans le souvenir du «vert paradis des amours enfantines» à jamais perdu, ou dansl'aspiration à de lointains périples, inspirés par ceux qui menèrent Baudelaire vers les «isles parfumées» etnonchalantes.

Cette lutte entre le «spleen» et l'«idéal» déchire l'individu qui ne jouit d'un instant de bonheur quepour mieux retomber dans l'horreur du quotidien. Tableaux parisiens, la seconde section, désigne le lieu où le poète moderne puisera son inspiration : les grandes métropoles peuplées de mendiants et d'exilés, bourbiers de vices et ruelles sinistres où ne parvient que rarement lesoleil.

Les deux parties suivantes, Le Vin et Fleurs du mal, évoquent deux des moyens auxquels ont recours certains pour s'évader de cet enfer : l'alcool et la luxure.

Ces tentations assouvies (et vouées à l'échec), reste Révolte, titre de l'avant-dernière partie du livre.

Comme saint Pierre, il faut avoir le courage de renier Dieu («Le Reniement desaint Pierre») pour se tourner vers Satan («Les Litanies de Satan»).

Enfin, La Mort est l'ultime étape de cette descente en Enfer.

Le grand poème final, «Le Voyage», répond au poème liminaire, «Au lecteur».

Le bilan de ceparcours implacable est sans espoir.

La Mort est le seul refuge possible, le seul espoir paradoxal qui nous soit permis : «Ô Mort, vieux capitaine, il est temps ! levons l'ancre ! Ce pays nous ennuie, ô Mort,appareillons !» LE MÉLANGE DU TRIVIAL ET DU BEAU fr Le vrai «scandale» du livre ne réside pas tant dans son contenu érotique, dans ses images provocantes, que danssa volonté de mêler intimement le beau et le sordide.

Jusqu'alors, les poètes s'étaient consacrés au culte de l'idéal,et s'ils jetaient les yeux sur les réalités de la vie, ils restaient prudemment dans le registre du comique et dugrotesque.

Baudelaire, le premier, ose franchir cette frontière entre laideur et beauté.

Dès le poème d'ouverture deson recueil, «Au lecteur», il déclare: «Aux objets répugnants nous trouvons des appas.» Ob.

Le titre même du livre proclame cette volonté de faire se rejoindre les extrêmes, la fragile splendeur des fleurs et les ténèbres du Mal.

L'une des pièces condamnées, «Les Métamorphoses du vampire», montre ce renversementde la beauté en son contraire.

Cette chute perpétuelle est, selon Baudelaire, la caractéristique de ce qu'il appelle«le beau moderne».

Au rebours des romantiques, il refuse d'embellir le spectacle que lui offre le monde.

Pour lui, leciel est vide et nous n'en saisissons que des reflets dispersés dans le «pauvre et triste miroir» des ruisseaux de lagrande ville («Le Cygne»). 00.

Paris est le lieu où s'enracine l'inspiration baudelairienne.

La seconde partie des Fleurs du mal s'intitule Tableaux parisiens.

Elle s'ouvre par un «Paysage» qui trace le portrait ironique d'un poète «traditionnel» absorbé dans ses rêves, édifiant dans sa tête de «féeriques palais» et sourd à la réalité qui gronde et «tempête» devant sa porte.Dès le poème suivant, «Le Soleil», un cruel démenti est infligé aux visions célestes et aux «horizons bleuâtres» danslesquels se perd d'ordinaire l'imagination poétique.

Le soleil de Baudelaire éclaire des masures dont les persiennesabritent «des secrètes luxures».

Reprenant l'antique assimilation du soleil et du poète, l'écrivain l'adapte à saconception de la «modernité» : «Il ennoblit le sort des choses les plus viles.» La suite des «Tableaux parisiens» développe cette vision d'une poésie inspirée par les choses les plus humbles :. »

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